AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782234060968
597 pages
Stock (09/01/2008)
4.19/5   275 notes
Résumé :
« C’est l’histoire d’un ancien camp romain devenu petit village dans une petite vallée du Piémont victime de l’isolement, des mariages consanguins, d’Alaric le Wisigoth, de la Peste noire, d’un maire mal embouché et d’un médecin atrabilaire.
C’est une histoire de famille lardée de mauvaises volontés, truffée de mauvais sentiments, ponctuée de coups tordus, et durant laquelle le Mal triomphera triomphalement.
C’est l’histoire d’un ulcère gastro-duodén... >Voir plus
Que lire après Même le mal se fait bienVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (25) Voir plus Ajouter une critique
4,19

sur 275 notes
5
13 avis
4
8 avis
3
4 avis
2
0 avis
1
0 avis
Mine de rien, voici mon 500ème billet, pour cette occasion il me fallait un livre particulier, le livre qui hantait ma PAL et que je souhaitais lire depuis trop longtemps.
Il y a des titres qui font "tilt", qui vous font sourire et qui créent une connivence avant même d'ouvrir le livre, et... Avouez que ce titre là a un beau pouvoir d'attraction, non ?
J'aime beaucoup Michel Folco, auteur malheureusement peu prolifique, il m'a jusqu'à présent toujours enchanté et autant le dire tout de suite, j'ai été enthousiasmé par ma lecture.
Ceux qui connaissent l'auteur seront ravis de débuter cette histoire en compagnie de Charlemagne Tricotin, un Charlemagne qui a bien changé depuis "Un loup est un loup" ou encore "En avant comme avant".
Un prologue assez copieux et surtout mémorable qui va donner le ton d'une histoire digne des précédentes productions de Folco.
C'est à mon sens une lecture difficile à catégoriser, on peut dire sans risque d'erreur qu'il s'agit d'une saga familiale sur un siècle et trois générations, oui on peut.
Charlemagne, Carolus son fils posthume, Marcello le fils de Carolus mais aussi Giulietta, Anton ou encore Badolfi, autant de personnages au caractère bien trempé et un peu hors norme (bon sang ne saurait mentir).
On va s'instruire et se marrer, ça je peux vous l'affirmer pour avoir éclaté de rire en cours de lecture plus souvent qu'à mon tour, oui ça aussi je peux le dire.
Ce récit est résolument historique, scientifique, sociétal et anticlérical, il y sera donc question d'histoire militaire (un peu), d'histoire de la science et de la médecine, nous instruisant ainsi sur l'état des connaissances de l'époque et sur le chemin parcouru.
Vous serez aussi édifiés sur les moeurs piémontaises et autrichiennes du 18ème siècle qui incluront également le quotidien et le fonctionnement des "maisons closes".
Nous croiserons en cours de route quelques personnages historiques et beaucoup d'autres seront évoqués, nous donnant l'occasion d'apprendre des choses au travers de multiples anecdotes.
J'ai adoré cette incursion jubilatoire dans le quotidien des bourgeois fortunés. Adoré ces aventures improbables et inénarrables sur plusieurs générations, dans ce récit la nature humaine est sans fard, c'est à dire plutôt moche et égoïste le plus souvent, en passant j'ai trouvé l'évolution de Marcello assez fabuleuse tout au long de cette histoire.
Bravo donc à l'auteur qui est resté égal à lui même dans un style truculent et inimitable, un livre dans la même veine que "Dieu et nous seuls pouvons", un must donc.
Quant au rapport avec le titre ma foi, vous verrez finalement qu'effectivement même le mal se fait bien ;)
Commenter  J’apprécie          8967
Quand la vengeance est une entreprise de démolition !

Le général-baron Charlemagne Tricotin de Racleterre cassa sa pipe (crac (non, pas à crack)) le 14 juillet 1813 sur le parvis de l'église de Turin, le jour même de ses fastueuses épousailles, fauché net par trois balles visant droit son buffet rustique (pan, pan, pan !).

Pas commode ! Nuit de noce compromise du coup (con pour la promise), d'autant que la jeune et nouvelle veuve découvrit, émerveillée (sky, my husband), de prometteuses génitoires affriolantes (miam !) mais maintenant devenues flasques et inutilisables (damned, my hus-bande plus !), au déshabillage mortuaire de l'encore tiédasse dépouille mortelle du bien trop tôt zigouillé.

