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EAN : 9782021242874
252 pages
Seuil (07/05/2015)
3.3/5   22 notes
Résumé :
Professeur Singe
Wang San est un professeur d’université, du genre malingre, distrait et myope. Son épouse, ancienne joueuse de volley, prend parfois son visage pour un ballon. Ce matin-là,elle l’envoie en ville chercher de quoi nettoyer la maison. La traversée de l’avenue est un effroyable cauchemar. Passant devant un grand panneau publicitaire sur lequel figure un singe joyeux, le professeur, aussitôt, se change en singe. Le narrateur, ami du couple, tire ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Mo Yan nous offre ici deux longues nouvelles , ou deux courts romans , écrits en 1985.
On est autant dans le conte , le fantastique que dans la brute réalité que l'auteur a l'habitude d'égrainer à travers ses romans.
Le premier volet de ce livre , Professeur singe, est très drôle , cocasse . le susdit professeur a épousé une matrone qui le maltraite tant qu'il aspire à devenir un singe. Au passage , Mo Yan lance deux ou trois scuds sur la société chinoise qui au milieu des années 80 fait de ShenZhen son laboratoire capitaliste.
L'intérêt principal est le côté fable qui apparaît souvent dans les romans chinois , assorti d'un humour prégnant, tirant sur le Paasilinna en forme.

La seconde histoire se passe dans la campagne si chère à Mo Yan , sans doute dans une époque contemporaine à la rédaction de ce livre.
Zijing est mariée à un militaire qui la délaisse et passe des semaines sans la voir . Elle s'occupe de sa belle mère, aveugle et paralysée.
On retrouve les standards "Moyanesque": La campagne , la misère, le dur labeur , l'acceptation de sa destinée. Pourtant , l'arrivée de "Cheveux jaunes " va modifier la donne.
Bon, ne nous mentons , les passages à la caserne m'ont paru sans fin. Dommage , parce qu'à la campagne , c'est toujours un régal ce que nous narre Mo Yan. Une belle histoire, ,avec des personnages forts.
Un façon intéressante d'aborder cet immense auteur, surtout la première histoire.

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C'est une lecture mitigée pour moi avec une première nouvelle “professeur singe” qui m'a laissée très dubitative et une deuxième “Le bébé aux cheveux d'or” qui m'a beaucoup plus touchée et plu.

J'ai été en effet très déconcertée par la nouvelle du “Professeur singe” : je n'ai rien compris et elle ne m'a pas plu. Est-ce que c'est parce qu'il me manque des références culturelles pour comprendre la fin ou est-ce que la nouvelle est laissée inachevée du point de vue de l'intrigue car le message est ailleurs? Je ne sais pas. le style est assez burlesque avec des personnages aux émotions assez frustres. Il y a un manque d'empathie de la part de l'auteur qui en fait une fable pour critiquer ces concitoyens qui m'a empêché d'apprécier la nouvelle (ce qui peut m'arriver même quand je ne comprends pas). le seul intérêt de cette nouvelle pour moi est qu'elle me donne envie de lire “au bord de l'eau” de Shi Nai-an

La deuxième nouvelle m'a au contraire beaucoup plu dans la description de la vie rurale chinoise et des contraintes qui s'imposent aux femmes. Malgré le mauvais à priori laissé par la première nouvelle, j'ai été très agréablement transportée aux côtés de cette vieille femme aveugle et handicapée dont la belle-fille s'occupe avec simplicité.

C'est une histoire toute simple mais la narration la rend intriguante avec des allers-retours « non linéaires », des alternance de narration (on passe du il au je par exemple) et une montée subtile de la tension. On s'attache aux personnages simples qui mènent la dure vie de paysan, à la belle-mère aveugle dont l'esprit s'apaise quand on lui raconte des histoires.

Je tenterais sûrement un autre livre de Mo Yan (c'était mon premier essai) en espérant retrouver l'ambiance de la nouvelle du bébé aux cheveux d'or.
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Transformation par la folie


L'effet prix Nobel ! C'est vrai, comment choisir ses lectures. Prix Nobel, prix Goncourt et membres de l'Académie française sont de bons indicateurs, de bons aiguilleurs. Mon intérêt pour Mo Yan s'est dessiné par cette voie et je ne regrette nullement de l'avoir suivie.

