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Léo Lack (Autre)
EAN : 9782070377886
256 pages
Gallimard (13/01/1987)
3.73/5   139 notes
Résumé :
La jeune veuve Etsuko est amoureuse d'un domestique de la maison de son beau-père Yakichi, chez qui elle vit. Ses beaux-frères, belles-sœurs et leurs enfants vivent sous le toit de l'ancêtre, qui est devenu l'amant d'Etsuko.
Une nuit, Etsuko donne rendrez-vous au garçon qu'elle désire. Comprenant enfin ce qu'elle veut, il se jette sur elle. Elle perd connaissance. Quand elle revient à elle, il s'enfuit. Elle le poursuit, le rattrape, le frappe d'un coup de ho... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (23) Voir plus Ajouter une critique
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Une femme du nom d'Etsuko, encore jeune je suppose malgré son récent veuvage, habite chez son beau-père, Yakichi. Étrange cohabitation, où ils logent au premier étage, le fils ainé et sa femme au second, idem pour le fils cadet qui doit être sur une autre aile de cette maison bourgeoise entourée de vignes à l'abandon, de serres à l'abandon, des fleurs, des champs, un jardinier homme à tout faire, une femme jeune et servante.

S'est-elle réjouie de la mort de son mari ? Un mari qui allait voir ailleurs quand bon lui semblait. Etsuko, l'amante passive de son beau-père, qui écrit sur son journal faussement intime une attirance physique pour S. qui n'est autre qu'un domestique de la maison.

Les histoires d'un autre temps, l'opposition ville campagne et la hiérarchie sociale dans un Japon d'après-guerre qui panse ses pénuries. Les aristos sont devenus risibles auprès des paysans, la stature des hommes a changé. L'homme n'est plus un samouraï, il est déchu de son titre de noblesse et presque de respect. Mais la jalousie reste. Etsuko, la femme déchue et la femme jalouse tour à tour des maitresses de son mari puis de Miyo, l'autre domestique enceinte de S. Mais point n'en faut, je m'arrête là, ne te racontant pas toute l'histoire comme le fait le 4ème de couverture de cette vieille édition que je découvre à postériori (heureusement d'ailleurs que je ne l'ai pas lu ; mon avis : tu veux connaitre l'histoire sans lire le livre, plonge direct sur ce quatrième, tout est dit, en quatre phrases, du premier chapitre au dernier).

Ce roman est l'histoire de cette jalousie disséquée et analysée. de ses prémices à ses dernières secousses, finement, lentement, irrémédiablement, l'histoire Etsuko avance entraînant dans sa chute, celle de son mari, de son beau-père, du domestique...
Lien : https://memoiresdebison.blog..
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J'avis une soif de bonne littérature. Comme ça tombe bien, j'avais Une soif d'amour dans mon sac ! Mishima est mon écrivain préféré : l'assurance d'un bon moment !

Etsuko, jeune veuve vit chez son beau père Yoshiki avec lequel elle a une liaison, par commodité matérielle et sans passion de son côté. Mais le coeur de la jeune femme va s'éveiller à l'amour au contact du jeune domestique Saburo....

Ce roman commence lentement, par la vie quotidienne de Etsuko et de sa famille, mais on ne s'ennuie pas, bien au contraire. Il y a quelque chose d'indéfinissable qui tient en haleine, un vague pressentiment, une tension quasi imperceptible. D'habitude, Mishima organise ainsi ses livres, à travers une tension psychologique qui monte entre les personnages, cependant, Une soif d'amour est différent, car la montée de tension est ici à sens unique : il n'y a qu'Etsuko qui est prise dans l'étau de plus en plus oppressant de sa passion. Saburo, lui ne ressent rien. Il semble être l'incarnation de ces personnages que Mishima voue à être des objets esthétiques pour le lecteur, les autres personnages et lui même. Sauf que Yuichi dans Les amours interdites, Senkitchi dans L'école de la chair pour ne citer que ces deux livres se révèlent de redoutables manipulateurs, ou des héros dans le tumulte des flots... Rien de cela chez Saburo, placide paysan de bout en bout.
Et juste au moment où le lecteur sent poindre l'impatiente, parce que les deux se tournent autour depuis deux cents pages, la scène de fin, vingt pages, dénoue la situation. Brillant pendant violent à la quiétude du reste du récit, il déchire cet équilibre qu'on sentait condamné depuis le début et dénoue l'intrigue par l'explosion de la passion chez une Etsuko qui en perd tout contrôle d'elle même et en devient le jouet, et par la manifestation chez Saburo d'un instinct animal primaire. Je n'en dirait pas plus pour vous mettre l'eau à la bouche ....
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Etsuko est la jeune veuve de feu Ryosuké, le fils cadet de Yakichi Sugimoto
Yakichi, rustre propriétaire d'un lopin de terre dans la région d'Osaka est lui aussi veuf depuis peu et abrite sous son toit outre sa belle-fille Etsuko, ses deux autres fils avec femme et enfants, ainsi que les deux domestiques Saburo et Miyo.

