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Gustave Fayet (Illustrateur)
EAN : 9782742787319
182 pages
Actes Sud (21/11/2009)
4.17/5   33 notes
Résumé :
Au soir de sa vie, Gustave Fayet (1865-1925) a réussi en tout, sa fortune est immense, ses œuvres rencontrent un succès grandissant, sa collection d'art est l'une des toutes premières de son temps. Il possède de très nombreux Gauguin, les plus précieux Van Gogh et les plus belles œuvres de Redon, son ami, venu réaliser chez lui son chef-d’œuvre Le Muret la Nuit dans la bibliothèque de l'abbaye de Fontfroide, à Narbonne, que Gustave Fayet a acquise en 1908. Cet homme... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Publié en 1859 après 8 ans de gestation, ce long poème en 12 chants valu à son auteur d'être l'un des premiers lauréats du prix Nobel de littérature en 1904, à 74 ans. Prix qu'il partagea avec José de Echegaray.

Je connaissais l'oeuvre surtout à cause de l'opéra que Gounod en a tiré cinq ans après la parution du livre, sur un livret de Michel Carré et approuvé par Mistral. le texte original de Mistral, a été écrit en provençal, et traduit par lui-même en français. Il s'agissait de défendre la langue provençale, de lui donner des oeuvres importantes, pour la valoriser, de la fixer par écrit. L'occitan dont le provençal est un des dialectes, était la langue parlée de la Provence de l'époque. C'est la scolarisation des classes populaires qui va promouvoir le français, et effacer progressivement l'usage de l'occitan. Mireille se situe à un tournant de la vie de cette langue, et elle est autant un manifeste et un projet de défense d'une culture et d'une langue, qu'une oeuvre littéraire. En dehors de la littérature, Mistral s'est adonné à la philologie et lexicographie ; il est l'auteur d'un dictionnaire provençal-français.

Mistral avait l'ambition d'écrire un poème épique, genre noble par excellence, qui devait donner à la Provence, une oeuvre aussi importante que les grandes épopées antiques. le découpage en 12 chants n'est donc pas due au hasard. La trame principal du récit, est une histoire d'amour, entre Mireille, la fille de riches fermiers, et Vincent, fils d'un pauvre vannier itinérant. La famille de la jeune fille étant fermement opposée au mariage, Mireille se sauve pour implorer la protection des Saintes de la Mer. Mais elle mourra d'une insolation à la chapelle.

L'intérêt principal de l'oeuvre est sans doute dans la description de la Provence, et des coutumes et modes de vie traditionnelles, dans toute leur force encore à l'époque. de même, la description de traditions et légendes locales donne une coloration particulière au livre. L'histoire d'amour est moins originale à mon sens, mais elle permet de donner une trame au récit, plutôt souple et pouvant autoriser tous les arrêts nécessaires pour détailler les paysages, coutumes, et histoires.

Ce n'est pas désagréable à lire, mais je ne peux pas dire que cela m'ait emporté, ni réellement passionné. Plutôt une curiosité, mais peut-être en partie parce que la poésie est très difficile à rendre dans une autre langue.
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Mireille : Je chante une jeune fille de Provence...

Mireille que j'ai lu en français (car je ne suis pas provençale) est un long et beau poème divisé en douze chants. On connaît souvent l'histoire de Mireille par l'opéra de Gounod. Si le livret reprend mot à mot certains passages des vers de Mistral, si le musicien a été fidèle à l'intrigue, il n'a pas pu rendre entièrement la poésie, la beauté épique de la description, la fraîcheur des deux amoureux, Mireille et Vincent, Roméo et Juliette de la terre provençale, enfants âgés de quinze ans prêts à mourir plutôt que de consentir à être séparés.
L'histoire est éternelle : Vincent, fils d'un pauvre vannier est amoureux de Mireille, fille d'un riche propriétaire de la Crau, Maître Ramon, au mas de Micocoules. Celui-ci veut donner sa fille à un homme de sa caste, le bouvier Ourrias qui, jaloux et violent, cherche querelle à Vincent et le blesse. Ce dernier, guéri par la sorcière Taven, envoie, selon la coutume, son père demander la main de Mireille. Mais Maître Ramon refuse avec mépris. Mireille, désespérée, entreprend la longue traversée du désert de la Crau pour aller prier les Saintes de fléchir la volonté son père. Mais le soleil de la Crau va avoir raison de la jeune fille qui meurt en arrivant aux Saintes Marie où l'attendent ses parents et Vincent.

