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EAN : 9782130630715
192 pages
Presses Universitaires de France (12/03/2014)
4.25/5   10 notes
Résumé :
Dans cet ouvrage contenant trois lettres que lui a adressées sa mère, Martin Miller éclaire un pan jusqu'ici totalement inconnu de l'auteur du Drame de l'enfant doué (Puf, « Quadrige »). Les travaux d'Alice Miller ont été primordiaux dans la vie de ses lecteurs dont elle était d'ailleurs très proche en allant chercher dans l'enfance l'explication du sentiment d'isolement d'adultes ayant réussi leur vie, apparemment contradictoire avec un parcours sans faute. Pourtan... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
N'attendez surtout pas un règlement de comptes abrupt et vengeur… de la part d'un fils…mais un récit bouleversant où nous sentons les souffrances et traumatismes extrêmes vécus par les deux parties : une mère et un fils….Alice Miller, célèbre thérapeute de l'enfance, ayant combattu toute sa vie « la pédagogie noire »[terme créé par Katharina Rutschky], et les dressages insidieux vécus par l'Enfant… ne se remettra jamais des traumatismes de la guerre et de l'holocauste…de ses propres difficultés avec sa mère…

En dehors de la part très personnelle, ce livre m'a passionnée pour le deuxième aspect de cette narration, plus objective, décrivant les batailles et terrains de recherches des différents praticiens et théoriciens. Martin Miller explique en détails le périple intellectuel, les recherches, les combats nombreux de sa mère avec son autre famille, celle de la « Psychanalyse », ses écrits, les apports incontestables d'Alice Miller à la psychologie de l'enfant, et à la psychologie, en général… La mise en garde des effets somatiques graves lorsqu'il y a déni de sa propre histoire…

Il reste très significatif, qu'en dépit… des rapports complexes et par périodes , destructeurs de mère-fils… Martin a poursuivi son chemin, même si il le fit à sa manière. Il est devenu à son tour thérapeute… tout en développant un sens critique démultiplié vis-à-vis du monde psychanalytique…

Je retiens un passage qui résume très justement ce livre que je trouve « admirable» à cet égard ; Martin Miller reconnaît l'extrême intelligence, réactivité, talents de sa mère…tout en se donnant l'autorisation de « dire sa souffrance » en tant que « fils »…

Alice Miller n' était joyeuse, libre, libérée des « fantômes trop lourds »,que lorsqu'elle « écrivait ». Martin Miller explique d'ailleurs très bien pourquoi les textes de sa mère étaient vifs, spontanés, agréables à lire… Alice Miller marchait dans la nature , confiait ses réflexions, ses analyses à un dictaphone… pour les faire ensuite « taper à la machine »… pour dans une ultime étape, réaliser les dernières modifications.

« Je sais naturellement aujourd'hui que les parents qui sont extrêmement accablés par la guerre, la persécution, l'émigration, la détresse économique, ont toujours beaucoup de peine à ressentir avec empathie le monde de leurs enfants. J'ai pourtant du mal à lire mes expériences sur cette toile de fond. J'en suis capable en tant que thérapeute mais, en tant que fils, la souffrance est toujours présente même après des décennies. En tant que fils d'Alice Miller, chercheuse sur l'enfance mondialement connue pour avoir lutté comme personne d'autre pour le droit de l'enfant à un développement psychique propre et s'être élevée contre les parents maltraitants, la situation est encore plus difficile. (p.121-122).
Ce qui reste très troublant : l'écart entre ce que l'on vit dans la vie privée, les traumatismes connus mais pas résorbés… qui poursuivent leurs « dégâts » dans l'espace intime familial…, d'autant plus troublant lorsqu'il s'agit d'une thérapeute ayant souffert de cela, et consacré son existence à défendre le « droit des enfants » à « leur propre personnalité » …

