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Henri Michaux : Oeuvres complètes ... tome 2 sur 3

Raymond Bellour (Éditeur scientifique)Ysé Tran (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070114023
1488 pages
Gallimard (11/04/2001)
4.71/5   12 notes
Résumé :
TOME II : Ailleurs - Nous deux encore - La Vie dans les plis - Lecture de huit lithographies de Zao Wou-Ki - Passages - Veille - Textes épars (1951-1954) - Face aux verrous - Misérable miracle - Quatre cents hommes en croix - L'Infini turbulent - Vigies sur cibles - Paix dans les brisements - Critiques, hommages, déclarations (1948-1959)

« S'il veut se coucher lui-même sur le papier, et non une œuvre, et non une île de soi-même, il tranche dans sa cha... >Voir plus
Que lire après Oeuvres complètes, tome 2Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Deux grands "massifs" se détachent dans ce second volume des oeuvres de Michaux : d'abord, celui des Voyages Imaginaires, rédigés comme des récits de voyages réels (à moins qu'un Barbare en Asie et Ecuador, au premier volume, soient des préparations dans le réel aux voyages imaginaires) ; ensuite, la série de textes, dessins et textes-dessins inspirés par, et consacrés à, la drogue. Mais à y bien regarder, il n'est pas très utile de repérer de grandes tendances propre à chaque volume, ou du moins c'est inutile dans le cadre d'une chronique comme celle-là. Comme le dit l'auteur ans "Tranches de savoir" : "Il faut obliger les mots à fermer." (p. 603)
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Citations et extraits (184) Voir plus Ajouter une citation
Face aux verrous
VIII. Adieux d'Anhimaharua

L’IMPOSSIBLE RETOUR (EXTRAIT)


... et toujours on me retenait et je ne pouvais rentrer
dans ma patrie. On me tirait par mon manteau, on pesait
sur mes plis.
... et toujours on me retenait. Les habitants étaient
petits. Les habitants étaient sourds.

Il fallait faire la file. Il fallait ne pas se tromper de file. Il
fallait, au-delà des passages ouverts, se retrouver dans le
bon tronçon de la file disloquée, parmi les tronçons sans
fin d’autres files qui se croisaient, s’entrecroisaient, se
contournaient.

Les habitants étaient nombreux, étaient extrêmement
nombreux. Il n’y avait pas d’emploi, il n’y avait pas d’en-
droit, il n’y avait pas de repos pour tous ces habitants. Le
flot des innombrables habitants sans cesse nourrissait
toutes les files.

Il fallait sans quitter sa place, envoyer un message en
avant. Il fallait envoyer un messager à l’avance. Il fallait
l’avoir envoyé à l’avance pour, au débouché de sa file, à
une heure, à un endroit précis qu’il fallait avoir prévu, se
trouver devant la place même qu’on avait retenue.

Les habitants étaient rusés, les habitants étaient calcula-
teurs, les habitants étaient glabres.
Il fallait avoir l’œil aux écriteaux, aux nouveaux écriteaux,
aux changements d’écriteaux. Il fallait avoir l’oreille aux
directives, aux directives modifiées, au retour aux pre-
mières directives.
Il fallait patienter. Il fallait se contraindre. Il fallait
accepter. Il fallait pouvoir tout recommencer. Il ne fallait
pas montrer d’impétuosité.

p.496
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Face aux verrous
IX. L'étranger parle


Les groupes les plus actifs de nos ennemis veulent nous
déclarer la guerre. Ils n'y arrivent jamais. Ils tiennent pour-
tant de nombreuses et menaçantes réunions, mais dès que
nous l'apprenons, nous agissons sur notre clavier.
L'assemblée, la mine défaite, doit bientôt se disperser,
n'y comprenant rien, avec des gestes désolés en proie à
une insupportable chaleur.
(Si elle ne se disperse pas vite, un nuage spécial vient
brûler leurs yeux.)
Il faut qu'ils se contentent de faire à l'improviste des
proclamations injurieuses et d'inimité à notre égard.
Et pourtant ils ont une population deux cents fois supé-
rieure à la nôtre et habituée aux armes, ce qui ne nous
émeut guère. Qu'est-ce que leur civilisation? Comme la
vôtre, tout juste au stade de la brosse.
Toutefois, s'ils ne réussissent pas, ce n'est pas faute
d'agitation et de se donner du mouvement. Ils ont, comme
pour s'impressionner eux-mêmes, un aspect athlétique.
Mais ce sont des bulles, des bulles qui se croient des
hommes.
Qu'ils en profitent donc ! Ils n'en ont plus pour long-
temps, l'esprit retiré du front, l'esprit retiré des centres,
l'esprit retiré des yeux, mélancoliques, atteints de la rouille
du regard, sous le signe de l'horloge à rebours.
Comme dit le proverbe : « le sacrement passe par-
dessus la tête du lépreux. »

p.501-502
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FACE AUX VERROUS
VIII. Adieux d'Anhimaharua


