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EAN : 9782070366989
210 pages
Gallimard (05/11/1975)
3.29/5   545 notes
Résumé :
Au mois de juin 1942, un officier allemand s'avance vers un jeune homme et lui dit : "Pardon, monsieur, où se trouve la place de l'Etoile ?" Le jeune homme désigne le côté gauche de sa poitrine.
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Critiques, Analyses et Avis (52) Voir plus Ajouter une critique
3,29

sur 545 notes
Abandonné à la page 72 (ce roman en compte 219) pour cause de déception et surtout d'un profond sentiment d'ennui. J'ai lu pas mal de titres de Patrick Modiano, étant au fil du temps de plus en plus réticente à ouvrir ses romans tant ils se ressemblent et tant j'arrive à les confondre.
Celui-ci, "La place de l'Etoile", couronné par plusieurs prix, semble être l'un de ses meilleurs livres d'après diverses critiques. Alors, j'avais quand même décidé de faire un effort et de le découvrir. Et puis, Patrick Modiano allait évoquer la guerre de 39-45 et la question juive... Ce sujet incontournable me tient à coeur et j'ai lu avec passion et grand intérêt des livres de Simone Veil (Une vie) ou ceux de Primo Levi, ou encore des témoignages "Paroles d'étoiles".
Je m'attendais donc à ce que Patrick Modiano écrive un beau roman, traitant des heures noires de la guerre et de la persécution de ses frères en religion... et je suis dépitée lorsque je constate qu'il aborde le sujet en créant un (anti)héros qui a de la sympathie pour les SS et la gestapo; même s'il s'agit-là d'une forme d'humour à prendre au second degré. Je passe peut-être à côté de cet ouvrage, mais je ne goutte absolument pas cet humour.
Dès la première page le ton est donné avec des réflexions antisémites et des insultes racistes. le livre date de 1968... à cette époque cette écriture pouvait peut-être passer, cet humour était peut-être tolérable, peut-être était-ce bien vu de pouvoir rire de tout... 50 ans plus tard il me semble que ceci n'est plus de mise, qu'on ne peut plus gouter ces mauvaises plaisanteries. le texte a bien mal vieilli certainement à mon goût, même si l'on pardonne à Patrick Modiano de l'avoir écrit, car il sait de quoi il parle étant lui aussi de confession israélite.
Beaucoup de superbes livres m'attendent sur les rayonnages de mes bibliothèques, alors je ne veux pas gaspiller mon temps à lire des ouvrages qui me déplaisent ou me heurtent par leur contenu. Je veux privilégier la beauté au dépend de l'horreur.
Au revoir monsieur Modiano, l'heure de notre dernier rendez-vous a sonné.
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Très grosse surprise que ce premier roman de Modiano que je n'aurais pas imaginé une seconde dans ce registre dérangeant, presque violent, peuplé d'ombres, d'obsessions et de fureurs.
Il faut vite lâcher prise car dès les premières pages le rationnel s'évanouit pour forcer le lecteur à l'intérieur d'un crâne, celui peut-être du jeune juif Modiano ayant hérité à la naissance des fantômes de la guerre, où se croisent, s'entrechoquent et se contredisent toutes les figures mais aussi les anti-figures juives les plus inimaginables, le collabo, le trafiquant, l'esthète, la brute, le dépravé, côtoyant la victime, l'errant, le magnifique, l'intellectuel, et tout ce monde se fondant dans un maesltröm brutal avec les potentats collaborationnistes et les élites intellectuelles français de l'époque.
Cette fausse autobiographie hurlée qui se lit comme on vit un cauchemar m'a coupé le souffle. une fois les yeux rouverts, elle appelle à une troublante réflexion sur la culpabilité, la complexité dissimulée derrière les faux-semblants des représentations mentales, l'abjection d'une époque que la société de 1968 n'avait pas encore entièrement digérée.
Magistral.
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Ce premier roman de Patrick Modiano est plutôt déroutant, mais tellement brillant, il a d'ailleurs reçu plusieurs prix. On entend dire souvent que cet auteur écrit toujours le même roman, mais celui-ci est très différent, on est à des années lumière de Dora Bruder ou Rue des boutiques obscures. Toutefois son oeuvre commence comme un feu d'artifice, les éléments qui la marqueront sont déjà bien présents. On est habitué à sa douce musique et à ses errances dans Paris, ici nous serons perdus dans le temps, parcourant le vingtième siècle des années 1920 à la fin des années 1960, mais nous trouvant beaucoup sous l'Occupation.

