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EAN : 9782234071728
144 pages
Stock (22/08/2012)
3.76/5   184 notes
Résumé :

Ce jour-là, trois hommes prennent la route, avancent péniblement dans la neige sans autre choix que de se prêter à une chasse à l'homme décrétée par leur hiérarchie militaire. Ils débusquent presque malgré eux un Juif caché dans la forêt, et, soucieux de se nourrir et de retarder le retour à la compagnie, procèdent à la laborieuse préparation d'un repas dans une maison abandonnée, avec le peu de vivres dont ils disposent.

Les hommes doivent t... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (58) Voir plus Ajouter une critique
3,76

sur 184 notes
Un repas en hiver est un roman quasiment en huis clos. Tout est concentré dans un seul lieu, une fois que les soldats sont parvenus dans cette ferme perdue dans l'hiver polonais, une maison abandonnée dans la campagne blanche et froide.
Ce sont trois soldats allemands. Ils sont partis à la recherche de juifs. Ils s'appellent Emmerich, Bauer et il y aussi le narrateur dont on ne connaît pas le prénom.
Le froid mordant est là ainsi que la neige épaisse de cet hiver polonais. Ils se mettent en quête, avancent.
Ils ne veulent plus participer aux fusillades, notamment celles des juifs que leur guerre impose.
Ils marchent dans la forêt, dans l'hiver transi, surprennent une maison, ainsi qu'un homme qui rodait par là. C'est un juif. Ils le capturent.
Dans la maison abandonnée, ils sont désormais quatre personnes autour d'une casserole à improviser ce que pourrait être un repas partagé ensemble par la force des choses. Quelle est la part d'humanité qu'ils ont et qu'ils sont prêts à partager ?
Ils sont prisonniers du décor, du paysage, de la neige et de la nuit, le temps que ce paysage vienne et parte, le temps que le jour fasse son deuil...
Le doute vient alors, s'immisce comme un courant d'air, comme un ruisseau dans une prairie, comme une phrase dans la nuit qu'il faudrait dire et qui ne vient pas.
Arrive un peu plus tard un polonais avec son chien, qui, à la vue du prisonnier juif exprime une haine à son égard.
L'endroit est sommaire. Il y a très peu de vivres.
Ces cinq hommes finissent par parvenir, avec un peu d'ingéniosité ensemble, à s'improviser un repas.
La question se pose alors. Que faire de ce prisonnier avec lequel ils ont partagé ce repas ? Avec lequel il y a eu du partage, de l'empathie, une forme de fraternité, le temps d'un repas en hiver au fin fond de la campagne froide de Pologne.
Le doute va alors s'immiscer dans le dialogue entre les trois soldats allemands...
C'est un livre au récit très court, sobre et douloureux. Nous sommes dans l'histoire d'emblée. Nous sommes les personnages et nous les côtoyons. Nous prenons avec eux cette soupe sommaire...
Serons-nous là encore avec eux lorsqu'ils prendront leur décision ? Comment sortir de cette histoire qui fait déjà mal ?
J'aime cet auteur Hubert Mingarelli, taiseux et sensible.
C'est un récit que j'ai trouvé bouleversant.
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Ils ont le choix ces trois soldats allemands. Partir à la recherche de juifs ou participer à la fusillade. Emmerich, Bauer et le narrateur ne veulent plus participer aux fusillades. Alors malgré ce froid mordant et cette neige épaisse de cet hiver polonais, ils se mettent en quête.
A force de tour et de détour, ils finiront par en déloger un, bien caché sous la neige. Au retour, totalement affamés ils trouveront refuge dans une maison qui a tout l'air inhospitalière. Peu de bois pour alimenter la cuisinière, ils sont obligés de détruire les meubles pour se réchauffer. Bauer sort alors un saucisson et avec le saindoux et la semoule donnés par des italiens se préparent à un repas de fête. Arrive un polonais avec son chien, qui, à la vue du prisonnier juif entre dans une immense colère. Enfin semble-t-il car personne ne parle la langue de l'autre.
Un très court roman d'une écriture très simple, à l'image de ces cinq personnages qui composent cette histoire. L'intérêt de ce récit réside dans la réflexion qui suit le mot fin. Et moi qu'aurais-je fait à la place de chacun ? Aurais-je été meilleur ou pire que ces gens. Suis pas fan, mais me reviens en mémoire une chanson de Goldman sur le sujet : "Et si j'étais né en 17 ...". Super chanson ... certaines changent votre regard.
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Bauer, Emmerich et le narrateur sont des soldats de l'armée allemande, actuellement en Pologne. L'armée et la guerre ont rapproché ces quarantenaires, bien que leur "vie d'avant" et leur caractère soient différents. Ils partent tous les trois en reconnaissance dans le froid sur les inhospitalières terres polonaises. Leur but officiel est de chasser et ramener au campement des juifs en fuite, mais officieusement, ils cherchent surtout à échapper à la journée de corvée de "fusillade" des prisonniers.
Il fait horriblement froid. Presque par hasard, ils découvrent un fuyard qui se cachait sous la neige. C'est une aubaine, qui leur permettra sans doute d'échapper de nouveau aux corvées dont ils ne veulent pas. Pas pressés de rentrer au camp, ils s'arrêtent avec leur prisonnier dans une maison abandonnée pour s'y restaurer et se réchauffer. Faire un feu dans le vieux poêle est une gageure. C'est alors qu'un Polonais s'invite au repas improvisé.


