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Georges Tanesse (Traducteur)
EAN : 9782081217942
181 pages
Flammarion (25/08/2008)
3.46/5   49 notes
Résumé :
Ce traité de John Stuart Mill a été publié en 1863. Il s'inspire de la morale de Bentham, fondateur de l'utilitarisme à la toute fin du XVIIIe siècle, qui partait du principe que le plaisir est l'unique but de l'existence. Mill, son disciple, a su comprendre que même une philosophie utilitaire ne saurait se passer d'une conscience et il a voulu la doter d'un sentiment du devoir et d'une obligation morale.
Bentham avait lancé la formule : chercher le bonheur d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
J'avais connu John Stuart Mill étudiant, comme économiste classique libéral. Je le découvre aujourd'hui philosophe progressiste, féministe, sensible et... avignonnais durant une partie de sa vie...
Se fixant comme objectif suprême le bonheur, l'utilitarisme de cette fin XVIIIème puise ses racines hédonistes dans l'antiquité d'Aristippe et Epicure, mais ne s'y résume pas. de même, J.S. Mill répond aux a-priori de celui qui serait tenté de le réduire à une morale cynique et égoïste, ou à l'absence de morale. Il s'agit bien de définir un souverain bien collectif. En cela, plus pragmatique, mais aussi moins élégant, J.S. Mill rejoint Kant et Platon, qu'il critique.
Prolongeant Jérémy Bentham, mais à mon goût avec plus d'humanisme dans la démonstration, J. S. Mill gagne vraiment à être connu autrement que par l'exégèse assez insipide des économistes libéraux, aux côtés de Ricardo et A. Smith...
La lecture n'est pas aisée, mais assez rapide... enrichissante, sans être enthousiasmante.... stimulante, sans forcément emporter l'adhésion sur tout, 150 ans plus tard...
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Cet ouvrage est un accueillant assemblage de petits paragraphes aérés, titrés et organisés. John Stuart Mill nous propose sa pensée : l'Utilitarisme.

Je suis principalement frappé par cette pensée en cela qu'elle est intuitive et puissante à la fois. Aujourd'hui, il devient immoral de contredire son principe directeur : le bonheur pour le plus grand nombre. Lorsqu'on agit, il est inconcevable d'accepter que notre action causera plus de malheur que de bonheur dans le monde, en général. Qui peut cautionner, en connaissance de causes, agir pour son bonheur tout en causant plus de malheur à autrui ou à soi même ? C'est bien compliqué à défendre. Paradoxalement, cette pensée est d'une puissance incroyable. Il est étrange qu'elle ne soit pas adoptée unanimement. Dans le domaine judiciaire, on pourrait répondre à bon nombre de questions épineuses (peine de mort, condamnations...). En effet, si apporter une plus lourde peine produit plus de bonheur, en dissuadant d'autres de causer du malheur à quelqu'un en agissant illégalement, qu'en causant le malheur du condamné, cette décision d'alourdir la peine est "utile". Au contraire, si instaurer une peine de mort ne dissuade personne de tuer, ce qui cause toujours le même malheur aux tués, mais cause un nouveau malheur en tuant le condamné, le bilan utilitariste bonheur/malheur n'est pas favorable. Profitez en, c'est la seule fois que vous pouvez affirmer qu'un calcul mathématique est humain. Cette doctrine est applicable partout.

John Stuart Mill introduit aussi la notion de qualité des plaisirs. Sa célèbre citation résume bien cette idée: "il vaut mieux être un homme insatisfait qu'un porc satisfait". Il dira que certains plaisirs ont plus de valeur que d'autres dans la balance utilitariste. Par exemple, lire a plus de valeur que de fumer une cigarette. Comment évaluer cela, me diriez-vous ? Mill vous répondra: "De deux plaisirs, s'il en est un auquel tous ceux ou presque tous ceux qui ont l'expérience de l'un et de l'autre accordent une préférence bien arrêtée, sans y être poussés par un sentiment d'obligation morale, c'est ce plaisir-là qui est le plus désirable." Pour savoir si la cigarette est moins désirable que la lecture, je demande à tous ceux qui lisent et qui fument de me dire ce qu'ils préfèrent. A eux de faire un réel calcul cout bénéfice engageant ces deux pratiques afin de définir la meilleure. Mill parlera de "dignité" pour définir une activité préférable. C'est un peu flou comme notion mais cela permet de saisir les grandes lignes. Cette méthode d'évaluation des plaisirs est très intéressante. En effet, en "sondant" un grand nombre de personnes, on peut arriver à classer objectivement les pratiques selon le bonheur ou malheur qu'elles apportent. Qui est mieux placé ici pour évaluer le plus agréable entre fumer et lire, que quelqu'un qui fume et qui lit ? Cependant, loin d'être à jeter, cette méthode est beaucoup trop dépendante de facteurs subjectifs, du contexte sociétal ou encore de lacunes culturelles de la part des sondés. Retour en 1920, entre fumer et lire, beaucoup plus de personnes choisiraient de fumer qu'en 2020. Depuis 1920, le contexte social a évolué (fumer est mal vu) tout comme la culture sur le sujet (on sait que fumer tue).

Sinon, ce livre est une bonne lecture. La moitié du temps, je me suis perdu et je n'ai pas réussi à accrocher aux mots de Mill. En effet, il répond souvent à des critiques de son temps à travers des réponses qui me paraissent ennuyantes par leur évidence. Aussi, Mill s'éparpille beaucoup sur la notion de devoir, son lien avec la morale ou encore la justice. Quelquefois, c'est passionnant, d'autres fois, je me suis dit: "Quel rapport ce passage a avec le reste du livre ?". Ce livre n'est en aucun cas une perte de temps : approfondir la pensée de Mill me fut très utile. Aujourd'hui, lorsque j'agit, je m'exerce à faire un calcul utilitariste afin de juger la valeur de mon acte. A mon avis, si vous voulez simplement prendre connaissance de la morale de Mill, je vous invite à regarder des vidéos Youtube de vulgarisation. A contrario, si l'état d'esprit de Mill vous intéresse, ce live est fait pour vous.