On aurait pu s'attendre à un magnifique roman plein d'harmonie, comme Dora, mais on se trouve en compagnie de Raphaël Schlemilovitch, un anti-héros juif antisémite et collabo. Il traverse le siècle en hurlant sa haine des juifs, de manière à la fois délirante, et pleine d'humour. Il ne faut évidemment pas prendre ce roman au sens premier, sous peine de lui faire dire exactement le contraire de ce qu'il proclame, avec une lecture littérale, on ne peut qu'être choqué de tels propos à la gloire de la Collaboration et des nazis. Raphaël est un jeune juif cosmopolite, issu d'une famille très riche, mais qui connaît à peine son père, il est sud américain, mais est né à Paris par hasard. Il parcourt le siècle, rencontrant des figures juives historiques ou imaginaires, telles que Dreyfuss, Benda ou Blum. Il raconte comment il les côtoie, mais surtout il est l'ami des grands écrivains collabo, comme Brasillach, Drieu et surtout Céline, sans compter qu'il participe aux agissements du gouvernement de Vichy et de la Milice en aidant Darlan, Pétain et d'autres figures tout aussi sympathiques. Il se veut plus antisémite que le pire de ces personnages, écrit des pamphlets au vitriol, pratique la traite des blanches, tue son meilleur ami et autres joyeusetés du même style. Donc il faut absolument comprendre le contraire de ce qui est écrit, sous peine de passer complètement à côté. L'humour est parfois un peu lourd et très noir, mais ça ne m'a pas du tout dérangée. Raphaël raconte plusieurs versions de son « histoire », une fois il se fait exécuter sur le front russe, une fois dans un Kibboutz ou bien finit dans la clinique du Docteur Freud. Toutes les figures du juif véhiculées par les nazis y sont étudiées.

Si on arrive à lire entre les lignes, on y trouvera ce qui fonde son oeuvre : le poids d'un père collaborateur, juif justement, avec qui il a eu des rapports épisodiques et difficiles. D'ailleurs, plusieurs personnages représentent la figure du père : Schlemilovitch Senior, le vieux professeur de lettres un peu gâteux, Céline, le vicomte etc. Il en faut toute une palette pour recréer l'image de cet absent qui prend tant de place dans sa vie. Les bases sont lancées et Modiano pourra se consacrer à la quête de son identité et de sa mémoire familiale de manière plus harmonieuse et apaisée dans ses nombreux autres romans.

De plus ce livre est vraiment très très bien écrit et parle de la littérature avec passion et conviction, même ce sont des auteurs que je ne connais que de nom. Il faut aussi replacer ce roman polémique dans le contexte de l'époque, tout début 1968, un contexte complètement différent du nôtre. On ne peut donc pas le juger avec les critères de notre temps marqué par le politiquement correct, parfois bien sirupeux. Avec le contexte de la pandémie, l'antisémitisme ressurgit et c'est terrible, mais à l'époque, l'épisode de la Collaboration n'était pas encore bien connu, analysé et digéré. On sait que les enfants de la génération de Modiano ont beaucoup souffert des non-dits et des secrets de famille entourant la guerre, les enfants de salauds sont aussi des victimes et pas des coupables. Je pense que ce texte si violent sert à l'auteur à dire toute sa révolte, même si c'est difficile à lire.

J'ai beaucoup aimé ce livre et je reste toujours aussi fan de cet auteur, dont je suis impatiente de lire le dernier opus, paru lors de cette rentrée 2021.

