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3,67

sur 298 notes
Il semblerait que je n'aie pas choisis exactement le bon bouquin pour découvrir (honteusement tardivement!) Patrick Modiano, puisque L'horizon (2010) afficherait un tournant dans son oeuvre. Qu'à cela ne tienne, je suis prévenue et je verrai bien ce qu'il en est avec des romans plus anciens.

En tout cas, je n'ai pas très envie de résumer la trame de L'horizon. Il suffit de savoir que le narrateur, Jean Bosmans, âgé d'une soixantaine d'années, cherche à retrouver des souvenirs de ses vingts ans qui lui semblent s'être enfuis, et qui sont liés à une histoire d'amour écourtée avec une jeune femme, Margaret le Coz. Il cherchera à démêler les fils de sa mémoire, à faire défiler et à réorganiser ses souvenirs chaotiques et lacunaires, à remettre un nom sur une personne, un lieu, un événement.

Trois parties peuvent à peu près se distinguer, l'une concernant Bosmans reconstituant l'histoire de sa jeunesse, l'autre lui répondant et s'attachant à une petite partie de la vie de Margaret, la troisième revenant au Bosmans de soixante ans. de l'une à l'autre, les motifs se répondent : le mystère qui entoure personnages et les événements, la sensation d'avoir toujours voyagé dans des "trains de nuit", le sentiment d'instabilité, de fragilité des personnages, les ombres, les fantômes, les menaces dont ils se sentent constamment entourés... le temps est malléable, fragile comme eux, inconstant, fuyant. Mais leur reste l'espoir d'un horizon (ceci constituerait donc le point de rupture chez Modiano, ce qui me reste à découvrir).

C'est d'une plume subtile sur Modiano aborde tous ces thèmes ; peut-être m'attendais-je à ce qu'il aille un tout petit peu plus loin ? Je ne sais déjà plus très bien.
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Une lecture qui nous fait tournebouler la tête, c'est comme si nous étions sur un manège et qu'on voit défiler le passé, le présent, Paris, la Suisse, les rues de Paris d 'antan et les nouvelles. C'est étrange et peu déranger les lecteurs, mais il faut se mettre en condition il me semble pour apprécier ce genre de lecture. Je retiens ce passage : "Des souvenirs en forme de nuages flottants. Ils glissaient les uns après les autres quand Bosmans était allongé sur son divan, au début d'après-midi, un divan qui lui faisait penser à celui jadis, du bureau de Lucien Hornbacher. Il fixait le plafond, comme s'il était étendu sur l'herbe d'une prairie et qu'il regardait s'enfuir les nuages."
Voilà ce livre me fait cet effet, se laisser porter par la valse des nuages dans le ciel, allongée dans l'herbe, insouciante , s'amuser à deviner ces drôles de forme que peuvent nous offrir les nuages emportés par le vent, par le temps qui file, doucement vers un lendemain. Peut-on les retenir ? Non ! Peut-on revenir en arrière ? Non ! Alors on essaie tant bien que mal de se souvenir du passé, mais est-il fidèle à notre mémoire ? Une fois encore Non ! On dessine les ébauches de souvenir ici et là qui traînent dans notre cerveau, au mieux on fait comme Jean, on les note et on tente de les affiner, les ajuster.
Voilà c'est l'histoire d'un horizon qui se dessine plus ou moins juste, cette ligne incertaine entre présent et passé. L'horizon, ce mot étrange, était vraiment concret cet horizon ? J'en doute, il est là certes, mais où exactement entre deux plans qui s'éloignent toujours sans qu'on parvienne jamais à les atteindre.