Avec son repas en hiver, H. Mingarelli nous propose de découvrir et de se mettre à la place de soldats allemands lors de la seconde guerre mondiale. Roman d'atmosphère, les premières pages sont lentes, avec des répétitions, comme cautérisées par la neige qui virevolte dans le paysage ouaté. A l'image de la semoule italienne qui n'en finit pas de cuire, j'ai trouvé que le livre prenait de la consistance au fil des pages.
Le parti pris de l'auteur est d'évoquer pour nous le quotidien des soldats allemands. Non, ils n'étaient pas tous nazis. Les trois personnages principaux, Bauer, Emmerich et le narrateur, essaient surtout de survivre à la guerre. Leurs conditions de vie ne sont pas des plus simples : en état de guerre, eux aussi connaissent le rationnement, la discipline militaire est aussi exigeante que partout ailleurs, l'environnement inhospitalier. Militaires, ils obéissent aux ordres, même quand ceux-ci consistent à fusiller les prisonniers qu'ils connaissent parfois. Ils obéissent, mais ça ne veut pas dire qu'ils approuvent ou apprécient ce qu'on leur demande.
Le talent d'H. Mingarelli est de se servir d'un étranger au duo "allemand-juif", d'un Polonais, vulgaire et raciste, pour servir de révélateur à la conscience de ces hommes. Parce que le comportement du Polonais leur déplait au plus haut point, parce que ce dernier maltraite un prisonnier résigné qui se comporte dignement, le regard des trois compères sur "leur Juif" va évoluer. Alors vont s'affronter l'humanité et la prise (crise ?) de conscience de l'un face au devoir à accomplir et au bien-être des autres.

Un livre à découvrir, assez original, bien écrit, humain. Certes. Mais dont le contenu, survenant juste après la lecture de livres évoquant cette guerre, comme par exemple "Si c'est un homme" de P. Levi, me laisse un gout de cendres dans la gorge.
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"Un repas en hiver" nous transporte en Pologne durant la seconde guerre mondiale en compagnie de trois soldats réservistes allemands. Ils ont la quarantaine, et s'en vont , le ventre vide, très tôt le matin, à la chasse à l'homme. Sans le souhaiter, ils découvrent un Juif caché dans la forêt. Après avoir marché toute la journée, ils s'arrêtent dans une maison abandonnée et se préparent une soupe. Survient alors un Polonais.
Hubert Mingarelli nous décrit une seule journée , avec quelle force! Que de questions posées à travers cette histoire douloureuse!
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Trois soldats allemands, las des fusillades, prennent la route un matin, et avancent péniblement dans la neige, le ventre vide et les pensées tournées vers leur vie civile, sans autre choix que de prendre part à une chasse à l'homme à laquelle ils ne croient pas. Ce jour-là, ils débusquent presque malgré eux un Juif caché dans la forêt et, soucieux de se nourrir et de retarder leur retour au camp, ils vont procéder dans une maison abandonnée à la laborieuse préparation d'un repas avec le peu de vivres dont ils disposent.

