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André Pieyre de Mandiargues (Autre)Nobutaka Miura (Autre)
EAN : 9782070294893
133 pages
Gallimard (26/11/1976)
3.73/5   20 notes
Résumé :

C'est en lisant "La Vie du Marquis de Sade" de Tatsuhiko Shibusawa que pour moi, en tant qu'écrivain, se posa l'énigme de comprendre comment la marquise de Sade, qui avait montré tant de fidélité à son mari pendant ses longs emprisonnements, a pu l'abandonner juste au moment où il retrouvait enfin la liberté.

Telle énigme a servi de point de départ à ma pièce, en laquelle on peut voir une tentative de fournir au problème une solution logi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ce livre de Mishima est intéressant, et ce à plusieurs titres. Qui s'attendrait en effet à voir l'écrivain défenseur des traditions japonaises écrire une pièce de théâtre sur la femme du marquis de Sade ?
C'est méconnaître Mishima, qui nous montre l'étendue de sa culture et sa profonde connaissance de la littérature occidentale, qui se manifeste par une attirance pour certains auteurs occidentaux, notamment le marquis de Sade.
Un certain goût pour la transgression, la violence semble les rapprocher.
À ce titre, Madame de Sade se veut la réponse à une question que s'est posée Mishima : pourquoi Renée, marquise de Sade, à t-elle quitté son mari au moment où ils se retrouvaient, après de longues années où Renée avait été fidèle à son mari et supporté ses frasques ?

Cette pièce est intesssante car elle marque le grand talent de Mishima pour la construction fine de personnages à la psychologie complexe. le comportement de Renée est assez difficile à comprendre. La marquise semble aimer son mari alors que celui-ci la trompe effrontément et jette le déshonneur sur elle, et elle refuse de rompre avec lui comme le lui demandent sa mère et sa soeur. Au fil des dialogues entre Renée et les autres personnages, on se rend compte que plus son mari lui cause des malheur, plus celle-ci semble l'aimer...

Mishima nous livre pièce de théâtre représentative de son art, qui consiste à montrer des personnages qui recherchent à travers la construction mentale d'un idéal de beauté le bonheur, et qui immanquablement voient cet univers illusoire prendre fin de manière violente et cruelle. Renée se construit une vision idéalisée d'un mari qui l'attire par son caractère sulfureux et ténébreux mais quand, enfin libéré de prison le marquis lui revient vieux et gâté par la détention, elle refuse de le revoir, préférant continuer à vivre dans l'illusion.

Le style est assez inégal, l'auteur semble souvent le sacrifier pour gagner en clarté dans l'explication des états d'âme de Renée, cepandant il y a quelques beaux moments de grâce, où émerge de l'écriture une réelle poésie.

Madame de Sade est une pièce intrigante, de plus très accessible, de Mishima. Ce n'est, à mon avis qui vaut ce qu'il vaut, pas un chef d'oeuvre, mais cela reste une très belle découverte.
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Un pièce de théâtre japonais qui met en scène des femmes exceptionnelles à la gloire de notre illustre marquis à la sulfureuse réputation internationale.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Renée : il presse contre ses lèvres la lame sanglante de son épée pour prêter le serment des preux. Débordant de son casque, l'or de sa chevelure le ceint d'une auréole, et sa cuirasse est un miroir que le soupir des mourants embrume. Sa belle main, blanche comme celle d'une femme, retire son gantelet pour la poser sur les fronts inclinés, et les plus méprisés, les plus rebutés des hommes reprennent courage pour le suivre gaiement vers les champs de bataille du point du jour. Il vole au plus haut du ciel. Son cœur bat dans sa poitrine cuirassée d'argent en anticipation de sanglantes tueries, de banquets où gisent les cadavres de milliers de festoyé urls, banquets les plus silencieux de tous. Son épée glaciale rend leur blancheur aux lis mouillés de sang ; son cheval blanc, taché de sang, se cabre comme une proue de navire et fonce vers le haut du ciel à travers les éclairs du matin. À cet instant le ciel se déchire ; un flot de lumière, une lumière sacrée qui aveugle ceux qui la regardent, s'abat sur la terre. Donatien est peut être l'esprit de cette lumière.
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Simiane : C’était Dieu qui vous tendait une ligne pour vous inviter au salut. Vous étiez le poisson de Dieu, qui est pêcheur d’hommes. Que dans le passé, souvent, vous vous fussiez décrochée de l’hameçon après y avoir mordu, cela importait peu, car vous saviez que vous seriez prise un jour et votre vœu profond était de vous tordre et de frétiller en faisant briller vos écailles ruisselantes des eaux de ce monde dans la lumière de crépuscule infini du regard de Dieu.

