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Christophe Mercier (Traducteur)
EAN : 9782213629803
352 pages
Fayard (22/10/2008)
4.14/5   7 notes
Résumé :
San Francisco, Etats-Unis. Broadstreet, Rex, juan, Don Gordo et les autres vivent dans la gunite, cette glaise collante faite de ciment et d'eau dont ils arrosent les fondations des immeubles, les piles de ponts, les tunnels et les digues. La gunite fait leur fierté, elle les exalte et les dresse contre les éléments. Elle les dévore aussi. Car Broadstreet, Rex, Juan, Don Gordo et les autres vivent au bord des sables mouvants. Fatigue, alcool, intrigues et pauvres ex... >Voir plus
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Broadstreet est un ouvrier du bâtiment à San Francisco. C'est aussi ce qu'on appelle un travailleur pauvre, vivant quasiment dans la rue ou dans les cabanes des chantiers qui l'emploient. Malgré sa situation, Broadstreet est d'un optimisme forcené ; pour lui, tout va toujours bien.
Avec son équipe de Mexicains, son ami Rex, ils rénovent de vieux immeubles de l'intérieur, aspergent de "gunite" — une sorte de béton projeté sous pression — les fissures des cloisons délabrées en s'abreuvant de whisky, de gin, en fumant des joints ou en absorbant quelques champignons du désert, ce qui provoque parfois des accidents…

Eric Miles Williamson décrit un milieu, un environnement, qu'il connaît parfaitement pour avoir lui-même été dans la gunite durant plusieurs années. On découvre un monde particulièrement sombre d'une vie incroyablement sinistre où la violence rôde, cachée derrière le moindre mur, où l'hostilité ambiante règne, où la haine de l'autre se nourrit du communautarisme. Un monde où le travail ne se partage pas. Une ville aussi, San Francisco, symbole américain de liberté, qui apparaît ici comme un immense taudis peuplé de "citoyens" (les "citizens", appellation des sans-abris) à la rue.
Broadstreet, dans cet univers, fait un peu figure d'exception, aussi lorsqu'il se retrouve propulsé contremaître les membres de son équipe retrouvent un semblant de sourire, sachant qu'un peu de solidarité les entourera. Broadstreet est un mec bien.
Mais la solidarité n'est pas du goût de Mazzarino, le patron, qui n'envisage que le rendement de ses hommes et de ses machines. Il remplace bientôt Broadstreet par un certain Colby Root, un red neck qui, accompagné de son fils Keeber, se propose de travailler gratuitement pour montrer son savoir-faire. Colby Root emploie des méthodes extrêmes pour mener ses hommes ; c'est un acharné de la gunite, un intégriste qui a tout pour plaire à Mazzarino :
« — Je ne t'aime pas, et tu ne m'aimes pas. C'est comme ça qu'on fait du bon travail. Ne jamais aimer son patron. Quel qu'il soit, il faut haïr ce fils de pute. Un homme qui ne hait pas son patron ne vaut rien. Et un patron que ses hommes ne haïssent pas ne vaut rien. »

Noir Béton se compose comme une succession de petites scènes très courtes, comme la construction d'un patchwork où chaque élément est une partie cohérente du tout. Chaque élément, chaque scène, ne porte pas forcément cette misère sociale que décrit l'ensemble, mais y participe, et la globalité du portrait lancinant est accablante.
Noir Béton est un roman sans intrigue mené d'une écriture froide et limpide qui pratique l'économie des mots pour aller à l'essentiel. La vie est rude, extrêmement rude dans le bâtiment américain (là sans doute comme ailleurs) et autour de Broadstreet, les hommes respirent la poussière et vivent les pieds dans le béton au risque de leur vie (la projection de la gunité sous pression est un procédé particulièrement dangereux). Ce sont aussi des valeurs, des idéologies, que montrent Eric Miles Williamson, une sorte d'envers du rêve américain qui observe désespérément la fuite en avant.
« Two-up ! » (à fond, titre original du roman), c'est le credo de Colby Root. La marche forcée en avant, jusqu'à s'écraser contre le mur.
Roman noir par excellence, splendide fresque sociale, Noir Béton, comme son auteur, s'inscrivent dans une certaine tradition américaine au côté des Steinbeck, des Bukowski, des Fante et consorts. À lire impérativement !…
Lien : https://polartnoir.fr/livre...
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