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EAN : 9782070389278
165 pages
Gallimard (01/09/1991)
3.71/5   207 notes
Résumé :
" Place du Châtelet, elle a voulu prendre le métro.
C'était l'heure de pointe. Nous nous tenions serrés près des portières. A chaque station, ceux qui descendaient nous poussaient sur le quai. Puis nous remontions dans la voiture avec les nouveaux passagers. Elle appuyait la tête contre mon épaule et elle m'a dit en souriant que " personne ne pourrait nous retrouver dans cette foule ".
A la station Gare du Nord, nous étions entraînés dans le... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Week-end à Rome ?
le narrateur, brièvement interrogé par la police rencontre une jeune femme puis des gens curieux, un peu louches. A un moment, lors de ce court roman, les deux protagonistes rêvent de Rome, de la Via Veneto et d'aller là-bas s''y réfugier, y parviendront-ils ?
Modiano peut laisser quelque peut perplexe parfois et je ne fais pas ici allusion à ces situations incongrues lorsque l'on attend un certain temps disons la réponse à question que lui poserait par exemple François Busnel, car une interview de lui a toujours un charme infini et il dit des choses simples qui deviennent, dites par lui, profondes, et accessoirement douloureuses mais cela c'est autre chose !
Non je veux dire qu'il peut laisser perplexe par le fait que l'on puisse dire qu'il écrit toujours le même livre, mais que, dans le même temps, il y ait à chaque fois quelque chose, la petite musique de son style, de nouveaux quartiers traversés qui rendent chaque livre unique.
Ici manifestement un livre en partie autobiographique et dédicacé à ses parents (quand on a lu un Pedigree, on mesure le masochisme du jeune écrivain !) et qui est en même temps une belle histoire entre un jeune homme et une femme un peu plus âgée. On retrouvera là des numéros de téléphone désuets, des cafés aux noms exotiques et comme souvent (toujours ?) chez Modiano une tristesse désolée et inconsolable.
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Un cirque passe/Patrick Modiano
« J'avais dix-huit ans … » : ainsi commence ce roman de Patrick Modiano dont le narrateur, Obligado (ou Jean), se souvient d'un épisode étrange de son adolescence avec la rencontre d'une jeune femme qui dit s'appeler Gisèle. Réminiscences d'une jeunesse, baignées de nostalgie dans une famille peu présente.
Comme toujours chez Modiano, on est plongé d'entrée dans une atmosphère pesante teintée de mystère distillé à petite touche quant à la véritable identité des divers personnages qui apparaissent au fil du récit, et leurs motivations. Chacun semble avoir un secret à cacher. L'ambiance est au non-dit. Quasiment kafkaïenne.
Obligado rencontre donc inopinément dans un commissariat de police une jeune femme de trois ans son ainée, Gisèle : deux êtres un peu déboussolés qui vont errer de rues en rues dans ce Paris que Modiano connaît si bien, et dont le seul rêve est d'aller à Rome pour tenter d'échapper à tout ce qui semble les menacer.
Ils font des rencontres curieuses de gens assez marginaux et semblent à tout moment sur le point de tomber dans un traquenard.
Peu d'action dans ce roman, mais malgré tout un immense plaisir de lecture pour un style simple, léger et précis, en phrases courtes riches de sous-entendus, pour un suspense latent. C'est du Modiano dans toute sa splendeur, avec cette petite note autobiographique qu'il glisse dans tous ses romans et ce charme délicat enrobant tout le récit
. Et avec Modiano, notre imagination s'emballe à tout moment.
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Fidèle à lui-même (comme un fantôme est fidèle aux décors qui le hantent) Modiano engage le narrateur de ce roman à quadriller Paris dans le sillage d'une femme mystérieuse et fuyante.
Ce schéma purement modianesque se colore néanmoins de teintes particulières, notamment par le fait que nous ne suivons pas un homme qui déambule à la recherche d'une femme disparue des décennies plus tôt : ici, nous voyons l'action "en temps réel", par les yeux d"un garçon de 18 ans, entraîné, sans savoir vers où ni vers quoi, par une jeune fille un peu plus âgée.
Une ou 2 fois, pourtant, surgit une phrase indiquant que le narrateur ressasse des souvenirs... puis nous revenons dans la peau de ce jeune couple, qui bâtit des projets, tourné face à l'inconnu de l'avenir.
Avec ce choix narratif, Modiano trace les contours des désirs, révoltes et inquiétudes de la jeunesse, mais il dépeint surtout la solitude qui marque le passage entre adolescence et âge adulte, ainsi que chaque première fois, chaque décision.
Cette solitude, l'intégration dans un couple ne l'efface pas. Bien sûr, les personnages féminins de Modiano sont plus mystérieux que la majorité d'entre nous, mais nous gardons aussi des secrets inaccessibles à notre conjoint. Nos émotions, nos idées les plus profondes, jamais nos mots ne les retranscriront fidèlement.
