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EAN : 9782330022334
220 pages
Actes Sud (16/10/2013)
3.55/5   234 notes
Résumé :
Après la mort de son fils, Regina Segal emmène sa petite fille, Mica, à Varsovie où elles espèrent récupérer une propriété familiale spoliée pendant la Seconde Guerre mondiale. Une histoire de famille, de secrets et d'amour.
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Critiques, Analyses et Avis (50) Voir plus Ajouter une critique
3,55

sur 234 notes
• Régina Segal, petite mamie juive au caractère bien trempé, vivant en Israël, embarque à l'aéroport de Ben-Gourion pour un vol à destination de Varsovie, dont elle est originaire. Voyage d'agrément ou retour aux sources, à la recherche de ses racines?
• L'auteur, Rutu Modan, cite en préambule quelques mots, visiblement d'un membre de sa propre famille (Michaela Modan): "En famille, on n'a pas à dire toute la vérité, et ça ne s'appelle pas mentir."
• L'auteur aborde à travers ce roman graphique les secrets de famille et leur poids sur les épaules de ceux qui les portent, pensant faire au mieux en taisant leur part d'Histoire. Régina Segal entreprend ce voyage au crépuscule de sa vie, (accompagnée de sa petite-fille, une jeune femme nommée Mica), officiellement pour se renseigner sur la possible restitution d'un bien immobilier ayant appartenu à ses parents, avant leur déportation.
• L'auteure aborde donc de façon explicite le thème des Juifs spoliés de leurs biens durant l'occupation nazie et leur difficile restitution. Mais implicitement, elle revisite surtout l'histoire familiale par le biais de ce qui fut tu, passé sous silence, pour survivre, "passer à autre chose", oublier un passé trop douloureux pour s'autoriser une reconstruction.
• On perçoit très vite, à travers les mots et répliques de cette mamie un peu "pète-sec", que les liens avec la Pologne sont difficiles et douloureux, mais que ceux avec les Polonais eux-mêmes sont encore plus tendus et complexes.
• J'ai lu ce roman graphique en une soirée, le dessin s'attarde sur les expressions des visages et les tonalités chromatiques, jamais criardes, participent de cette teinte douce-amère du récit.
•Ce dernier s'étale en 7 chapitres, chacun correspondant à un des 7 jours du séjour de Régina et sa petite-fille Mica, à Varsovie. Plus les jours passent, plus la dame âgée habituellement impétueuse se referme et s'étiole sous le poids des souvenirs, alors que sa petite fille prend le contre-pied inverse, s'aventure dans Varsovie, fait des rencontres et enquête, attitude d'une jeunesse dans l'ignorance du passé et en parfait contrepoids au silence de sa grand-mère.
• "La Propriété" allie habilement la grande et dramatique Histoire avec la petite histoire: celle de Régina.
• Mais si l'histoire reste assez centrée sur Régina et sa famille, j'ai regretté que ne soit pas plus développé le contexte historique de l'époque, le sort des Juifs de Pologne ayant été particulièrement cruel : c'est sur le territoire polonais administré par les nazis que les camps furent installés. Et, sur 3,3 millions de Juifs polonais, 2,9 millions ont été exterminés. le roman graphique est peu traité sous cet angle historique et se focalise surtout sur les conséquences de ces événements sur l'histoire familiale. le personnage de Régina, maîtresse femme qui ne s'en laisse pas compter, mais s'effondre en silence une fois revenue dans sa Varsovie natale, m'a émue par cette blessure toute en pudeur, mais j'aurais aimé que lui soit faite plus de place, plus d'images du passé (en sépia peut-être pour marquer le contraste avec la Varsovie d'aujourd'hui), au lieu de quoi le lecteur observe une femme chanceler, changer d'humeur de façon cyclotimique et se refermer sur elle-même, sans trop en comprendre les raisons, attitude nous rendant le personnage presque inaccessible, alors qu'elle aurait tant à dire...
• Je regrette aussi en parallèle l'adjonction de personnages portant une intrigue qui ne m'est pas apparue nécessaire au récit (l'étrange et "collant" Avram Yagodnik). J'aurais préféré que la place qu'il prend soit plus dévolue à Régina, qui s'efface trop à mon goût au fur et à mesure du récit.
• Par contre, certaines scènes qui pourraient sembler anecdotiques sont très pertinentes, et, croquées de façon anodines par Rutu Modan, donnent énormément de force au récit: lors du vol-aller pour Varsovie, Régina est assise à côté d'un professeur accompagnant ses élèves sur les traces de la Shoah. Tout en mangeant son plateau-repas, il énumère les étapes de voyage de classe, comme un GO du Club Med son programme des distractions hebdomadaires: "Bon. Lundi, Treblinka. Mardi, Majdanek et les chambres à gaz". Et d'entendre répliquer les élèves derrière lui, tout à leur dissipation adolescente : "Su-per"...
Cette simple planche pose toute l'ambivalence de l'enseignement de l'Histoire: enseigner, éduquer, raconter pour que ne tombent pas dans l'oubli ces millions de victimes, pour que la barbarie ne reste pas impunie en recouvrant de silence ses exactions, pour que de futures mêmes causes ne mènent pas aux mêmes conséquences. Et pourtant, tout comme la science, je serai bien tentée de dire que, sans réelle conscience, L Histoire aussi ne deviendrait que "ruine de l'âme". Et à travers les silences lourds de Régina sur un drame personnel, on perçoit que raconter ses douleurs, ses traumas n'est pas chose aisée. L'Histoire pose des dates, éclaire des évènements, leurs conséquences... mais sans l'histoire personnelle des individus, sans les mots charnus mais pudiques de leur souffrance et de leur déchirements pour habiller le squelette synthétique de l'Histoire, cette dernière resterait une science froide.

