Soyons clair, le roman est bon. Ni trop court, ni trop long, il tient en haleine de bout en bout. La première partie parce que l'on veut comprendre l'élément déclencheur de la volonté de mourir du personnage principal. La seconde parce que cet élément déclencheur ne devrait justement pas donner une issue apparemment si inéluctablement tragique.
Son sujet pourrait sembler très banal de prime abord mais il est justement traité de façon tout sauf banale. Ajouter une dose de fantastique - pourrait-on même dire fantasy, lorsque le monde des âmes fait son apparition ? - était un pari osé mais défendu avec panache et efficacité. D'autant que cet aspect est amené progressivement, et on se demande pendant un petit moment si finalement tout ceci n'est pas que divagations d'un esprit maladivement solitaire et inadapté socialement.
Mais le pari est également ailleurs, car le style aussi est différent, au bon sens du terme. En effet on ne peut qu'être dérouté par la quasi absence de dialogues mais cela ne choque pas le moins du monde pour autant, puisqu'elle est contrebalancée par les "dialogues intérieurs" du personnage principal, très précis mais pas plombants, complexes - dieu qu'il est dur d'être un être humain sur de ses choix - mais pas compliqués pour autant. Et tout cela aide, en définitive, à avoir envie d'aller toujours plus loin, jusqu'à la fin. Sa fin.
Le seul réel reproche que j'aurais à faire à
Rédemption, c'est que son nombre de pages générera peut-être chez certains quelques frustrations. En effet, à certains moments on aimerait presque "en avoir plus" : plus de détails, plus de moments de vie etc. Mais là encore, cela ne gène en rien la fluidité du roman...cela ne dérangera, potentiellement, que notre nous profond, habitué à consommer jusqu'à satiété, jusqu'à ce que plus aucune question ne subsiste. Mais est-ce réellement un mal ? Après tout cela permet à l'imagination de travailler pour faire le reste.
Et de vous à moi, je ne sais pas si c'est conscient ou non, mais tout est écrit de façon tellement pointilleuse qu'un réalisateur n'aurait pas de mal à adapter le roman sur le petit ou grand écran.