La présence de la belle Etsuko au sein d'une telle promiscuité, chez un beau-père aux mains baladeuses, à de quoi surprendre ; à moins que secrètement elle ne soit amoureuse du beau Saburo.
Mais le domestique ne brille pas par son intelligence et privilégie le plus court chemin, c'est-à-dire la chambre de Miyo située en face de la sienne. Cette dernière tombe bien sûr enceinte et rend Etsuko jalouse comme une tigresse. Une soif d'amour inextinguible transformera peu à peu cette jalousie en démence incontrôlable et finalement tragique.

Dans ce huis-clos lancinant Mishima réussit avec brio à mettre en évidence les travers de la nature humaine au moyen de personnages pour la plupart frustes.
Heureusement avec Mishima la poésie n'est jamais loin ! Celle-ci permet une lecture agréable de ce court roman et contrebalance la noirceur des protagonistes.
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Je t'imagine, Etsuko, sur la colline, épiant le retour du jeune serviteur à travers les rizières, bouillonnante de désir.

Je t'imagine, Etsuko, frémissante de dégoût sous les caresses de ton beau-père, ce vieillard squelettique et égoïste.

Je t'imagine, Etsuko, ignorant les sarcasmes de ton beau-frère et les attaques de ta belle-soeur, tous les deux unis dans leur impossibilité d'aimer, de vivre.

Estuko, rongée par la jalousie. Oui, rongée, c'est le mot, car on ne peut s'empêcher de penser à des petits rongeurs malfaisants qui sans répit te consomment, te consument.

Etsuko, héroïne malgré elle, ou victime, d'une tragédie universelle, avec la mort comme seule libération.

Ecriture à l'économie, rêche, ce qui rend le drame encore plus poignant, encore plus puissant. Car comme le dit Mishima, à la toute fin de son roman, depuis les grandes tragédies grecques, « …. Rien n'avait changé ». Pauvre humanité !
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Plus qu'une ou des histoires d'amour ce roman est plutôt le roman de la jalousie.
Etsuko est une femme de la ville, peu chagrinée à la mort de son mari elle s'installe chez Yakichi son beau-père dont elle devient rapidement la maîtresse.
Yakichi, le patriarche, ancien industriel à la retraite, attaché à ses racines paysannes règne sur sa maisonnée auprès de ses fils, belles-filles et domestiques.
Peu à peu Etsuko va tomber éperdument amoureuse de Saburo, le beau jardinier et sera prête à tour pour arriver à ses fins.
Dans une langue somptueuse Mishima brosse une peinture sans concession de la société rurale d'après-guerre.
Toute la beauté de ce roman réside dans la description minutieuse des personnages, Mishima réussi là une galerie de portraits saisissants de réalisme.


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Citations et extraits (51) Voir plus Ajouter une citation
Osaka inspirait à Etsuko, née et élevée à Tokyo, une terreur irraisonnée. C’était une ville de magnats du commerce, de vagabonds, d’industriels, d’agents de change, de prostituées, de trafiquants d’opium, d’employés de bureau, de camelots, de banquiers, de fonctionnaires, de chanteurs populaires de gidayu, de femmes entretenues, de petits épargnants, de journalistes, d’artistes de music-hall, de barmaids, de cireurs de chaussures. Mais ce n’était pas là ce qu’Etsuko redoutait le plus. N’était-ce rien d’autre que la vie elle-même ? La vie, cette mer complexe, illimitée, pleine d’un assortiment d’épaves flottantes, roulant de violentes et capricieuses vagues dont les verts et les bleus, cependant, restaient toujours limpides.
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Quand Yakichi était jeune, il faisait fièrement part à ses amis de sa trouvaille : la santé des femmes, disait-il, était faite de plusieurs maladies. L’une de ses connaissances, par exemple, avait épousé une femme affligée de mystérieuses douleurs d’estomac. Peu de temps après leur mariage, les douleurs disparurent. Mais lorsque leur mariage perdit de son charme, elle devint sujette à de fréquentes migraines qui ennuyèrent beaucoup son mari et le firent se tourner vers d’autres femmes en guise de consolation. Quand sa femme le découvrit, ses migraines disparurent. Toutefois, les douleurs d’estomac reparurent et, au bout d’un an, elle mourut d’un cancer. On ne peut jamais, lorsqu’une femme est malade, faire la part de la vérité et du mensonge. Quand on penche pour le mensonge, elle a un enfant ou meurt subitement.
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Etsuko s’abandonna à ses pensées.
« Le bruit de la pluie est pareil aux voix de dizaines de milliers de moines lisant des sutras. Yakichi bavarde, Kensuké bavarde, Chiéko bavarde… Ah, que les mots sont inutiles ! Quelle insignifiance ! Quelle futilité ! Quelle duperie que cet affairement perpétuel, cette dépense d’énergie pour une activité dépourvue de sens !« Nulle parole ne saurait rivaliser avec cette puissante et implacable pluie. La seule chose qui puisse rivaliser avec le bruit de cette pluie, qui puisse briser ce mortel mur de son est le cri d’un homme qui refuse de s’incliner devant ce bavardage, le cri d’une âme simple qui ignore la parole. »
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La figure toute rouge de Miyo était pleine d’effroi. C’était le visage banal d’une campagnarde. Il y avait quelque chose de laid dans ces traits inondés de larmes. Ses joues rougies et gonflées faisaient penser à des kakis mûrs qui, si on les pressait, s’écraseraient ; ses sourcils étaient pauvres, ses grands yeux lourds sans expression, son nez quelconque. Seules ses lèvres ennuyaient un peu Etsuko. Elles étaient assez minces. Ces lèvres humides et brillantes de larmes, que les sanglots faisaient frémir, avaient tout juste la rondeur voulue et évoquaient une petite pelote à épingles d’un rouge vermeil.
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"Une trop longue souffrance rend stupide, mais celui que la souffrance a rendu stupide peut encore connaître la joie."

