Tout commence en 1337 par une querelle familiale de succession entre le Roi d'Angleterre Edouard III qui conteste à son cousin, Philippe VI de Valois, le droit de succéder au trône de France. Un conflit entre gens du même monde qui se connaissent et parlent la même langue. Un conflit inscrit dans notre mémoire collective et qui dura cent seize ans.
Calais, Crécy, Poitiers, Azincourt… Autant de défaites ou l'esprit chevaleresque Français, celui de la valeur individuelle au combat, se brise face à l'efficacité anglaise. Presque 700 ans plus tard, le désastre
D Azincourt raisonne toujours à nos oreilles car le royaume de France fut à deux doigts de disparaître.
Durant ces cent années, un roi fort s'est toujours opposé à un roi faible, vaincu par l'audacieux Edouard III et le funeste Prince Noir, le sage
Charles V et le rusé du Guesclin, le chanceux Henri V, le fin politique Charles VII galvanisé par deux femmes hors du commun : Agnès Sorel et
Jeanne d'Arc.
Que dire des 20 millions de femmes et d'hommes qui durant cette période peuplaient le royaume de France ? Cinq générations d'êtres humains qui ne connurent jamais rien d'autre que la guerre, la peur et les privations. Quand ils ne devaient pas se méfier des troupes régulières, ils devaient se cacher des « compagnies », cohortes redoutables de mercenaires désoeuvrés, sans solde, qui mettaient des régions entières en coupe réglée. Des compagnies si puissantes qu'elles parvinrent même à vaincre l'Ost du roi de France, à Brignais (1362). Pour rajouter à leur malheur, il y eut la grande peste de 1347 qui ravagea la France, puis l'Europe entière pour ne laisser derrière elle que des « déserts d'hommes ».
Un siècle plus tard, les deux adversaires, épuisés, à bout de souffle, ont bien changé. Vaincue, l'Angleterre en a fini avec le continent et prendra le grand large en assumant sa « vocation propre, insulaire et maritime ». Quant aux Berrichons, aux Normands, aux Poitevins, aux Bretons, aux Occitans, à tous les autres natifs de régions si différentes entre elles, ils prennent confusément conscience qu'ils font partie d'un seul et même pays. Quelques décennies plus tard, Louis XI dira à Charles le Téméraire : « je suis France ».
Ce grand conflit aura contribué à l'enfantement douloureux de deux grandes nations et de l'Europe moderne.
Un livre intéressant qui a le mérite de nous rafraichir la mémoire sur cette grande et triste épopée que fut la guerre de cent ans. Il a attisé ma curiosité aussi. J'ai envie d'aller un peu plus loin et de découvrir les «Chroniques de la guerre de cent ans» de notre premier grand journaliste Jean Froissart, ainsi que l'intrigant et allégorique « Quadrilogue invectif » d'
Alain Chartier.