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EAN : 9782742703234
87 pages
Actes Sud (24/06/1999)
3.69/5   27 notes
Résumé :
" Enflammé par ses lectures, enthousiasmé par les quelques sensations sahariennes qu'il pouvait découvrir à Nouadhibou, Maxence voulait aller plus loin. Le désert l'attirait irrésistiblement ; bien souvent il examinait les cartes, établissait d'hypothétiques itinéraires, et il assistait avec une passion contenue, les yeux brillants, au départ, vers le nord, des caravanes, qu'il regardait s'éloigner sur le sable au pas lent et balancé des dromadaires. Il savait que s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Alors qu'il est un jeune botaniste, océanographe et ichtyologue de 21 ans étudiant l'écosystème sous-marin côtier près de Port-Étienne, Théodore Monod se voit proposer de prendre part à une caravane devant relier Port-Étienne et Saint-Louis du Sénégal. Ce voyage signera la découverte qui décidera de la vie que mènera dorénavant cet homme passionné de déserts. Il arpentera durant le reste de sa sobre et discrète existence les déserts arides dont il tirera une philosophie féconde mais ô combien négligée, ô combien délaissée.

Ce premier voyage dans le désert décrit et fait sentir combien les conditions spartiates, les détails crus de tous les désagréments de ce périple ne font qu'augmenter la valeur et la force de sa beauté, chantée dans une langue vigoureuse d'un lyrisme mesuré, avare de moyens comme l'homme doit l'être de son énergie lors d'une telle traversée.

Sobrement, il décrit le rituel du thé, la chasse, la préparation des repas, l'avidité avec laquelle il se fait une joie d'étancher sa soif avec une eau dans laquelle, sous nos latitudes tempérées, nous ne daignerions même pas tremper le commencement du bout du petit doigt. Cette eau, il l'avale, il l'engloutit, il s'en délecte ; elle est succulente dans un endroit aussi inhospitalier. Elle grouille de choses qui nous répugnent mais elle est garante de la survie. On ne fait pas le délicat dans le désert. Tout est simple et d'une réalité à l'acuité lancinante. La fantaisie ou la tergiversation n'y ont pas leur place. le désert sait se faire rappeler au bon souvenir de l'étourdi et inscrit au fer rouge sur le corps et dans l'esprit la punition qu'entraîne la moindre infraction à ses lois immémoriales.

La vie au désert est précaire, dure, crue et illuminatrice. Il est le lieu de l'apprentissage de l'humilité et de la sagesse pour des êtres qui se croient puissants et sont en réalité si peu de choses. le voyage dans le désert est un retour aux sources des lois de l'humaine condition que notre époque essaie de nous faire oublier.

À l'heure où le genre humain commence à se dessiller les yeux sur l'urgence qui nous presse, il faut faire découvrir et partager l'oeuvre de cet homme profondément humble autant qu'il était puissamment humaniste.
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« Maxence au désert » est considérée comme une oeuvre de jeunesse de Théodore Monod. Jeunesse car il y raconte les pérégrinations sahariennes d'une jeune botaniste Maxence pour sa première méharée, expédition tant attendue et espérée.

Je crois qu'il est inutile de présenter l'auteur : dans la conscience collective, il est certainement considéré comme l'un des plus grands « voyageurs » du désert. Une soif de connaissance lui a permis de satisfaire sa curiosité de botaniste et de géologue pour partir vers ces immensités de sables. Et une envie de faire partager tout son bonheur d'être aux confins de ce Sahara, avec tous ses témoignages littéraires, car il est aussi un grand écrivain.

Il s'y raconte, un peu, nous fait partager sa philosophie et ses connaissances botaniques, nous fait découvrir les cailloux et ces nomades du désert. Car lire un Monod (et c'est mon premier Théodore) est une formidable aventure en soi car cette lecture permet de vivre au milieu de ce désert, de partager un peu de l'émerveillement du jeune Maxence, et par conséquent du jeune Théodore.

Un beau voyage par pages interposées que m'a proposé le jeune « Maxence au désert ». Si l'énumération des noms botaniques rencontrés entre deux oasis me laissent pantois (par moment, cela peut devenir pour le lecteur néophyte comme moi, un peu lourd et lassant), je reste cependant admiratif des couleurs de ce désert. C'est comme si en plein feux d'artifices, un arc-en-ciel apparaissait dans le ciel, les teintes changent constamment, les couleurs explosent avant de pâlir, les tons donnent le frisson ; c'est toute la palette du peintre qui apparait dans le ciel, et chaque regard vers les étoiles ou le soleil devient un enchantement à lui tout seul. Car, Théodore Monod a beau être botaniste et géologue, il n'en oublie pas moins la beauté des cieux.