Zut (flûte !), voilà donc mon mariage non consommé (de tomates) se dit la vierge Giuletta Benvenuti, dans le potage (minestrone) à cause de cette occasion de défloration orgasmique (oui, oui, ouiiiii !) ratée (non, non, nooon !) pour irraisonnable raison de décès prématuré (pan, pan, pan ! (pour mémoire))

Qu'à cela ne tienne (Étienne), à chacun son mythe de Blanche-Neige (et ses sept mains), ce sera vidé, décapé, chimiquement momifié et dans un transparent cercueil de verre incassable (Pyrex résiste au feu) que son défunt mari l'accompagnera désormais ( y a pas de mais !), visible par elle à tous moments du jour comme de la nuit.

Le coeur a ses raisons que…(ha bin non, il n'a même plus de coeur, l'embaumé, du coup!!!)

Cocasse, non ?

Scandaleux plutôt pour la populace autochtone (couillus ou garces) comme pour la curaille environnante (que couillue elle, quoique)

Scandaleuse aussi, la couteuse (money, it's a crime…) construction du mausolée pharaonique (ton mari) que la veuve éplorée (snif) entreprit dans le cimetière de son village de villégiature.

Scandaleux surtout ce tour de taille que l'on découvrit grossement arrondi (oups) aux frimas nouveaux venus dès le début du novembre suivant le veuvage brutal (brrr !).

L'anguille n'était pas restée sous roche et bien tromper son monde put celle qui ne l'était visiblement plus !

Le miraculeux polichinelle quitta son utérin tiroir (schnell !) le 10 février 1814 (comme en 14) pour caracoler sous l'au juste prénom de Carolus (non pas Auguste) durant les 86 glorieuses (alléluia) années de sa longue existence de docteur en médecine (dites 33) et accessoirement de taxidermiste amateur (Ubermiste, quoi !).

Sans pleurer (pas sniff) il rendit larme péniblement à l'arrivée tapante (ding dong) du xxème siècle, suscitant un odieux pari (vaut bien une messe) sur l'heure exacte (Tic tac) ou il passerait de vice à trépas (suspens bien plus excitant que celui du classement de le France à l'Eurovision).

Ultime pirouette de Carolus :
ils l'avaient tous dans l'an.. !
(Rime pauvre, j'en conviens !!)

Suivant le sagace principe de la saga qui certains agasse, Carolus kaputé, on va se pencher sur Marcello, son rejeton rejeté pour avoir ravi au lit (nous sommes en Italie, que diable) la vie de sa mère à sa venue au monde (à Marcello, pas à sa mère, faut suivre), qui plus est, avec une araignée dans le plafond (mi gale, mi graine) d'où son incontrôlable passion pour les arachnides de toutes toiles (sauf à matelas).

Peu convaincu par la médecine que son père médecin voulut absolument lui faire médeciner (re-dites 33), il professa en tant que professeur, moins apte à professer qu'à manier, pour physiquement mater son auditoire (car pro-fessée), martinet (schlack) et verge (bing), la propre sienne se désolant solitaire au fond de son caleçon amidonné (car à aucune amie donnée).

Mais que voila donc un empoté (pas auvergnat pourtant), se dit l'entièreté du village à terre car atterré par ce caractère atténué!

Il se montra prompt cependant à se jeter, par amour, dans la famille même de l'ennemi juré de son père, ennemi qui peaufinera son incroyable aptitude à la nouille soumission (Italie, toujours)  dont avait déjà généreusement profité son père (la soumission, pas la nouille)!

Soumission post-mortem de surcroît (de bois, pas de fer sinon je vais en enfer) quand, par testament interposé, il lui est intimé l'ordre de retrouver… son austro-hongrois demi-frère de tous inconnu (heu, t'es qui toi ?) !

Inconnu, vraiment ? l'histoire, avec un grand H, le dira ?

Diantre, et là, nous n'en sommes qu'au tout premier cinquième de ce truculent roman fleuve (situé au bord du Pô) dont je me régale (ha, la cuisine italienne !) tant l'écriture savoureuse et colorée sait me séduire par son style vif et enlevé (pouet pouet) mis au service d'un récit épique, drôle et décalé (O combien ! )

Déso-poilant !!

