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EAN : 9782875803115
405 pages
Kennes Editions (07/09/2016)
3.8/5   192 notes
Résumé :
Une jeune femme s’éveille après vingt-quatre heures passées dans le coma et se lance à la recherche d’un homme qui semble ne pas exister.

Un meurtrier sans merci décide que chacun doit payer pour ses fautes et applique sa propre justice. Des meurtres commis à une journée d’inter­valle dans des circonstances identiques tourmentent le responsable de l’enquête, le sergent-détective Victor Lessard, de la police de la Ville de Montréal.
Que lire après Il ne faut pas parler dans l'ascenseur Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (60) Voir plus Ajouter une critique
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Sentiment de culpabilité? Avez-vous quelque chose à vous reprocher?

En plus de l'action ou du dépaysement, les polars amènent souvent le lecteur dans différents registres d'émotions. C'est le cas du premier roman du Québécois Martin Michaud où les personnages sont tous rongés par la culpabilité. Les sujets qui les hantent sont nombreux : alcoolisme, accidents et fautes professionnelles ou encore d'être un mauvais père ou un mauvais fils ou d'avoir mené une vie dissolue.

Seul le tueur échappe à la malédiction, il pourchasse les coupables… et n'hésite pas à faire des « victimes collatérales ».

Un polar fluide, avec du rythme et de l'action et même une incursion dans un monde parallèle.

*Publié en France sous le titre : Les âmes traquées.
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J'ai terminé la lecture de ce livre depuis plus d'une semaine mais je n'arrive pas à me décider : est-ce que je vais crucifier ce livre ou le béatifier?

Dès le début, ce livre est déroutant. La narration est faite par plusieurs personnes, en plus du narrateur. Puis l'une des victimes de ce meurtrier est renversée et rencontre un mystérieux personnage. Est-ce qu'elle délire ou sommes nous dans le paranormal?

Je voulais laisser la lecture mais je n'arrivais pas à passer au geste, quelque chose me disait que je devais encore lire quelques pages sinon je le regretterais. de pages en pages, je me suis rendu jusqu'au point de non retour.

À partir de cet instant, j'ai lu le reste de l'intrigue sans m'arrêter jusqu'à la fin.

Je voudrais lui donner un 3 pour me venger de mes frustrations du début mais globalement ce roman mérite un 3,8 donc 4.

J'ai emprunté "La chorale du diable" et je pense le lire jusqu'au bout.
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Un polar qui se tient bien du début à la fin. Avec un soupçon de mystère qui arrive à titiller la curiosité du lecteur.

Le seul bémol, peut-être, c'est que je n'ai pas eu de sympathie particulière pour les personnages, et tout spécialement pour Lessard, le flic.

Néanmoins, si je croisse à nouveau son chemin, je lirais très certainement ses autres aventures.
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C'est toujours un plaisir de lire Martin Michaud. Après « Sous la surface » et « Violence à l'origine », je m'attaque au premier tome mettant en scène Victor Lessard.
Pour les amateurs de romans policiers, le personnage de Lessard paraitra stéréotypé. le bon flic en lutte contre sa hiérarchie, tellement marqué par son job qu'il sombre dans l'alcool et voit sa famille s'éloigner, cela n'a rien de bien original. (Pour avoir lu le 4e tome, je peux vous dire que ce héros évolue et s'étoffe ; ne le condamnez pas trop vite). Mais l'intérêt du roman est ailleurs.

Dans la construction d'abord. Martin Michaud choisit d'alterner différents récits qui, tel un puzzle, s'imbriquent les uns dans les autres au fur et à mesure. le début du roman semble partir dans tous les sens mais les fils tendus se tissent déjà entre eux et créent la trame d'une intrigue cohérente et d'un mystère qui s'éclaircira lentement. Il en fait également un récit choral où les différents points de vue se succèdent, passant de la 3e à la 1e personne. Il faudra vivre de nombreux rebondissements troublants pour élucider cette affaire et mettre en lumière la vérité qui révèlera trois sombres destins.