Lien : https://patpolar48361071.wor..
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Modiano jeune homme timide et culotté décide d'en découdre avec le passé (en particulier avec celui très opaque de son père) et passe à l'acte d'écriture avec cette espèce d'autobiograhie fictive, dérangeante, foutraque et improbable où le personnage principal du livre, Schlemilovitch, annonçant vouloir régler ses comptes à « la question juive» endosse en jubilant toutes les caricatures connues du juif jusqu'à devenir plus antisémite que le pire des antisémites. Brisant un tabou Schlemilovitch embarque une partition cacophonique, provocatrice et transgressive au style pour le moins éructant. Monstrueuse, cynique et fantasmée. Conduite peut-être désespérément et à contre temps lorsqu'elle est publiée. Juif cosmopolite à la ville voilà ledit Schlemilovitch qui fournit des faux-papiers juifs (oui je dis bien juifs) à "Des Essarts" pour lui permettre de réintégrer la France ! « Je suis partout » pourrait dire Schlemilovitch, c'est à dire nulle part ni d'un côté ni de l'autre, souvent du pire, et jamais où on l'attend. C'est comme ça qu'il s'en sort, entre dérision et singeries, explorant les joies du terroir façon Barrès /Pétain et celles du proxénétisme en province, se gardant toutefois de tout égarement militariste malencontreux (Alfred D.) comme de certain snobisme maniéré (Marcel P.). Dans le rôle du juif oriental en costumes chatoyants ridicules devinez qui ? Son père... Après s'en être pris au docteur Bardamu et avoir fait une série de rencontres historiques extravagantes Schlemilovitch part à Lausanne, revient à Paris et de la pure Savoie à la verte Normandie fait une étape mauriacienne dans le bordelais, entreprend un pèlerinage Viennois, avant un final au kibboutz et dans une boîte de Tel Aviv... Un délire qui fatigue. Schlemilovitch embête et inquiète tout autant.

Le tout est brodé dans les « finesses » d'un antisémitisme « à la française » hyper documenté, comme un retour du refoulé, en compagnie de ses thuriféraires les plus accomplis pèle-mêlant des figures tutélaires ou accessoires et oubliées de la vie intellectuelle, littéraire et politique, des damnés de l'Histoire et des personnages fictifs ou hybrides. C'est un mauvais rêve dont on voudrait sortir. La Grande revue des fantômes de l'avant-guerre et de l'Occupation représentants toutes catégories de ce "passé qui ne passe pas" dont Modiano est peut-être l'un des meilleur "expert", le bottin du vichysme, du nazisme. Des noms pour la plupart oubliés : chefs de gouvernement, ministres, magistrats, journalistes, directeurs de journaux, critiques littéraires, écrivains, illustrateurs, caricaturistes etc… antidreyfusards, camelots du roi, partisans de l'A.F. et de la pensée maurrassienne, miliciens, collabos refleurissent tel un bouquet vénéneux sous la plume d'un jeune type qui aurait préféré ne pas avoir à les fréquenter. « Ils espéraient un nouveau Marcel Proust, un youtre dégrossi au contact de leur culture, une musique douce, mais ils ont été assourdis par des tams-tams menaçants. Maintenant ils savent à quoi s'en tenir sur mon compte. Je peux mourir tranquille. » (p. 50). La Place de l'Etoile fait l'impression, avec le recul et après relecture, d'un défi de l'auteur et d'un pavé jeté en travers de la mémoire française. Honoré après sa sortie du prix Roger Nimier le 22 mai 1968 (Un épisode haut en couleur épatamment rapporté par Pauline Dreyfus dans le Déjeuner des barricades, 2017), c'est l'irruption pour le moins osée et risquée mais réussie sur la scène littéraire d'un jeune écrivain qui s'est imposé depuis cette catharsis qui le conduira plus tard vers Dora Bruder.




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N°845 – Décembre 2014.

LA PLACE DE L'ÉTOILE - Patrick Modiano – Gallimard.


