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EAN : 9782070703609
160 pages
Gallimard (22/03/1985)
3.87/5   59 notes
Résumé :
Le «Hagakure», voie du samouraï, est pour Yukio Mishima l'oeuvre qui a donné un sens à sa vie, et son auteur Jocho Yamamoto est une sorte de frère d'armes spirituel.

Ce qui unit ces deux esprits, c'est d'abord une philosophie de la vie comme déploiement de l'énergie intime de l'individu et, plus encore peut-être une philosophie de la mort.
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Plus un commentaire qu'un essai, le Japon moderne et l'éthique du samouraï est une réflexion autour du Hagakuré, texte traditionnel du XVIIe siècle. Mis à l'honneur dans le Japon lors de la seconde guerre mondiale, afin de fortifier l'esprit combatif et la détermination des jeunes nippons kamikazes, ce texte a ensuite été dénigré et brûlé pour incitation à la haine. Cette oeuvre du samouraï Yamamoto Jocho, au service du clan Nabeshima, est une compilation de principes et de réflexions destinés à guider les jeunes samouraïs. Ce texte circula de génération en génération, tenu en haute considération malgré son décalage avec son temps, et fut progressivement popularisé et diffusé à travers tout le Japon jusqu'à la période contemporaine. Mishima a longuement médité les principes délivrés par l'ouvrage, et en a retiré une philosophie de vie, ce qui le conduira au suicide par seppuku.

Le texte de Mishima se décompose en trois parties. Dans la première partie, l'auteur explique l'intérêt du Hagakuré : il décrit sa découverte de ce texte, avant de dresser un parallèle sur les contextes du Japon du XVIIe siècle et celui des années 1950. Mishima estime qu'il y a une évolution des moeurs similaire. Au XVIIème siecle, le Japon est unifié par Tokugawa, qui va instaurer le gouvernement du shôgun, ce qui va être décisif pour la caste des samouraï. Jusqu'ici, leurs compétences guerrières étaient recherchées pour leurs daimyô (seigneurs), et leur valeur de guerrier était prisée avant toute autre. Tokugawa, afin de consolider son emprise sur le Japon favorisa le développement des arts intellectuels chez les samouraïs, qui devinrent peu à peu autant une caste de fonctionnaires que de guerriers. La figure de Miyamoto Musashi, est assez représentative de cette évolution : le jeune Shinmen Takezo ne deviendra un samouraï accompli qu'en passant par l'étude, l'amour de l'art et du Zen. Mais certains esprits conservateurs comme Jocho s'insurge contre ces changements, qui sont contre les valeurs dans lesquels ils ont été édifiés. Mishima Yukio se pose dans la même position pour le Japon des années 50. Il est en effet occupé par les Etats-Unis et s'est engagé, par sa nouvelle constitution, à renoncer à la guerre. L'occidentalisation de la société d'alors provoque un certain malaise et perte de repères, qui s'expriment dans la littérature de l'époque.

Dans une seconde partie, Mishima commente de larges extraits du Hagakuré, les citations de Jocho occupant autant de place que la prose de l'auteur. Ce développement est une collection hétéroclite, qui mélange des réflexions pertinentes à des préceptes moralisateurs abrupts, ou à des conseils plus futiles sur le bâillement ou les beuveries.

La dernière partie de l'ouvrage (les Appendices) est la reproduction du Hagakuré lui-même avec des passages déjà cités.

Cet essai peut être déconcertant par le mélange entre réflexion profonde et juste (sur la mort selon Jocho, sur l'accompagnement que doit donner un maitre à son éleve) et des anecdotes sur un savoir vivre un peu désuet. Pour un esprit occidental, la construction de l'oeuvre est par fois difficile à suivre et la pensée nippone un peu trop repliée sur son passé et sur la nostalgie de son histoire guerrière. Pourtant, cette oeuvre possède une certaine force, lorsque l'on sait que son auteur a su aller jusqu'à la mort pour respecter l'éthique samourai.
Lien : http://toshoedwige.blogspot...
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Dans cet ouvrage, Mishima se pose comme commentateur du "Hagakure", traité sur le Bushido du XVIIème siècle rédigé par Jocho, pendant d'un autre traité, le "Traité des Cinq Roues" du célèbre guerrier Miyamoto Musashi.

Dans une première partie, Mishima recadre le texte dans son contexte historique.
Dans une seconde partie, il commente et annalyse effectivement le "Hagakure". Il relève notamment les passages sur la préparation à la mort, sur le lien qui unit le disciple à son maître, sur l'importance de la force de l'esprit chez le combattant, ... Autant d'éléments qui nourriront son idéologie jusqu'à son spectaculaire coup d'Etat en 1970 qui se règle par son suicide par seppuku.
En réalisant ce travail d'exégèse, Mishima souhaitait également faire resurgir l'esprit japonais, par trop occidentalisé à ses yeux.

