J'ai lu d'un trait ce court ouvrage qui est un témoignage d'une adolescente belge, de mère juive piégée par la guerre en Allemagne.
Je l'ai commencé sur un sentiment d'étonnement. Comment le père a-t-il pu emmener sa famille en Allemagne en 1939 à la veille de la guerre? Comment n'a-t-il pas pu penser à la menace terrible qui pesait sur la femme juive?Comment a-t-il pu travailler pour l'industrie lourde allemande en période d'armement?
Des éléments de réponse se trouvent dans l'histoire familiale : famille cosmopolite, de nationalité belge, le père vit en France, la mère est américaine mais d'origine juive allemande et autrichienne. le voyage de noce des parents en Chine complète cet éclectisme. Alors pourquoi pas l'Allemagne qui offre des perspectives de carrière intéressante à l'ingénieur?
Quand même, pendant le IIIème Reich?
Si le père, d'origine très modeste, a dû travailler dès l'enfance, la famille vit dans une très confortable bourgeoisie, Saint Cloud, le seizième, le manoir berrichon. Des privilégiés qui éprouvaient peut être plus de sympathie vers le fascisme que vers le communisme (cela c'est moi qui l'imagine, jamais cela n'est écrit dans l'ouvrage, ni même suggéré). Mais quand même, le IIIème Reich! Cette ignorance du mal absolu qu'était le nazisme, était dans l'air du temps : Münich!
On lit donc le récit de l'adolescente plongée dans une Allemagne en guerre, entre la peur que la mère ne soit démasquée, les privations, le père incarcéré en 1940, les bombardements alliés. Finalement, les blessés de Buchenwald quand elle devient étudiante en médecine.
Adolescence difficile et pourtant une leçon de vie et d'optimisme. Chaque fois la jeune fille a trouvé des voisins, des professeurs, des inconnus qui lui ont tendu la main, l'ont aidé dans l'apprentissage de l'allemand, l'ont protégée quand elle et son frère se sont trouvés seuls. Jamais elle n'a souscrit à l'expression "les boches" et a refusé de l'utiliser à son retour en France. Chance inouïe, dons naturels pour les mathématiques, la peinture et les langues étrangères, Monique a toujours su tirer parti de son travail personnel pour se faire une place dans la vie.
Après la guerre, elle retrouve une place privilégiée aussi bien dans la famille américaine que dans ses relations en France. Jamais , pourtant elle ne donne l'impression d'abuser de la gentillesse des gens qui l'hébergent, l'aident lui font connaître des personnes influentes. Elle donne le change, traduit, travaille et gagne elle-même sa place.
Une leçon de vie, de générosité, d'intelligence. Et pour la lectrice, la leçon de ne jamais simplifier, caricaturer.
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