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Pierre Michel (II) (Éditeur scientifique)Jean-François Nivet (Éditeur scientifique)
EAN : 9782905657565
148 pages
L' Echoppe (01/09/1990)
4.12/5   13 notes
Résumé :
Dans le ciel est un roman paru en feuilleton dans les colonnes de L'Écho de Paris du 20 septembre 1892 au 2 mai 1893 et qui n'a été publié en volume qu'en 1989, aux Éditions de l’Échoppe, Caen, avant d’être inséré, en 2001, dans le tome II de son Œuvre romanesque, aux Éditions Buchet/Chastel.

On peut se demander pourquoi Mirbeau a dédaigné de le publier en volume : peut-être a-t-il craint de donner une image négative des recherches esthétiques de se... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
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Ce curieux roman d'Octave Mirbeau « Dans le ciel » fut publié sous forme de feuilleton dans l'Écho de Paris en 1892-1893. Il faudra attendre seulement 1989 pour que le volume paraisse sous forme de roman.
Ce récit inachevé laisse une étrange impression de confusion. Mirbeau traverse une période difficile dans sa vie de couple, il doute sur sa carrière littéraire, et connaît des problèmes existentiels. le mal-être de l'écrivain en cette année 1892 se ressent physiquement dans ce roman sombre et pessimiste. Je n'ai pu m'empêcher de penser au livre d'Emile Zola « L‘oeuvre » paru 6 ans plus tôt qui contait lui aussi l'histoire d'un peintre Claude Lantier, en échec, qui finit par se pendre devant sa dernière oeuvre gigantesque.

Dans la seconde partie du roman l'auteur fait intervenir un narrateur, Georges, écrivain raté, qui est attiré par un jeune peintre halluciné, Lucien, dont le suicide dramatique terminera le livre. Cette partie du livre est, à mes yeux, la plus intéressante.
Il est évident que Lucien est largement inspiré de Vincent van Gogh décédé deux ans plus tôt en juillet 1890. À l'écriture du livre Octave Mirbeau venait d'acheter « Les iris » et « Les tournesols » de van Gogh. Il met en scène la tragédie de l'artiste moderne en décrivant les difficultés rencontrées par les peintres avant-gardistes de l'époque qui sont condamnés devant l'incompréhension rencontrée et leur idéal artistique qui se dérobe à une souffrance continuelle se terminant parfois par la mort.

Connaissant très bien la correspondance des dernières années de van Gogh, j'ai été tenté de faire des comparaisons entre les phrases des deux écrivains. le lyrisme est semblable.

— Mirbeau : « Un champ de blé immense, sous le soleil, un champ de blé dont on ne voyait pas la fin, et un tout petit faucheur, avec une grande faux, qui se hâtait, se hâtait, en vain, hélas! car on sentait que jamais il ne pourrait couper tout ce blé et que sa vie s'userait à cette impossible besogne, sans que le champ, sous le soleil, parût diminuer d'un sillon. »
— Vincent – septembre 1889 sur sa toile « Champ de blé avec faucheur » : « Je lutte avec une toile, un faucheur, l'étude est toute jaune, terriblement empâtée, mais le motif était beau et simple. J'y vis alors dans ce faucheur – vague figure qui lutte comme un diable en pleine chaleur pour venir à bout de sa besogne – j'y vis alors l'image de la mort, dans ce sens que l'humanité serait le blé qu'on fauche. C'est donc - si tu veux - l'opposition de ce semeur que j'avais essayé auparavant. Mais dans cette mort rien de triste, cela se passe en pleine lumière avec un soleil qui inonde tout d'une lumière d'or fin.

