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EAN : 9782234074866
180 pages
Stock (03/01/2014)
3.48/5   100 notes
Résumé :
Japon, 1946, pendant l’occupation américaine.
Démobilisé depuis peu, Hisao revient de la montagne avec une soif obsédante et des rêves qui le hantent. À bord du train qui doit le conduire vers la femme aimée, il commet une terrible erreur. Descendu pour boire, il voit le train repartir avec sa valise et l’oeuf de jade qu’il a prévu d’offrir à Shigeko.
Alors qu’un suspens subtil mais intense invite le lecteur à suivre les péripéties d’Hisao courant aprè... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (36) Voir plus Ajouter une critique
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1946, le Japon, vaincu, est occupé par les soldats américains. Démobilisé, Hisao prend le train pour rejoindre Hokkaido et sa fiancée Shigeko. Il y a dans sa valise, bien protégé par son caleçon de laine, un oeuf de jade qu'il compte offrir à celle qu'il ne connait pour l'instant qu'à travers des lettres échangées. Mais Hisao n'en a pas fini avec la guerre. Il est revenu de la terrible bataille de Peleliu des cauchemars plein la tête et une soif inextinguible dans la bouche. Ce désir de boire plus fort que tout l'a fait descendre du train, abandonnant la valise et le cadeau. Car quand Hisao a soif, il n'est plus qu'une bête prête à tout pour quelques gouttes d'eau, même lapées dans une flaque. Une fois sa soif momentanément étanchée, arrivent les regrets. Il faut courir le long de la voie ferrée jusqu'au terminus, vers cette valise et son précieux contenu, vers son avenir.


C'est dans une montagne qu'il a creusée jour et nuit jusqu'à ce qu'elle finisse par s'effondrer sur lui qu'Hisao a laissé son ami Takeshi, un ami qui partageait son temps, son labeur, sa peur, un ami qui avait le don d'écrire des chansons qu'il lui murmurait dans le creux de l'oreille avant qu'ils s'endorment, un ami mort sans eau, sans oxygène, écrasé par la montagne bombardée. Hisao a survécu mais son ami le hante toutes les nuits, lui et le soldat étranger qui lui a tendu sa gourde quand il a réussi à s'extraire de la montagne. Les cauchemars, la soif qui le taraude, il voudrait les laisser derrière lui et ne penser qu'à Shigeko sa future femme. Peut-être l'apaisement viendra-t-il de sa marche forcée, de ses rencontres avec d'autres laissés-pour-compte de cette guerre achevée dans le déshonneur...
Périple initiatique, L'homme qui avait soif est un roman âpre qui se lit la gorge sèche, avec l'impression de suffoquer à chaque page. le récit d'une douloureuse errance, illuminée toutefois par le souvenir d'une amitié très forte et l'espoir de jours meilleurs. Un homme en souffrance dans un pays en souffrance, marqués tous deux par la défaite, par les morts trop nombreux, supportant le fardeau de celui qui doit réapprendre à vivre après le chaos.
Un roman triste, douloureux mais porteur d'espoir. Magnifique !
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Terré dans les montagnes japonaises avec son ami Takeshi afin de se protéger des bombardements américains, Hisao souffre affreusement de la soif. Au sein de la montagne, les deux hommes se croyaient « protégés des ombres ». Pourtant, la poussière et l'obscurité auront raison d'eux. Takeschi y laissera la vie. Pour Hisao, il s'agira de fuir les ténèbres, de retrouver la lumière, la vie, les autres. Démobilisé, mais hanté par la figure de son double, il part rejoindre sa future épouse – qu'il ne connaît pas encore –, avec pour tout bagage un oeuf de jade en guise de cadeau de mariage.
Mais le train s'arrête et taraudé par une soif intense, le jeune homme en descend à la vue d'un robinet extérieur. le train repart sans le jeune homme en emportant sa valise, sa vie, ses rêves.
