AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de svecs


svecs
17 février 2017
nonnonbâ fut le premier livre de Shigeru Mizuki traduit en français. Avec ce livre, Cornélius s'est lancé dans une entreprise de longue haleine pour faire découvrir l'oeuvre de ce mangaka essentiel. Entre les récits d'horreur marqués par la mythologie des Yokais, ces créatures magique qui forment le pendant nippons de nos elfes, lutins, trolls et autres fées, et les récits de guerre, comme le formidable Opération Mort, dont la qualité et l'absurdité en font un pendant du Catch 22 de Joseph Heller, Mizuki a composé une oeuvre riche et dense.
nonnonbâ est un récit partiellement autobiographique dans laquelle il donne les clés pour comprendre son imaginaire. Partagé entre un père rêveur et dilletante, souvent absent et une grand mère qui le régale de récits de Yokai, Shigeru grandit dans un petit village au cours de l'ère Showa, dans les années 30.
Ce gros livre de plus de 400 pages est articulé en 2 parties qui correspondent à deux amours-amitiés d'enfants. Au sein de chaque partie, les chapitres se succèdent, entre les histoires de nonnonbâ et scènes de la vie quotidienne. Au fil des pages, Mizuki dresse un portrait subtil et sensible d'un enfant qui découvre la vie.
Il y a du Poil de Carotte dans cette histoire. Il y a ausssi un peu de Guerre des Boutons. Il y a des histoires de magie et de sorcellerie. Il y a une description subtile de la complexité des relations sociales dans la société japonaise (pour laquelle les notes en fin de livre ne sont pas inutiles pour mieux comprendre quelques passages). Il y a surtout une grande tendresse et une belle sensibilité.
nonnonbâ reste un livre qui se déguste par petites touches, plus que par un binge reading. Il distille une émotion qui se développe sur la longueur.
En 2007, le festival d'Angoulême ne s'est pas trompé en descernant le prix du meilleur album à ce manga. Il reste le seul manga à avoir reçu cette récompense, même si Taniguchi avait déjà reçu le prix de scénario et que l'excellent Chiisakobé a reçu le prix de la série cette année. Pour l'époque, ce choix était vraiment surprenant, A l'exception notable de Taniguchi, qui était le seul mangaka à être publié au côté d'auteurs européens, les mangakas restaient alors confinés dans des collections dédiées à la bande dessinée japonaise, les ostracisant de fait pour une série de lecteurs allergiques à l'idée d'ouvrir un manga. Cornélius avait fait le pari de publier NonNanBâ dans son excellente collection "Pierre" au côté d'auteurs d'horizons aussi divers que Ludovic Debeurme, Chester Brown, Crumb ou Willem. le manga est une bande dessinée comme une autre. Encore maintenant, je ne suis pas sûr que c'est une évidence pour tout le monde. C'est pourtant se priver de perles comme nonnonbâ.
Commenter  J’apprécie          50



Ont apprécié cette critique (5)voir plus




{* *}