Nota Bene:
-----------
Ce roman graphique fut publié pour l'édition française en 2013. Une loi promulguée en août 2021 complique la restitution des biens juifs confisqués par les nazis, puis nationalisés par le régime communiste après-guerre.
En 1989, après la chute du rideau de fer, les pays de l'Est avaient organisé la restitution des biens spoliés... à part... la Pologne, qui a laissé chaque individu tenter sa chance devant les tribunaux!
Le nouveau texte d'août 2021 impose dorénavant un délai de prescription de 30 ans pour faire une réclamation, bloquant ainsi presque toutes les demandes des descendants des victimes de la Shoah.
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Suite au décès de son fils, Régina Segal, une juive ayant fui la Pologne il y a soixante-dix ans, décide de se rendre à Varsovie, voyage qu'elle repousse depuis de nombreuses années, afin de régler avec le notaire ses droits concernant une propriété ayant appartenu à ses parents et dont ils ont été spoliés par les polonais lors de la seconde guerre mondiale. Pour ce retour aux sources des plus déstabilisants, la vieille femme est accompagnée de Mica, sa petite fille. le voyage, prévu pour une semaine, va se révéler riche en surprises et en découvertes. Si la ville s'est reconstruite sur ses ruines, certains visages du passé n'ont pas disparus et avec eux resurgissent des secrets enfouis depuis longtemps… Ce voyage dans le temps sera peut-être l'occasion pour Mica d'en découvrir plus sur ses origines et ainsi de se rapprocher de sa grand-mère…


« La propriété », prix spécial du jury au festival d'Angoulême en 2014, est un roman graphique prenant et bien mené qui nous plonge dans l'histoire d'une famille juive sur le point de renouer avec son passé. le dessin est simple mais très coloré et apporte une réelle fraîcheur à l'histoire pourtant torturée des Segal. Les personnages, quant à eux, sont haut en couleur, notamment celui de la grand-mère dont le caractère bien trempé et les réparties offrent une touche d'humour agréable et bienvenue. Sa relation avec sa petite fille, faite de non-dits et d'incompréhensions liées à la différence de génération, ne manque pourtant pas de tendresse et d'affection et s'avère très attachante.


L'intrigue, à priori simple, se dévoile par petits bouts et révèle des secrets anciens que l'on prend le plus grand plaisir à découvrir. On avance pas à pas, aux côtés de Mica, dans la découverte des origines de sa famille avec, en toile de fond, une histoire d'amour magnifique mais contrariée. « La propriété » est une bande dessinée touchante et joliment réalisée, qui soulève des sujets sensibles avec beaucoup de finesse et d'humour et dont on ressort ému. Une jolie découverte !
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_ S''ils ont démoli l'ancien immeuble et construit autre chose à la place, ça appartient à un autre.
_ NON ! C'est une erreur répandue. Selon les lois Européennes sur la propriété, peu importe qui l'a construit. le bâtiment appartient toujours aux propriétaires légaux du terrain...
extrait du chap. "3em jour" (ici, les pages ne sont pas numérotées !)

Une grand mère et sa petite fille, prennent l'avion pour une histoire d'Expo lia Sion à Varsovie...

Sur les traces du Souvenir, Note d'Espoir
Gravée dans les mémoires, une page d'Histoire.
Dédiée aux victimes de la Shoah
Un roman Graphique de choix...