De cela découle un autre sujet : la confiance. Si la jeune femme s'éloigne, le narrateur, qui la connaît depuis 2 jours, ne peut s'empêcher de se demander : "Va-t-elle revenir ?" Et quand il l'écoute, il ne sait jamais s'il peut croire ce qu'elle dit.
Comment apprivoiser ces peurs ? En suivant le courant, bouche close et coeur confiant? Ou en exigeant des clarifications, des engagements ? Chacun son choix.
Ce roman évoque enfin le fossé entre le couple et "les autres". Ici, ces autres sont tous plus âgés, et souvent ambigus. Cela augmente la largeur du fossé, mais il existe, de toute façon.
D'ailleurs, ce titre "Un Cirque passe" semble réunir la ménagerie des personnages secondaires avec l'idée modianesque du passage du temps.
Mais combien d'années faut-il pour apprendre à dompter ses fauves ?
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N°711 - Décembre 2013.
UN CIRQUE PASSEPatrick MODIANO – Gallimard (1992)

Saint Augustin conseillait qu'on se méfiât de l'homme d'un seul livre. J'aime bien l'écriture et l'univers de Modiano mais c'est un peu le sentiment que j'ai à chaque fois que je lis un de ses romans. C'est un peu toujours le même thème qu'il aborde, le même sillon qu'il creuse, celui de son enfance un peu mystérieuse dont certains souvenirs reviennent à sa mémoire comme des flashs, l'absence de ses parents, une façon, à travers des personnages de roman, d'exorciser cette période pour lui mouvementée et de nous rappeler qu'un livre est aussi un univers douloureux.

Ce roman n'échappe pas à cette remarque avec en plus une atmosphère de mystère qui se tisse au fur et à mesure des pages et des chapitres, mystère autour de cette femme, Gisèle, qui veut faire passer le narrateur, Lucien (ou Jean), pour son frère alors qu'il ne l'est pas, ces valises un peu trop lourdes, ces hommes qui se disent être des amis ou des associés de son père parti en Suisse retrouver une femme plus jeune que lui et qui sans doute ne reviendra jamais, ces téléphones qui sonnent dans le vide ou des correspondants qui ne livrent que des informations brèves, cet interrogatoire de police... Dans ce roman, il y a des personnages qui passent, un peu comme des fantômes, qui font une apparition puis disparaissent sans qu'on sache très bien qui ils sont, ce qu'ils font ni où ils vont. Cette question elle aussi énigmatique qui revient à l'intention du narrateur « Pourriez-vous me rendre un service ? » qui laisse celui-ci perplexe, des café un peu glauques, des rendez-vous bizarres et des équipées dans un Paris étrangement désert. Quand il voit Gisèle disparaître, le narrateur a le sentiment qu'elle ne réapparaîtra peut-être pas et que ce projet commun de voyage en Italie ne verra jamais le jour. Toute cette atmosphère lui rappelle sa vie d'avant, quand ses parents étaient encore là, un jeune homme pas encore majeur mais qui fait tout pour qu'on le croit tel et qui tisse lui-même, autour de sa personne, par mimétisme ou par habitude, un halo de secrets où parfois il ne se reconnaît pas. « J'étais ce voyageur qui monte dans un train en marche et se retrouve en compagnie de quatre inconnus. Et il se demande s'il ne s'est pas trompé de train ». Tout cela contribue à faire régner dans ce texte une « tristesse diffuse » qui fait un peu oublier ce voyage à Rome qui permettrait à Lucien en compagnie de Gisèle de non seulement de quitter la France, d'échapper à ses obligations militaires mais surtout de tourner la page d'une vie qu'il veut désormais passer avec elle, même si elle a quitté son mari trois ans auparavant et que finalement il ne sait rien d'elle.

Et le cirque dans tout cela ? le mari de Gisèle travaillait au Cirque d'Hiver où elle même était écuyère. Mais qui est-elle vraiment ? Pourquoi a-t-elle changé de nom et tu son séjour en prison ? Elle finira par s'effacer de sa vie comme un cirque qui ne fait dans un ville qu'un bref passage.


©Hervé GAUTIER – Décembre 2013 - http://hervegautier.e-monsite.com
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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"-Vous me rendriez un service?"
Une question de rien du tout, et Gisèle, qui en réalité ne s'appelle pas Gisèle, va pénétrer, l'air de ne pas y toucher, dans la vie d'Obligado (un mineur, " prétendu étudiant",libre de tout projet et qui, en fait, s'appelle Jean) pour y déposer deux mystérieuses valises et le séduire illico presto.
