Chronique d'une année scolaire dans la vie d'une jeune romaine qui passe le cap de ses 14 ans au 21e siècle.
Mes 14 ans sont enfouis sous les souvenirs des années 80, l'époque sans internet, sans réseaux sociaux et où avoir un vélo était déjà un beau signe d'indépendance. C'est peut-être pourquoi j'ai eu du mal à entrer dans ce roman tant tout, ou presque, me semblait irréaliste.
Nous rencontrons donc Carolina, 13 ans et demi au début de l'année scolaire, qui part en virée à Venise par le train de nuit pour assister à un concert, qui a des copains de son âge qui circulent tous dans des voitures sans permis customisées et dont la préoccupation principale, après avoir échangé son premier baiser est de savoir quand elle va faire l'amour pour la première fois (car plusieurs de ses copines sont déjà passées par là). C'est tellement éloigné de mes propres souvenirs, que ça m'a déstabilisée un moment.
Il faut dire que notre Caro a peut-être un soupçon de maturité de plus que ses camarades (elle lit
Simone Veil tout de même, à 14 ans à peine !). Et c'est sans doute ce grand écart entre des pensées qui confinent parfois à la philosophie et les amusements niais du quotidien qui m'a empêché d'entrer en empathie avec les protagonistes.
Le quatrième de couverture présente ce roman comme le journal intime de l'adolescente. En fait, à part une page spécifique entre chaque chapitre qui marque les mois et qui pourrait être un extrait de journal intime, le reste du bouquin (600 pages) n'a ni l'allure, ni le style, ni le contenu d'un journal intime. Caro nous raconte bien son année à la première personne, exception faite que quelques morceaux qui laissent la parole à son entourage proche, nous permettant de mieux les cerner. Cependant, le récit n'est en rien un journal qui par définition, devrait être tenu au jour le jour ou presque, et n'est pas supposé s'étaler sur des pages et des pages. On est donc dans un roman, tout ce qu'il y a de plus classique.
Si celui-ci est étiqueté littérature jeunesse, je ne suis pas certaine qu'il faille le mettre entre toutes les mains. Cependant, il est clair que certains adolescents, férus de lecture, sans doute de plus de 14 ans quand même, y trouveront leur compte vu que les grands problèmes existentiels y sont abordés: le premier amour, les premiers émois, la fidélité, la jalousie, les épreuves de l'amitié, les obligations scolaires, les relations à la famille, la volonté d'indépendance, les incertitudes face à l'avenir,... Est-ce que pour autant un ado de 14 ans d'aujourd'hui s'identifiera à Caro et ses amis (qui conduisent des voitures ou des motos, qui participent régulièrement à des fêtes, qui flirtent avec des jeunes hommes majeurs...) ? Je ne sais pas.
En tant qu'adulte, on a là une fresque assez complète des préoccupations de la jeunesse du 21e siècle, dont toute la vie tient dans un smartphone et qui est constamment soumise à des tentations qui ne sont pas toujours de son âge et qui, bien souvent, dépendent d'un argent qu'elle n'a pas.
Amore 14 reste un roman, optimiste à travers son héroïne qui voit toujours le verre à moitié plein, sans pour autant éluder les difficultés qui ne manqueront pas de se glisser sur le chemin de tous les ados du monde.