Dans la forme ensuite. L'auteur mêle habilement le surnaturel au genre policier sans que cela n'alourdisse ou ne court-circuite l'enquête. Il crée une atmosphère étrange, aux frontières du réel, qui surprend et brouille les repères. Elle a le mérite d'être originale et d'attiser la curiosité.

Enfin, malgré quelques défauts inhérents à tout premier roman, Martin Michaud nous entraine dans une histoire sans temps mort où la tension est constante d'un bout à l'autre. Rien de spectaculaire dans ce récit mais un rythme soutenu par de courts chapitres, une écriture entrainante et le passage subtil d'une intrigue à l'autre qui nous pousse à tourner les pages fébrilement.

Si ce n'est déjà fait, je vous invite vraiment à rencontrer Victor Lessard. Vous ne le regretterez pas.
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31 Mars 2005. Les journées suivantes, vécues en parallèle déjoueront les sciences mathématiques en convergeant pour se rencontrer vers un point commun.
Après avoir abattu un homme libre avec sauvagerie dans la banlieue de Québec, selon son programme établi, un tueur s'apprête à exécuter sa deuxième victime dont l'arme, sa contient dans son coffre, le cadavre de sa première victime.
le retard inaccoutumé à son travail de Simone Fortin la narratrice, est annonciateur d'une mauvaise journée pour elle. Mais cette employée sérieuse est loin de se douter que l'accident survenu à sa pause-café clôturée par un coma de quelques heures esquisse un bouleversement dans sa vie et ses convictions : quand elle en sort, perturbée de sa rencontre avec Miles durant ces quelques heures. le charme de cet homme en lui ouvrant nouveaux horizons dans sa vie monotone qu'elle s'inflige, une source d'énigmes pour le lecteur :

“ J'avais vécu une vie d'ascète depuis la mort du gamin, une existence cafardeuse où je m'étais réfugiée dans un atoll de solitude, duquel j'avais coupé à un à un tous les ponts rattachés à mon passé.

Cette rencontre avec Miles, la stimule pour retrouver cet homme malgré l'incohérence de cette nouvelle réalité dont elle a du mal à confier la bizarrerie même à sa meilleure amie Ariane. Bien déterminée, elle poursuivra seule cette recherche.
Pendant ce temps, pour identifier l'auteur de ce délit de fuite, le commissaire Lessard interroge Simone Fortin encore hospitalisée. Ici, dans cet hôpital, son directeur est découvert assassiné dans son bureau pour finalement donner à cette enquête de prime abord mineure une dimension politique voire mondaine. Confronté à la morgue de son chef, Lessard sait la nécessité d'un succès rapide pour éclaircir l'affaire.

“ le sergent-détective jura. Traduction : Tanguay ne mettrait pas sa précieuse tête sur le billot pour lui. Dès qu'il sentirait la soupe chaude, il s'effacerait et les pointures des crimes majeurs viendraient lui voler son enquête.


MON AVIS

Je remercie sincèrement Babelio de m'avoir confié ce Service de Presse dans le cadre de Masse Critique D'Octobre.
Ce voyage agréable Outre Atlantique commence à Québec, nous promène dans les rues de Montréal, pour nous rendre jusqu'à Trois Pistoles. On se retrouve le cadre des grandes rues, des « dépanneurs », le charmes des expressions typiques et le vocabulaire empreint d'anglicismes dosés avec modération sinon le pur langage Québécois aurait pu paraître abscons pour les lecteurs franco-français à mon instar.
La lecture fluide et très agréable nous imprègne toute suite du rôle et de la nature des personnages. Ne pas se laisser abuser par la lenteur de la mise en scène du début : A la moitié du livre le rythme s'accélère et scotche le lecteur de plus en plus captif.
L'auteur dévoile la palette de personnages un par un avec leurs habitudes, leurs forces, leurs faiblesses et leurs contradictions. Ils se croisent et évoluent chacun de leur côté où le lecteur s'interroge au fur et à mesure sur le lien qui les unit et nourrit presque quelques doutes sur la cohésion finale. Pourtant tel un puzzle, chaque pièce se met en place. Les personnages tertiaires (Jamal, Griffin, Jimbo, Snake, Mathilde) contribuent à donner de la puissance aux personnages secondaires (Ariane, Nicolas, Laurent, l'équipe du commissaire Lessard, Tanguay).
Les faiblesses humaines du commissaire Lessard (mari violent, inscrit aux A-A) ne minimisent en rien la compétence de ce « Workabolic », qui priorise son travail avant ses intérêts privés. Souvent encombré d'un malaise perceptible dans diverses occasions, d'une sensibilité humaine il vomit l'insupportable et n'hésite pas à remettre en question son point de vue. La sympathie qu'il inspire tranche avec l'arrogance affichée par Tanguay, son supérieur. C'est presque pour lui, qu'on souhaite une issue heureuse à l'enquête.
le mystère autour du passé de Simone Fortin laisse planer dès le début du roman une idée d'une mort passée qui la hante. Son personnage, qui ne présente pas l'assurance de l'héroïne type nous disperse dans le roman avec les conséquences de son bref coma. Comme la narratrice rejette toute idée de paranormal, difficile d'y adhérer ; il faudra attendre plus avant pour une belle explication concevable. En parallèle des risques pris par elle, le lecteur ne comprend pas bien son lien aux deux autres crimes car l'hypothèse avancée par Lessard de qu'elle s'ébaudit dans des soirées libertines reste douteuse au lecteur.
le tueur calculateur et prévoyant accomplit avec soin son plan selon un mode bien établi pour rétablir une certaine justice... ou vengeance ?