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On a souvent présenté Modiano comme un romancier de l'espace : l'espace parisien dont il connait chaque rue, dont il collectionne les annuaires téléphoniques et les plans de métro pour en fixer la topographie
Après "La place de l'étoile", "Les boulevards de ceinture" et "Rue des boutiques obscures", le titre de son dernier roman file encore la métaphore géographique
Mais l'Horizon désigne aussi l'avenir. En vérité Modiano est autant sinon plus un romancier du temps que de l'espace. Ce n'est pas Paris qui l'intéresse, mais le temps qui passe dont Paris garde ou non la trace. Aussi arpente-t-il avec la même gourmandise ces rues parisiennes qui n'ont pas changé (la place d'Auteuil) ou celles qui ont surgi de terre (les quais de Seine à Bercy). Et il imagine, comme dans un livre de science-fiction, que des couloirs du temps nous permettent de circuler d'une époque à une autre
Son dernier livre multiplie les déplacements, à Paris et hors de Paris (Annecy, Lausanne, Berlin ...). Mais plus encore il multiplie les sauts dans le temps au point d'en donner le tournis. le lecteur sait toujours où il est mais ne sait plus très bien à quelle époque il est.
La voilà, la petite musique de Modiano : dans la lutte contre l'impermanence des choses. Si tout passe, si tout est voué à un irrémédiable oubli, le rôle du romancier est de collecter ces traces périssables "du plus loin de l'oubli".
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Jean Bosman rencontre Margaret le Coz dans le métro. La jeune femme est inquiète et dit craindre d'être retrouvée par un certain Boyaval. de son côté, Bosman garde un souvenir douloureux de l'emprise avare d'une femme aux cheveux rouges et d'un prêtre défroqué. Au gré des petits boulots qu'il décroche, le couple semble fuir une menace insidieuse tapie dans la ville. Fuyant un passé et tentant de se projeter vers un horizon plus clément, Bosman et Margaret forment un couple vain et sans force : chacun s'accroche à l'autre, croyant trouver une amarre dans un monde incertain

Dans ce roman de Patrick Modiano, Paris semble sourdement dangereuse et peu commode. La capitale est à la fois un ogre et un labyrinthe. « Paris est grand. Impossible de retrouver quelqu'un dans la cohue des heures des pointes. » (p. 34) J'avoue ne pas avoir vraiment compris ce texte. Je me suis perdue dans les errances entre passé et présent des personnages. Contrairement à Bosman qui se retrouve sans problème dans la capitale, je me suis aussi perdue dans la géographie parisienne dessinée par l'auteur. « Il n'oubliait jamais le nom des rues et les numéros des immeubles. C'est sa manière à lui de lutter contre l'indifférence et l'anonymat des grandes villes, et peut-être aussi contre les incertitudes de la vie. » (p. 25)

Le style de Modiano est superbe, mais cela n'a pas suffi à m'accrocher. J'ai fini le roman par curiosité, mais je suis bien incapable d'en dire davantage. Un grand merci à Yviliou qui m'a offert ce roman lors du pique-nique Babelio. Dommage pour moi que ce livre ne m'ait pas plu.

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Lire un roman de Patrick Modiano, c'est comme s'installer dans un bon vieux fauteuil à l'écart de tous les tracas de la vie quotidienne ou reprendre entre amis une discussion jamais terminée: on sait qu'on va passer un bon moment, sans grande surprise, mais jamais monotone. L'Horizon ne déroge pas à la règle:, on retrouve un univers familier: Paris des années 1970, une mélancolie agrémentée de nostalgie, une lutte perpétuelle contre le temps et l'oubli, une certaine fascination pour ce qui aurait pu advenir et ne s'est pas réalisé. Avec tous ces ingrédients habituels qui feraient reconnaître Modiano entre tous les écrivains, l'auteur parvient quand même à nous intéresser et parfois à nous surprendre à l'intérieur de ce cadre psychologique quasi immuable, cette voix littéraire.
Bosmans, le personnage principal essaie de faire revivre son amie de jeunesse Margaret le Coz grâce à des souvenirs à la fois désordonnés, décousus, imprécis, ce qui crée un tissu narratif volontairement très fragile, toujours au bord de la rupture. Bosmans apparaît autant qu'on puisse en juger comme une sorte de velléitaire, maladroit et vaguement désespéré, peut-être à l'image du narrateur sans que l'on puisse parler de roman autobiographique.
Par rapport à l'ensemble de l'oeuvre de Modiano, l'originalité de L'Horizon provient de la fin du roman où l'on peut peut-être percevoir une sorte d'espoir ou plutôt de chemin vers un espoir possible. L'auteur nous laisse le soin de répondre à la question: Bosmans va-t-il rester le velléitaire qu'il fut pendant toute sa vie?
On aurait presque envie de se poser une autre question: Modiano, dans ses romans, n'est-il pas un reflet de notre civilisation occidentale, très vieille dans sa culture et dans sa tête et qui n'arrive plus tellement à se projeter dans un futur même proche et préfère souvent se contempler dans le miroir des vestiges superbes, mais en ruines, du passé? Modiano semble davantage à l'image du déclin omniprésent dans ses livres plutôt que de jouer le rôle d'éveilleur d'une société repue et satisfaite.
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Une boutique. Enseigne usée. Presque effacée : ..^. . porte.. 3 mots à l'origine. J'entre mais sans entrain. A reculons. Peu de marchandise. Aucune en fait. Un vieil homme bouge. Au fond. Il a la couleur des murs. Je ne l'avais pas vu. Lui si. Il remue ses lèvres. Des mots en sortent. Inintelligibles. Il me prend par la manche. Me tire doucement. Un recoin. Un rideau qu'il tire sur la gauche dans un bruit de tringles. de sa main droite il m'invite à entrer. Je tente de refuser. Il met le doigt devant sa bouche.
- "Chuuut".