"Prends ton bâton et marche vers ta douleur, ô voyageur !" disait Psichari dans le voyage du centurion. Cela donne envie de souffrir un peu, pour découvrir cet émerveillement. Les os rompus aux secousses des chameaux, la soif irritant la gorge (malgré l'ébullition du thé maure), la chaleur suffocante et ces vents venus vous bombarder le visage de ces milliers de grains de sable, tout cela s'oublie si facilement quand on prend le temps de regarder autour de soi. Souffrir, oui, cela vaut le coup !

Lien : http://leranchsansnom.free.fr/
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J'ai été captivée par ce court récit, dans lequel Théodore Monod nous livre en quelque sorte la genèse de ce qu'il sera : il est tout jeune, et cherche dans l'appel du désert la réponse à ses peines (un chagrin d'amour, en France). C'est ainsi qu'il profite d'une occasion unique, juste avant de revenir en France - il a la possibilité de se joindre à une caravane de la tribu Oulad Bou Sba, menée par le cadi Mohammed Yadhi Ould Abd El Baghi, caravane constituée de 19 hommes, une femme, et une vingtaine de dromadaires.

C'est une vie à la dure qu'il va devoir adopter : départ avant l'aube, marche jusque tard dans la nuit, chaleurs extrêmes, nourriture peu variée, parfois faisandée, eau parfois immonde, pourrie, dans des puits mal entretenus. le jeune homme ne bronche pas, et s'adapte avec une étonnante souplesse à ce mode de vie.

Le récit est mené à la 3ème personne, il n'est pourtant pas difficile de se fondre dans le regard, les perceptions et expériences du voyage de Maxence. de plus, il a des connaissances affûtées sur la flore et la faune du Sahara, il sait décrire des paysages, et la langue est simple, quoique exigeante. Il n'y a pas à proprement parler plus d'action que le voyage, et pourtant c'est si agréable à suivre... Des scènes d'arrivées dans les oasis, des chasses, des rencontres, et même une mésaventure avec des crabes qui mettent en lambeaux sa gandoura, m'ont divertie, mais surtout, c'est le style que j'ai trouvé beau, autant que j'ai apprécié la profonde humanité de l'auteur.

J'ai vraiment voyagé avec cette caravane, entre le rythme de la marche chaloupée des dromadaires, les longues journées au camp ; j'ai appris d'ailleurs qu'à l'arrêt les dromadaires "baraquent", ils s'agenouillent. J'ai eu envie de la même simplicité, j'ai également été fascinée par la culture des hommes du désert, la diversité des peuples...
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Maxence au désert est le récit de voyage d'un jeune auteur de 21 ans parti étudier la faune ichtyologique ( les poissons ) en Mauritanie, dans les années 20. A la fin de son séjour, il entreprend un voyage de 800 km à dos de chameau, de Port Etienne à St Louis du Sénégal. Il s'agit de sa première méharée (Voyage à dos de méhari ).

Maxence, botaniste, ressent l'appel du désert. Son aventure, du 14 octobre au 12 novembre 1923, a une dimension initiatique.

Il part avec une caravane de 20 personnes dont 1 seule femme, quelques esclaves noirs, et 10 chameaux. Sur le chemin, il croisera d'autres voyageurs qui l'accompagneront un moment pour certains pour ensuite poursuivre leur propre route.

Le journal du jeune homme est très précis. Il cite quantité de plantes. On peut regretter qu'il n'aie pas joint un lexique illustré. Les faux gommiers sont facilement identifiables, en revanche, l'askaf, le tarfa, le morkebé et bien d'autres échappent à toute représentation.

Maxence décrit avec force détails la cérémonie du thé à la menthe. Il mentionne le phénomène des dunes mobiles. Il est assez étonnant de le voir remarquer des empreintes d'autruches. Après recherche, il s'agit de l'espèce à collier rouge d'Afrique du Nord.

Le texte de Maxence est celui d'un scientifique. Précis, il fait un véritable catalogue de la flore et de la faune rencontrées et des paysages traversés. Lorsqu'il s'agit des hommes, l'approche est la même, dans un esprit d'anthropologie. On voit le paysage se modifier au fil de la route. Les campements sous tentes sont pittoresques. Les conditions de vie sont spartiates, et les soins aux animaux et aux hommes plutôt brutaux.

Quelques images poétiques ponctuent la narration. le désert est comparé à un océan. Au couchant, le profil des chameaux s'imprime sur le disque rouge du soleil. Des silhouettes de femmes voilées de bleu sont aperçues au loin. le texte est surtout très coloré, avec des descriptions de levés et de couchés de soleil chatoyantes.