“ Les événements se précipitaient, mais il était désormais en paix avec sa décision de se laisser porter par le courant. Il agissait avec précipitation en minimum de préparation, faire, mais il ne pouvait pas échouer. À la réflexion, cette coïncidence n'en était pas une, point. C'était un insigne de Dieu. La reconnaissance que sa cause était juste et légitime.

Mais sa déveine - non listée ici au risque de casser le suspens - fait sourire et redonne justice à sa barbarie bien marquée. Martin Michaud (l'auteur) nous offre une facette de la mort, et a su accentuer l'idée de sacrifice humain lorsqu'il glisse dans la tête des victimes sur le point de périr leurs dernières pensées. A quoi pense-t-on dans ces situations extrêmes ?
Un personnage, Snake nous touche de son paradoxe. Petit voleur, il se spécialise dans le trafic de voitures volées dans le but de réaliser un rêve de projet professionnel. Il est entaché de générosité prouvée dans son attitude avec cette petite dame Madame Spinoza. Sa bonté nous invite à la visite de la Basilique Saint Joseph de Montréal.
le sentiment de culpabilité flotte dans la conscience de tous les personnages ; chacun y répond selon ses forces et au moyen de ses capacités. Mais encore faut-il la reconnaître…
La composition des chapitres garantit un dynamisme agréable : la narration interne sous l'impulsion de Simone Fortin s'alterne avec celle des autres protagonistes à la troisième personne. L'Héroïne concentrée sur cette quête « au-delà du réel » dévie de l'attention du lecteur et s'ajoutent aux suppositions du commissaire Lessard.
La complexité des interrogations qui se juxtaposent transcendent l'ambiance barbare insufflée par la persévérance du tueur.
En tout cas, l'intrigue nous tient sur les 460 pages où, l'identité du tueur ne se devine qu'aux dernières vingt pages, après des rebondissements et soubresauts intenables. Excellent roman !

BONNE LECTURE !!!