« Où en es-tu ? Ton bateau est sur le point de sombrer. Et tu n’as pas encore appelé au secours ? Ce bateau, tu l’as cruellement malmené et t’es ainsi privée de port. L’heure est venue où il te faut nager de tes propres forces. Tout ce qui t’attend est la mort. Est-ce là ce que tu souhaites ? »

Seule le souffrance peut ainsi servir d’avertissement. A sa dernière extrémité, son organisme avait tendance à perdre son support mental. Son désespoir était pareil à un mal de tête qui lui martelait le crâne comme s’il allait éclater, pareil à une grosse bille de verre qui, de sa poitrine, remonterait vers sa gorge. « Je n’appellerai jamais au secours », pensa-t-elle.

En dépit de tout, Etsuko avait besoin d’une dure logique. Elle l’aiderait à édifier une assise, qui lui permettrait de se dire heureuse.

Etsuko poursuivait le cours de ses pensées.

« Il me faut tout absorber… il me faut tout absorber les yeux fermés… Cette souffrance, je dois apprendre à la savourer… Le chercheur d’or ne saurait s’attendre à ne trouver que de l’or. Il doit ramasser le sable au hasard au fond de la rivière. Il n’a pas le privilège de savoir à l’avance s’il réussira. Il se peut qu’il n’y ait pas d’or du tout et il se peut qu’il y en ait. Mais une chose est certaine : celui qui ne va pas à le recherche de l’or ne fait jamais fortune. »
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Videos de Yukio Mishima (17) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Yukio Mishima
Yukio Mishima (1925-1970), le labyrinthe des masques (Toute une vie / France Culture). Diffusion sur France Culture le 20 février 2021. Un documentaire d'Alain Lewkowicz, réalisé par Marie-Laure Ciboulet. Prise de son, Philippe Mersher ; mixage, Éric Boisset. Archives INA, Sandra Escamez. Avec la collaboration d'Annelise Signoret de la Bibliothèque de Radio France. 25 novembre 1970 : Yukio Mishima, écrivain iconoclaste japonais âgé de 45 ans, met en scène sa propre mort ; alors qu’il s’apprête à quitter le monde, il livre à son éditeur "La mer de la fertilité", véritable testament littéraire et spirituel de cet auteur tourmenté, fasciné par la mort rituelle. Cet homme nostalgique, avec son goût du vertige et de l'absolu, son amour des corps vierges et des âmes chevaleresques, sa quête effrénée des horizons perdus laisse une œuvre considérable qui raconte sans aucun doute la recherche d’une pureté illusoire et la laideur du monde. Lectures de textes (tous écrits par Mishima) : Barbara Carlotti - Textes lus (extraits) : "Patriotisme. Rites d’amour et de mort" (film de et avec Yukio Mishima, 1965. À partir de "Yūkoku", nouvelle parue en 1961) - "Confessions d’un masque" - "Le Lézard noir" - "La Mer de la fertilité". Archives INA : Ivan Morris et Tadao Takemoto - Flash info annonçant la mort de Mishima le 25 novembre 1970. Extraits de films : "Mishima" de Paul Schrader (1985) - "Le Lézard noir" de Kinji Kukasaku (1968) - Extrait du discours de Mishima juste avant son seppuku, le 25 novembre 1970.
Intervenants :
Pierre-François Souyri, professeur honoraire à l’université de Genève spécialiste de l’histoire du Japon Fausto Fasulo, rédacteur en chef des magazines "Mad Movies" et "ATOM" Tadao Takemoto, écrivain, spécialiste et traducteur de Malraux au Japon et vieil ami de Mishima Dominique Palmé, traductrice de Mishima chez Gallimard, spécialiste de littérature japonaise et de littérature comparée Julien Peltier, spécialiste des samouraïs, auteur de plusieurs articles parus sur Internet et dans la presse spécialisée, en particulier les magazines "Guerres & Histoire (Sciences & Vie)" et "Actualité de l'Histoire". Il anime également des conférences consacrées aux grands conflits de l'histoire du Japon Thomas Garcin, Maître de conférences à l’Université Paris 7 - Diderot, spécialiste de Mishima et de littérature japonaise Stéphane du Mesnildot, critique de cinéma, et spécialiste du cinéma japonais
Source : France Culture
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