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Critique de Colchik


Dror Mishani a un talent particulier, celui d'instiller un malaise chez le lecteur en le plaçant aux côtés d'un individu dont il va suivre le fil des pensées. Nous savons que quelque chose est en train de se passer, que quelque chose aussi s'est sans doute déjà passé. Ainsi nous devenons les témoins d'un drame intime sans avoir aucune prise sur les événements. Cette manière d'introduire le lecteur dans le récit, mais sans lui donner la vision totale de ce qui s'accomplit, est tout à fait particulière. D'ailleurs ce lecteur n'en saura pas plus que ce que révélera l'enquête, c'est-à-dire qu'il refermera le livre en s'interrogeant sur les mêmes zones d'ombre qu'aura laissées sa résolution. Ici, pas de policier omniscient, pas de révélation fulgurante, mais les fils d'une destinée humaine que l'on peut suivre jusqu'à un certain point sans qu'on puisse jamais tout à fait les démêler.
le commandant Avraham Avraham retrouve son poste à la Criminelle de Tel-Aviv après trois mois de congé : un long moment partagé avec Marianka, sa fiancée, qui est elle-même policière à Bruxelles. C'est décidé, les amoureux vont vivre ensemble et Avi se réjouit de l'arrivée prochaine de Marianka. En cette veille de Nouvel An juif, le commandant reprend du service un peu plus tôt que prévu car une fausse valise piégée a été déposée devant une crèche d'enfants. Eva Cohen, la directrice de la crèche, assure n'avoir aucune idée de l'auteur de ce geste inquiétant. La police a deux suspects, Amos Rame, une petite frappe connue pour trafiquer du haschisch et Haïm Sara, un traiteur à domicile qui a eu une violente discussion avec Eva Cohen au sujet de son fils Shalom. La personnalité de ce père de famille âgé de cinquante-sept ans est troublante. Homme réservé, taciturne, il s'occupe seul de ses deux fils de trois et sept ans et déclare que son épouse, originaire des Philippines, a rejoint son pays pour s'occuper de son père malade. Pourquoi se montre-t-il incapable de maîtriser sa peur à certains instants tout en étant soucieux à d'autres de fournir des explications très maîtrisées sur l'éloignement temporaire de sa femme. L'agression d'Eva Cohen lors d'un rendez-vous nocturne près de la plage relance l'enquête et les soupçons sur les deux suspects.
L'écriture de Dror Mishani ne vise pas à instaurer un suspense par une mécanique de révélations ou de découvertes savamment orchestrées. Elle décevra donc les adeptes de thrillers. Elle cherche plutôt à nous restituer la vie de gens ordinaires, de foyers modestes, de familles souvent d'origine populaire où le quotidien déjà difficile a usé prématurément les individus. L'étrangeté de la mort et du crime s'y glisse comme un malheur supplémentaire dans la grisaille habituelle. L'auteur ne joue jamais sur les effets ce qui rend plus poignant le sentiment de fatalité qui habite la plupart de ses personnages.
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