Et Hisao court derrière le train. Il court derrière une promesse et au-devant des cauchemars qui l'oppressent. de gares en rencontres, il touchera au but sans parvenir à conjurer ses traumatismes.
Ce magnifique roman pourrait emprunter le titre d'un livre de John Irwing : « L'épopée du buveur d'eau », car c'est à une véritable épopée que va se livrer ce pauvre soldat.
Le thème est grave, mais le texte est à la fois léger et puissant, poétique et joyeux.
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1946. le Japon sous l'occupation américaine. Un homme qui avait soif. Il s'appelle Hisao. Fraîchement démobilisé, il prend le train pour rejoindre sa femme tant aimée à qui il est décidé de se marier. La belle Shigeko. Enfin, je l'imagine belle comme toute japonaise, des yeux noirs foncés, une chevelure noire de jais, des petits pieds et un beau sourire timide. Dans sa valise, un magnifique oeuf de jade enveloppé dans son caleçon de laine. Eloignez-vous du bord du quai, le train va entrer en gare. 5 minutes d'arrêt. Hisao se jette sur le quai, il a soif, aperçoit un filet d'eau entre deux pierres. Il met ses mains en coupole, et regarde les gouttes tomber dans ses deux mains. Il est absorbé par cette scène. Totalement contemplatif, l'esprit ailleurs. Où ? Je te le dirai bien mais voilà que la locomotive fume, grince, geigne, avant de redémarrer. Hisao contemple toujours l'eau recueillie dans ses mains. Il boit lentement, à petite gorgée. le train prend de la vitesse mais cela l'importe peu. L'homme a soif. Il lève la tête, le train disparait sous ses yeux alors que sa valise est restée à l'intérieure avec cet oeuf de jade pour sa fiancée.

Commence alors, une longue course poursuite. L'homme face au train. Il court, il sue, il trébuche sur les traverses, tombe, roule, se relève et continue de courir. Il n'en peut plus, il a soif, il s'arrête, voit une flaque d'eau. Il boit. Il marche. Il rencontre d'autres paumés. Et puis il y a aussi Takeshi, ce jeune soldat qui chante dans le noir et surtout qui hante les nuits de Hisao. Ce dernier gémit, sue, crie pendant son sommeil. Il se réveille chaque nuit, affolé, apeuré, en pleurs. Car derrière cette histoire d'oeuf de jade, se jouent la mort de Takeshi sous ses yeux et la terrible bataille de Peleliu.

[Interlude : petit aparté historique sur mon fabuleux blog à propos de la bataille de Peleliu]

De Hubert Mingarelli, je n'avais lu que son premier roman « une rivière verte et silencieuse ». Un roman court d'une puissance onirique magistrale. Une histoire de père et de fils qui m'avait particulièrement ému. « L'homme qui avait soif » change de registre ; sur fond de guerre, il s'agit d'une profonde histoire d'amitié de deux soldats qui se termine lors d'un bombardement américain. La montagne grogne, se soulève, le noir devient insondable, la poussière te prend à la gorge, mais l'auteur garde néanmoins sa plume poétique. Il te donne soif.
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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L'homme qui avait soif est ma troisième incursion dans les livres d'H. Mingarelli, après Un repas en hiver et L'incendie (co-écrit avec A. Choplin, un auteur que j'apprécie beaucoup par ailleurs). Au départ, je me disais que "la spécialité" de Mingarelli était d'écrire "sur des histoires qui se passent pendant ou après guerre". Avec ce troisième livre, je me dis que je me plantais en partie. Parce que cet auteur nous parle surtout des hommes. Pas des grands hommes qui font l'histoire avec un grand H, plutôt l'histoire d'un ou quelques hommes qui la subissent, et qui doivent essayer de vivre avec. Et Mingarelli excelle dans l'exploration de ces portraits d'hommes, intimes et pudiques, portant en eux leurs souffrances, leurs paradoxes, et un attachement à la vie.