Théodore Monod est connu comme l'un des plus grands spécialistes du Sahara au xx ème siècle. Il est aussi philosophe et théologien, antiraciste, pacifiste et écologiste. «Bien que fonctionnaire, je persiste à tort ou à raison, à me considérer comme un homme libre, d'ailleurs si j'ai vendu à l'État une part de mon activité cérébrale, je ne lui ai livré ni mon coeur, ni mon âme…" affirme-t-il. Maxence au désert illustre assez bien sa personnalité, bien qu'on n'ait pas là une oeuvre engagée, mais plutôt une vision d'ouverture sur le monde et de découverte.
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Avant de mourir à la guerre de 14, Ernest a inventé le personnage de Maxence dans le Voyage du Centurion.
Théodore entreprend ce voyage et se met en scéne dans la peau de Maxence.

La scéne , loin dêtre déserte , est peuplée des découvertes botaniques, des perspectives de roti, des puits ou vestiges de puits et des compagnons de route.

Elle est dominée par les horizons qu'on imagine vaste et que décrit changeants le jeune écrivain.

Un livre de jeunesse ? Peut-être . Mais d'un jeune d'une étonnante maturité , singuliérement au regard de notre époque.

Etonnante aussi cette aspiration à (ré)écrire son livre de chevet, fustigé par sa "qualité littéraire" et sans doute aussi la solitude des lieux.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Le 25, départ avant l'aurore. Sur la plaine mystérieuse et vide, l'aube va dérouler ses draperies lumineuses et révéler l'incompréhensible paysage aux voyageurs arrivés dans l'ombre. Maxence, bercé par la souple allure de son méhari, goûte à plein la grandiose simplicité de l'heure, comme la terre démesurée émerge des voiles gris de la nuit. Les chameliers se taisent ; aucun bruit que le pas feutré des dromadaires, ou l'une de ces exclamations brèves qui excitent les montures.
A l'ouest, dans les ténèbres bleu sombre de la nuit qui fuit, le disque argenté de la lune va disparaître. Vers l'orient, dans une féerie de rose et d'or, le soleil se lève.
Brusquement, brutal, il éteint les douces colorations de l'aube et illumine toute la plaine immense dont aucun recoin ne peut plus échapper à l'aveuglant rayon.
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1) Le désert l'attirait irrésistiblement ; bien souvent, il examinait les cartes, établissait d'hypothétiques itinéraires, et il assistait avec une passion contenue, les yeux brillants, au départ vers le nord des caravanes, qu'il regardait s'éloigner sur le sable au pas lent et balancé des dromadaires.

2) La nuit est là et l'on marche toujours. Une vipère à cornes siffle au passage des méhara. Il s'agit de gagner un pâturage convenable où les chameaux puissent se restaurer. Maxence, épuisé par neuf heures de selle, se laisse aller, passivement, aux secousses brutales de sa monture. Et quand enfin, l'on baraque, en pleine brousse, dans un champ d'askaf, il étend avec délice sur le sable frais ses membres rompus et ses reins broyés.

3) Sur la plaine mystérieuse et vide, l'aube va dérouler ses draperies lumineuses et révéler l'incompréhensible paysage aux voyageurs arrivés dans l'ombre. Maxence, bercé par la souple allure de son méhari, goût à plein la grandiose simplicité de l'heure, comme la terre démesurée émerge des voiles de la nuit. Les chameliers se taisent ; aucun bruit que le pas feutré des dromadaires, ou l'une de ces exclamations brèves qui excitent les montures.
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Du haut de la dune, on distingue dans les arbres les toits rouges de Saint-Louis, des cheminées d'usine, un clocher. Alors Maxence est triste : il sait que dans trois heures il sera chez les hommes de la ville, il sait qu'il retourne au pays oublié de sa douleur, il sait que la vie du désert est finie pour lui et que, de longtemps peut-être, il n'en retrouvera les âpres solitudes bénies.
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Le pays change d’aspect : les barkhanes disparaissent et à perte de vue s’étendent les mornes plaines de Tasiast et leurs effrayantes solitudes. Maxence aime cet enfer pierreux, cette immensité nue fréquentée seulement des gazelles et des lézards, impropre à la vie humaine, cette terre si misérable, si déshéritée, si laide, que l’on oublie ces tristes cailloutis pour habiter le ciel, ses nuages pourpres, ses profondeurs d’aigue-marine ou l’ardeur flamboyante de son azur décoloré.
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