Les personnages sont attachants. Mireille déformation de Merahivo qui signifie merveille est pour Mistral un dérivé du prénom Myriam donc de Marie. Ce n'est pas sans raison qu'il donne à son héroïne le prénom de la Vierge dont elle a la pureté, la candeur. L'extrême jeunesse des deux jeunes gens les préserve des préjugés des adultes, des considérations de fortune et de rang social. Leur amour est entier et leurs sentiments définitifs, exacerbés, sans concession. Mistral peint cet âge encore adolescent avec beaucoup de vérité comme une étape douloureuse, une épreuve qui peut conduire aux actes les plus extrêmes. Il se souvient peut-être, lui aussi, qu'il n'a pu épouser la jeune fille qu'il aimait, refusée par son père car elle n'avait pas de biens.

Une épopée : Humble écolier du grand Homère

En se proclamant au début du premier chant de Mireille, "humble écolier du grand Homère", Frédéric Mistral compose une épopée, certes, mais pastorale qui se déroule dans un mas provençal.

L'odyssée
Ainsi l'odyssée de Mireille, ce n'est pas la navigation périlleuse d'Ulysse qui essuie les tempêtes les plus terribles, poursuivi par la vindicte des Dieux, c'est la traversée du désert de la Crau, l'épreuve du feu du soleil, la souffrance de la soif, la mort. L'exploit de Mireille n'est pas celui d'un héros terrassant des monstres mais le courage dune petite fille obstinée, dévouée, amoureuse, qui continue à avancer vers le but qu'elle veut atteindre malgré la solitude et la douleur.

Les Héros guerriers
Les héros ne sont pas des rois mais de riches paysans, maîtres de grands domaines; les guerriers sont les farouches bouviers de Camargue, peuple fier et arrogant dont les chevauchées sauvages sur leurs petits chevaux camarguais endurants et fougueux à la poursuite des taureaux sont des faits de bravoure. Les prétendants de Mireille- car semblable à Penélope, elle doit repousser les amoureux qui veulent l'épouser - sont Alari, le berger, Véran, le gardien de cavales, Ourrias, le toucheur de boeufs. J'aime beaucoup ces paysans provençaux devenus sous la plume du poète, fier de ses origines, semblables à des princes, beaux ou redoutables, puissants dans leur humilité, dignes dans leur maintien même dans les occupations les plus quotidiennes.

Ourrias. "Né dans le troupeau, élévé avec les boeufs, des boeufs il avait la structure, et l'oeil sauvage et la noirceur, et l'air revêche et l'âme dure... Combien de bouvillons et de génisses dans les ferrades camarguaises n'avait-il pas renversé par les cornes. Ainsi en gardait-il entre les sourcils, une balafre pareille à la nuée que la foudre déchire; et les salicornes et les trainasses, de son sang, s'étaient teintes jadis." (chant IV)

Ourrias, tel un héros grec (Achille?) bouillant, coléreux, orgueilleux, qui n'accepte pas l'échec et veut soumettre la femme qu'il a choisie. Tous sont dépeints dans un style ample, lyrique, avec un grandissement épique qui les transfigure, qui permet à notre imagination de s'envoler vers ce pays d'eau, de salins et de mer, la Camargue où la liberté, le souffle du mistral, les grands espaces s'offrent à nous, où se déroulent les exploits de ces hommes proches de la nature, en accord avec les éléments.

Véran : "il avait cent cavales blanches épointant les hauts roseaux des marécages. (..) Jamais on ne les vit soumises car cette race sauvage, son élément c'est la mer; du char de Neptune échappée sans doute, elle est encore teinte d'écume ; et quand la mer souffle et s'assombrit, quand des vaisseaux rompent les câbles, les étalons de Camargue hennissent de bonheur et font claquer comme la ficelle d'un fouet leur longue queue traînante..." (chant IV)

