Derrière la pulsion vers la reconnaissance médiatique la plus vulgaire – c’est-à-dire celle qui s’appuie sur les mêmes masses – se cache en réalité un désir de disparaître, d’être englouti par la matrice sociale la plus infantilisante. Un jour, les masses comprendront que le mimétisme, la volonté de copier des modèles plus ou moins futiles, fût-elle source d’émotion, est une manière de mort vivant. Un jour, les masses comprendront que la soif de créativité ne se satisfait durablement que de changer réellement le monde, fût-ce à une échelle locale. Ce jour-là, on pourra dire qu’aura vraiment commencé le siècle de la créativité.
Partout, sous couvert de créativité, s’étend le mimétisme le plus stérile, tantôt aveuglé par la fausse singularité des pseudo-tribus, tantôt endoctriné par telle ou telle marque ou campagne publicitaire. Et le capitalisme en profite, comme il a toujours su profiter de nos désirs fantasmatiques
le capitalisme romantique, qui tout en repoussant sans cesse par l’artifice spectaculaire les limites de l’impossible, nous murmure à l’oreille : l’aventure peut être personnelle et privée ! Le héros, c’est bien toi ! À raison d’un film d’évasion par semaine, l’individu à la mauvaise foi enchantée peut se maintenir dans l’illusion qu’il est bel et bien un mutant, un Autre.
Le Flux Créaliste par Luis de Miranda