Ce tome contient 3 histoires indépendantes parues entre 2009 et 2011. Il fait suite à La noyade qu'il n'est pas indispensable d'avoir lu avant. Tous les scénarios sont de
John Arcudi et
Mike Mignola.
Le garçon hanté (illustrations de Patric Reynolds) - En 1982, Abe Sapien est encore une jeune recrue au sein du BPRD (Bureau of Paranormal Research and Developpement).Trevor Bruttenholm lui confie une enquête sur les apparitions d'un ectoplasme à proximité d'un lac où un jeune garçon à trouvé la mort par noyade.
En début d'histoire, Abe Sapien se plaint que Bruttenholme lui refile une enquête sans envergure, un simple cas de manifestation parapsychique après une mort accidentelle. Arcudi et Mignola semblent se savonner eux-mêmes la planche en indiquant qu'il s'agit d'une histoire basique et peut être banale. Sapien se rend sur place, rencontre la mère déprimée, le copain survivant et sa mère. Et le charme opère parce qu'Arcudi et Mignola donnent une certaine épaisseur à ces personnages, parce que Sapien n'est pas un superhéros qui fonce dans le tas, tape sur tout ce qui est surnaturel et fait le bilan après. Cette courte histoire (1 épisode) met à nouveau en évidence que Sapien observe avant d'agir, réfléchit avant de foncer tête baissée et qu'il est d'une nature introspective.
L'histoire comprend malgré tout sa dose d'action et sa dose de surnaturel. Les dessins de Reynolds sont à base d'un encrage un peu griffé qui aboutissent à une atmosphère un peu âpre se mariant bien avec le récit. Il décrit chaque élément de manière prosaïque, sans rajouter dans le spectaculaire, ce qui fait d'autant plus ressortir l'étrangeté d'Abe Sapien. Ce n'est pas une histoire qui est indispensable ou qui révolutionne le genre, c'est juste une bonne histoire qui met en évidence le point fort de ces scénaristes : mettre en scène des individus plausibles et attachants dans leurs imperfections. 4 étoiles.
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La plaine abyssale (illustrations de
Peter Snejbjerg) - En 1948, un sous-marin russe transporte une relique surnaturelle. Il coule. En 1984, un pêcheur a repéré l'épave et Abe Sapien est dépêché pour évaluer les possibilités de récupérer la relique.
Avec cette histoire (à l'origine en 2 épisodes), Arcudi et Mignola peuvent plus développer leur propos que dans la première. La manifestation surnaturelle est plus développée et la personnalité d'Abe Sapien transparaît avec plus d'acuité. C'est un vrai plaisir que de le voir expliquer la légende associée à l'objet recherché (une bourguignotte), de le regarder analyser le comportement du zombie, etc. Avec cette histoire, le lecteur peut pleinement savourer la spécificité d'Abe Sapien, et ce qui le différencie d'Hellboy et de ses méthodes plus rentre-dedans. Les illustrations
Peter Snejbjerg jouent sur le placement des aplats de noir et une légère exagération des expressions de ci de là. Cela donne des images assez réalistes, agréables à regarder, avec plus de visuels mémorables (le zombie sortant de l'eau par exemple). Snejbjerg s'avère moins convaincant quand il essaye de s'approcher du style de Mignola. 5 étoiles.
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On ne badine avec le diable. (illustrations de James Harren) - En1985, Abe Sapien accompagne Peter van Laer pour explorer la demeure de son grand-père qui se situe en bordure d'un lac. Dès leur arrivée il se produit un crime atroce (à la hache).
Avec cette histoire, Mignola et Arcudi décident d'augmenter le niveau de gore et de surnaturel, aux dépends du coté plus réfléchi d'Abe Sapien. L'histoire est plus linéaire, plus rapide, un peu plus caustique que les autres. Les dessins de James Harren sont les plus aboutis des 3 récits, avec une petite influence de Guy Davis dans la façon d'accentuer l'aspect brut de décoffrage, tout en gardant une grande précision dans les représentations. 4 étoiles.
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Le premier tome des aventures d'Abe Sapien m'avait laissé un goût de trop peu avec un scénario anémique et des illustrations peu convaincantes. Ce deuxième propose plusieurs histoires qui prennent le lecteur par la main pour l'emmener aux cotés d'Abe Sapien, et observer avec lui ce qui l'entoure. Chaque voyage est unique et savoureux, parfois effrayant, avec des illustrations satisfaisantes qui comportent quelques images mémorables. Arcudi et Mignola savent marier des trames surnaturelles avec un personnage aussi attachant qu'original. Comme à son habitude, Dave Stewart est parfait dans sa conception de la mise en couleurs qui renforce chaque ambiance, chaque lieu, sans jamais prendre le dessus sur les illustrations.