Je ressors de cette lecture passablement « chamboulée… et parallèlement « enrichie » de mille informations sur les mouvements psychanalytiques suisses et mondiaux de l'époque ; une liste de recherches m'attend désormais : John Bowlby (1907-1990), pédopsychiatre ; Heinz Kohut (1913-1981), analyste américain ; Jan Bastiaans, Christel Schöttler, katharina Rutschky (1941-2010), etc.
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J'ai, assez malheureusement, fini ce livre juste avant l'accident de mon homme, du coup je n'ai pas eu le temps d'écrire ma critique avant d'être complètement débordée par cet événement.
Je ne peux donc que plussoyer la critique de Fanfanouche, qui est très juste et qui décrit à peu près comment j'en suis sortie. Chamboulée, admirative devant le courage de Martin Miller, qui a réussi l'incroyable pari de décrire sa souffrance dans sa relation à sa mère sans pathos, sans ton revanchard, sans violence, justement, juste la description du loupage complet d'une relation "parent/enfant" lié aux souffrances et traumatismes du parent.
Un livre formidable de simplicité et de justesse. Bouleversant de vérité. Admirable.
J'ajoute une chose qui m'a frappée en le lisant, c'est qu'il décrit ce que j'ai vécu. Je n'ai pas "confronté" mes parents directement, mais arriver à tout sortir de mon vécu d'enfance et à faire face à mes parents "intérieurs" m'a beaucoup aidée.
Trouver ensuite ma propre voix, ma propre voie, mes passions, ce qui me fait "en-vie", m'a aidé à avancer. Et peu à peu, tout s'apaise... Mes parents étant toujours vivants, la relation avec eux est ce qu'elle est, pas idéale, mais au moins elle n'est plus conflictuelle non plus... Je suis adulte face à eux, et je n'ai plus les besoins, et donc les exigences du petit enfant que j'ai été avec eux. Ils ne pourraient d'ailleurs pas les comprendre, j'arrive davantage à me "mettre à leur place" aujourd'hui, comme le fait Martin Miller. Il ne s'agit pas de nier mes souffrances d'enfance en faisant ça, ni forcément de "pardonner", juste arriver à vivre avec tout, ensemble, à lâcher prise sur le passé révolu et irrévocable.
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Martin Miller, le fils de la célèbre thérapeute suisse Alice Miller, signe un livre à charge contre sa mère. Distance, brimades, intimidation : elle lui aurait fait subir tout ce qu'elle dénonçait dans ses livres.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Lettre de ma mère du 28 mai 1998
Cher Martin (....)

J'ai dû voir qu'avec mon premier enfant j'agissais exactement comme ma mère avait agi avec moi. Malgré ma formation, je n'ai pas réussi à échapper à ce destin (...)
Ce n'est que lorsqu'il m'a dit ce que cela avait signifié pour lui que j'ai commencé à comprendre.Mais j'ai continué à le dissuader de dire la vérité et à vouloir me la cacher pour ne pas souffrir, pour ne pas devoir supporter la comparaison avec ma mère. Désormais, il n'y a plus d'échappatoire. Je suis maintenant assez âgée pour supporter la vérité et ne plus m'enfuir. Où donc? Pour quoi ? Une vie gâchée ne s'amende pas avec des mensonges. Une maternité perdue non plus. (p.141)
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Je devins et restai un étranger dans ma propre famille. Ils étaient tous les deux si occupés à oublier la guerre et à reprendre pied que les besoins d'un enfant étaient simplement secondaires.
je devins l'observateur silencieux de mes parents, et ce grand silence enveloppa pendant des décennies tout ce qui m'est arrivé. (p.120)
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À cette époque, elle reprit aussi le combat contre son ancienne famille: la psychanalyse. En dénonçant comme trompeur et lâche le renoncement de Freud à sa théorie de la séduction et son nouvel intérêt pour le complexe d’Œdipe, elle jeta le gant aux psychanalystes. Elle leur reprocha de laisser le patient dans son ignorance et de manipuler l’analysant lors d’une thérapie pour l’amener à pardonner à ses parents et à renoncer à sa perspective en tant qu’enfant. L’analysant est ainsi tenu, pendant l’analyse, de refouler son histoire subie et de rester pour toujours enfermé dans sa prison.

Au sujet de cette critique, ma mère se brouilla définitivement avec ses anciens collègues et amis psychanalystes à Zurich.
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Elle (Alice Miller)réagit par le retrait. Ses parentes m'ont raconté que la petite Alicija était une originale. Elle se retirait dans sa chambre et lisait ses livres chéris. Elle n'avait pas d'amies et ne voulait jamais jouer avec d'autres enfants. (...)S'ajoutait à cela une méfiance envers autrui qui servait aussi de justification afin d'éviter tout lien social.
Pour l'exprimer avec les mots de sa propre théorie : elle a fait l'expérience douloureuse de ce que l'enfant qui veut vivre un soi propre, contraire aux valeurs familiales, se trouve en général tout seul. Elle n'avait pas le droit à sa propre opinion, on l'a censurée et endoctrinée. (p.45)
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Des études menées sur les enfants des survivants de l'holocauste, il ressort qu'ils se trouvent fortement accaparés par leurs parents. Ils sont tenus de représenter le vis-à-vis émotionnel qui a manqué dans les temps difficiles. Les enfants deviennent un soutien et une base d'existence pour les parents. On appelle ce processus - l'inversion de la relation parent/enfant - la "parentification".
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