— Mirbeau : « Elle est admirable, la nature... admirable en ceci – écoute moi bien – qu'elle n'existe pas, qu'elle n'est qu'une combinaison idéale et multiforme de ton cerveau, une émotion intérieure de ton âme !... »
— Vincent - Février 1890 : « Les émotions qui me prennent devant la nature vont chez moi jusqu'à l'évanouissement… N'est ce pas l'émotion, la sincérité du sentiment de la nature qui nous mène, et ces émotions sont quelquefois si fortes qu'on travaille sans sentir qu'on travaille, lorsque quelquefois les touches viennent avec une suite et des rapports entre eux comme les mots dans un discours ou dans une lettre. »

— Mirbeau : « Les arcs constellés des ponts réfléchissaient dans l'onde leurs lumières qui serpentaient en zigzags tronqués et mouvants, ou bien s'enfonçaient en colonnades incandescentes, dans des profondeurs infinies, dans des ciels renversés, couleur de cuivre. »
— Vincent – septembre 1888 sur la toile « Nuit étoilée sur le Rhône » : « Lorsque tu y feras attention tu verras que de certaines étoiles sont citronnées, d'autres ont des feux roses, verts, bleus, myosotis. »... « La ville est bleue et violette, le gaz est jaune et ses reflets sont or roux et descendent jusqu'au bronze vert. Sur le champ bleu vert du ciel, la Grande Ourse a un scintillement vert et rose, dont la pâleur discrète contraste avec l'or brutal du gaz.

— Mirbeau : « Ah ! je ne sais pas ce que je voudrais... Mais je sens qu'il y a quelque chose de plus beau, peut-être, de plus grand que l'art... l'amour ! »
— Vincent – septembre 1888 : « plus j'y réfléchis plus je sens qu'il n'y a rien de plus réellement artistique que d'aimer les gens. »


Nous avons affaire à deux grands écrivains : Vincent van Gogh et Octave Mirbeau. Mirbeau était aussi critique d'art. Dans les deux cas, la qualité littéraire est la même.
D'autre part, Octave Mirbeau partageait avec « le suicidé de la société », expression d'Antonin Artaud désignant Vincent van Gogh, une exigence, une intransigeance, et un certain goût de l'absolu.
Grand admirateur du peintre, Octave Mirbeau contribuera à faire connaître son oeuvre.

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Un bourgeois parisien reçoit une lettre d'un vieil ami qu'il n'a plus revu depuis quinze ans. Cet ami le supplie de venir lui rendre visite. Il habite dans une abbaye désaffectée perchée sur un pic solitaire au milieu des plaines. En haut de ce pic on ne voit que le ciel, l'immense ciel écrasant. La visite est un fiasco car cet homme solitaire n'arrive pas à expliquer à son ami parisien le mal-être, et en même temps la fascination, que lui inspire ce ciel. Il lui remet cependant un manuscrit où il prétend expliquer tout ce qu'il aurait voulu lui dire. le reste du roman se compose de ce manuscrit où l'auteur raconte sa vie, sa jeunesse et sa rencontre déterminante avec un artiste peintre. J'aime bien Octave Mirbeau, il écrivait plutôt bien et il n'avait pas son pareil pour la critique sociale. La caricature qu'il fait des hommes et des femmes est vraiment excellente, c'est souvent acerbe, drôle et cynique. Un écrivain raté, un peintre inspiré de van Gogh, la quête d'absolu, tous ces sujets auraient dû me plaire. Mais ce roman est quand même mauvais. Ce n'est pas un roman d'ailleurs mais plutôt un feuilleton. Au dix-neuvième siècle beaucoup de romans étaient d'abord publiés en feuilleton dans les journaux et ça implique, parfois, quelques incohérences. La plupart du temps elles passent inaperçues, mais là c'est trop gros. On sent bien que Mirbeau n'avait pas de plan prédéfini et qu'il naviguait à vue. Il commence son histoire par un narrateur qu'il abandonne très vite et continu avec un manuscrit qui raconte la jeunesse d'un écrivain raté, puis ensuite fait surgir dans l'histoire un peintre qui, je suppose, aurait dû être le narrateur du début. Sauf que ce n'est pas le cas. du coup, rien ne colle. le bourgeois-narrateur du début disparaît de l'histoire, alors qu'il est censé être le grand ami de jeunesse de l'écrivain raté, et tout ce qu'il révèle dans les premiers chapitres ne concorde pas du tout avec le récit qui suit : le pic n'est pas hérité d'un « vieux parent », la seule maîtresse de l'écrivain n'est plus « une marchande de tabac » mais une concierge et ce n'est pas le bourgeois qui lui a chipé cette fille (puisqu'il n'existe plus) mais c'est l'écrivain lui-même qui s'en est désintéressé. le préfacier, Pierre Michel, qui a fait beaucoup pour diffuser l'oeuvre de Mirbeau, parle, au sujet de ces incohérences, de modernité romanesque. Bon… je veux bien, mais moi je n'y ai vu que de la désinvolture. Voilà un livre qu'on aurait mieux fait de laisser tomber dans l'oubli, pour le bien de tout le monde et en particulier d'Octave Mirbeau.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
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Son art me troublait, par son audace et par sa violence. Il m'impressionnait, me donnait de la terreur, presque, comme la vue d'un fou. Et je crois bien qu'il y avait de la folie éparse en ses toiles. C'étaient des arbres, dans le soleil couchant, avec des branches tordues et rouges comme des flammes ; ou bien d'étranges nuits, des plaines invisibles, des silhouettes échevelées et vagabondes, sous des tournoiements d'étoiles, les danses de lune ivre et blafarde qui faisaient ressembler le ciel aux salles en clameurs d'un bastringue.