Lien : http://lesparolesenvolent.bl..
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Citations et extraits (54) Voir plus Ajouter une citation
Il dormit d'un sommeil profond, sans rêves, réparateur.
Il se réveilla vers 5h, l'esprit clair, et repassa mentalement son plan.
Avant de mettre le cap sur Mont-Laurier, il recueillerait d'abord des renseignements sur les allées et venues de sa deuxième cible, Simone Fortin.
À ce stade, il importait de planifier chaque détail de l'opération. Ayant consacré plus de six jours d'observation à sa première cible, il estimait qu'il lui en faudrait peut-être davantage pour celle-ci. En effet, cette intervention présentait une complexité non négligeable: il avait résolu de séquestrer la jeune femme, ce qui impliquait qu'il la capture vivante.
Qu'il soit satisfait ou non des résultats de sa surveillance, il quitterait Montréal vers 15h.
De cette manière, il éviterait le trafic de l'heure de pointe et rentrerait à Mont-Laurier de nuit, ce qui faciliterait le transport jusqu'au camp du macchabée qu'il trimballait dans la malle arrière de la BMW. Après avoir déposé le corps dans un des congélateurs, il s'accorderait peut-être une journée de repos dans les bois avant de reprendre sa filature.
Ça restait à voir.
Il se doucha lentement à l'eau froide, puis s'habilla. Il s'arrêta ensuite dans une station-service, où il acheta des sacs de glace, un journal, un café et deux muffins aux bananes. Il régla en liquide et manoeuvra la BMW de façon à ce que le commis ne puisse voir le numéro de plaque.
Était-il paranoïaque?
Il ne le croyait pas, mais il estimait qu'il valait mieux demeurer prudent.
Dans le stationnement désert d'un centre commercial, il disposa près du corps les sacs de glace qu'il venait de se procurer.
Dès 7h, il se posta à proximité du bureau de Simone Fortin et entama son observation. Il avait posé son calepin noir et un stylo sur le tableau de bord du véhicule, pour prendre des notes.
L'attente débutait.

(...)

Il commença à douter à 9h15.
L'avait-il manquée?
Cela lui paraissait improbable. Il n'y avait qu'une entrée et il n'avait pas quitté la porte du regard une seule seconde.
Possédait-il des renseignements inexacts? Il vérifia de nouveau l'adresse qu'il avait notée sur un bout de papier. Il était au bon endroit.
À 9h40, une voiture de patrouille vint se ranger derrière lui. Il se détendit lorsqu'il vit, dans le rétroviseur, un des deux agents porter un café à ses lèvres.
Ouf! Ils prenaient une pause.
Il démarra et entreprit de faire le tour du pâté de maisons.Il ne voulait pas risquer d'attirer l'attention.

À 9h57, il revint se placer à cent mètres de son premier poste de surveillance et reprit sa veille. La voiture de patrouille avait disparu.
Toujours aucune trace de la fille. Quelque chose clochait.

10h20
Tout s'était passé si vite!
Il avait aperçu Simone Fortin sortant de l'édifice, tenant la porte pour une dame âgée, puis s'engageant sur la chaussée. La jeune femme fouillait dans son sac.
Sans même avoir pris le temps de réfléchir, il filait à toute allure vers elle.
Il frappa le volant de rage à plusieurs reprises. Il l'avait renversée!
Par le fait même, il venait de foutre en l'air le plan qu'il avait si patiemment élaboré. Quelle mouche l'avait piqué? Pourquoi ne s'était-il pas contrôlé?
Il revit la scène.
Le sourire de la jeune femme alors qu'elle traversait la rue avait tout déclenché.
Ce sourire intolérable.
Il s'efforça de prendre de grandes inspirations pour retrouver son calme et arrêter le tremblement de ses mains. Son cerveau fonctionnait à plein régime. Il devait s'adapter, échafauder un plan de rechange. Mais, avant tout, il devait agir vite.
Le temps est toujours le facteur primordial. Il le savait.
On ne peut se battre contre le temps et espérer gagner.
Il devait retourner sur les lieux et se mêler aux curieux.
Pourvu qu'elle soit vivante!
Il frappa encore le volant de fureur.
Mais qu'avait-il donc pensé?

