Je suis en effet catholique, un catholique déplorable. J’ai une foi définitive, mais je n’en fais à peu près rien : une foi de collectionneur en quelque sorte.
- Tais-toi, tu parles comme un socialiste ! Est-ce qu’on fait des bilans avec de la chair humaine ?
Veuillez noter que le professeur d’histoire ne peut spéculer sur les leçons particulières qui font les choux gras des professeurs de latin ou de mathématiques (…) Le professeur n’a pas la chance des autres pauvres, qui travaillent trop longtemps pour s’apercevoir à quel point l’argent leur fait défaut.
(...) Mougin poursuivit: « Pascal dans un texte célèbre, distingue entre les grandeurs d'établissement, qui tiennent à la position dans le monde, et les grandeurs naturelles, qui tiennent à la vertu, recommandant de toujours accorder à l'homme public ce qu'on pourrait être tenté à mesurer à l'homme en son privé. » Quelles que soient vos convictions – ou vos doutes – j'ose espérer que vous méditerez ce passage?». J'assurai Mougin de mon demi-respect inconditionnel, par-devant ou par-derrière, comme il lui plairait. L'image le fit sourire, et nous nous séparâmes les meilleurs amis du monde. Il n'est que de mettre un homme à nu pour le trouver plus gentil.
(...) L'abbé me fit profiter d'une juste remarque: « Il en va du professorat comme de la prêtrise: il y faut la vocation. Or les vraies vocations sont rares, beaucoup plus rares que les postes à pourvoir: Dieu ne répand pas ses grâces et ses dons à une cadence administrative. D'où ce nombre de mauvais prêtres et de mauvais professeurs, aussi mauvais qu'irremplaçables dans leur indignité. L'Église exige d'ailleurs trop du prêtre, comme l'État du professeur. Cette politique fait quelques saints et bien des malheureux. Mais ce sont les saints qui font l'histoire et il faut être aristocrate en matière de vertu. Nous devons prendre, mon cher Barnave, nos insuffisances avec une pieuse philosophie: il y a quelque mérite à se charger d'un poids trop lourd quand les volontaires ne sont pas légion.»