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Tout être, à peu près bien constitué naît avec des facultés dominantes, des forces individuelles, qui correspondent exactement à un besoin ou à un agrément de la vie. Au lieu de veiller à leur développement, dans un sens normal, la famille a bien vite fait de les déprimer et de les anéantir. Elle ne produit que des déclassés, des révoltés, des déséquilibrés, des malheureux, en les rejetant, avec un merveilleux instinct, hors de leur moi; en leur imposant, de par son autorité légale, des goûts, des fonctions, des actions qui ne sont pas des leurs, et qui deviennent non plus une joie, ce qu'ils devraient être, mais un intolérable supplice. Combien rencontrez-vous dans la vie de gens adéquats à eux-mêmes. (p.57)
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Mon père et ma mère moururent, le même jour, emportés dans une épidémie de choléra. Ma douleur fut grande, et je ne saurai la décrire. Devant la soudaineté de cette catastrophe, j'oubliai tous les petits griefs que je croyais avoir contre mes parents et je m'abandonnai, sans réserve, aux larmes. Jamais je n'aurais pensé que je puisse les aimer autant. Il y a des sentiments inconnus qui dorment dans le coeur de l'homme, comme un trésor d'avare dans la terre. Ils ne se réveillent qu'aux grands coups de pioche du malheur. (p.72)
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Exagéré...mais l'art, imbécile, c'est l'exagération...L'exagération, c'est une façon de sentir, de comprendre .
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Vidéo de Octave Mirbeau
Le livre est disponibles sur editions-harmattan.fr : https://www.editions-harmattan.fr/livre-les_ecrivains_decadents_et_l_anarchisme_une_tentation_fin_de_siecle_alexandre_lecroart-9782336410142-78065.html ___________________________________________________________________________
La fin du XIXe siècle est marquée par une série d'attentats anarchistes. Ces actes récoltent le soutien d'écrivains d'avant-garde comme Paul Adam, Octave Mirbeau et Rémy de Gourmont. Ces affinités avec l'anarchisme étonnent, venant d'écrivains résignés et élitistes qui rejettent la politique au profit de la littérature. Cet ouvrage examine l'influence qu'a exercée l'imaginaire de la décadence sur ces écrivains. Véritable mythe de la fin du siècle, la décadence donne naissance à une esthétique littéraire : le décadentisme. Mais elle agit également sur les anarchistes, qui y voient l'occasion de faire émerger une société nouvelle. Cette analyse jette ainsi un regard nouveau sur les liens entre politique et littérature. La bombe et le livre se superposent, l'utopie anarchiste et l'imaginaire décadent se télescopent. Ce cocktail détonnant laisse entrevoir une intense période de création littéraire et d'ébullition politique. Il questionne les représentations du progrès et de l'histoire, et signale l'émergence de l'artiste d'avant-garde, révolutionnaire en art et en politique.
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Bonnes lectures !
Crédit : Rudy Matile, la prise de son, d'image et montage vidéo
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