Il gara la BMW sur l'avenue Forest-Hill, une rue transversale, face à une pharmacie. Il attrapa son manteau sur la banquette arrière et l'enfila. Il enfonça une tuque sur ses cheveux gris et mit une paire de lunettes noires. Il prit enfin son sac à dos.
Y avait-il eu des témoins? Combien de temps pouvait-il laisser la BMW sans surveillance?
Il sortit de la voiture et verrouilla les portières.
Il remarqua, sur le seuil de la pharmacie, un Asiatique vêtu d'un sarrau blanc. L'homme était en train de fumer. Malgré les circonstances, il ne put s'empêcher de penser qu'il était inconvenant pour un pharmacien de fumer.
Quel mauvais exemple pour la jeunesse!
Il s'efforça de marcher à un rythme normal pour ne pas attirer l'attention. Il se mêla aux badauds qui s'agglutinaient autour de l'ambulance.
Il y avait là une mère de famille portant un enfant, deux jeunes étudiants qui se rendaient à l'Université de Montréal, dont l'un avait recouvert Simone Fortin de son manteau, et un vieil homme tenant un chien en laisse.
Un silence révérencieux enveloppait la scène. De l'endroit où il se trouvait, il ne put voir le visage de sa victime lorsque la civière fut hissée à bord, mais il entendit le vieil homme dire à l'un des étudiants qu'elle respirait.
Il poussa un long soupir de soulagement.
Tout n'était pas perdu!
L'ambulance repartit dans un vacarme de sirène.
La foule s'éparpilla tandis qu'il notait le numéro du véhicule d'urgence dans son carnet.
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Il dormit d'un sommeil profond, sans rêves, réparateur.
Il se réveilla vers 5h, l'esprit clair, et repassa mentalement son plan.
Avant de mettre le cap sur Mont-Laurier, il recueillerait d'abord des renseignements sur les allées et venues de sa deuxième cible, Simone Fortin.
À ce stade, il importait de planifier chaque détail de l'opération. Ayant consacré plus de six jours d'observation à sa première cible, il estimait qu'il lui en faudrait peut-être davantage pour celle-ci. En effet, cette intervention présentait une complexité non négligeable: il avait résolu de séquestrer la jeune femme, ce qui impliquait qu'il la capture vivante.
Qu'il soit satisfait ou non des résultats de sa surveillance, il quitterait Montréal vers 15h.
De cette manière, il éviterait le trafic de l'heure de pointe et rentrerait à Mont-Laurier de nuit, ce qui faciliterait le transport jusqu'au camp du macchabée qu'il trimballait dans la malle arrière de la BMW. Après avoir déposé le corps dans un des congélateurs, il s'accorderait peut-être une journée de repos dans les bois avant de reprendre sa filature.
Ça restait à voir.
Il se doucha lentement à l'eau froide, puis s'habilla. Il s'arrêta ensuite dans une station-service, où il acheta des sacs de glace, un journal, un café et deux muffins aux bananes. Il régla en liquide et manoeuvra la BMW de façon à ce que le commis ne puisse voir le numéro de plaque.
Était-il paranoïaque?
Il ne le croyait pas, mais il estimait qu'il valait mieux demeurer prudent.
Dans le stationnement désert d'un centre commercial, il disposa près du corps les sacs de glace qu'il venait de se procurer.
Dès 7h, il se posta à proximité du bureau de Simone Fortin et entama son observation. Il avait posé son calepin noir et un stylo sur le tableau de bord du véhicule, pour prendre des notes.
L'attente débutait.

(...)

Il commença à douter à 9h15.
L'avait-il manquée?
Cela lui paraissait improbable. Il n'y avait qu'une entrée et il n'avait pas quitté la porte du regard une seule seconde.
Possédait-il des renseignements inexacts? Il vérifia de nouveau l'adresse qu'il avait notée sur un bout de papier. Il était au bon endroit.
À 9h40, une voiture de patrouille vint se ranger derrière lui. Il se détendit lorsqu'il vit, dans le rétroviseur, un des deux agents porter un café à ses lèvres.
Ouf! Ils prenaient une pause.
Il démarra et entreprit de faire le tour du pâté de maisons.Il ne voulait pas risquer d'attirer l'attention.

À 9h57, il revint se placer à cent mètres de son premier poste de surveillance et reprit sa veille. La voiture de patrouille avait disparu.
Toujours aucune trace de la fille. Quelque chose clochait.