Dieu a mille yeux, d’où partent mille espions, qui vont dans le monde et fouillent les âmes des hommes avec une vigilance plus rigoureuse que celle des policiers du Roi. Leur patience est infinie. Ils attendent. Quand les âmes sont tombées d’elles-mêmes dans le filet miraculeux, ils les saisissent et les portent dans une prison de lumière et de joie.

J’ai honte à l’avouer, mais ce n’est qu’en ces dernières années, après être devenue vieille, que je suis parvenue à comprendre si peu que ce soit la volonté divine. Autrefois, j’affichais des airs de dévotion, mais la conviction vaniteuse que j’avais d’incarner toutes les vertus n’était qu’étroitesse spirituelle. À m’en souvenir simplement, je pourrais rougir. (Elle compte sur ses doigts.)
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Renée : Donatien, l'homme le plus mystérieux que j'aie jamais connu, a su tirer du mal un jeu de lumière et il a transmué en sainte essence la substance de l'ordures qu'il avait recueillie. Cuirassé de l'armure de sa noble maison, il est redevenu un chevalier mystique, qui projette un lueur trouble violette sur son entourage. Le fer rouillé de sang de son armure porte un décor de roses et non pas d'arabesques, de cordes et non pas de guirlandes ; son bouclier reflète les brûlures de la peau des femmes qu'il a marquées au fer rouge ; les cornes de son casque d'argent sont surgies des angoisses, des douleurs, des lamentations des hommes.
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Vous ignorez tout du monde où la rose et le serpent sont assez intimes pour échanger leurs apparences dans la nuit, de telle façon que les joues du serpent rougissent et que la rose se couvre d'écailles brillantes.
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J'aurais voulu accomplir tous ses voeux. J'aurais voulu être compagne de son âme et esclave de son corps. J'espérais demeurer avec lui toujours. Soudain, sa main est devenue de fer et m'a fauchée.
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Videos de Yukio Mishima (17) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Yukio Mishima
Yukio Mishima (1925-1970), le labyrinthe des masques (Toute une vie / France Culture). Diffusion sur France Culture le 20 février 2021. Un documentaire d'Alain Lewkowicz, réalisé par Marie-Laure Ciboulet. Prise de son, Philippe Mersher ; mixage, Éric Boisset. Archives INA, Sandra Escamez. Avec la collaboration d'Annelise Signoret de la Bibliothèque de Radio France. 25 novembre 1970 : Yukio Mishima, écrivain iconoclaste japonais âgé de 45 ans, met en scène sa propre mort ; alors qu’il s’apprête à quitter le monde, il livre à son éditeur "La mer de la fertilité", véritable testament littéraire et spirituel de cet auteur tourmenté, fasciné par la mort rituelle. Cet homme nostalgique, avec son goût du vertige et de l'absolu, son amour des corps vierges et des âmes chevaleresques, sa quête effrénée des horizons perdus laisse une œuvre considérable qui raconte sans aucun doute la recherche d’une pureté illusoire et la laideur du monde. Lectures de textes (tous écrits par Mishima) : Barbara Carlotti - Textes lus (extraits) : "Patriotisme. Rites d’amour et de mort" (film de et avec Yukio Mishima, 1965. À partir de "Yūkoku", nouvelle parue en 1961) - "Confessions d’un masque" - "Le Lézard noir" - "La Mer de la fertilité". Archives INA : Ivan Morris et Tadao Takemoto - Flash info annonçant la mort de Mishima le 25 novembre 1970. Extraits de films : "Mishima" de Paul Schrader (1985) - "Le Lézard noir" de Kinji Kukasaku (1968) - Extrait du discours de Mishima juste avant son seppuku, le 25 novembre 1970.
Intervenants :
Pierre-François Souyri, professeur honoraire à l’université de Genève spécialiste de l’histoire du Japon Fausto Fasulo, rédacteur en chef des magazines "Mad Movies" et "ATOM" Tadao Takemoto, écrivain, spécialiste et traducteur de Malraux au Japon et vieil ami de Mishima Dominique Palmé, traductrice de Mishima chez Gallimard, spécialiste de littérature japonaise et de littérature comparée Julien Peltier, spécialiste des samouraïs, auteur de plusieurs articles parus sur Internet et dans la presse spécialisée, en particulier les magazines "Guerres & Histoire (Sciences & Vie)" et "Actualité de l'Histoire". Il anime également des conférences consacrées aux grands conflits de l'histoire du Japon Thomas Garcin, Maître de conférences à l’Université Paris 7 - Diderot, spécialiste de Mishima et de littérature japonaise Stéphane du Mesnildot, critique de cinéma, et spécialiste du cinéma japonais
Source : France Culture
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