Nous suivons le début d'une histoire d'amour de deux jeunes israélites de milieux sociaux différents à savoir un modeste chauffeur de taxi et une riche héritière pas très jolie. La recherche du père de l'un des deux protagonistes sera le leitmotiv de cette histoire rocambolesque sous bien des aspects. On le croit réellement disparu après une vague d'attentats assez sanglants touchant les lieux publics. Une enquête privée commence alors et nous entrainera vers des chemins inexplorés mêlés également de fausses pistes.
Il est vrai que la terreur des attentats n'est qu'une toile de fond mais assez insistante pour nous indiquer que cet Etat vit sous une menace permanente qui est en soi condamnable pour l'horreur de ce que cela entraîne pour les populations civiles innocentes. Cependant, l'auteur nous garde bien de nous expliquer les raisons qui mènent à cet état de fait ! Les guerres de résistance face à un envahisseur peuvent prendre diverses formes et notamment celle d'une réplique terroriste. Encore une fois, l'auteur ne se borne qu'à survoler ce sujet même si c'est purement insidieux dans une espèce de banalité de la terreur.
Sur le fond, j'ai trouvé qu'il y avait des situations bien puériles. La fin m'a également interloqué pour son côté assez abrupt du genre "alors, tu sautes ou pas !". J'espère à titre purement personnel que cette société en perte de repères trouve un jour le chemin de la sagesse pour célébrer la paix des braves. On peut toujours rêver !
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Roman graphique déroutant car il décrit la tension permanente que les israéliens vivent au quotidien avec les attentats. Nomi (jeune fille de bonne famille faisant son service militaire) est persuadée que le père de Kobi (chauffeur de taxi) a été tué récement. Ils enquêtent et leur cheminement permettra à Kobi de découvrir que son père multiplie les conquêtes feminines mais reste introuvable. Les personnages rencontrés aident à se représenter différentes facettes de la vie en Israël.
Le dessin est simple, les couleurs plutôt douces et le cadrage apporte du rythme dans le récit, parfois un peu tordu.
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J'ai bien aimé ce roman graphique épuré, moderne et plus que jamais d'actualité. Il est rythmé, et se lit d'une traite. Nous suivons deux personnages à la recherche d'un être cher, l'un a probablement perdu son père dans un attentat kamikaze, l'autre un amant.
Tous les deux paraissent blessés parla vie et leur relation avec cet homme, qui décidément est entouré de bien des secrets.
Sur fond de guerre civile, d'attentats, de terreur, cet ouvrage aux pages bien épaisses dresse un portrait d'Israël aujourd'hui, et montre comment, malheureusement, les attentats suicides font partie de leur quotidien, quelle que soit la classe sociale des personnes concernées.
A découvrir.
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deuxième BD de cette auteure, et j'aime toujours. la fin m'a un peu étonnée, le récit tourne autour d'un personnage qu'on ne verra pas. j'aime découvrir la vie des habitants d'un pays dont on parle beaucoup sans le connaître vraiment, sinon à travers les conflits dont il est issu ou partie prenante. ces BD permettent de ne pas tomber dans trop de clichés?
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Lecture jeune, n°127 - Israël, 2002. La terreur au quotidien, jusqu’à l’indifférence. À la morgue, on se réjouit de ne pas manquer de cadavres. L’expression exit wounds, qui signifie « orifice de sortie d’une blessure », désigne ici à la fois l’explosion meurtrière qui frappe aveuglément dans un restaurant de Hadera et les ravages intimes qu’elle entraîne des mois durant chez les héros de Rutu Modan.
Chauffeur de taxi, Kobi mène une vie tranquille à Tel-Aviv, quand surgit Nomi, une jeune femme soldat, persuadée que le père de Kobi a péri dans un attentat. C’est, dit-elle, le dernier corps non identifié que seul l’A.D.N. de Kobi permettrait de reconnaître. D’abord réticent – il est brouillé avec son père depuis la mort de sa mère et ne trouve pas Nomi « la girafe » très attirante –, Kobi se laisse convaincre par la jeune femme, dont la vision amoureuse lui renvoie une image déconcertante de son père et l’attendrit. Commence alors une quête vouée à l’échec, la poursuite d’un père (et d’un amant) absent qui déçoit toujours, parce qu’on ne saura de lui que ce qu’en disent les femmes qui ont croisé sa trajectoire de fuite ; parce qu’il n’est pas mort, qu’il n’est jamais là où on l’attend et qu’on l’attendra en vain, comme s’il refusait de permettre à Kobi d’« en finir avec [leur] vieille querelle ».
Mais le voyage à deux a permis aux jeunes gens de tourner la page : dans la dernière image, Kobi saute dans le vide pour rejoindre Nomi. C’est la chute tendre et cocasse d’un album toujours juste et pudique. La finesse des dialogues, l’expressivité de la ligne claire focalisent la lecture sur les émotions des personnages, comme l’utilisation originale des couleurs : puisque la vie continue et qu’on oublie vite ce qui ne nous touche pas personnellement, Rutu Modan estompe tous les fonds et réserve aux personnages seuls les teintes plus soutenues, pour nous inviter à partager leurs sentiments. Un récit qui ne manquera pas de susciter l’empathie du lecteur.
Charlotte Plat
Lire la critique sur le site : Lecturejeune
Arrête de passer ta vie à fuir, angoissé par l'avenir, parce qu'y a rien à faire pour se préparer au pire. Comme les attentats, les mauvaises nouvelles frappent quand tu t'y attends pas, des proches un peu pressés partiront avant toi.
- Combien de temps faut-il attendre dans le noir ? Combien faut-il attendre dans la vie pour que les problèmes en suspens se règlent ?
Un des corps était si grièvement brûlé qu'il n'a toujours pas pu être identifié.
Sous les feux de la critique cette semaine, deux bandes dessinées : "Peindre ou ne pas peindre, l'intégrale" de Philippe Dupuy (Editions Dupuis) et "Tunnels" de Rutu Modan (Editions Actes Sud)
Pour en parler aux côtés de Lucile Commeaux : Sarah Ihler Meyer, critique d'art et commissaire d'exposition et Antoine Guillot, producteur de Plan Large sur France Culture