Citations sur La Vie sexuelle de Catherine M., précédé de 'Pourquoi et .. (19)
Je suis toujours profondément admiratrice du temps suspendu dans lequel vivent les baiseurs et qui retient ma sympathie. Il peut s'être passé dix ans, que dis-je vingt ans et plus encore, depuis qu'ils ont joui avec une femme, ils vous en parlent, ou s'adressent à elle, comme si c'était hier. Leur plaisir est une fleur vivace qui ne connaît pas les saisons. Elle s'épanouit dans une serre qui isole des contingences extérieures et qui fait qu'ils voient toujours de la même façon le corps qu'ils ont tenu contre eux, celui-ci serait-il flétri ou rigidifié dans une robe de bure.
Je n'ai pas été très étonnée lorsque des critiques hostiles à mon livre ont été exprimées par des gens dont on peut croire, pourtant, qu'ils ont eux-mêmes une sexualité relativement affranchie. Ceux-ci doivent trouver leur plaisir dans la transgression, donc avoir besoin de maintenir des tabous, notamment dans la parole, pour continuer de jouir en cachette. N'ayant jamais attribué au sexe une valeur sacrée, je n'ai jamais éprouvé le besoin de l'enfermement dans un tabernacle comme le font finalement ceux qui me reprochent de faire tomber tout mystère.
Ceux qui obéissent à des principes moraux sont sans doute mieux armés pour affronter les manifestations de la jalousie que ceux que leur philosophie libertine laisse désemparés face à des explosions passionnelles.
Avec le temps, à la timidité que j’éprouvais en société s'est substitué l'ennui.
La chaude-pisse m'avait baptisée ; par la suite, pendant des années, j'ai vécu dans la hantise de ce cisaillement qui toutefois ne m'apparaissait pas être plus qu'une sorte de marque distinctive, la fatalité partagée de ceux qui baisent beaucoup.
« Mon habit véritable, c’était ma nudité, qui me protégeait. » (p. 21)
Je suis infiniment reconnaissante à Chantal Thomas d'avoir immédiatement écrit à propos de Catherine M. que c'est "la permissivité et non la transgression qui l'attire."
Les fantasmes sexuels sont bien trop personnels pour qu'on puisse vraiment les partager.
On se croit dans une pièce close jusqu'à ce qu'une paroi coulisse découvrant une enfilade d'autres pièces, et si l'on avance, d'autres parois s'ouvrent et se referment et si les pièces sont nombreuses, les manières de passer de l'une à l'autre sont incalculables.
« J’apprenais que chaque sexe appelait de ma part des gestes, voire des comportements différents. » (p. 17)