La sempiternelle métamorphose, mais le singe comme transformation avait-il déjà était usité en littérature ? Peu importe l'animal choisi, la métaphore est toujours la même, je change parce que l'on m'en a trop fait. Ma volleyeuse à la retraite de femme m'a contraint à l'électrochoc transmutatoire. Avec ces changements de caractéristiques physiques c'est surtout à l'apaisement du cerveau que l'on aspire. L'animal dépose ses angoisses à l'entrée de son domaine d'action, ne subit que le présent et prend pour folie son immuable nature.

Notre héros professeur d'université se trouve débarrassé du poids du ciel qui appuyait sur lui, libéré de ce couvercle infernal qui oppresse l'homme maltraité. Professeur singe est un merveilleux codicille à La métamorphose de Kafka qui l'a précédée, à la sauce chinoise.

Moins évident à trouver à dire sur le bébé aux cheveux d'or ! Sa fin tragique que l'on n'osait subodorer. La vieille mère aveugle reconnaissante envers sa bru. L'enfermement des casernes militaires chinoises. L'histoire d'amour adultérine qui accouchera du bébé aux cheveux d'or marquant le forfait. Quel élément évoquer ?

A mon humble avis, le plus intéressant mais aussi le plus abscons à une saine compréhension, est cette histoire de statue plantée au milieu de l'étang. La figure féminine dénudée qu'elle représente et l'interdiction qui en est faite aux troupes de la contempler marquent certainement l'intransigeance puritaine de celui qui ne pourra à la fin du roman supporter que sa femme ait pu avoir un enfant avec un autre malgré son interminable absence.

Pour conclure, deux bons courts romans qui nous plongent dans une Chine déjà lointaine, celle des années quatre-vingts et quatre-vingt-dix, avec un Mo Yan fantasque et irrévérencieux à la partition.

Je veux bien admettre que le parti communiste chinois règne d'un joug totalitaire sur son peuple et les écrivains qui en sont une composante, mais la liberté dont jouit MoYan et ses critiques en creux de l'être chinois imparfait me laissent à penser que si l'on évite le frontal, il y a de la place pour une certaine liberté de création.



Samuel d'Halescourt
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Professeur singe:
Wang San est un intellectuel qui rédige des articles pour le Grand dictionnaire de poésies et de chants chinois. Sa femme, Wang Xiamei, la belle joueuse de volley-ball, s'est transformée en tigresse grosse et effrayante et son histoire d'amour, en cauchemar. Mais le professeur va se métamorphoser en singe pour lui échapper, à la plus grande joie de leur fils. Cette fable « drolatique » pour reprendre le titre du premier chapitre, est aussi une satire d'un régime autoritaire et absurde dans la Chine des années 1980.
Le bébé aux cheveux d'or :
Deux récits sont menés en parallèle : d'un côté, on suit la belle-fille Zijing femme aveugle qui soigne avec dévouement sa belle-mère, une vieille femme aveugle ; de l'autre, l'instructeur politique, son mari en garnison dans une ville, qui fait appliquer sans discernement des ordres.
Dans ce texte, réalisme et fantastique se côtoient, s'interfèrent et donnent à l'histoire une grande portée sociale et politique. La nature omniprésente (animaux, travaux des champs, éléments météorologiques) éclaire le comportement des hommes, anticipe leurs réactions. Certaines pages, d'une poésie pure, (la statue sur le lac, sirène ou jeune villageoise, qui m'a rappelé La Géante de Baudelaire ; la lune et le nuage) transportent le lecteur « dans une forêt de symboles ». Texte particulièrement émouvant.
Deux nouvelles, deux tons différents, deux histoires d'amour…
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LU DANS LE CADRE DE MASSE CRITIQUE
J'ai pris beaucoup de plaisir à lire ces deux nouvelles, très différentes et très émouvantes, avec une pointe de fantastique.

Le professeur singe: un homme fuit sa femme, véritable tigresse, et son quotidien en se transformant en singe. Au grand dame de sa femme! Comment va-t-elle réagir? Va-t-elle réussir à retrouver son mari?
Le bébé aux cheveux d'or : dans une campagne isolée de Chine, une jeune femme s'occupe de sa belle-mère, tandis que son mari travaille loin de là. Comment se dernier va-t-il réagir devant cet être aux cheveux d'or?