Les Dieux
Une épopée donc, où les Divinités sont le Drac, le Dieu du Rhône qui entraîne ses victimes au fond de ses eaux sombres, les Trèves, lutins des qui dansent sur les eaux quand le soleil ou la lune les fait miroiter. C'est ainsi que Ourrias trouvera le châtiment de sa cruauté envers Vincent en cherchant à traverser le Rhône dans une scène hallucinante où les Noyés du fleuve viennent le réclamer :

"Les voilà! pauvres âmes éplorées! les voilà! sur la rive pierreuse ils montent, pieds nus : de leurs vêtements limoneux, de leur chevelure feutrée coule à grosses gouttes l'eau trouble. Dans l'ombre sous les peupliers ils cheminent par files, un cierge allumé à la main." (Chant V)

Vision infernale de ces ombres glacées qui rappellent celles entraperçues par Ulysse lors de sa descente aux Enfers, une épreuve qui est celle aussi de Vincent succombant à l'attaque d'Ourias dans un lieu nommé le Val d'Enfer, aux Baux. Ce site bien réel (on voit comment Mistral utilise les paysages de sa région comme décor) ) est constitué d'un amas de rocs tourmentés, d'un chaos sauvage où au fond de son antre appelée la grotte des Fées, vit Taven la sorcière. Taven, la magicienne, autre Circé avec ses filtres guérisseurs.
le fantastique de ce chant VI est un étonnant mélange entre paganisme et christianisme. L'invocation du Christ et de Laurent le saint martyr, les farces des "follets", lutins tour à tour malicieux ou méchants, l'apparition de la Lavandière qui assemble les nuées, la mandragore dont se pare Taven, les sorciers de Fanfarigoule, La Garamaude et le Gripet, la Vieille de Février qui ramène le Froid, tous les êtres surnaturels du Pays d'Oc ... se rassemblent pour former un creuset bouillonnant de toutes ces croyances, scène irréelle, à couper le souffle où l'imagination du Poète ne connaît plus de limite et nous entraîne dans une danse haletante qui ne cesse de s'accélérer.

"Quel vacarme!.. ô lune, ô lune, quel malencontre te courrouce pour descendre ainsi, rouge et large, sur les Baux!... Prends garde au chien qui aboie, ô lune folle! S'iI te happe, il t'engoulera comme un gâteau, car le chien qui te guette est le Chien de Cambal" (chant VI)

Mais le Merveilleux chrétien reprend bien vite ses droits avec la figure des Saintes Marie à qui Mireille adresse ses prières et qui viendront l'encourager dans sa marche et l'accueillir en leur paradis.

"O saintes qui pouvez en fleurs changer nos larmes, inclinez vite l'oreille devers ma douleur! Donnez-moi Vincent.
Mon père s'oppose à cet accord : de toucher son coeur, ce vous est peu de chose, belles saintes d'or!
bien que dure soit l'olive, le vent qui souffle à l'Avent, néanmoins la mûrit au point qui convient.".(chant X)

Il y a un autre maître dont Mistral se réclame aussi : Virgile! Comme lui, Mistral célèbre la nature pastorale, les travaux des champs. Comme lui, il chante la terre Méditerranéenne, éternelle, à l'ombre de l'olivier, l'arbre symbolique de ce pays éclaboussé de soleil, saturé de couleurs et d'odeurs. le lecteur est baigné dans cette atmosphère particulière aux pays méditerranéens et pris par le charme de cette description, de cette langue poétique qui célèbre les joies humbles des travailleurs et qui magnifie le travail champêtre : cueillette des feuilles de mûriers, dépouillement des cocons, fenaison, labourage, moisson...

Mireille est un très beau poème injustement méconnu, une oeuvre riche et généreuse dont le personnage principal devenu un mythe a donné lieu en Provence à un type, celui d'une jeune fille portant le costume arlésien, doté de qualités de fraîcheur, de simplicité, de courage, jeune personne que l'on appelle : " une Mireille".
J'ajouterai que je suis assez amère quand je vois, par exemple, que le poème de Longfellow, chantant l'amour d'Evangeline, jeune acadienne déportée, figure devenue mythique en Acadie, est unanimement et justement reconnue et célébrée dans la littérature anglo-saxonne; alors que les français passent à côté d'une oeuvre qui, bien qu'elle ait la force d'un mythe, est rejetée seulement parce que l'auteur s'est affirmé comme provençal.