Son travail de commentateur permet surtout, à mes yeux, d'analyser ses propres obsessions et de mieux comprendre les dernièers années de cet écrivain fanatique autant que fascinant.
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J'ai lu plusieurs romans de Yukio Mishima. J'avais besoin de réconcilier ces lectures et la fin de sa vie (une tentative ratée de coup d'État et un suicide par seppuku).
Le présent livre est un essai sur le «Hagakure» un livre ancien traitant de la voie du samouraï.

Avez-vous besoin de lire le «Hagakure» avant ?
Non, Mishima en cite de larges passages et la présente édition en donne des "livres" entiers en deuxième partie.

Qu'ai-je découvert de Mishima ?

Sa fascination pour «Hagakure»
Son attirance pour une éthique de vie toute entière tournée vers la condition, l'apprentissage de samouraï, et le service de son Daimo.
Sa fascination pour la mort.

À propos de mort il ne manque pas de souligner la différence de perception entre l'occident et le Japon.
La mort n'y a jamais été représentée comme une "grande faucheuse".
Presque tout au long du Hagakure, le lecteur est exhorté à se préparer à la mort, mourir dans l'honneur, être prêt en tout temps à mourir. Je découvre un Mishima fasciné par d'anciennes valeurs, par l'obéissance, l'honneur, la hiérarchie.

Sur un plan plus positif, c'est aussi une quête de l'amélioration continue, de l'entrainement, de l'humilité, de la modération, de relation respectueuse. Quelques points de vues et recommandations sont de façon paradoxale très contemporains.

J'ai donc découvert une partie du «Hagakure» qui prône des valeurs de perfectionnement et de sacrifice.
J'ai découvert la fascination pour ces valeurs parfois mortelles.
Je serais dorénavant circonspect si j'entends des personnes, mouvements se réclamant d'une morale, éthique ou tradition Samouraï.
Lien : https://post-tenebras-lire.n..
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Très intéressant pour approfondir le Hagakure. Permet également de mieux comprendre le suicide rituel de Mishima au beau milieu des années 1970. La moitié du livre est composée d'un appendice contenant des citations du Hagakure. Pour l'essentiel, le Hagakure prône une philosophie du service comparable au stoïcisme, avec quelques réflexions plus personnelles à l'auteur.
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Trois ans avant son suicide par seppuku Mishima faisait l'exégèse du Hagakuré, qui est un manuel de conduite du Samouraï écrit par Jöchö Yamamoto au 18°siècle et dont l'adage le plus représentatif est : "la voie du samouraï, c'est la mort".
C'est donc dans cet essai que Mishima se livrera le plus sur son choix de vie avec aussi dans une moindre mesure le "soleil et l'acier".
Mishima fait le parallèle entre l'ère Tokugawa durant laquel fût écrit le Hagakuré et l'ère de l'après seconde guerre mondial qui d'après lui son très proches sur bien des aspects en particulier le pacifisme.
"C'était mieut avant" estime Mishima en se basant sur le texte de Yamamoto qui estimait lui aussi, au 18°siècle, que décidément, "c'était mieut avant" !
Qu'ils déplorent la féminisation de l'homme moderne ou le mercantilisme de la société contemporaine, on s'aperçoit qu'il existe des themes de réflexions universelle que tout les réactionnaires d'orient et d'occident s'emparent.
Comme l'on peut s'en douter, cet essai est d'un glauque et d'une tristesse infinie. Mishima était obsédé par la mort et il le prouve ici une fois de plus.
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Citations et extraits (41) Voir plus Ajouter une citation
L'art qui ne s'expose pas à des menaces et à des stimulants venus du dehors s'épuise. L'art littéraire trouve ses matériaux dans la vie, mais la vie, qui est ainsi la mère de la littérature, est en même temps son ennemie implacable. Bien que la vie habite l'auteur même, elle est aussi l'antithèse de l'art.
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L'amitié et la lecture sont les compagnes spirituelles de la jeunesse. Les amis ont des corps de chair et de sang et changent incessamment. Les enthousiasmes de tel ou tel âge retombent avec le temps et laissent place à d'autres que l'on partage avec un nouvel ami. En un sens, il en va de même des livres. Nul doute que tel livre qui a inspiré notre enfance, repris et relu des années plus tard, n'exercera plus sa séduction aiguë et semblera le cadavre de celui dont nous gardons le souvenir. Mais les amis et les livres présentent cette différence essentiel que les premiers changent et non les seconds. Même abandonnée à la poussière sur un coin de rayonnage, le livre persiste opiniâtrement dans son style et dans sa philosophie .L'accepter ou le rejeter, le lire ou pas, ne modifient le livre que dans la relation que nous avons avec lui, c'est tout.
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L'amour est aujourd'hui devenu une idylle de pygmées.
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« Le calculateur est un lâche. Si je dis cela, c’est que le calcul porte toujours sur le profit et la perte et que, par conséquent, le calculateur n’est préoccupé que de profit et de perte. Mourir est une perte, vivre est un gain, aussi décide-t-on de ne pas mourir. On est donc un lâche. De même, l’homme instruit camoufle sous son intelligence et son éloquence la lâcheté ou la rapacité qui forment le fond de sa nature. Peu de gens voient cela. (Livre I.) »