Je suis hameçonné, j'ai l'âme sonnée !
Un vrai bonheur !!
Et ce bonheur nous entraînera (à fond les bidons, broum, broum) dans le sillage du fameux Marcello. Avec lui, voyeurs, nous visiterons ‘son' Turinois lupanar (lieu où on prend son panard), la tombe véronaise de la véro-niaise Juliette (pas Véro) de Roméo, nous subirons d'approfondies digitales fouilles douanières indécentes (sky, my onion !!), fréquenterons le luxe (et la luxure) des palaces viennois, nous rencontrerons le professeur Freud (himself) dans le but unique de niquer son plancher (pas pelvien), nous prendrons un incroyable et véritable coup de foudre céleste (sans Babar), nous connaitrons l'insensée odyssée d'une dévergondée prostituée…mais vierge (c'est quoi ce bordel ?) bien que née sous le signe du bélier (non, ce n'est pas une blague carambar), nous déjeunerons d'un bourguignon avec le bourreau (des têtes, pas des coeurs) de Paris avant d'assister à une capitale exécution singulière (gloups et couic), nous échapperons aux assauts possédés (han, han, haaan) et nocturnes d'un obscur prêtre sodomite (un seau d'eau,  vite), à un naufrage en eau douce (plouf), à une chute sans ascenseur (boum) puis aux ‘thérapeutiques médications scientifiques' d'un hôpital psy, nous aurons aussi appris à une cornette pimbêche à voler nue comme un ver (cui, cui)…et surtout, surtout, surtout (trois fois surtout): nous rencontrerons le jeune A… (Jean Dipaplus) concerné au premier chef (ya vol mein kommandant) par ledit testament (à l'eau) évoqué par dessus (en peau de loup des Carpates (de poulet)) !!!

Inutile de dire que Marcello reviendra transformé de ce périple fondateur, ce qui ne sera pas du gout de tous !!

Excepté un ou deux passages un peu longs (voire trois ou quatre qui lui coûtent ses cinq étoiles) (les batailles où se révélèrent plusieurs générations de pisse-froids maréchaux viennois (pas ma tasse de chocolat), la genèse des familles rencontrées, les données psychanalytiques (tac)…), ce roman est mené tambour battant (tataratatamtam) avec une fougue et une verve tonitruantes qui trimballent (mazet) nos héros de pétillantes  situations cocasses (colasses) en effroyables postures périlleuses comme, en son temps, aurait pu le faire un Dumas cocaïné par exemple (et oui, Dumas)…

Un bon roman feuilletonesque et touffu qui ne nous mène pas toujours là oú on se croit destinés.
Excellent pour passer du bon temps sur un transat au bord d'une piscine ou au bruit des vagues sur un sable fin !!