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« La propriété », c'est la raison pour laquelle une dame âgée, Régina Segal, accompagnée de sa petite fille Mica, va retourner en Pologne après avoir dû fuir ce pays 70 ans plus tôt pour se réfugier en Israël.
Mais ce retour au pays ne sera pas que l'occasion de régler une succession, à savoir récupérer un appartement dont sa famille et elle ont été spoliés, comme des milliers d'autres juifs.
Ce sera aussi l'heure des révélations et des retrouvailles avec son passé et ses nombreux secrets.
Cette bande dessinée nous raconte tout un pan de la vie de cette femme et de sa famille, avec ses secrets, ses non-dits, ses jalousies, ses mesquineries, et bien sûr, son lot de souffrance.
Je me suis attachée à cette femme âgée qui a traversé bien des épreuves et qui va se retrouver confrontée à un secret vieux de 70 ans.
Une bande dessinée fine et émouvante.
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Dès les premières pages, on comprend que Régina Segal, israélienne, est une vieille dame, certes, mais avec un caractère bien trempé!
Elle retourne, pour la premières fois depuis la deuxième guerre mondiale, en Pologne avec sa petite-fille Mica. Officiellement pour récupérer des biens perdus lors du déménagement de la population juive dans le ghetto de Varsovie, mais officieusement pour une toute autre raison, qu'elle a gardé secrète à toute sa famille.
Ayant perdu son fils ainé il y a deux mois, elle se sent maintenant responsable de Mica et accomplit ce voyage surtout pour elle. Dans l'avion, elles rencontrent par hasard Avram Yagodnik, un ami de la famille qui aura la fâcheuse habitude de se retrouver partout où elles iront et à passer des coups de fil mystérieux tout au long de leurs recherches dans la ville.
Lignes claires, visages expressifs et très réalistes, intrigue qui fait mouche, l'album se lit d'une traite et sans difficultés. Il y a bien sûr cet Avram prodigieusement agaçant, la grand-mère qui change sans cesse d'avis - mais on comprendra vite que ce ne sont pas des caprices - et un beau Polonais qui s'immisce dans les recherches sans qu'on ne soit sûr de ses motivations... face à ces hurluberlus, Mica a bien de la patience!!!

Pour une fois, Varsovie, le ghetto et l'expulsion des familles juives de leurs domiciles sont traités avec une certaine distance, un humour et un regard moderne qui reste lucide mais n'entre pas - ou à peine - dans le pathos.
Le ghetto est d'ailleurs lucratif et guides, associations en tout genre et auteurs en profitent sans vergogne.
Régina et sa famille ne sont pas les premiers juifs d'Israël venus récupérer ce qui leur appartenait, accusés de ne penser qu'à l'argent, 70 ans après.

Mais, derrière cette histoire de propriété, il y en a une autre, tenue secrète pendant soixante-dix ans qui nous ramène à la jeunesse polonaise de Regina.
Comment vivre après de tels événements, comment se reconstruire, en tant qu'individu, famille, descendants et pays, sans oublier pour autant? Tout est, très simplement, évoqué ici. Une belle trouvaille.
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critiques presse (4)
BDSelection
06 décembre 2013
Ici, tout s'enchaîne avec tellement de fluidité, d'intelligence et de finesse qu'il est difficile de décrocher de la lecture sans avoir avalé les plus de deux cents pages de l'ouvrage. La ligne claire adoptée par le dessin, comme les couleurs volontiers pastel qui l'habillent, sont au service de cette mécanique de précision.
Lire la critique sur le site : BDSelection
BoDoi
27 novembre 2013
La Propriété est bien une comédie intime traversée par le souffle d’une tragédie universelle, rendue ici plus légère. Voilà un album qui divertit et interroge, pour un résultat d’une profonde et émouvante sobriété.
Lire la critique sur le site : BoDoi
Telerama
13 novembre 2013
La mémoire — celle qu'on perpétue, celle qu'on occulte — est, évidemment, la clé de l'histoire. Rutu Modan en pointe les dérives. Et elle n'est jamais plus convaincante qu'en revisitant avec l'impertinente ironie qu'on retrouve dans un trait net, expressif, très ligne claire, les zones d'ombre, bouleversantes ou dérisoires, d'une tragédie universelle. Tout en se gardant bien d'en faire un drame.
Lire la critique sur le site : Telerama
LeMonde
04 novembre 2013
Le drame intime affleure à tout moment dans cette comédie familiale en trompe-l'œil, qui interroge aussi sur les relations entre les juifs d'origine polonaise et leurs racines. La ligne claire – et numérique – de l'auteure israélienne Rutu Modan fait merveille.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
-Il y a au moins un endroit qui n'a pas changé dans cette ville (le cimetière).
-A l'époque, c'était un bon lieu de rendez-vous. Et on pouvait avoir confiance, ce ne sont pas les morts qui risquaient de tout raconter à ton père.
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La propriété est un droit antérieur à la loi, puisque la loi n'aurait pour objet que de garantir la propriété.
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Je l’ai fait pour agacer Tzilla. La seule chose que les juifs aiment plus que l’argent, c’est la provocation.
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- Heureusement que tu n'es pas venu avec moi au Hilton, c'était triste, l'ancien immeuble a été démoli.
- Ah bon...
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Avec la famille, vous n'êtes pas obligé de dire l'entière vérité et ce n'est pas considéré comme un mensonge.
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Videos de Rutu Modan (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Rutu Modan
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Pour en parler aux côtés de Lucile Commeaux : Sarah Ihler Meyer, critique d'art et commissaire d'exposition et Antoine Guillot, producteur de Plan Large sur France Culture
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