La guerre, Hisao n'en a pas vu grand chose, essentiellement le ventre de la montagne de l'île de Peleliu, dans l'archipel du Pacifique. Au cours de cette bataille, nous informe Wikipédia, 97% des défenseurs japonais sont morts. Aujourd'hui, Hisao est démobilisé. de l'armée bien sûr, mais aussi de sa vie. Il faut bien continuer, aller de l'avant, dans un train par exemple, pour rejoindre une île sur laquelle une femme qu'il n'a et qui ne l'a jamais vu l'attend pour l'épouser, et lui offrir l'oeuf de jade qu'il lui réserve en cadeau. Mais dans sa tête, dans son âme, Hisao a bien du mal à sortir de cette montagne, qui se rappelle à lui toutes les nuits dans d'affreux cauchemars.
C'est avec un talent consommé qu'H. Mingarelli nous parle d'Hisao, de son compagnon d'armes (voire d'âme) Takeshi, dont le fantôme hante l'ex-militaire, de Keisuke, une rencontre de hasard, et de quelques autres, dont Shigeko, un mirage de femme, une réponse de vie au vécu mortifère de notre jeune héros. L'histoire de cet Homme qui avait soif est éprouvante, émotionnellement parlant, et c'est un très beau livre que je vous conseille de découvrir sans modération !
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Hisao Kikuchi a soif, très soif, une soif insupportable . Lorsque le train s'arrête, il descend s'abreuver à une pierre qui goutte. Mais le train repart sans lui, emportant sa valise et son cadeau , un oeuf de jade pour la femme qu'il va bientôt épouser.
Hisao est un rescapé de la bataille de Peleliu. Terrible bataille de la seconde guerre mondiale entre l'armée américaine et l'armée impériale japonaise. Pour défendre l'île de Peleliu, les japonais avaient fortifié les grottes de l'île creusées dans la montagne. Deux mille américains et dix mille japonais y sont morts.
Depuis cet événement, Hisao a toujours soif, mais essaiera malgré tout de récupérer sa valise.
Les livres d'Hubert Mingarelli se passent toujours sur une très courte durée, souvent une journée, chaque instant semble simple et pourtant exceptionnel. Et moi, je ne peux pas résister à son écriture unique.
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critiques presse (3)
LActualite
21 juillet 2014
L’homme qui avait soif est un ouvrage tout en retenue où les émotions ne sont qu’effleurées. C’est aussi un portrait subtil d’un Japon aux plaies béantes.
Lire la critique sur le site : LActualite
LaPresse
14 avril 2014
D'une plume à la légèreté envoûtante, Hubert Mingarelli signe ici un roman où règnent subtilité et simplicité.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Lhumanite
07 janvier 2014
L’écriture d’Hubert Mingarelli a pour mérite de signifier beaucoup en peu de mots. Il est expert dans la peinture de caractères en milieu fermé. [...] Ses personnages sont poreux au malheur d’autrui. La camaraderie, la fraternité, voire la recherche de l’alter ego pacifient le texte dont le secret demeure au centre.
Lire la critique sur le site : Lhumanite
Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Il y avait longtemps que la chanson était finie. Ils étaient assis, se faisaient face, et chacun pour soi écoutait les battements de son cœur. La poussière et l’effroi les avaient asséchés. La soif revenait, mais ils attendaient que le jour arrive, que des rais de lumière apparaissent entre les pierres éboulées. Ils ne voulaient plus retourner dans le noir à la recherche des bidons, toucher les cadavres, risquer de poser une main sur leurs visages, leurs cheveux. Hisao regardait sans cesse vers là où il pensait que le jour allait venir. Jamais il n’avait connu une telle obscurité. (…) Et dans ces ténèbres, le temps s’écoulait d’une façon inhabituelle. On aurait dit une matière sans début ni fin, une chose inerte.