Rajoutez à cet imbroglio à la Modiano,un poste de police où les deux protagonistes du roman se croisent, témoignage pour l'une, interrogatoire à propos d' un agenda, où figure son nom, pour l'autre, un appartement encombré de papiers embarrassants dans lequel vivent Obligado et Grabey un ami glauque de son père, quelques individus louches qui gravitent autour de Gisèle,un noyé que l'on a noyé d'office et vous obtenez Un cirque passe, un livre envoûtant à l'écriture fine, légère, émaillé ça et là de descriptions précises qui contraste avec le flou ambiant.
Et le cirque alors?
Une question d'écuyère à coup sûr, mais chuttttt!!!!
Patrick Modiano(auteur, connu et reconnu, contemporain),dont je n'avais pas particulièrement apprécié Rue des boutiques obscures est (à mon avis) dans ce suspense là, excellent.
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
J'ai traversé le Pont-Neuf et j'ai suivi les quais. Dell'Aversano tenait un magasin d'antiquités rue François-Miron, après l'Hôtel de Ville. Je l'avais connu deux mois auparavant en choisissant quelques livres d'occasion parmi ceux qui étaient rangés sur des étalages à l'entrée du magasin.
C'était un brun, d'une quarantaine d'années, au visage romain et aux yeux clairs. Il parlait français avec un léger accent. Il m'avait expliqué qu'il faisait commerce d'antiquités entre la France et l'Italie, mais je ne lui avais pas posé trop de questions là-dessus.
Il m'attendait. Il m'a emmené boire un café sur le quai près de l'église Saint-Gervais. Il m'a tendu une enveloppe en me disant qu'il m'achetait le tout pour sept mille cinq cents francs. Je l'ai remercié. Je pouvais subsister longtemps grâce à cette somme. Puis, il faudrait quitter l'appartement et se débrouiller tout seul.
Comme s'il devinait mes pensées, Dell'Aversano m'a demandé ce que je comptais faire dans l'avenir.
- Vous savez, ma proposition tient toujours...
Il me souriait. A ma dernière visite, il m'avait expliqué qu'il pouvait me trouver un travail à Rome, chez un libraire de sa connaissance qui avait besoin d'un employé français.
- Vous avez réfléchi ? Vous seriez d'accord pour Rome ?
Je lui ai dit oui. Après tout, je n'avais plus aucune raison de rester à Paris. J'étais sûr que Rome me conviendrait. Là-bas ce serait une nouvelle vie. Il fallait me procurer un plan de cette ville, l'étudier chaque jour, apprendre le nom de toutes les rues et de toutes les places.
- Vous connaissez bien Rome ? lui ai-je demandé.
- Oui. J'y suis né.
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Le parfum de la terre mouillée et la nuit tombante m'ont de nouveau rappelé les anciens dimanches soir, jusqu'à provoquer chez moi une angoisse aussi sourde que celle que j'éprouvais à la perspective de rentrer le lendemain matin au collège. (p.93)
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Je retrouvais ce sourire avantageux et cette fatuité de voyageur de commerce qui vous raconte ses bonnes fortunes devant une bière, dans un buffet de gare perdu. (p.22)
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Les détails topographiques ont un drôle d'effet sur moi: loin de me rendre l'image du passé plus proche et plus claire, ils me causent une sensation déchirante de liens tranchés net et de vide. (p.41)
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- Alors vous étiez amis avec Ansart ?
Son regard et son sourire prenaient une expression ironique.
- Nous nous sommes connus en 1943. Et la même année, on nous a expédiés tous les deux à la centrale de Poissy...Vous voyez, ça ne date pas d'hier.
J'étais silencieux. Il a ajouté :
- Mais ne le prenez pas en mauvaise part...Tout le monde peut commettre des erreurs de jeunesse.
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Vidéo de Patrick Modiano
Avec son dernier roman "La Danseuse", Patrick Modiano parvient-il à nous emporter ? Et que penser de "L'Hôtel des oiseaux" de Joyce Maynard, autrice abonnée aux best-sellers du New York Times, et dont le roman se retrouve au coeur de polémiques sur l'appropriation culturelle aux Etats-Unis ?
Géraldine Mosna-Savpye et Nicolas Herbeaux en parlent avec nos critiques, Elise Lépine, journaliste littéraire au Point, et Virginie Bloch-Lainé, productrice à France Culture.
#litterature #critique #livres
Vignette : Maryna Terletska/Getty Images _____________ Livres, films, jeux vidéo, spectacles : nos critiques passent au crible les dernières sorties culturelles par ici https://youtube.com/playlist?list=PLKpTasoeXDrosjQHaDUfeIvpobt1n0rGe&si=ReFxnhThn6_inAcG une émission à podcaster aussi par ici https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-midis-de-culture
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