Le livre s'ouvre sur une histoire juive mise en exergue, un officier allemand demande à un jeune homme où se trouve la Place de l'Étoile et ce dernier pointe son doigt sur le côté gauche de son veston. Je me suis dit que nous allions avoir droit au thème de la Shoah puisque l'écriture de Modiano se nourrit de sa mémoire et donc des évocations de de ses origines familiales. Je m'attendais à un réquisitoire en faveur des juifs, à une révolte contre l'extermination nazie ou les pogroms qui ont émaillé l'histoire de ce peuple. C'est en fait tout le contraire puisque le roman présente une auto-caricature, celle de Raphaël Schlemovitch qui est aussi le narrateur. Il se charge de reprendre à son compte, en noircissant le trait, les poncifs ordinaires sur le sujet en n'oubliant pas de citer des écrivains anti-sémites et de répondre à leurs pamphlets. C'est un paradoxe mais il se définit lui-même par ces mots «Raphaël Schlemovitch, un juif anti-sémite » mais aussi un proxénète pourvoyeur de bordels brésiliens, un agent de la Gestapo, un juif officiel du III° Reich, l'amant d'Eva Braun...

Le livre refermé j'ai certes retrouvé ce qui fait la spécificité de l'oeuvre de Modiano, sa jeunesse déchirée par une vie parentale en pointillés, la présence en filigranes de son père, de ses origines sémites. Avec lui il a entretenu des rapports énigmatiques et compliqués. J'ai lu ce roman comme une relation décousue, hallucinatoire. L'auteur y expose d'une manière délirante des vies qui pourraient être les siennes, s'invente des identités contradictoires, alternativement martyr, hâbleur, riche, intellectuel, dandy, collabo... mais toujours dans un amphigouri verbal, une sorte de fresque un peu surréaliste composée par petites touches comme l'aurait fait un peintre sous l'empire de quelque drogue ou d'une over-dose de douleur ou de désespérance. Pour faire bonne mesure, il convoque une galerie de portraits plus ou moins réels, à la fois fantomatiques et inquiétants, fait montre d'une grande érudition littéraire, ce qui peut-être un peu agaçant et emploie un délire verbal, un langage parfois inquiétant, qui certes ne me dérange pas mais que je n'ai pas retrouvé dans les nombreux romans qui suivront. On peut lire dans cette fiction la marque d'un esprit torturé dont l'aventure se termine dans une clinique du Docteur Freud mais aussi, pourquoi pas, comme les tribulations imaginaires d'un mythomane. Je n'ai peut-être rien compris mais tout cela m'a paru extrêmement superficiel, inutilement provocateur, assez peu digne d'intérêt, bien écrit, certes mais j'ai poursuivi ma lecture davantage par curiosité pour connaître l'épilogue et parce que c'est Modiano, que par réel plaisir pour la lecture.

Après une trentaine de romans, une pièce de théâtre, des scénarios, des essais et des chansons, celui qui deviendra Prix Nobel de Littérature en 2014 commence ici sa quête autobiographique au travers de la mémoire. Ce roman, paru en 1968, est le premier de Patrick Modiano, honoré par le Prix Féneon et le Prix Roger-Nimier qui récompensent un jeune auteur(il a en effet une vingtaine d'années à la publication de cet ouvrage). Il faut sans doute se remettre dans le contexte de l'époque mais il est possible que ces distinctions aient voulu célébrer un langage et un discourt nouveaux, pleins de contestation comme cette époque en était friande. C'est peut-être une vue de mon esprit mais j'y ai perçu, par moments, des accents d'une douloureuse rébellion célinienne.

Depuis longtemps cette chronique célèbre l'écriture et la quête de Modiano qui fait partie de mes auteurs préférés. Pour autant, je n'ai rien d'un thuriféraire et j'ai trouvé ce roman déconcertant. Certes, c'est le premier d'une longue série mais je n'ai pas ressenti ici le plaisir coutumier que j'ai toujours éprouvé à la lecture de cet auteur. Ce livre est déroutant et ce n'est pas son récent Prix Nobel de littérature qui me fera dire le contraire.
 
