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Arnaud Vareille (Préfacier, etc.)François Ayroles (Illustrateur)
EAN : 9782916141534
414 pages
L'Arbre vengeur (04/03/2010)
3.49/5   42 notes
Résumé :
Si Octave Mirbeau était un grand romancier, il restait cependant conscient que ce genre bourgeois méritait d'être allègrement bousculé: son entrée dans le siècle nouveau, il la fera avec un Décaméron fou et ravageur, placé sous le signe d'une maladie alors en vogue, la neurasthénie. Comme des contes cruels où défile une humanité inquiétante et odieuse qui provoque ses ricanements inspirés, les scènes de cure pyrénéenne qu'il imagine nous offrent la peinture de fripo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Hubert Juin, dans la préface de l'édition 10/18 de ce livre, dit des "vingt et un jours du neurasthénique" qu'ils fusent de l'esprit de Mirbeau dans un admirable désordre de colère et de tendresse mélangées.
Il aurait pu y ajouter un avertissement en guise de préambule : Vous qui avez le coeur sensible, et la lecture délicate, vous qui déjà tremblez et frissonnez aux "polémiquettes" de nos auteurs contemporains, ne pénétrez sous aucun prétexte dans ce livre ...
Vous y perdriez au passage du mot une bonne part d'innocence et un peu de sensibilité.
Pourtant, n'écoutez pas ce que je dis, il faut lire ce livre !
Il est splendide et fort !
Mais l'horreur y est parfois tapie au coin de la page comme dans ce conte sordide que Mirbeau aurait pu intituler : "la Bretagne, le douanier et les bigorneaux" !
Ce roman est une galerie de portraits ...
On y rencontre un tas de canailles qui, cependant, ne sont souvent pas de "mauvais diables".
On y croise quelques pitoyables victimes de l'injustice.
C'est plein d'expressions savoureuses et cruelles, de descriptions outrées, de pensées saugrenues et de réactions caricaturales en diable.
C'est un livre qui va de la tendresse au Grand-Guignol !
Georges Vasseur se rend en villégiature dans la ville d'eau d'X.
Georges Vasseur n'aime pas la montagne.
Il s'y sent écrasé.
Octave Mirbeau va donc en profiter pour lui faire rencontrer toute une ribambelle des plus représentatifs tenants de sa révolte d'auteur engagé bien sûr, mais aussi de ses apitoiements les plus sincères.
Comme ce pauvre vieux père Rivoli qui s'est pendu au grand noyer de son clos d'avoir été pris entre l'agent municipal et la préfecture ...
Comme cette pauvre créature qui, pour survivre, tente d'attirer un homme et, ne se sentant pas si sûre du pouvoir de sa séduction, va jusqu'à lui proposer une fillette à peine sortie de l'enfance ...
On sent bouillir Mirbeau derrière la ligne.
Mais Georges Vasseur, trouvant des excuses à tous et à toutes, semble, lui, bien imperturbable.
Ne serait-il pas un peu neurasthénique ?
Névrose ! Névrose ! Tout est névrose !
Allez ... Zola chez les fous !
Octave Mirbeau professe ici l'acte de foi du danger social.
Il ira dire à Rome que le peuple de Paris et les paysans qu'il aime ne veulent plus de l'Église.
Et aux rois, aux empereurs, et au républiques, il dira que c'en est fini de leurs armées, de leurs massacres.
Et, à tous les riches, et à tous les heureux que "le bonheur, c'est autre chose que la richesse, c'est même, croit-il, le contraire" !
Ce livre est éminemment anarchiste.
Mais octave Mirbeau sait le pouvoir limité de la littérature.
Il en fait des tonnes, en rajoute des caisses.
Mais au fond, il sait que tout cela est vain, que l'idée dort dans les livres.
La vérité et le bonheur, nous dit-il, n'en sortent jamais !
Dans ce livre, il y a tout Mirbeau en substance, dans ses outrances et ses étincelles de génie littéraire.
Et il se peut qu'à sa lecture, un buste de plâtre d'Hugo se soit un jour brisé en mille éclats de rire ... ou de désespoir ...