20 minutes ont passé. Ou 1h. C'était hier...ou il y a 6 ans. Il faisait un temps infini. Lointain et proche. Ensoleillé de pluie. Je sors de cette échoppe. Je porte un costume. Acheté je pense. Donné ? Pas de vol j'espère. La coupe est large. Je flotte dedans.

-"C'est un Modiano." m'a-t-il murmuré.
- "Un charme est cousu dans sa poche intérieure. Quand on le revêt... vous verrez. Ou vous croirez voir".

Vidi. La rue démarre et la bascule immédiate dans le modianesque. Un présent étiolé. Poursuivi par un passé tenace. Bien qu'incertain cependant. L' équivoque contamine tout. Les personnages, leurs parcours, les paysages, jusqu'à la météo. Une vague à lame, un broyeur de papiers géant qui met en pièces.

Et quelquefois, des détails très précis. Ciselés. Des noms de rues, des adresses, des inscriptions diverses, des enseignes, des écriteaux. L'écriture triviale, quotidienne, informative, qui relocalise, tente de donner une pesanteur à ces silhouettes évanescentes.

Modiano c'est donc avant tout une matière. Plutôt un tissu. Fragile. Ambigu. Il comporte des trous, souvent ajouré. Puis au milieu ; au beau milieu, la trame très fine et serrée ressurgit. Epaisse et unie. Mais moire.

Tout parle dans cette flânerie. Parfois pour ne rien dire. Comme nos souvenirs. Ces bribes qui parfois nous appellent. Nous convoquent. Nous égarent. Fixant des rendez-vous sans dévoiler le qui et le où.

Ces morceaux, ces brisures, se juxtaposent à notre quotidien et le font sursauter. Tressaillir.

Patrick Modiano nous tresse des chaussons de lisières. Car nous sommes toujours au bord. le fantastique gratte aux portes. Prêt à surgir. Et le récit s'écoule sans que l'on s'en rende vraiment compte. Fluide et compliqué.

Une brume dans laquelle vont surgir des visages. Des faux toréros, des prêtres défroqués, de vieilles alpinistes allemandes, des hommes inquiétants aux activités imprécises.

Une ribambelle.

Ils s'avancent vers nous. Puis s'évanouissent. Où vont-ils ? Existe-t-il un lieu ? Un abri où vivent ensemble tous ceux et celles ayant croisé notre chemin ? Éclairés un instant par les phares de nos vies avant de s'éloigner et de disparaître dans la nuit des temps ? Peut-on y accéder ?

Bien sûr.

C'est d'une facilité déconcertante.

C'est du Modiano.
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Lire un Modiano, c'est entrer dans un univers.
Toujours le même, jamais le même.

Un homme écrit son journal.
Des noms se profilent, des lieux apparaissent, des chemins se parcourent, une femme l'accompagne, une espèce de double qui se dédouble, des destins abîmés.

Paris, un ancien Paris, des endroits disparus, d'autres qui portent les stigmates du souvenir.
Puis Berlin, un voyage différent mais tout aussi porteur de ce qui construit l'être qui parcourt la recherche d'un temps révolu.

La magie de Modiano opère.
Du fugitif, des silhouettes, des lisières, un horizon brumeux.
Patrick Modiano nous emmène dans les déambulations d'êtres blessés, d'êtres machiavéliques (la mère) et d'images surgies incomplètes d'un passé relu dans un carnet moleskine refermé sur des écrits qui ont figé le Temps.