10h20
Tout s'était passé si vite!
Il avait aperçu Simone Fortin sortant de l'édifice, tenant la porte pour une dame âgée, puis s'engageant sur la chaussée. La jeune femme fouillait dans son sac.
Sans même avoir pris le temps de réfléchir, il filait à toute allure vers elle.
Il frappa le volant de rage à plusieurs reprises. Il l'avait renversée!
Par le fait même, il venait de foutre en l'air le plan qu'il avait si patiemment élaboré. Quelle mouche l'avait piqué? Pourquoi ne s'était-il pas contrôlé?
Il revit la scène.
Le sourire de la jeune femme alors qu'elle traversait la rue avait tout déclenché.
Ce sourire intolérable.
Il s'efforça de prendre de grandes inspirations pour retrouver son calme et arrêter le tremblement de ses mains. Son cerveau fonctionnait à plein régime. Il devait s'adapter, échafauder un plan de rechange. Mais, avant tout, il devait agir vite.
Le temps est toujours le facteur primordial. Il le savait.
On ne peut se battre contre le temps et espérer gagner.
Il devait retourner sur les lieux et se mêler aux curieux.
Pourvu qu'elle soit vivante!
Il frappa encore le volant de fureur.
Mais qu'avait-il donc pensé?

Il gara la BMW sur l'avenue Forest-Hill, une rue transversale, face à une pharmacie. Il attrapa son manteau sur la banquette arrière et l'enfila. Il enfonça une tuque sur ses cheveux gris et mit une paire de lunettes noires. Il prit enfin son sac à dos.
Y avait-il eu des témoins? Combien de temps pouvait-il laisser la BMW sans surveillance?
Il sortit de la voiture et verrouilla les portières.
Il remarqua, sur le seuil de la pharmacie, un Asiatique vêtu d'un sarrau blanc. L'homme était en train de fumer. Malgré les circonstances, il ne put s'empêcher de penser qu'il était inconvenant pour un pharmacien de fumer.
Quel mauvais exemple pour la jeunesse!
Il s'efforça de marcher à un rythme normal pour ne pas attirer l'attention. Il se mêla aux badauds qui s'agglutinaient autour de l'ambulance.
Il y avait là une mère de famille portant un enfant, deux jeunes étudiants qui se rendaient à l'Université de Montréal, dont l'un avait recouvert Simone Fortin de son manteau, et un vieil homme tenant un chien en laisse.
Un silence révérencieux enveloppait la scène. De l'endroit où il se trouvait, il ne put voir le visage de sa victime lorsque la civière fut hissée à bord, mais il entendit le vieil homme dire à l'un des étudiants qu'elle respirait.
Il poussa un long soupir de soulagement.
Tout n'était pas perdu!
L'ambulance repartit dans un vacarme de sirène.
La foule s'éparpilla tandis qu'il notait le numéro du véhicule d'urgence dans son carn
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"Plus personne n'assume les conséquences de ses actes. Pour se disculper, on se contente de pointer le doigt vers ceux qui font pire que soi."
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Il s’assit derrière le volant de sa Corolla et s’aperçut qu’il pleurait. Qu’il pleurait la mort de ces deux inconnus.
Qu’il pleurait sur le sort de tous ceux qui s’en fichent. Qu’il pleurait pour tous ceux qui vont au lit après le journal télévisé et qui s’en oublient.
Il aurait aimé oublier lui aussi. (p.293)
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Parce qu’elle s’était mis en tête de me rapporter des glaçons coûte que coûte, même si je lui avais juré sur l’honneur qu’ils ne me serviraient à rien, Ariane rameutait tout l’étage en beuglant comme une névropathe en crise.

Malgré ce tapage, je me sentais mieux.

En fait, si le vert blafard des murs ne m’avait pas rappelé ma présence à l’hôpital, j’aurais presque pu m’enfouir la tête dans le sable comme une autruche et me convaincre que rien n’était arrivé, que j’avais simplement rêvé toute cette histoire.

Mais je savais que ce n’était pas le cas.

Il s’était passé quelque chose, un phénomène que je ne pouvais pas m’expliquer.

Ça peut paraître idiot, mais lorsqu’on fait face à un événement inconcevable, on essaie de se rattacher à des choses concrètes. Je me suis demandé avec angoisse si mes parents m’avaient caché des cas de maladie mentale dans ma famille immédiate. Peut-être en étais-je simplement au premier stade d’une psychose dégénérative.

Cyrano de Bergerac avait dit à Christian: « Tu n’es point sot, puisque tu t’en rends compte. » La même logique s’appliquait-elle en l’occurence? Peut-on être atteint de folie si on est en mesure de se poser à soi-même la question?
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