Luc
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Le but de la morale est le bonheur du plus grand nombre. Même un acte motivé par l'égoïsme est moral s'il est socialement utile, autrement dit s'il apporte du bonheur et du plaisir (entendu comme l'absence de douleur).
Beaucoup de causes de malheur pourraient être évitées grâce à une meilleure répartition des richesses, l'éducation pour tous, les progrès de la science.
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30 septembre
L''ouvrage fonctionne par objections, éventuelles ou réelles, et réponses.
Mill ne se contente pas de l'utilitarisme laissé par Bentham. Il veut rendre le principe d'utilité plus humain : les droits individuels, la dignité humaine, le développement des facultés qui s'éloigne du sensualisme de Bentham, tout cela participe au progrès de la société, et même le constitue. Et, pourtant, il ne renonce pas à l'utilitarisme : la société n'est pas un agrégat, mais le critère moral est toujours dans les conséquences de l'action sur le bonheur collectif.
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Livre intéressant où Mill nous explique que chacun cherche le plus brand bonheur possible.
Intéressant pour les éléments sur la loi, les sentiments, l'expérience; las science qui portent des espérances énormes.

Intéressant mais pas indispensable.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Du lien qui unit la justice et l'utilité :
Page 122 : il peut y avoir des lois injustes, et la loi par conséquent ne peut fournir le criterium suprême de la justice. On regarde comme injuste une loi aussi bien que la violation de la loi lorsqu'il y a violation du droit (moral) de quelqu un. (...) une personne mérite d'être bien traitée quand elle agit bien, mal traitée lorsqu'elle agit mal. (...) L'intérêt en question est celui de la sécurité, qui nous permet de nous préserver du mal et de donner pleine valeur aux biens, au delà du moment qui passe. Car nous ne pourrions attacher de prix qu'au plaisir de l'instant si nous risquons, l'instant suivant, d'être dépouillés de tout.(...)
Page 154 : "Tous les hommes, étant également fondés à réclamer le bonheur, sont également fondés à réclamer les moyens de l'atteindre, mais seulement dans les limites qu'imposent les exigences inévitables de la vie humaine, et l'intérêt général, dans lequel est compris celui de chaque individu (...) cette maxime s'infléchit selon l'idée que se fait chacun de l'intérêt social (...) l'histoire entière des progrès sociaux a été une série de transitions qui ont amené les coutumes ou les institutions les unes après les autres à passer du rang de nécessités premières -ou supposées telles- de la vie sociale, au rang d'injustices (...)"
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Ce que c'est que l'utilitarisme :
Page 48 : "une remarque en passant, c'est tout ce que mérite la bévue des ignorants qui supposent qu'en adoptant l'utilité comme criterium du bien et du mal, les utilitaristes donnent à ce mot le sens étroit et propre à la langue familière qui oppose l'utilité au plaisir (...) contresens d'autant plus extraordinaire que, parmi les autres griefs couramment formulés contre l'utilitarisme, figure l'accusation contraire de tout ramener au plaisir, et même au plaisir sous sa forme la plus grossière (...). L'utilitarisme soutient au contraire que la seule chose désirable comme fin est le bonheur, c'est-à-dire le plaisir et l'absence de douleur (...). L'idéal utilitariste, c'est le bonheur général et non le bonheur personnel (... ) ; selon le principe du plus grand bonheur, la fin dernière (...) est une existence aussi exempte de douleurs, aussi riche que possible en jouissances, envisagées du double point de vue de la quantité et de la qualité".
Page 114 : "c'est en associant la bonne conduite avec le plaisir, la mauvaise avec la peine, c'est en lui faisant découvrir, en gravant dans son esprit, en lui rendant sensible par l'expérience, le plaisir qui est la suite naturelle de la première, ou la peine qui suit la seconde, qu'il est possible de mettre en valeur cette volonté d'être vertueux qui, une fois affermie, s'exerce indépendamment de tout idée de plaisir ou de peine".
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Parmi les quelques faits qui constituent l’état présent de la connaissance humaine, il en est peu qui diffèrent davantage de nos attentes ou qui soient plus révélateurs du retard dans lequel se traîne la spéculation sur les plus importants sujets que le peu de progrès fait pour trancher la controverse sur le critère du bien et du mal. Depuis l’aube de la philosophie, la question du summum bonum ou, ce qui est la même chose, la question du fondement de la morale, a été considérée comme le problème essentiel de la pensée spéculative, elle a occupé les esprits les plus talentueux et les a divisés en sectes et en écoles qui poursuivent une lutte acharnée les unes contre les autres. Après plus de deux mille ans, les mêmes discussions continuent, les philosophes sont toujours rangés sous les mêmes drapeaux ennemis et ni les penseurs, ni les hommes en général, ne semblent plus près de l’unanimité sur ce sujet que quand le jeune Socrate écoutait le vieux Protagoras et soutenait (du moins si le dialogue de Platon se fonde sur une conversation réelle) la thèse de l’utilitarisme contre la morale populaire du soi-disant sophiste.
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Il vaut mieux être un homme insatisfait qu'un porc satisfait; il vaut mieux être Socrate insatisfait qu'un imbécile satisfait.
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Le principe de l’utilité, reconnu ou non, a exercé une influence profonde sur la formation des croyances et des doctrines morales.
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Videos de John Stuart Mill (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de John Stuart Mill
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