L'étrangeté broie et coule douloureusement au fil des pages.
Lire un Modiano, c'est entrer dans un univers, le sien qui dessine en nous ses tentacules jusqu'à la dernière ligne.
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Si nos vies sont comme des trains de nuit, Patrick Modiano, aiguilleur céleste, a le pouvoir de les diriger où bon lui semble, vers le bonheur, ou ailleurs. L'horizon est l'un de ses meilleurs livres, familier par ses obsessions temporelles, ses personnages troubles et flottants, cette mélancolie moins douce qu'il n'y parait. Qui d'autre que Modiano a cette précision dans le flou des existences qu'il décrit, lui si doué pour évoquer des atmosphères qu'il en devient entomologiste de l'invisible ? de Paris à Berlin, son train de nuit joue à saute mouton avec les époques, avec la légèreté d'une ballerine ou d'un équilibriste sur un fil duquel jamais il ne choit. Modiano est unique, nous égarant dans les corridors du temps, dans un brouillard persistant, au son d'une mélodie inoubliable, au sein d'un choeur (qui palpite) de personnages d'évanescents paradis...perdus. Il a le désenchantement discrètement lyrique, et on l'aime pour cela. L'horizon n'est rien d'autre qu'un chef d'oeuvre.
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Voilà, je tourne et retourne la feuille, je n'arrive pas à démarrer cette chronique sur le dernier Modiano.
Pourquoi ? Cela fait pourtant plus de 25 ans que je le lis, que je guette religieusement sa prose, son nouveau roman et que je m'immerge à chaque fois.

On prétend que les écrivains écrivent toujours le même roman. Peut-être que la petite musique qui les accompagne, est si particulière, si insolite qu'elle enchante l'oeuvre. Sans doute est-elle familière au lecteur.

De livre en livre, Modiano décrit des ombres, des fantômes avec douceur, nostalgie, des frontières floues, qui se promènent dans la mémoire et que le narrateur ne veut jamais, sans doute par peur de perdre le fil de son existence, préciser.

Il y a toujours des mauvais garçons, des héros naïfs, embarqués dans des vies trop grandes pour eux, des femmes qui n'ont pas eu de parcours idéal, des veules qui ont bien vécu sous l'occupation allemande, d'autres qui ont trouvé refuge en Suisse.

Pourtant le héros de L'horizon, Bosmans essaie vaille que vaille de retrouver Margaret le Coz, son souvenir et sa figure. L'époque, quarante ans auparavant. Les autres protagonistes.

Mais Bosmans souhaite que les choses demeurent dans le vague et même quand il retrouve enfin la trace de Margaret, il se freine, il ralentit sa quête, hésite.

Pour une fois un héros de Modiano peut enfin toucher l'objet de sa quête.Et c'est nouveau, comme si justement l'écrivain voulait en finir avec ses ombres fétiches, ses ruines, et se tourner enfin vers le présent.

C'est une étape importante dans l'oeuvre de ce grand auteur.
Lien : http://livrespourvous.center..
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Le début du roman pourrait être celui de tous les récits du nouveau Prix Nobel, lui aussi "à la recherche du temps perdu": celui du Paris d'après guerre aux noms évocateurs servant de repères illusoires à des héros attentifs à tout signe susceptible de ressusciter leur passé
C'est ainsi que Bosmans, grâce à son carnet de moleskine toujours dans la poche intérieure de sa veste, retrouve, trente ans après, la trace de Marguerite le Coz, un ancien amour de jeunesse, disparue précipitamment pour de sombres histoires demeurées floues, sans plus jamais lui donner de nouvelles. Il décide d'aller la rejoindre en Suisse où elle tiendrait désormais une librairie..
Auparavant c'est à une véritable enquête que se livre le héros pour reconstituer l'histoire de leur rencontre si discrète : deux personnes solitaires et traquées, l'un par sa propre mère, la terrifiante femme en rouge, l'autre par un ancien compagnon devenu menaçant.
'ai aimé ce roman autant que: du plus loin de l'oubli et que : L'herbe des nuits.
J'aimais et j'aime Modiano. Il fait partie de mes romanciers préférés dont la liste est longue mais d'où émergent parmi les auteurs qui publient en ce moment: Irving, Oates, Murakami, Yu Hua, Hornby, J. Mc Inerney, J. Coe, J. Barnes mais j'en oublie tellement...


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