MORTE-MORONNE
J'étais désespérée. Est-ce que j'étais vraiment morte? Il
fallait le savoir à tout prix, même au prix de la plus grande
souffrance.
J'ai pris, j'ai ouvert le couteau à ouvrir les yeux...
Dieu! Comme on peut souffrir...
Mais attention, c'est, en plus, le couteau à changer le
caractère. Pourvu que je ne l'aie pas tourné par inadver-
tance... Les larves volantes passent sans cesse devant moi.
Morte-moronne, que peut-on contre elles ?
Reposer, dormir. Oh, non pas dormir. Assez de cauche-
mars. Qui mettra une cale derrière mes rêves terribles, afin
qu'ils ne reviennent plus ?

Comme vivantes nous sommes enviées. Comme mortes,
nous sommes tenues en suspicion. Ainsi sont les moronnes.
Pour me défendre, un glaive à mon flanc, un bon glaive,
un de ceux qui font les réputations, sachant couper le cou
des êtres faibles, qui ne sont pas sur leurs gardes. Mais
c'est un glaive qui meurt à la flamme d'une bougie.
Gare aux nuits, aux danses, aux réunions….

p.494-495
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Face aux verrous
IX. L'étranger parle


Agir plutôt que subir.. Nous ne laissons pas tranquille
le Passé, le dangereux passé, qui se prépare insidieusement
ou éruptivement à faire de l'avenir. Nous le torturons et
nous nous torturons nous-mêmes afin de le modifier, de
façon que tout aille sinon bien, du moins cureté du mal
qui s'avançait vers nous.
Non, nous ne nous laisserons pas palissader sans rien
faire. Nous avons une machine à faire des remous dans le
Passé. Pas n'importe lesquels, n'importe quand. Ce pour-
rait être terrible. Nous ne prendrions pas ce risque, sûre-
ment pas.
Du haut de notre Mirador, nous observons l'effet, le
premier effet, attentifs, décidés. Même bon, on ne le laisse
pas aller, on le tient en « observation ». On est toute ten-
sion. Incomparable émotion de l'ordre que nous appré-
cions le plus, celles des « conduites ».

p.504
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Face aux verrous
IX. L'étranger parle


Recueillir aujourd'hui les gouttes de miel de demain.
C'était un secret bien gardé. Comme nous l'avons cher-
ché ! Bien nous avons mérité de le trouver. Qui plus que
nous ?
La suite ombre-lumière aussi nous y avons songé. Cette
succession ne nous plaisait plus tellement. Bien usée, elle
avait perdu de son ineffable d'autrefois. Elle avait conduit à
des habitudes, à ces restrictions que sont les habitudes.
La succession passage-obstacle (tout comme le bien-mal)
nous l'avons fort changée, et surtout la fameuse relation
cause-effet. Elle était lassante, ne trouvez-vous pas ? Tou-
jours au rendez-vous, à un rendez-vous que nous ne lui
avions nullement donné. Elle faisait comme si elle dé-
pendait des chefs. Toujours la vieille rengaine. Et nous nous
soumettions ! Nous nous soumettions à des esclaves !
Allez, finis maintenant, faits obséquieux…

p.506
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Videos de Henri Michaux (48) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Henri Michaux
Sacha Guitry, Victor Hugo, Henri Michaux, Raymond Devos... Tous ces noms furent les auteurs de textes illustres, qu'André Dussollier convoque et ressuscite sur la scène des Bouffes parisiens depuis le 18 janvier. Rencontre avec cet acteur à trois césars et récompensé du Molière du comédien.
#theatre #cinema #andredussollier __________ Venez participer au Book club, on vous attend par ici https://www.instagram.com/bookclubculture_ Et sur les réseaux sociaux avec le hashtag #bookclubculture
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