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A une époque, il n'y a pas si longtemps, où j'étais en contestation assez radicale contre la marche du monde que je voyais associée à la bêtise humaine, j'ai découvert l'oeuvre d'Octave Mirbeau. Je crois avoir lu de manière compulsive quasiment toute son oeuvre. Mirbeau se conformait en effet très bien à mon ressenti du moment, épinglant les travers et la stupidité des gens de son époque, toutes catégories sociales et tous milieux confondus.
Je me souviens avoir lu avec délectation ces "21 jours d'un neurasthénique", tant je voyais écrit un siècle plus tôt tous ce que je déplorais autour de moi.
Cette cure pyrénéenne est l'occasion pour l'auteur de regrouper plusieurs historiettes dont les personnages sont d'une bêtise étonnante, du simple employé aux notables et plus hauts fonctionnaires de l'état.
Ce livre peut se lire également comme un recueil de nouvelles. C'est je pense dans ce recueil que se conjugue tout ce qui fait la hargne et la dénonciation de cette bêtise inhérente à notre espèce que décrit Mirbeau. Même si le journal d'une femme de chambre ou l'Abbé Jules peuvent paraitre plus aboutis.
Il m'en reste un souvenir très prégnant, même si le monde de Mirbeau me semble maintenant peut-être un peu caricatural. Mais, une piqûre de rappel peut parfois s'avérer nécessaire, (en plus des onze vaccins maintenant obligatoires).
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Quelle palette d'imbéciles !

Georges Vasseur fait une cure dans les Pyrénées : il raconte et, surtout, donne la parole à ceux qu'il rencontre.

Avec férocité, mais non sans humour, Mirbeau décrit une société aberrante, ridicule, grotesque, horrible.
http://www.litteratureaudio.com/livre-audio-gratuit-mp3/mirbeau-octave-les-vingt-et-un-jours-dun-neurasthenique.html

Waouh ! Mirbeau n'y va pas par quatre chemins. Sarcastique, ironique, jubilatoire, grinçant, pamphlétaire, caricatural,... et quel humour ! Pas étonnant que cet auteur ait été mis en marge après avoir joui d'une belle popularité car vraiment très dérangeant tant sur le plan littéraire et esthétique que sur le plan politique et social.

Merci à "ericbo" qui m'a permis de découvrir ce récit dont je vous recommande l'écoute ou la lecture.
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Les 21 jours d'un neurasthénique nous relate l'histoire d'un homme parti dans les Pyrénées pour y suivre une cure, sur les conseils avisés de son médecin. C'est à la mode...

Mais notre héros déteste la montagne. Et très vite, ses rencontres et ses anecdotes sont prétexte à diversion et nous entraînent dans un tourbillon de souvenirs, les siens et ceux des autres protagonistes, avec une ironie mordante.

Publié en 1901, les 21 jours d'un neurasthénique est un « collage » d'anciens écrits de Mirbeau, ce que Pierre Michel, spécialiste de l'oeuvre mirbellienne, annonce comme les prémices de la déstructuration du roman.

J'aime la plume de Mirbeau, j'aime ses démystifications, j'aime sa férocité. Et c'est toujours un plaisir de s'y replonger.
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"L'été, la mode ou le soin de sa santé, qui est aussi une mode, veut que l'on voyage. Quand on est un bourgeois cossu, bien obéissant, respectueux des usages mondains, il faut, à une certaine époque de l'année, quitter ses affaires, ses plaisirs, ses bonnes paresses, ses chères intimités, pour aller, sans trop savoir pourquoi, se plonger dans le grand tout. [...] Donc je voyage, ce qui m'ennuie prodigieusement, et je voyage dans les Pyrénées, ce qui change en torture particulière l'ennui général que j'ai de voyager. Ce que je leur reproche le plus, aux Pyrénées, c'est d'être des montagnes..."
Neurasthénique, vous avez dit ?!

Ironie de la chose, c'était pourtant pour soigner son vague à l'âme que le narrateur était parti là-bas. Installé dans une une ville d'eau très mondaine (quoique parfaitement sinistre) des non moins sinistres montagnes, il passe le temps comme il peut en observant ses congénères. Ceux qu'il ne fait que croiser, ceux qu'il connait hélas beaucoup trop bien, de vagues connaissances, de ces amis que l'on subit sans les aimer, simples bourgeois ou ministres, tous... eh bien sinistres, justement, avec leurs petitesses, leur bêtise crasse, leur fatuité vulgaire, tous symboles écoeurants, grotesques souvent, d'une société corrompue jusqu'à la moelle et confite en mesquinerie. Une société où tout s'achète, à commencer par le respect et les honneurs, et où les pauvres n'ont le droit que de crever sans rien dire.