Si vous aimez vraiment la littérature, précipitez-vous pour lire ce court roman. le style sobre mais précis de l'auteur nous donne l'impression d'être un personnage de cette histoire. Nous voici dans le froid de la campagne polonaise. Puis nos sens sont éveillés par l'odeur de la soupe et la chaleur du feu... Un livre d'une grande richesse.
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Le flocon sur le bonnet du Juif finalement me tourmentait. […] Parce que si vous voulez savoir ce qui moi me faisait du mal, et qui m'en fait jusqu'au jour de maintenant, c'était de voir ce genre de choses sur les habits des Juifs que nous allions tuer : une broderie, des boutons en couleur, ou dans les cheveux un ruban. Ces tendres attentions me transperçaient […] et je souffrais pour les mères qui s'étaient donné ce mal un jour. Et ensuite, à cause de cette souffrance qu'elles me donnaient, je les haïssais aussi.
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Parce que si vous voulez savoir ce qui moi me faisait du mal, et qui m'en fait jusqu'au jour de maintenant, c'était de voir ce genre de choses sur les habits des Juifs que nous allions tuer : une broderie, des boutons en couleur, ou dans les cheveux un ruban. Ces tendres attentions maternelles me transperçaient. Ensuite, je les oubliais, mais sur le moment elles me transperçaient et je souffrais pour les mères qui s'étaient donné ce mal, un jour. Et ensuite à cause de cette souffrance qu'elles me donnaient, je les haïssais aussi. Et vraiment je les haïssais autant que je souffrais pour elles.
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"Une fois debout, il leva les bras. Pas une plainte, pas un mot, nous n'entendîmes rien. Comme s'il s'y attendait. Dans son regard non plus, nous ne vîmes rien, ni peur ni désespoir. A peine si à travers son foulard nous l'entendions respirer. Le peu que nous apercevions de lui, c'étaient ses yeux sous le bonnet en laine. Ils étaient sales et cernés, mais pas encore assez pour cacher son âge. Ils étaient fatigués, mais encore pleins d'éclat".
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Parce que si vous voulez savoir ce qui moi me faisait du mal, et qui m'en fait jusqu'au jour de maintenant, c'était de voir ce genre de choses sur les habits des Juifs que nous allions tuer : une broderie, des boutons en couleur, ou dans les cheveux un ruban. Ces tendres attentions maternelles me transperçaient. Ensuite, je les oubliais, mais sur le moment elles me transperçaient et je souffrais pour les mères qui s'étaient donné ce mal, un jour. Et ensuite à cause de cette souffrance qu'elles me donnaient, je les haïssais aussi. Et vraiment je les haïssais autant que je souffrais pour elles.
Et si vous voulez savoir encore, ma haine était sans fin lorsqu'elles n'étaient pas là pour serrer contre elles leurs joies sur terre pendant que moi je les tuais. Un jour, elles avaient brodé ou mis un ruban dans les cheveux, mais où étaient-elles lorsque je les tuais.
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Nous avions l'habitude, nous savions ce qui nous attendait, et pourtant le froid nous surprenait toujours. On aurait dit qu'il rentrait par les yeux et se répandait partout. Comme de l'eau gelée qui serait passé par deux trous.
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Vidéo de Hubert Mingarelli
[Rentrée littéraire 2022]
Dans une grande ville d'un pays en guerre, un spécialiste de l'interrogatoire accomplit chaque jour son implacable office. La nuit, le colonel ne dort pas. Une armée de fantômes, ses victimes, a pris possession de ses songes. Dehors, il pleut sans cesse. La Ville et les hommes se confondent dans un paysage brouillé, un peu comme un rêve – ou un cauchemar. Des ombres se tutoient, trois hommes en perdition se répondent. le colonel, tortionnaire torturé. L'ordonnance, en silence et en retrait. Et, dans un grand palais vide, un général qui devient fou.
"Le colonel ne dort pas" est un livre d'une grande force. Un roman étrange et beau sur la guerre et ce qu'elle fait aux hommes. On pense au "Désert des Tartares" de Dino Buzzati dans cette guerre qui est là mais ne vient pas, ou ne vient plus – à l'ennemi invisible et la vacuité des ordres. Mais aussi aux "Quatre soldats" de Hubert Mingarelli.
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