En resumé: Déso-poilant !!!
Commenter  J’apprécie          2714
Marcello Tricotin, fils de son père Carolus, lui-même fils dudit Charlemagne Tricotin, celui-là même qui zozotait et se comportait comme si le monde lui appartenait, et bien Marcello Tricotin est bien le digne descendant de son aïeux complètement incontrôlable !
Remontons un peu en arrière dans la généalogie de cette ébouriffante famille…
Dans tous ses livres, c'est une constante chez Michel Folco, il s'ingénie à décrire les aventures rocambolesques (et ce mot n'est pas galvaudé ici, croyez-moi !) d'une drôle de famille : les Tricotin de Racleterre. (Accessoirement, il dédie un tome à la famille de bourrèles, les Pibrac, car ils seront amenés à frayer avec ces remuants Tricotin).
On a donc ainsi pu assister à la naissance des quintuplés Tricotin, quatre garçons et une fille, à leur enfance, leur séparation, puis les aventures de Charlemagne le zozotant ont débuté. Il avait comme don de pouvoir communiquer avec les animaux, de par son empathie avec eux. Il avait aussi une incroyable imagination pour faire des conneries, et pour s'escamper avant que ça tourne trop vinaigre pour lui... Toutes ses péripéties (contées dans « Un loup est un loup » puis dans « En avant comme avant ») l'ont amené à finir chef d'armée en Italie, où il sera assassiné par des rebelles siciliens le jour de son mariage. (Ici débute "Même le mal se fait bien")
Heureusement pour lui, Charlemagne ne respectait pas Dieu, et avait déjà consommé les fruits du péché et conçu sa descendance : Carolus Tricotin.
Ce Carolus, qui ne connût son père que sous la forme d'une impressionnante momie - conservée intacte grâce au génie d'un embaumeur italien qui apprit ses secrets chez les égyptiens - ce Carolus donc, devint un médecin éclairé bien que fantasque, un érudit voyageur, un bon-vivant respecté et aimé de ses congénères, qui honorait loyalement la mémoire de son père Charlemagne en étant un libre-penseur haut en couleurs. Il était même le médecin attitré des pensionnaires d'une maison close…
Il était aussi le père d'un autre enfant, conçu dans sa jeunesse estudiantine, qu'il n'avait pas daigné reconnaitre, et qu'il avait même renié… Aloïs.
Plus tard, Carolus s'était enfin marié et avait eu un fils légitime, Marcello.
Alors à sa mort, Carolus est bien embêté… son rejeton officiel, ce mou du bulbe de Marcello, devenu maitre d'école par fainéantise, qui n'a comme passion que l'étude des Arachnés, ce satané Marcello qui ne porte même pas la culotte chez lui, et qui se fait bouffer par son beau-père, ce chacal nain d'Attilio, et bien c'est ce Marcello là qui va hériter de la fortune colossale qu'ont amassée les Tricotins depuis presque 2 siècle. Et ça, c'est un sacré coup dur, pire que la mort pour Carolus. Comment faire pour que cet empoté devienne un homme, un vrai, capable de diriger une maison close et de gérer une fortune, alors qu'il est à peine capable de gérer sa propre classe ?
Qu'à cela ne tienne, Carolus enverra Marcello à la recherche de son demi-frère surprise, et c'est à cette seule condition que l'héritage colossale lui reviendra. Il aura trois ans et un jour pour retrouver ce frère, lui annoncer la mort de leur père, et lui faire des excuses en son nom pour l'avoir rejeter. Si au terme de ces trois ans Marcello n'a pas honoré les dernières volontés de son père, il sera déshérité.
Pour Marcello c'est un crève-coeur, une lourde corvée, que ce voyage, lui qui n'aime que son confort et son grenier à araignées qu'il peut observer pendant des heures. Mais un héritage de cette importance ça ne se refuse pas, surtout quand on l'aime autant, son confort.
Alors il part le Marcello, tardivement, en trainant la patte, mais il part. Et il lui arrive tout un tas d'aventures et de rencontres, heureuses ou pas, comme la fois où Marcello se prend la foudre, et qu'il en perd tous ses poils et cheveux. Il en réchappe donc et devient un miraculé « célèbre ». Il frôle la mort plusieurs fois. Il s'endurcit. Il rencontre aussi Freud, ainsi que le jeune Ady Hiedler…
Mais surtout, il se trouve, lui, Marcello. Tous ces gènes d'aventurier venus de son grand-père, ce don pour les emmerdes et la vengeance, les voilà ressurgis chez Marcello, qui d'ailleurs ressemble de plus en plus physiquement à son père et à son aïeul, suite à ses multiples accidents physiques – lesquels sont à chaque fois de savoureuses trouvailles de Folco, on sent que l'homme aime le « slapstick », le burlesque à la Buster Keaton-.
Ainsi, tout au long de ce voyage farfelue, à force de se soigner pour de multiples maux, et d'être pris en main par un vrai médecin avant-gardiste, le Dr. Weisman, pour se remettre de ses accidents, Marcello se découvre des talents cachés, comme celui de n'être pas si mauvais médecin lui-même, et de fait, il deviendra comme son père, « el stimate padrone » apprécié par les pensionnaires du « Tutti-Frutti », la maison close si ouverte aux moeurs dissolues de la bourgeoisie turinoise, sa deuxième maison pour tout dire…
Il honorera la mémoire de ses ancêtres en se faisant enfermer également, mais pour lui, ça sera l'asile, pas la prison, quoique, il en réchappe de peu.
Mais là où Marcello aurait réussi à étonner son père, et même son grand-père si anarchiste, c'est dans sa vengeance envers son village natal, San Coucoumelo, et ses habitants, qui l'ont toujours pris pour un mou sans personnalité et qui se sont toujours gaussés de lui, mais qui surtout, ont fait s'envoler à jamais les grues de la « Table aux grues » - un petit bout de campagne où les grues s'arrêtaient pendant leur migration, un terrain très convoité qui appartient à la famille Tricotin depuis Charlemagne – et ces grues, Marcello s'y était attaché, les observant, jours après jours, et écrivant sur le sujet son premier traité naturaliste – encore une manie venue de ses aïeux, l'écriture, la description...- . Alors quand les villageois se sont ligués et ont massacré les grues sous ses yeux, Marcello ne l'a pas supporté.
Sa vengeance fut terrible… réellement terrible et disproportionnée. C'est un Tricotin, il ne fait pas les choses à moitié. Et il les fait en grand. Pour vous mettre l'eau à la bouche, voici juste une petite partie de sa vengeance : étant maitre d'école, et faisant l'école à domicile à ses propres enfants, il va continuer à faire la classe aux enfants du village - rejetons des massacreurs de grues -, mais ne va leur apprendre que des âneries, des non-sens et autres billevesée. Par exemples que : 2 +2 = 22 ; que le 8 se place entre le 5 et le 6 ; autre exemple : « sujet de rédaction : que feriez-vous à votre pire ennemie si vous aviez l'impunité ? »…
Michel Folco se livre cette fois encore à l'exercice périlleux qui nous plait tant, celui de nous embarquer dans des pérégrinations hasardeuses où rien n'a été laissé au hasard justement. C'est une danse bien chorégraphiée que tous ces destins qui se croisent. Et l'on prend vite le pas, on suit avec étonnement et consternation parfois, l'étrange descendant de Charlemagne Tricotin.
Mais attention, il y a de la violence, il y a du mauvais, il y a de la vengeance et de la bêtise, dans ce Tricotin-là, le titre le rappelle : même le mal se fait bien. Parce que Marcello est malgré tout un vrai Tricotin, et les Tricotin font les choses bien, jusqu'au bout, méthodiquement, même la pire connerie…
Encore une fois, je n'ai su résister à l'appel du Tricotin, et j'ai plongé, je me suis laissée embarquer dans cette galère avec le Marcello, et j'ai bien rigolé, j'ai bien ricané aussi, et j'ai presque été outrée… oui, outrée par la méchanceté machiavélique de ce Tricotin là….
Et si vous ne me croyez pas, à vous de vous forger votre propre opinion en lisant les faits par vous-mêmes. Mesdames, Messieurs, faites entrer l'accusé : Marcello Tricotin, accusé de même bien faire le mal...
Commenter  J’apprécie          170
Je tiens là, le livre, votre livre, de cet été !
Croyez-moi, plage, transat, vous en aurez pour votre argent et il ne sera pas besoin d'emmener plusieurs livres dans vos valises.

