Et que penser de Jean-Paul Sartre, qui a lui aussi son nom au fronton de certains lycées ? Sartre — qui, ne parvenant jamais à trouver le numéro de téléphone de la Résistance, n'eut pas une Occupation trop glorieuse — fit des allers-retours tellement tordus qu'on a du mal a les suivre. il faut tout de même se souvenir qu'en 1941 il s'était fort bien accommodé de sa nomination au poste d'un titulaire juif révoqué ; qu'en 1947 il déclarait qu'entre les États-Unis et l'URSS il choisirait toujours le parti de l'Union soviétique ; que, sans nier l'existence du goulag, il refusait d'en faire le reproche au pouvoir soviétique ; qu’en 1954 il publiait dans Libération six articles encensant l’URSS ; que, deux ans plus tard, il affirmait avec un bel aplomb qu'« en Union soviétique, la liberté de la critique est totale », et aussi, en passant, que De Gaulle était un « maquereau », un « monstre », un « porc ».
Sur les chaînes de télévision, la sempiternelle excuse avancée par leurs décideurs incultes est que la musique classique, « ça n'intéresse personne », et que « ça bousille l'audimat ». Ah bon ? Et, alors, les files interminables aux guichets de l'Opéra, les grands concerts qui affichent complet et les salles de cinéma, toujours combles, où l'on retransmet les soirées du Met' de New York, on l'explique comment ? On ramasse les gens dans la rue et on les met de force dans des autobus ?
À quoi servent nos ministres de la culture ? D’ailleurs aiment-ils la musique ? Ne pourraient-ils pas expliquer à nos élites que Rameau n’est pas une purge, Richard Strauss un somnifère et que la culture des masses dont ils se gargarisent (avant les élections) ne se fabrique pas seulement là où souffle le puissant esprit de « Danse avec les stars » ou de « Koh Lanta » ?
Hollande François
Élève studieux, attentif en classe, jamais turbulent, toujours prêt à aider ses petits camarades.
Un bon niveau scolaire dans toutes les matières, en particulier en orthographe, récitation et calcul.
Aspire à devenir le premier de la classe mais se fait à l’idée d’en être le second.
Discret et bien élevé, il ne cherche pas à s’imposer mais, au contraire, à trouver en toute chose une possibilité de compromis ou de conciliation.
D’un naturel doux et même un peu passif, il s’expose le moins possible. Ainsi a-t-il abandonné les cours de boxe française et de judo au profit du vélo d’appartement.
Orientation : le notariat, la magistrature. S’épanouirait sans doute mieux en province que dans les turbulences de la vie parisienne.
Que penser d'Aragon, quand il proclamait les vertus du goulag (« Je veux venter la science prodigieuse de la rééducation de l'homme qui fait d'un criminel un homme utile, un homme selon l'Histoire ») ; quand il s'extasiait sur « l'extraordinaire expérience du canal de la mère blanche » et saluait « ce moment de l'histoire de l'humanité qui ressemble à la période du passage du singe à l'homme »; quand il applaudissait Staline pour avoir signé un pacte avec Hitler ; ou quand, à la une de son journal ; les lettres françaises, il pleurait longuement la mort de celui que ses amis nommaient « le guide génial de l'humanité ».
Gaston Bachelard ressemblait moins à un être humain qu'à un chêne rouvre, magnifique, à l'écorce épaisse comme l'arbre de Zeus, entre la terre des hommes et le monde des dieux, qu'on venait consulter à Dodone, en Épire. Les mouvements de son feuillage dans le vent avaient valeur d'oracle. Un chêne, comme il en pousse aussi dans les plus belles futaies de France et d'Amérique, solide sur ses pattes jusqu'à ses cinq cents ou même mille ans. Sa barbe blanche, échappée de ses joues et de son menton, lui faisait une guirlande pareille à la mousse espagnole dont se brodent les chênes en Louisiane.
Christian Millau- Rencontres Passerelles de Reims Management School