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Critique de orhal


Shigeru Mizuki est un mangaka japonais né en 1922 à Sakaiminato. Il est l'un des fondateurs du manga d'horreur, puisque ses récits regorgent de créatures surnaturelles, de monstres et de fantômes. L'auteur, gaucher ayant perdu son bras gauche durant la Seconde Guerre mondiale en Nouvelle-Guinée, surmonta ce traumatisme et apprit à se servir de son seul bras valide pour devenir le mangaka que l'on connait enfin aujourd'hui.


Dans le Japon des années 30, on découvre l'enfance du jeune Shigeru. Il vit avec ses parents dans une campagne niponne simple, sans accès direct à la technologie et à la culture moderne. Il se lie d'affection avec une vieille dame attachante, Nonnonba, qui lui transmet ses connaissances sur les démons inoffensifs et malicieux que connait ce Japon là, tout de superstitions et de croyances anciennes. L'univers que cette mémé d'adoption fait surgir dans la vie de Shigeru est une réelle bouffée d'air frais, un peu de fantastique dans cette existance monocorde, bien que d'une douceur candide. Shigeru trouve auprès de Nonnonba des sujets originaux, mystiques et cocasses pour écrire ses histoires et dessiner ses mangas. A chaque sursauts de la réalité, agréables et désagréables, le petit garçon court se réfugier en cet échapatoire riche, peuplé de yokaï (démons) et de fantômes. Certaines entités, étranges et familiaires, apparaissent avec les éclairs en jetant des haricots rouges sur les toits, d'autres lèchent la crasse dans les maisons, tandis que d'autres encore aspirent les forces des humains qu'elles possèdent. Chaque visite de démon rythme l'histoire et la segmente en petites nouvelles délicieuses, nous ramenant au temps des histoires qui font peur, racontées par un copain dans la pénombre, sous une couverture, éclairés par une lampe de poche fébrile.

Avec Nonnonba, on touche une histoire universelle de l'enfance, des découvertes qui la caractérisent et des sentiments qui naissent : l'amour, la peur, la créativité, l'amitié, les croyances. Ce pavé de papier se lit de droite à gauche et de la fin vers le début du livre, comme tout bon manga qui se respecte. le dessin de Shigeru Mizuki est sensible, loin du manga actuel si moderne, si rapide, si pressé. Il a quelque chose de suranné et de nostalgique qui accompagne le propos, sans doute est-ce du à la part autobiographique de l'histoire. La petite mémé ne gronde pas. Elle n'éduque pas mais apprend au garçon à percevoir, à imaginer et à sublimer ce que ses yeux ne voient pas.
Bien sur l'âme vient du Japon où nous ne sommes pas nés, et pourtant Nonnonba a cette proximité touchante. La curiosité de l'enfant est la même sur n'importe quel continent, c'est en grandissant qu'elle prend des voix différentes. Aucun doute, cet album mérite largement le prix du meilleur album de l'année décerné au festival BD d'Angoulème. Cette récompense marque la reconnaissance du monde de la BD envers le manga, enfin reconnu comme style de BD à part entière.
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