D'ordinaire je me creuse le cerveau pour vous concocter un titre de post percutant,caustique, ironique... même si des fois j'échoue, oui, je bosse mes titres !
Cette fois-ci, Monsieur Folco a bossé pour moi !
Aucune retouche au titre de son roman (de son pavé : 597 pages) car il est déjà parfait.

Au commencement, était Dieu et nous seul pouvons (1991), saga des Pibrac, bourreaux de père en fils dans le Rouerge à la fin du XVII è siècle.

Avec un "Un loup est un loup" (1995), Michel Folco se lance dans une autre destinée, celle des Tricotin de Racleterre, modestes sabotiers dans la campagne aveyronnaise du XVIIIe siècle.

Parce que la fille du bourreau épouse le fils du sabotier et qu'ensembles ils donnent naissance à des quintuplés, il y aura "En avant comme en avant !" (2001).

"Même le mal se fait bien" (2008) achève le parcours d'une vie sur une mort, celle du général-baron Charlemagne Ticotin de Racleterre.
Il y a des livres qui se lisent, il y a des livres qui se regardent.
"Même le mal se fait bien" est de ceux là. Ce n'est pas d'un livre dont il s'agit mais d'un film mis en mots. D'odeurs qui s'échappent le long des lignes. de couleurs qui explosent aux pupilles. de scènes si minutieusement décrites que notre cerveau, nourrit de ces détails, superpose images, sons, mouvements et lance la bobine : quand Giuseppa Tricotin de Racleterre se retourne, les plis de sa robe se mettent en mouvement, l'axe de ses épaules opère une rotation qui entraîne sa taille corsettée vers une diagonale qui trouve le chemin d'une porte et la voilà hors de notre vue.