Lire l'article consacré à Mistral, prix Nobel 1904 dans mon blog Ma Librairie
Lien : http://claudialucia.blog.lem..
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Plusieurs raisons me poussaient vers ce livre. D'abord, l'auteur est lauréat du Prix Nobel, et j'ai plaisir à découvrir ceux qui ont été honorés de ce prix, notamment car je n'ai pour l'instant pas été déçu par les lauréats. Ensuite, il me permet de remplir plusieurs de mes challenges littéraires en cours sur le forum Babelio (Multi-Defis, Atout Prix, Petit Plaisirs., XIXème siècle.. et Monopoly grâce à la case du prénom). Enfin, étant arrivé depuis peu dans le Sud, je trouvais intéressant de découvrir une oeuvre typique des terres que je rejoignais puisque c'est ici la Camargue voisine qui est mise en valeur et l'occitan glorifié.

Cette dernière raison faisait aussi naître parallèlement une crainte: le prix Nobel attribué à Mistral ne l'avait-il pas été surtout pour "récompenser" l'utilisation et donc la défense d'une langue régionale ? Et la traduction n'allait-elle pas du même coup affadir la qualité littéraire de ce long poème ? Je ne connaitrais sans doute jamais (à part si je me lance vaillamment dans l'apprentissage de l'occitan... et qui sait ?) la réponse réelle à mon interrogation. Mais je me la pose de toute façon régulièrement pour toutes les oeuvres traduites. Le traducteur a toujours un rôle prépondérant dans l'effet de la lecture.

En tout cas, ce fut une lecture agréable et le génie de Mistral parvient également à agir en français. Le mélange entre les contes et légendes de la région et l'histoire d'amour qu'elles ceignent est particulièrement réussi et intéressant. La langue est belle et parvient à chanter dans l'oreille même en français. Les nombreux termes régionaux ou spécialisés de botaniques ou de zoologie sont plus des supports de l'esprit poétiques que des freins à la lecture. Le choix intermédiaire de ne pas trop chercher à retranscrire la forme des vers occitans tout en conservant une certaine séparation en strophes conserve le souffle poétique de l’œuvre tout en facilitant la lecture.
Bref, ma rencontre littéraire avec ma région d'adoption fut une réussite !
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Je pensais profiter d'une certaine aisance en lisant Mireille dans la version bilingue provençal-français (le provençal c'est une langue latine, ça va le faire, tout ça tout ça), mais en réalité c'est aussi frustrant que de lire de la poésie bilingue breton-français. C'est joli à lire, ça doit sonner ; mais aucune compréhension.
J'ai pourtant lu avec attention les premiers chants, en notant quelques remarques et en appréciant quelques passages.
Des passages qui sentent bien leur époque :
"C'était, certes, un beau gars, et des mieux découplés, aux joues assez brunes, en vérité... mais terre noirâtre toujours apporte bon froment, et sort des raisins noirs un vin qui fait danser."
Ou d'autres avec des images assez saisissantes :
"De ses cuisses tendues il enfermait les muscles dans un caleçon de soie autour duquel dix grelots d'or étaient attachés."
(Vous avez l'image?)
Et puis quelques jolis mots issus du provençal, comme ce "calignage" auquel s'essaient les deux amoureux.
Mais bon, je me suis lassée assez rapidement de leurs aventures cucul la praline et n'ai fait que survoler l'interminable suite. Il y a tant de bons livres que ma foi, Mirèio attendra que je n'ai vraiment plus aucune autre lecture sous la main.
Challenge Nobel
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Dès les premiers vers, Mistral se revendique comme "humble écolier du grand Homère". de fait, Mireille, dans sa version originale en provençal, est écrit à la manière d'une épopée, en douze "chants" versifiés, tel un grand récit mythique. Mythique, je ne sais pas si cette histoire l'est devenue, mais en tous cas elle est célèbre en Provence et au-delà, Gounod en ayant même fait un opéra.
Une histoire d'un amour impossible dont Mireille tentera en vain de forcer le destin, à savoir l'opposition de ses parents à cette union.
Mistral rend un bel hommage à la Provence, et tous les noms de lieux (d'Arles au Mont-Ventoux, en passant par les Alpilles, Martigues, Salon ....) et la description des paysages parleront à ceux qui sont nés et ont grandi dans ces paysages.
Mon édition est tirée de "la Collection des Prix Nobel de Littérature" publiée dans les années 1960. Une belle édition, mais une traduction en français, de l'auteur.
Oui, car Frédéric Mistral a obtenu le Prix Nobel de Littérature en 1904. En introduction, un texte explique les circonstances de cette nomination. Son rédacteur, Gunnar Ahlström, avance des arguments politiques - la candidature de Mistral avait été appuyée par des universitaires allemands, ceci à des fins malicieuses: "On croit pouvoir régner en divisant ses rivaux, en suscitant un particularisme désintégrant en deçà de leurs frontières. On sent déjà venir la guerre du Kaiser de 1914, pendant laquelle les Allemands allaient encourager de toutes leurs forces la révolte gaëlique en Irlande." L'attribution des Nobel de Littérature serait de nature politique ? Damned !
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Frédéric Mistral (1830-1914)