Même s'ils peuvent être comptés parmi les romans de l'auteur, les 21 jours d'un neurasthénique sont en réalité la compilation d'une cinquantaine d'histoires publiées par Mirbeau dans divers journaux parisiens, cousues entre elles pour former une oeuvre unique. le fil, volontairement assez lâche, en est ce séjour pyrénéen qui fait d'une ville thermale un véritable théâtre où se croisent tous les acteurs, tous les types, tous les vices de la France fin de siècle, où chaque rencontre est l'occasion d'une histoire. Inutile d'y chercher, pour autant, un témoignage réaliste : tous ces récits, ou presque tous, sont excessifs, grotesques, forcés dans le cruel ou dans le ridicule, des caricatures à la manière de Goya ou de Daumier, qui dénoncent moins des individus que l'esprit général de la société, à travers les monstres ou les situations aberrantes qu'elle engendre. La vénalité omniprésente, l'administration homicide, la colonisation meurtrière, l'héroïsme enseigné par les bouchers aux moutons, le populisme impudent, la roublardise érigée au rang de vertu... et là derrière, la férocité naturelle de l'homme, cette bête fauve qui transparaît à chaque instant derrière les faux vernis.
C'est horrible, c'est tragique souvent, mais drôlatique aussi, et d'autant plus puissant. Au mal du siècle, toutes les cures thermales ne feront jamais rien - seule l'écriture est un remède, qui plonge dans le désordre et l'absurdité du monde pour y forger ses propres armes, indispensables à la vie.
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
L'été, la mode, ou le soin de sa santé, qui est aussi une mode, veut que l'on voyage. Quand on est un bourgeois cossu, bien obéissant, respectueux des usages mondains, il faut, à une certaine époque de l'année, quitter ses affaires, ses plaisirs, ses bonnes paresses, ses chères intimités, pour aller, sans trop savoir pourquoi, se plonger dans le grand tout. Selon le discret langage des journaux et des personnes distinguées qui les lisent, cela s'appelle un déplacement, terme moins poétique que voyage, et combien plus juste!... Certes, le coeur n'y est pas toujours, à se déplacer, on peut même dire qu'il n'y est presque jamais, mais on doit ce sacrifice à ses amis, à ses ennemis, à ses fournisseurs, à ses domestiques, vis-à-vis desquels il s'agit de tenir un rang prestigieux, car le voyage suppose de l'argent, et l'argent toutes les supériorités sociales.
Donc, je voyage, ce qui m'ennuie prodigieusement, et je voyage dans les Pyrénées, ce qui change en torture particulière l'ennui général que j'ai de voyager. Ce que je leur reproche le plus aux Pyrénées, c'est d'être des montagnes... Or, les montagnes, dont je sens pourtant, aussi bien qu'un autre, la poésie énorme et farouche, symbolisent pour moi tout ce que l'univers peut contenir d'incurable tristesse, de noir découragement, d'atmosphère irrespirable et mortelle... J'admire leurs formes grandioses, et leur changeante lumière... Mais c'est l'âme de cela qui m'épouvante... Il me semble que les paysages de la mort, ça doit être des montagnes et des montagnes, comme celles que j'ai là, sous les yeux, en écrivant. C'est peut-être pour cela que tant de gens les aiment.