Chaque mot est utile. Chaque situation est décrite de façon à la fois brute et à la fois poétique. En quelques mots, l'auteur nous brosse le portrait des personnages, un lieu, un ressenti, une émotion.
Il est très facile de se laisser emporter et happer par ces deux nouvelles qui nous décrivent la dureté et l'absurdité de la Chine du XXième siècle. Il faut trouver un moyen de s'échapper pour survivre.

Je découvre l'auteur avec ce recueil de deux nouvelles, grâce à Masse Critique, et j'en suis très heureuse. Je vous invite, à votre tour, à tourner les pages de ces courtes nouvelles.
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
C'était sa femme qui lui avait tapé sur la nuque. Wang San était un petit maigre du nord de Jiangsu, sa femme, grande et grosse, venait du Shandong. Ancienne joueuse de volley-ball, elle était, avant sa retraite, seulement grande, pas grosse, et puis elle avait enflé de façon terrible, surtout après la naissance de leur fils : chaque nuit, le vieux lit à ressorts à moitié cassé gémissait de douleur sous son poids. Comme c'était l'étudiant Wang San qui avait jadis poursuivi la volleyeuse de ses assiduités, avec acharnement, aujourd'hui encore le professeur d'université éprouvait pour la prof de gym du Centre sportif la crainte révérencielle que l'on voue à une tigresse. Chaque fois qu'il se tenait face à elle, il se sentait minable, rabougri, tel un singe: les jambes pliées, les bras pendants, comme s'il était plus difficile se se tenir sur deux jambes qu'à quatre pattes . Pour être juste, la chute de l'encrier n'était pas de sa faute, mais il tremblait de tout son corps, de dos courbé en forme d'hameçon, les yeux levés vers les seins de sa femme, gros comme des ballons de volley, et vers son visage écarlate, rond comme la lune. Il posa son regard sur le duvet au-dessus de ses lèvres, qui ressemblait fort à de la moustache , et demanda craintivement:
_Pourquoi tu m'as tapé?
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Par un dimanche torride, vers midi, le professeur Wang San, du département de lettres chinoises de l'Université de la ville, penché sur le petit bureau dans
son appartement du cinquième étage d'une barre d'immeuble du campus, rédigeait quelques articles du volume intitulé « Styles poétiques et lyriques » du Grand dictionnaire de poésies et chants chinois. Un ami le lui avait proposé, histoire de lui faire gagner un peu d'argent. Il venait de finir l'article sur le style « majestueux» et attaquait celui consacré au « baroque ». Ce
terme peut se définir ainsi : insolite et fabuleux. C'était un style plutôt rare dans la poésie classique. Les poèmes de ce style exprimaient l'étrangeté, l'absurdité, le surréel… Soudain, une main poisseuse lui donna une tape
sur la nuque. Il sursauta et renversa son encrier : l'encre bleue coula le long du pied de la table jusqu'au sol. L'appartement, une pièce d'à peine douze mètres carrés, était meublé d'un lit à deux places, d'un réfrigérateur, d'un téléviseur, d'un canapé, d'un lit d'enfant, d'un petit bureau, d'une grande armoire, plus quelques bricoles comme des jouets d'enfant. Il était plein comme un œuf : l'encre risquait de tacher quelque chose.
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Son réflexe avait été très vif, mais ses mouvements très gauches, un défaut typique des sportifs devenus gros.
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Le petit commandant continue de déverser le flot intarissable de ses commentaires, trop de paroles confinent à la raillerie, ont des relents de poudre. Ses pensées, semblables à du caoutchouc, sous l'onde de choc des attaques du petit commandant s'agitent entre expansion et resserrement, il a la sensation que tout son discernement est empêché de fonctionner par ce tissu, que ses capacités à penser en sont annihilées, c'est comme s'il se trouvait enlisé dans de la vase rouge. P.172
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Ce ne sont pas les piétons qui craignent les voitures, c'est le contraire.
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Videos de Mo Yan (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Mo Yan
Présentation de l'album "La Bourrasque" de MO Yan, prix Nobel de littérature, illustré par ZHU Chengliang. Publié aux éditions HongFei, septembre 2022. Après une belle journée au champ, un enfant et son grand-père résistent ensemble à l'adversité.
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