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ils restèrent un moment debout dans l’obscurité complète, ne pouvant ni parler ni bouger, respirant comme des chiens monstrueux. Puis Takeshi dit tout bas : ‘Sergent Tappei on est revenus.’ Ils attendirent la réponse. Rien, le silence. ‘Sergent Tappei !’ Le silence, et les autres, comment les appeler, ils ne connaissaient par leurs noms. Mais de toute façon, quelque chose, une voix à l’intérieur d’eux leur disait que le souffle de l’explosion leur avait à tous déchiré la poitrine. Soudain le calme revint, la montagne cessa de bouger, ils crachèrent la poussière, ils s’essuyèrent la bouche, arrêtèrent de trembler, s’accroupirent, et ainsi commença leur vie dans le noir.
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Alors l'alcool et la fatigue le couchèrent sur le dos, il roula sur le côté, ramena ses bras et ses jambes et se blottit dans le sable, un peu au chaud, un peu au froid, le ventre plein. Il entendit des sons, des mots, le bois qui craquait. Il eut une pensée pour Shigeko, il entendit encore Keisuke, des sons, la mer, le bois qui craquait. Il se souvient du chien, du vieillard. Il serra Mme Taïmaki dans ses bras comme la nuit dernière. Il entendit le bois, la mer, puis plus rien.
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Dehors, le ciel était lumineux, il commençait à faire jour. Ciel d'automne, froid d'automne. Hisao se mit à courir le long des bâtiments. Lorsqu'il aperçut la route d'Aomori, il ralentit, passa sous les arbres en partie dénudés et commença dejà à se souvenir de Keisuke.
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A la pensée de ces cadavres, de les savoir là sans les voir, Hisao se mit à trembler. Ses bras se mouvaient tout seuls, comme sous le froid. Takeshi fredonna un air, sans mots au début. Il fredonnait justement pour se donner le temps d’en trouver. Il aurait pu continuer comme ça, car déjà Hisao, bien que tremblant toujours, se sentait mieux. Rien que d’entendre la voix de Takeshi, son anxiété s’écoulait comme par une brèche, et sa poitrine se desserrait. C’est que dans cette obscurité, le silence pesait sur eux comme une forêt d’arbres morts. Soudain les mots vinrent. La chanson parlait de deux bougies qu’ils avaient volées et cachées. Elle disait qu’un jour ils retourneraient les chercher pour se rappeler combien elles leur avaient manqué.
Hisao tremblait toujours, contre ça il ne pouvait rien, mais il se sentait bercé, et heureux d’avoir compris du premier coup de quoi parlait la chanson. Lorsqu’elle fut finie, Takeshi recommença à chanter. Une explosion l’interrompit, mais elle était si lointaine et assourdie, qu’elle en était presque rassurante. Takeshi attendit que son écho soit éteint, puis reprit du début et alla jusqu’au bout
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Videos de Hubert Mingarelli (9) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Hubert Mingarelli
[Rentrée littéraire 2022]
Dans une grande ville d'un pays en guerre, un spécialiste de l'interrogatoire accomplit chaque jour son implacable office. La nuit, le colonel ne dort pas. Une armée de fantômes, ses victimes, a pris possession de ses songes. Dehors, il pleut sans cesse. La Ville et les hommes se confondent dans un paysage brouillé, un peu comme un rêve – ou un cauchemar. Des ombres se tutoient, trois hommes en perdition se répondent. le colonel, tortionnaire torturé. L'ordonnance, en silence et en retrait. Et, dans un grand palais vide, un général qui devient fou.
"Le colonel ne dort pas" est un livre d'une grande force. Un roman étrange et beau sur la guerre et ce qu'elle fait aux hommes. On pense au "Désert des Tartares" de Dino Buzzati dans cette guerre qui est là mais ne vient pas, ou ne vient plus – à l'ennemi invisible et la vacuité des ordres. Mais aussi aux "Quatre soldats" de Hubert Mingarelli.
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