Dieu beau, Dieu ami, sur les ailes
de notre langue provençale,
fais que je puisse atteindre
la branche des oiseaux !

(Une plaque dans l'herbe
Au Square de Poètes,
Paris 16ème)
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La Crau était tranquille et muette. - Au loin son étendue - se perdait dans la mer, et la mer dans l'air bleu ; - les cygnes, les luisantes macreuses, - les flamands aux ailes de feu, - venaient, de la clarté mourante, - saluer, le long des étangs, les dernières lueurs.
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Dans une terre labourable quand la culture se fait en temps propice, j'ai vu parfois attelées à la charrue six bêtes grasses et nerveuses; c'était un merveilleux spectacle! La terre friable, lentement devant le soc au soleil s'entrouvrait. Le fin laboureur, l'oeil sur la raie, la chanson sur les lèvres, y allait à pas tranquilles, en tenant le droit. Ainsi allait le ténement qu'ensemençait Maître Ramon, magnifique, tel qu'un roi dans son royaume.
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Les mûriers sont pleins de jeunes filles que le beau temps rend alertes et gaies, telles qu'un essaim de blondes abeilles qui dérobent leur miel aux romarins des champs pierreux.
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Je chante une jeune fille de Provence.
Dans les amours de sa jeunesse,
à travers la Crau, vers la mer, dans les blés,
humble écolier du grand Homère,
je veux la suivre. Comme c'était
seulement une fille de la glèbe,
en dehors de la Crau il s'en est peu parlé.

Bien que son front ne resplendit
que de jeunesse, bien qu'elle n'eût
ni diadème d'or ni manteau de Damas,
je veux qu'en gloire elle soit élevée
comme une reine, et caressée
par notre langue méprisée,
car nous ne chantons que pour vous, ô pâtres et habitants des mas.
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Vidéo de Frédéric Mistral
Le miracle est arrivé ! Il se nomme Mirèio, le poème que Frédéric Mistral, le fondateur du Félibrige, publie en 1859, au mitan du siècle des nationalités. À partir de là, et jusqu'à aujourd'hui, va fleurir, au Sud, une immense renaissance des langues et des littératures. En Provence, mais aussi dans le Languedoc, la Gascogne, le Limousin et l'Auvergne. C'est cette saga culturelle du Midi que raconte ici, avec science et style, Stéphane Giocanti.
Qui sont ces rebelles en butte au jacobinisme et à la stigmatisation des « patois » ? Quelle a été leur fabuleuse aventure héroïque et collective ? Quel rôle l'occitanisme a-t-il joué au sein de ce réveil ? Comment ce renouveau a-t-il influencé Alphonse Daudet, Jean Giono ou Marcel Pagnol ? Que reste-t-il de ce rêve à l'heure où les locuteurs naturels connaissent un crépuscule ? Et que nous dit cette résistance alors que la France s'interroge sur son avenir ?
Avec ce panorama inégalé, complet et clair, alerte et accessible, Stéphane Giocanti nous initie comme jamais au Sud, à sa terre et à son ciel, à ses peuples et à ses parlers. Une célébration lumineuse.
Essayiste et romancier, Stéphane Giocanti est, entre autres, l'auteur de T. S. Eliot ou le monde en poussières, C'était les Daudet, Une histoire politique de la littérature ainsi que de Kamikaze d'été.
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