"Papillon" se compose de deux nouvelles publiées en 1948 et tirées du recueil "
Une matinée d'amour pur" de l'écrivain japonais
Yukio Mishima.
"Papillon" évoque l'amour de l'officier Kiyohara pour la jeune Hanako avec laquelle il assista avant la guerre à une représentation de Madame Butterfly. le souvenir de cet émouvant récital se confond avec la réalité de sa propre vie lorsque bien des années plus tard, il revoit la jeune femme désormais mariée.
Dans "La lionne", Shigeko décide de faire souffrir Hisao, son mari volage avec qui elle a eu un fils, lorsqu'elle apprend son intention de la quitter pour Tsuneko, la fille de son patron.
Mishima a choisi de reprendre à son compte deux célèbres tragédies pour aborder dans ces nouvelles le thème de l'amour passionnel et non-partagé.
La première revisite Madame Butterfly de Puccini, l'histoire de Cio-Cio-San (Papillon en japonais), une jeune geisha tombée amoureuse d'un marin de passage du nom de Pinkerton.
Alors que tous deux sont mariés et parents d'un enfant, Pinkerton s'en va pour ne revenir que 3 ans plus tard, marié à une américaine.
Madame Butterfly n'encaisse pas le choc et choisit de se suicider.
"La lionne" s'inspire quant à elle de la tragédie grecque "
Médée" d'
Euripide. Totalement éprise de Jason qu'elle aidera à obtenir la Toison d'Or,
Médée sacrifie tout à son amour et n'hésite pas à trahir les siens.
Mais lorsqu'elle apprend que Jason a jeté son dévolu sur la fille du roi Créon, elle décide de se venger de la pire des manières.
Les personnages en souffrance occupent le devant de la scène. Entièrement dominés et guidés par la violence de leurs sentiments, ils trouvent refuge dans la nostalgie ou, au contraire, dans la cruauté, non par fatalité mais par choix.
Fidèle à lui-même, Mishima dresse ici une vision désenchantée du genre humain dans le Japon d'après-guerre.
Mon avis sur ce recueil est mitigé, comme c'était le cas pour "
Dojoji et autres nouvelles". "Papillon" est assurément plus originale que "La lionne" mais j'ai eu un peu de mal à différencier les époques et à distinguer la cantatrice d'Hanako dans l'histoire. Même si en la relisant une seconde fois, j'ai compris que cette impression de flou était voulue, j'ai trouvé dommage que le sens de l'histoire ne me soit pas apparu directement.
"La lionne" est une nouvelle assez terrifiante mais dont l'issue se révèle sans surprises tant le profil de Shigeko multiplie les indices quant aux événements à venir.
Je me rends compte que la littérature japonaise me renvoie toujours à ce même sentiment d'inaccessibilité. Les romans et nouvelles que j'ai lus jusqu'à présent m'ont tous à la fois intrigué et perturbé, sans que je n'arrive jamais vraiment à me l'expliquer.
Je crois que ce qui me dérange notamment dans la littérature japonaise (et la littérature asiatique en général) est cette éternelle mise en scène de la mort.
Tout semble calculé, ritualisé. Les suicides exigent une préparation au préalable, les meurtres sont prémédités.
Les personnages qui peuplent cette littérature sont souvent torturés par une lourde souffrance mais parviennent pourtant à agir de sang-froid, n'outrepassant jamais les limites de la dignité, si bien que j'ai souvent l'impression d'un manque de naturel, de spontanéité.
En termes de communication, cela se traduit par une absence totale d'épanchement, un goût prononcé pour le secret, le repli sur soi, la fermeture à l'autre, les actes symboliques prévalant bien souvent sur les mots.
Cela étant dit, je ne renonce pas aux romans japonais pour autant. Je continuerai à en lire avec curiosité car, malgré mes réserves, j'aime la confrontation culturelle et les réflexions que suscitent en moi mes lectures de "touriste" :)
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