Il est probable qu’à l’époque du Hagakuré il n’existait aucun phénomène social qui correspondît à l’ « intelligentsia » moderne. Pourtant, à la faveur de la paix qui se prolongeait, les confucéens, les érudits et même les samouraïs commençaient à former l’embryon d’une telle couche. Jôchô désigne ces gens sous la simple appellation de « calculateurs ». D’un mot, il dévoile la tare cachée du rationalisme et de l’humanisme. A la lumière trompeuse de la logique, la mort est une perte, la vie est un gain. En termes rationalistes, qui se réjouirait de marcher à la mort ? Le rationalisme sert de rempart philosophique à l’humanisme, dont il est aussi le fondement, et l’humaniste, dans l’illusion d’avoir atteint l’universalité, dissimule derrière ce rempart la faiblesse du moi et l’inconsistance de son point de vue subjectif. Le propos constant de Jôchô est de critiquer l’écart qui sépare la subjectivité et la philosophie. Si la philosophie découle de l’esprit de calcul qui pense la mort comme un débit et la vie comme un crédit, celui qui dissimule sa lâcheté et sa cupidité profondes sous le raisonnement et la rhétorique ne fait que s’abuser lui-même en se forgeant une philosophie et offre le spectacle pitoyable d’un être humain qui s’est menti à lui-même.

Même aux yeux de l’humanisme moderne, on atteint à l’humanisme lorsqu’on met en jeu, non pas la vie d’un autre, mais la sienne propre. Sous sa forme la plus dégradée, cependant, l’humanisme moderne permet de déguiser en compassion pour la mort d’autre le désir animal de ne pas mourir et l’égoïsme de qui cherche à utiliser cette philosophie à son propre profit. Voilà ce que Jôchô entend par lâcheté. (pp. 67-68)
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Je découvris que la Voie du samouraï, c'est la mort. Si tu es tenu de choisir entre la mort et la vie, choisis sans hésiter la mort. Rien n'est plus simple. Rassemble ton courage et agis.

(Livre 1)
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Videos de Yukio Mishima (17) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Yukio Mishima
Yukio Mishima (1925-1970), le labyrinthe des masques (Toute une vie / France Culture). Diffusion sur France Culture le 20 février 2021. Un documentaire d'Alain Lewkowicz, réalisé par Marie-Laure Ciboulet. Prise de son, Philippe Mersher ; mixage, Éric Boisset. Archives INA, Sandra Escamez. Avec la collaboration d'Annelise Signoret de la Bibliothèque de Radio France. 25 novembre 1970 : Yukio Mishima, écrivain iconoclaste japonais âgé de 45 ans, met en scène sa propre mort ; alors qu’il s’apprête à quitter le monde, il livre à son éditeur "La mer de la fertilité", véritable testament littéraire et spirituel de cet auteur tourmenté, fasciné par la mort rituelle. Cet homme nostalgique, avec son goût du vertige et de l'absolu, son amour des corps vierges et des âmes chevaleresques, sa quête effrénée des horizons perdus laisse une œuvre considérable qui raconte sans aucun doute la recherche d’une pureté illusoire et la laideur du monde. Lectures de textes (tous écrits par Mishima) : Barbara Carlotti - Textes lus (extraits) : "Patriotisme. Rites d’amour et de mort" (film de et avec Yukio Mishima, 1965. À partir de "Yūkoku", nouvelle parue en 1961) - "Confessions d’un masque" - "Le Lézard noir" - "La Mer de la fertilité". Archives INA : Ivan Morris et Tadao Takemoto - Flash info annonçant la mort de Mishima le 25 novembre 1970. Extraits de films : "Mishima" de Paul Schrader (1985) - "Le Lézard noir" de Kinji Kukasaku (1968) - Extrait du discours de Mishima juste avant son seppuku, le 25 novembre 1970.
Intervenants :
Pierre-François Souyri, professeur honoraire à l’université de Genève spécialiste de l’histoire du Japon Fausto Fasulo, rédacteur en chef des magazines "Mad Movies" et "ATOM" Tadao Takemoto, écrivain, spécialiste et traducteur de Malraux au Japon et vieil ami de Mishima Dominique Palmé, traductrice de Mishima chez Gallimard, spécialiste de littérature japonaise et de littérature comparée Julien Peltier, spécialiste des samouraïs, auteur de plusieurs articles parus sur Internet et dans la presse spécialisée, en particulier les magazines "Guerres & Histoire (Sciences & Vie)" et "Actualité de l'Histoire". Il anime également des conférences consacrées aux grands conflits de l'histoire du Japon Thomas Garcin, Maître de conférences à l’Université Paris 7 - Diderot, spécialiste de Mishima et de littérature japonaise Stéphane du Mesnildot, critique de cinéma, et spécialiste du cinéma japonais
Source : France Culture
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