©Hervé GAUTIER – Décembre 2014 - http://hervegautier.e-monsite.com
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
- La perquisition a été fructueuse, Plusieurs volumes de Proust et de Kafka, des reproductions de Modigliani et de Soutine, quelques photographies de Charlie Chaplin, d'Eric Von Stroheim et de Groucho Marx dans les bagages de ce monsieur.
- Décidemment, lui dit le dénommé Elias Bloch, votre cas devient de plus en plus grave ! Emmenez-le !
Ils le poussèrent hors de la cabine. Les menottes lui brûlaient les poignets. Sur le quai il fit un faux pas et s'écroula. L'un des policiers profita de l'occasion pour lui donner quelques coups de pied dans les côtes, puis le releva en tirant sur la chaîne des menottes. Ils traversèrent les docks déserts. Un panier à salade, semblable à ceux que la police française utilisa pour la première grande rafle des 16-17 juillet 42, était arrêté au coin d'une rue. Elias Bloch prit place à côté du chauffeur. Il monta derrière, suivi des trois policiers.
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page 209. Il faut à tout prix que vous compreniez ceci : LE JUIF N'EXISTE PAS, comme le dit très pertinemment Schweitzer de la Sarthe. VOUS N'ETES PAS JUIF, vous êtes un homme parmi d'autres hommes, voilà tout. Vous n'êtes pas juif, je vous le répète, vous avez simplement des délires hallucinatoires, des fantasmes, rien de plus, une très légère paranoïa.. Personne ne vous veut du mal, mon petit;
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Ainsi, il ne se défendait pas. Il rusait avec le malheur, il tentait de l'apprivoiser. L'habitude des pogroms, sans doute. Mon père s'épongeait le front avec sa cravate de daim rose. Comment pouvait-il croire que j'allais l'abandonner, le laisser seul, désarmé, dans cette ville de haute tradition, dans cette nuit distinguée qui sentait le vieux vin et le tabac anglais? Je l'ai pris par le bras. C'était un chien malheureux.
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C'était le temps où je dissipais mon héritage vénézuélien. Certains ne parlaient plus que de ma belle jeunesse et de mes boucles noires, d'autres m'abreuvaient d'injures. Je relis une dernière fois l'article que me consacra Léon Rabatête, dans un numéro spécial d'Ici la France : "... Jusqu'à quand ce juif promènera-t-il impunément ses névroses et ses épilepsies, du Touquet au Cap d'Antibes, de La Baule à Aix-les-Bains? Je pose une dernière fois la question : jusqu'à quand les métèques de son espèce insulteront-ils les fils de France? Jusqu'à quand faudra-t-il se laver perpétuellement les mains, à cause de la poisse juive?...
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J'ai suivi une avenue jusqu'au Danube. Il faisait nuit, la neige tombait avec gentillesse. Allais-je me jeter ou non dans ce fleuve? Le Franz-Josefs-Kai était désert, de je ne sais où me parvenaient les bribes d'une chanson : Weisse Weihnacht, mais oui, les gens fêtaient Noël. Miss Evelyn me lisait Dickens et Andersen. Quel émerveillement, le lendemain matin, de trouver au pied de l'arbre des jouets par milliers! Tout cela se passait dans la maison du quai Conti, au bord de la Seine. Enfance exceptionnelle, enfance exquise dont je n'ai plus le temps de vous parler. Un plongeon élégant dans le Danube, la nuit de Noël? Je regrettais de n'avoir pas laissé un mot d'adieu à Hilda et Yasmine. Par exemple : "Je ne rentrerai pas ce soir, car la nuit sera noire et blanche." Tant pis. Je me consolais en me disant que ces putains n'avaient pas lu Gérard de Nerval. Heureusement, à Paris, on ne manquerait pas de dresser un parallèle entre Nerval et Schlemilovitch, les deux suicidés de l'hiver.
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Géraldine Mosna-Savpye et Nicolas Herbeaux en parlent avec nos critiques, Elise Lépine, journaliste littéraire au Point, et Virginie Bloch-Lainé, productrice à France Culture.
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Vignette : Maryna Terletska/Getty Images _____________ Livres, films, jeux vidéo, spectacles : nos critiques passent au crible les dernières sorties culturelles par ici https://youtube.com/playlist?list=PLKpTasoeXDrosjQHaDUfeIvpobt1n0rGe&si=ReFxnhThn6_inAcG une émission à podcaster aussi par ici https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-midis-de-culture
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