Des métaphores drôles, uniques, vierges de toutes autres pages de littérature, vous allez adorer cette innovation langagière.
Une scène d'anthologie, celle où le prêtre Hickman bien décidé à déflorer Marcello (descendant de Charlemagne Tricotin), se jette sur lui : "Tourne-toi mécréant, que je te fasse entendre les divines trompettes..."
Drôle bien évidemment comme l'ensemble de l'écriture de Michel Folco qui ne saurait se prendre au sérieux une seule seconde et se délecte dans le comique de situation finement mené.
Bon maintenant que je me suis bien emballée, je vais modérer tout de même un peu mon exaltation. Parce qu'il faut être honnête, sinon à quoi servent les blogs ?
TOUT LE MONDE encense l'imagination et l'écriture chatoyantes de Folco. Même moi, c'est vous dire ! Mais personne ne dit que certaines "spécificités" littéraires de Michel Folco sont franchement inadéquates et surtout gâchent l'allant de la lecture. Ce cher Monsieur, pour une raison qui m'est totalement obscure, aime à nous spécifier les bruits par des onomatopées totalement ridicules ! (voilà c'est dit !)
Du genre "bzzzzzzzzzzzzz" "glouglouglou" "arghhhhhhhhh" "toiiiiiing" "grrrrrrrrrrrr" "bzzziiiim" "dziiiiim" "tsssssiiiiing" "plok"
Et ça en plein milieu et plusieurs fois, souvent, trop souvent !

Comme ça, cela semble sympathique. Mais moi qui suis si large d'esprit (ah si, j'vous assure !) ça m'a gonflé... !
Passons à ma seconde critique, plus mineure celle-ci (une espèce de critiquette) ...
Tous les personnages de Folco ont une généalogie et une histoire ancestrale. C'est la marque de fabrique de Folco. C'est bien me direz-vous et je vous répondrai que c'est aussi un travail de titan, de colossales recherches qui forcent le respect.

Parce que figurez-vous, que pour vous, j'ai vérifié les assertions historiques de Michel Folco.

Ahahaha ! Vous n'en revenez pas ?! Si ? Ah mais c'est parce que vous n'avez pas lu Folco, sinon croyez-moi vous n'en reviendriez pas !



Why ?

Mais parce que ces 597 pages sont truffées de références historiques !!! Truffée ? Que dis-je ?! On ne saurait truffer un quelconque mets de cette manière sous peine d'être ruiné (550 €/KG de truffes noires).

Ces 597 pages croulent sous les références historiques ! Donc aller vérifier la véracité des dates, la cohérence des évènements... J'ai eu bien du mérite, je vous le dis !

Les évènements sont réels, les dates aussi, les lieux, l'anamnèse de certains personnages mais au beau milieu de tous ces faits avérés, Michel Folco s'est amusé comme personne à inventer des tas de choses : des personnages, des anamèses, des lieux, des évènements.

Eh oui... Vous l'aurez compris, c'est une énormissime saga historique ou s'entremêlent le vrai de chez vrai et le faux totalement faux.

Ca c'est très très fort !

Et je disais donc (hop là ! je circonvolutionne mais je ne perds pas le nord !) que cela donne un résultat ahurissant : un nombre exponentiel de personnages !

Non pas 10 ! Non pas 30 ! Non pas 50 ! Non, non ! Plus d'une centaine !
Même les personnages peints sur des tableaux, Folco vous conte leur histoire !
Parfois, cela frise l'indigestion de détails mais je donne à parier que Michel Folco ne sait pas, ne peux pas s'en empêcher et que c'est ainsi et seulement ainsi qu'il appréhende la narration d'une histoire : elle se doit d'être croustillante et très pimentée.

D'ailleurs dans cette infinitude de confidences sur chacune des figures traversant ce récit, Michel Folco réussit la gageure non seulement de ne perdre aucun fil mais surtout de joindre des bouts de vie de personnages célèbres ! Je ne peux pas vous en dire plus sous peine de révéler une surprise de taille nichée au milieu des 597 pages.