(incipit)
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Ah ! la science, quelle merveille ! ... Vous savez à la suite de quelles expériences rigoureuses, inflexibles, nous fûmes quelques scientistes et moi amenés à décréter que le génie, par exemple, n'était qu'un affreux trouble mental ? ... Les hommes de génie ? ... Des maniaques, des alcooliques, des dégénérés, des fous ...
Ainsi nous avions cru longtemps que Zola, par exemple, jouissait de la plus forte santé intellectuelle ; tous ces livres semblaient attester, crier cette vérité ... Pas du tout ... Zola ? ...
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Le fiacre avait traversé les quartiers commerçants et les faubourgs populeux. Il roulait dans des banlieues mornes où, tout d'un coup, entre des terrains vagues, enclos de palissades goudronnées, surgissaient d'énormes et noirs bâtiments, hôpitaux, casernes et prisons, ceux-ci sommés de croix branlant au vent, ceux-là surélevés de lourds campaniles, autour desquels des corneilles à bec jaune croassaient sinistrement. Puis il s'engageait entre de hauts murs enfumés, de la pierre triste, épaisse, étouffante, percée ça et là de petits carrés vitreux, barrés de fer, et derrière laquelle on sentait de la souffrance, de la damnation et de la mort. Enfin, devant une porte en forme de voûte, peinte de gris sale et ferrée de gros clous à tête rectangulaire, il s'arrêtait.
- C'est les fous... Nous sommes arrivés... dit le cocher.
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Ce matin, comme je sortais de la buvette, j’aperçus mon ami Robert Hagueman. Toilette matinale d’une irréprochable correction, et qui n’étonnait pas les admirables platanes de l’allée, arbres éminemment philosophes, et qui en ont vu bien d’autres, depuis les Romains, fondateurs de bains élégants et capteurs de sources mondaines. Je feignis, tout d’abord, de m’intéresser passionnément aux manœuvres d’un cantonnier qui, armé d’une casserole, puisait de l’eau dans le ruisseau et la répandait ensuite à travers l’allée, sous le prétexte fallacieusement municipal de l’arroser… Et même, afin de donner à mon ami le temps de s’éloigner, j’engageai avec le cantonnier une conversation sur l’étrangeté pré-édilitaire de son appareil, mais Robert Hagueman m’avait aperçu, lui aussi.
— Ah ! par exemple ! fit-il.
Il vint à moi, plein d’effusion, et me tendant ses mains gantées de peau blanche :
— Comment, c’est toi ?… Et qu’est-ce que tu fais par ici ?
Il n’y a rien tant que je déteste comme de mettre les gens dans la confidence de mes petites infirmités. Je répondis :
— Mais je viens me promener… Et toi ?
— Oh ! moi ! je viens suivre un traitement… C’est le médecin qui m’envoie ici… je suis un peu démoli, tu comprends…
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Un jour que je le félicitais - bas courtisan - de cette évidente supériorité :
" Non, me répondit modestement M. Leygues ...je n'ai pas une supériorité.
- Oh ! monsieur le ministre...
- Je les ai toutes.
- A la bonne heure.
- Mais je ne les ai pas en même temps...je les ai successivement...selon le ministère que je dirige.
- Et comme vous les avez tous dirigés, monsieur le ministre ?... m'inclinai-je très bas.
- Voilà...fit Mr Leygues, avec une pirouette délicieuse qui me prouva que son jarret était aussi souple que son esprit."
Il est charmant...
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Vidéo de Octave Mirbeau
Le livre est disponibles sur editions-harmattan.fr : https://www.editions-harmattan.fr/livre-les_ecrivains_decadents_et_l_anarchisme_une_tentation_fin_de_siecle_alexandre_lecroart-9782336410142-78065.html ___________________________________________________________________________
La fin du XIXe siècle est marquée par une série d'attentats anarchistes. Ces actes récoltent le soutien d'écrivains d'avant-garde comme Paul Adam, Octave Mirbeau et Rémy de Gourmont. Ces affinités avec l'anarchisme étonnent, venant d'écrivains résignés et élitistes qui rejettent la politique au profit de la littérature. Cet ouvrage examine l'influence qu'a exercée l'imaginaire de la décadence sur ces écrivains. Véritable mythe de la fin du siècle, la décadence donne naissance à une esthétique littéraire : le décadentisme. Mais elle agit également sur les anarchistes, qui y voient l'occasion de faire émerger une société nouvelle. Cette analyse jette ainsi un regard nouveau sur les liens entre politique et littérature. La bombe et le livre se superposent, l'utopie anarchiste et l'imaginaire décadent se télescopent. Ce cocktail détonnant laisse entrevoir une intense période de création littéraire et d'ébullition politique. Il questionne les représentations du progrès et de l'histoire, et signale l'émergence de l'artiste d'avant-garde, révolutionnaire en art et en politique.
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Bonnes lectures !
Crédit : Rudy Matile, la prise de son, d'image et montage vidéo
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