Il faut de toute urgence trouver des voies de sortie.
Certains se laissent rassurer par les beaux discours
des politiciens, qui année après année promettent la
fin de la « crise ». Les gouvernements ne trouvent ce-
pendant rien de mieux à faire que de suivre servilement
les demandes de l’entreprise privée, qui exige qu’on
concède toujours plus de terrain au « marché » pour
résoudre quelque problème que ce soit. En fait, les
gouvernements ont perdu le sens de leurs responsabi-
lités. Du service du peuple — dans une « démocratie »,
n’est-ce pas le peuple qui doit gouverner ? — ils sont
passés au service des intérêts des groupes de pression
les plus puissants, ceux qui sont riches et contrôlent le
mieux les médias, les deux allant de pair. Et le premier
intérêt des puissants est de garder en place le genre de
dirigeants qui s’y trouvent déjà. Alors, on ne peut
attendre de gouvernants cherchant avant tout leur ré-
élection qu’ils proposent à leurs électeurs les me-
sures radicales pouvant seules avoir des chances d’éviter
la catastrophe inévitable à plus ou moins longue
échéance.
Notre planète me fait de plus en plus penser à un organisme vivant dont chacun de nous ne serait qu'une cellule. Cet organisme se comporte de la même façon que notre corps. Quand un des organes ou une partie du corps est touché par la maladie ou fonctionne mal, cela déclenche une réaction de l'ensemble de l'organisme ; tout cela se fait de façon involontaire, sans intervention de l'intelligence. Le même phénomène se produit actuellement sur la planète : les symptômes des atteintes graves qu'elle subit deviennent chaque jour plus évidents, mais de la même façon que nous soignons le plus souvent nos maladies en traitant les symptômes sans toucher les causes, nous cherchons les moyens d'atténuer la crise sans nous préoccuper d'en tarir la source.
[Sur la manière de vivre :]
La plupart des gens s'engagent dans des voies qu'ils ne remettent jamais en question, en particulier parce qu'il est toujours plus facile de refaire la même chose, de développer des habitudes et de se contenter de les suivre. Nombre de personnes - sûrement la plupart - ont des éclairs de lucidité qui provoquent certains regrets ; mais, le plus souvent, elles refusent de voir ce qu'elles sont devenues par rapport à ce qu'elles auraient aimé être ; car cela les obligerait à faire une remise en question trop profonde qui les forcerait à apporter des modifications trop importantes dans leurs vies. Le confort de l'habitude prend le dessus, on écarte la vision critique de soi-même et on continue comme avant.
TABLE DES MATIÈRES
INTRODUCTION
PREMIÈRE PARTIE La crise des valeurs
CHAPITRE PREMIER Consommer, consommer, consommer
CHAPITRE II La crise
CHAPITRE III La conscience étouffée par la surconsommation
CHAPITRE IV Changer de cap
CHAPITRE V La révolution intérieure
Quantité et qualité
Individualisme et solidarité
Compétition et participation
Dépendance et autonomie
DEUXIÈME PARTIE La vie quotidienne
CHAPITRE VI Une alimentation qui réponde à nos besoins
L’emploi
L’environnement
La santé
CHAPITRE VII La maladie, un moment clé
CHAPITRE VIII Des loisirs qui libèrent
CHAPITRE IX L’automobile : liberté ou aliénation?
CHAPITRE X Se fondre dans l’environnement
CHAPITRE XI Le travail : plus qu’un salaire
L’utilité pour la société
Les conditions d’épanouissement
L’intégration harmonieuse à l’écosystème
CHAPITRE XII Une économie centrée sur les besoins
Les corvées
Les ressourceries
Copropriété, colocation et coopératives d’habitation
Le gardiennage des enfants
Les ateliers communautaires
CHAPITRE XIII Accroître son autonomie
CHAPITRE XIV Se libérer du système
CHAPITRE XV La simplicité volontaire
ANNEXES
I – Un contre-projet au système agro-alimentaire industriel
Brigitte Pinard
II – Pour la création d’entreprises paroissiales
Gérard Bernatchez
III – Quelques adresses en France, en Suisse et en Belgique
Il n’y a pas de choix : quiconque prend conscience
de la gravité des menaces qui pèsent sur la planète
doit entreprendre les actions nécessaires. La responsabi-
lité de trouver la voie de la viabilité — pour l’épanouis-
sement des individus, des collectivités et de toute la
vie sur Terre — revient à celles et à ceux qui ont vécu
au cœur de l’abondance et ont pu en constater les effets
nocifs. Et je ne parle pas seulement d’environnement
ici : de ce côté, les scientifiques, même s’ils ne s’enten-
dent pas tous sur la gravité des phénomènes en marche,
nous donnent tout de même la mesure de la détériora-
tion de nombre de paramètres. Non, quand je pense
aux conséquences négatives de la société d’abondance,
je pense à la vie de tous les jours, à la santé, au travail,
à l’amour, à la solidarité communautaire, au bonheur,
tout cela qui ne s’achète pas ou, quand on croit pouvoir
l’acheter, coûte finalement trop cher, car on doit sacri-
fier le meilleur de sa vie à gagner de quoi le payer.
Cette semaine à l’émission Dialogues, le sociologue Jean Carette accueille le Dr Serge Mongeau, médecin et écrivain ainsi que la journaliste Thérèse Miron. Dans un monde d’abondance, du prêt à jeter et de l’éphémère, nombreux s’interrogent sur la consommation sans fin et l’épuisement anticipé des ressources naturelles. Il sera question cette semaine du mouvement de la simplicité volontaire. Est-ce un choix ou une résignation? En compagnie de ses invités, le sociologue Jean Carette abordent le mouvement de la simplicité volontaire et son évolution au fil des décennies. Appelée aussi sobriété heureuse, cette dernière a ses fervents défenseurs. Est-ce un choix réel que font les adeptes de ce mode de vie ou est-ce l’expression d’une résilience face à une société qui ne peut répondre aux aspirations économiques de tous les citoyens? Le débat est ouvert à l’émission Dialogues.
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