Troisième et dernière critique : les fameuses "coquilles" d'éditeur et sûrement quelque part de relecture même de l'auteur.
Cette saga, pour ne pas totalement nous noyer, est jalonnée de dates. L'auteur, nomme très souvent ses chapitres en indiquant le jour, puis la date.
Exemple : Jour 1 - Lundi 18 août 1902.


Voilà, c'est simple et finalement bienvenu au regard de l'énorme somme d'évènements qui scandent ce roman. Oui mais voilà, l'incroyable s'est produit ! L'anarchie totale, des erreurs monumentales dans la chronologie du calendrier ouvre divers chapitres !


Les voici :

Du Jour 1 (lundi 18 août 1902) au Jour 8 (lundi 25 août 1902) tout va bien... ensuite ça se détraque :


Jour 9 - Mardi 26 août 1902 *** Jour 10 - Mercredi 25 août 1902 *** Jour 11 - Jeudi 28 août 1902 *** Jour 12 - Vendredi 29 août 1902 *** Jour 13 - Samedi 30 août 1902 *** Jour 14 - Dimanche 30 août 1902 *** Jour 15 - Lundi 1er septembre 1902


Figurez-vous qu'en août 1902, comme chaque autre année, et bien le mois d'août comptait 31 jours et non 30 comme l'indique Michel Folco. le 26, 25, 28 août ... du grand n'importe quoi ! Je vous offre ici le calendrier complet de l'année 1902.

Autre coquille monumentale que la relecture a laissé passer :

"Une fois seul, Marcello ne put se rendormir. Ses pieds lui interdisant tout cent pas dans la chambre, il rumina sur l'avaient accablé des désagréments qui l'avaient accablé depuis son départ."


Je crois pouvoir dire qu'il fallait lire : "Une fois seul, Marcello ne put se rendormir. Ses pieds lui interdisant tout cent pas dans la chambre, il rumina sur les désagréments qui l'avaient accablé depuis son départ.


Je lance donc un vibrant appel à Michel Folco (on peut rêver, non ?) et aux éditions Stock pour leur signifier : "C'est pas du boulot ça ! "
Comment peut-on faire de telles bourdes dans un livre aussi épatant ???


Chacun devrait avoir lu une fois dans sa vie une des sagas de Michel Folco, histoire d'apprécier ce que signifie : oeuvre titanesque.

http://cogitorebello.blogspot.com
Commenter  J’apprécie          110
[Coup de coeur] Cette grande épopée littéraire de Michel Folco traverse le temps et l'Europe. Son personnage principal, Marcello Tricotin, est un homme ordinaire mais il est issu d'une lignée d'hommes hors du commun. Cela va certainement influer sur le cours de sa vie et entrainer des rebondissements.

Son père meurt et laisse un testament plutôt étrange dans lequel il stipule une clause très particulière pour bénéficier de la totalité de l'héritage. Partira-t-il de son village afin de répondre à cette mission sacrée. Qu'est-ce qu'il l'attend au bout de cette quête ?

C'est là que réside tout le talent d'écrivain de Michel Folco, car l'écriture est agréable, les aventures folles et l'humour toujours présent au détour d'une page ou d'un paragraphe. Finalement, la chose que l'on attend, c'est de lire les prochaines aventures de la famille.
Commenter  J’apprécie          292

Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
De l'âge de sept ans, l'âge de raison, à celui de quatorze, l'âge bête, Anton avait fait ses humanités auprès d'un curieux précepteur - un jésuite de la Compagnie de Jésus - qui, ébaudi par les facilités de son élève à apprendre, lui avait enseigné le grec dans Homère et Hérodote, le latin [...], le français [...], la religion dans un petit livre de trente pages intitulé "La Supercherie dévoilée", écrit en 1636 par un jésuite portugais, Cristovào Ferreira, qu'Anton ne devait jamais oublier. Dans ces trente pages denses, le jésuite affirmait que Dieu n'avait pas créé le monde, que l'âme était mortelle, qu'il n'existait ni enfer ni paradis, ni purgatoire, ni péché originel et que, de toute manière, le christianisme n'était qu'une époustouflante mauvaise farce. Il qualifiait le décalogue de stupidité impraticable, et traitait le pape d'individu authentiquement louche et terriblement scabreux. Il déclarait aussi que la virginité de Marie, l'histoire des Rois mages et celle encore plus fumeuse de la résurrection de Jésus, n'étaient qu'une phénoménale duperie positivement frauduleuse. Un peu plus loin, le Jugement dernier était diagnostiqué comme un incroyable délire tout juste bon à faire rire les Japonais et les fourmis rouges. Et Cristovào Ferreira de conclure en affirmant que la religion n'était en fait qu'une méchante invention des hommes pour s'assurer le pouvoir sur leurs semblables.
Commenter  J’apprécie          110
"Elles" désignait les religieuses du Sacré-Coeur-de-Jésus qui, dur comme caillou, croyaient que la source de toutes maladies était le péché. Schwester Elizabeth, l'infirmière en chef, était sans conteste la plus gracieuse des soeurs du Sacré-Coeur-de-Jésus. Vingt-sept printemps, faite au moule, les traits fins, réguliers, les lèvres pulpeuses, les yeux bleu myosotis, la peau d'une blancheur éclatante, la chevelure invisible sous la cornette, soeur Elizabeth punissait sa trop grande beauté (tout ce qui est excessif est un péché) en portant à même la chair des cilices en poil de chèvre de Cilicie, un poil fameux pour ses qualités urticantes. Le plus large brimait jusqu'à l'écrasement sa poitrine ronde et généreuse, tandis qu'un autre comprimait sa taille jusqu'à lui couper le souffle et lui faire rendre son repas ; un troisième cilice entravait ses cuisses laiteuses et la contraignait à marcher à petits pas : lorsqu'elle marchait trop longtemps, ses cuisses saignaient. Comme elle n'ôtait jamais ses instruments de pénitence, il émanait de son beau corps un fumet douceâtre et infect qui rappelait à s'y méprendre celui du pus de furoncle.
Commenter  J’apprécie          120
Il était vingt-trois heures cinquante-neuf lorsque Carolus s'injecta lentement la quadruple dose de morphine. Ce faisant, il dit à Césario :
- Est-il vrai que les chrétiens font le signe de croix en souvenir du Christ crucifié.
Décontenancé, le prêtre acquiesça.
- Eh bien, ma foi, oui...
Un grand silence régnait dans la chambre. Chacun écoutait attentivement ce qui se disait, à l'exception de Marcello qui n'avait d'yeux que pour sa Fannia (mouche) évadée et qui se demandait comment la récupérer discrètement.
- Imaginez un peu le signe que vous auriez dû faire si les Romains l'avaient empalé.
Cesario laissa échapper la burette des saintes huiles et celles-ci se brisa sur le parquet.
Commenter  J’apprécie          90
- Mieux vaut tard que jamais ? Croyez-vous que le moment soit opportun pour invoquer aussi crûment la devise des constipés ?


- Est-il vrai que les chrétiens font le signe de croix en souvenir du Christ crucifié ?
- Eh bien, ma foi, oui…
- Imaginez un peu le signe que vous auriez dû faire si les romains l’avaient empalé.
Commenter  J’apprécie          171
- (…) Savez-vous seulement combien d'églises vous avez brûlées, combien de prêtres vous avez assassinés dans votre sinistre carrière?
Charlemagne avait affiché un air modeste qui lui allait plutôt mal.
- Eh! Ze l'ignore, moi. Z'était mon frère Dagobert qui tenait les livres comptables en ze temps-là. Lui, aurait pu vous répondre, au mort près…
Pourtant il fit mine de compter sur ses doigts.
- D'abord, il est inzuste que vous ne menzionniez que les prêtres, il y a eu auzi des zapelains, des vicaires, des moines, des zacristains, des bedeaux, une tripotée d'évêques, plein de bonnes zœurs et même quelques zenfants de chœur qu'on a cuits au court-bouillon… En revanze, pas de cardinaux mais z'est que zes vilains pleutres s'étaient tous escampés en Angleterre.
Commenter  J’apprécie          60

autres livres classés : romanVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (577) Voir plus



Quiz Voir plus

Compléter les titres

Orgueil et ..., de Jane Austen ?

Modestie
Vantardise
Innocence
Préjugé

10 questions
20086 lecteurs ont répondu
Thèmes : humourCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..