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Les jeunes filles (Montherlant) tome 1 sur 5
EAN : 9782070368150
224 pages
Gallimard (12/07/1972)
3.8/5   286 notes
Résumé :
En se penchant un peu en arrière, il voyait, derrière le dos de Solange, la jeune femme qui était assise à côté d'elle; adossée dans son fauteuil, elle écoutait, bouche entrouverte et les yeux clos. Elle n'était pas jolie; mais Costals la désirait : 1° parce qu'il trouvait convenable que, dans la même minute ou il caressait pour la première fois une jeune personne, il en désirât une autre; 2° parce que, donnant l'apparence du sommeil, il était impossible qu'elle ne ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (38) Voir plus Ajouter une critique
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Peut-on séparer le blanc du jaune sans tout monter en neige ?

Disons-le d'emblée, et parce que sa réputation précède l'ouvrage : oui c'est une lecture malaisante, mais parce que son auteur, Montherlant est un écrivain malaisant, pour un tas de raisons.

Oeuvre de friction. Dans cet ouvrage, on ne peut s'empêcher, depuis sa parution d'ailleurs, d'y voir le point de vue de l'auteur. Pourquoi n'admet on pas qu'il puisse s'agir simplement d'une oeuvre de fiction ? Et, à l'inverse, pourquoi le fait pour l'auteur et ses défenseurs de se cacher derrière l'alibi, la licence littéraire n'a jamais convaincu ?

Montherlant a, toute sa vie, suscité la polémique, son oeuvre jugée géniale par certains et surfaite par d'autres, ses pièces de théâtre, autrefois à succès, semblent aujourd'hui oubliées et ce qui fait sa discrète postérité est cette série de romans “les Jeunes Filles”.

Le personnage d'anti-héros de Pierre Costals est un séducteur méprisant, suffisant, qui entretient des correspondances avec plusieurs jeunes femmes totalement raides de lui. le roman est d'ailleurs en grande partie épistolaire, ce qui est à porter au crédit de l'oeuvre. le lecteur est ainsi témoin de ce courrier des fans où les déclarations les plus enflammées se heurtent au silence, au dédain, et aux outrances misogynes d'un personnage qui croit avoir tout compris.

Certes Costals avec honnêteté décourage, tente de dégriser les élans de ses admiratrices, mais d'autre part il joue aussi avec les sentiments de Solange et la manipule pour arriver à ses fins, sachant très bien où finira l'affaire : “c'était ce menton un peu lourd qui lui permettrait un jour de la quitter le coeur léger.”

Cependant Costals a des idées arrêtées sur tout, cela parfois avec la complicité du narrateur (suivez mon regard). Surtout, Costals se trompe en essentialisant l'état amoureux, et en le rattachant à un sexe ou l'autre. Par exemple, à Andrée qui écrit “vous ne savez pas ce que c'est que la volonté d'une femme”, Pierre Costals répond : “je vous mets en garde, aussi, contre votre croyance au pouvoir du désir et de la volonté. Vous savez mon opinion sur la maladresse des femmes : une de ces maladresses me paraît être leur foi dans l'efficacité de l'insistance.”

Or, l'état amoureux n'a pas de sexe. On peut avoir bien sûr, avec toute la nuance requise, une discussion sociologique, historique, culturelle sur le conditionnement des genres, sur le rose et le bleu, les poupées et les camions etc, ce que d'ailleurs reconnaissons-le, Montherlant n'ignore pas, faisant parfois allusion aux problèmes liés à l'éducation des femmes et à leur place dans la société des années trente, regrettant que celle ci ne permette pas leur émancipation, notamment vis à vis des hommes.

Pourtant on ne peut pas réduire à une dimension sexuée les comportements amoureux. Dans le reproche adressé par Costals dans la citation plus haut, il n'y a pas de stigmate spécifique à un genre ou à l'autre dans “efficacité de l'insistance” me semble-t-il, les hommes ne sont pas en reste dans ce domaine. Et cela, je crois, Roland Barthes, lorsqu'il livra Fragments d'un discours amoureux, l'avait bien compris, chacune et chacun se retrouve dans les tourments, les élans de la passion, indifféremment du genre. Barthes, qui au demeurant n'était pas tendre avec Montherlant, jugeant notamment : «Je relisais précisément ces jours-ci une oeuvre bien “littéraire” : La Reine morte : texte anachronique, bouffon de pose littéraire, singeant le classique comme un film de Sacha Guitry la Révolution».

Les “portraits de femmes” ne sont finalement pas si caricaturaux. Je veux dire qu'elles n'ont pas à rougir d'être amoureuses et qu'elles font preuve d'une introspection souvent lucide, toujours exigeante et intelligente, notamment Andrée, le véritable souffre-douleur du personnage principal. Consciemment ou malgré lui, Henry de Montherlant démiurge est derrière chacun de ses personnages féminins et peut-être malgré lui, leur fait honneur aussi. Alors certes on a parfois envie de secouer Andrée, de lui dire “lâche l'affaire” pour autant, ai-je envie de dire, minute papillon ! Il faut parfois passer par chaque étape d'une passion, et la colère, l'illusion, le déni, se mentir à soi-même, s'accrocher, se fabriquer un peu d'espoir et mal interpréter certains gestes, certaines paroles, sont aussi des passages, sinon obligés, du moins qu'on peut tous comprendre, parce que c'est trop tôt pour renoncer, parce qu'on a rien d'autre à quoi s'accrocher, parce qu'une chimie secrète se forme dans notre cerveau reptilien et qu'il faut laisser décanter tout ça etc…

Mais de là à théoriser, comme le fit en d'autres occasions Montherlant, sur une faiblesse congénitale, un péril civilisationnel ou l'avènement d'une société de “midinettes” qui “émascule la France”, on préférera croire à la mauvaise foi plutôt qu'à la crédulité, pour ne pas insulter l'intelligence d'un auteur qui s'est assez fourvoyé lui-même dans des écrits jugés collaborateurs, après la victoire de l'Allemagne nazie en 1940…

Les écrivaines elles-mêmes semblent en désaccord sur l'appréciation de cet ouvrage, dans le Deuxième Sexe, Simone de Beauvoir est intraitable sur la misogynie de l'auteur des Jeunes Filles, de leur coté Marguerite Yourcenar ou encore Amélie Nothomb saluent le génie littéraire.

Sur l'oeuvre littéraire, intrinsèquement, d'abord le style est très bon, l'écrivain ne manque pas d'humour ; par exemple une scène d'anthologie au cours de laquelle Montherlant se moque du public bourgeois assistant à un concert de musique classique, portant sur la société galante parisienne de son époque un regard souvent juste mais cynique. Ainsi, il vilipende les moeurs de son temps, le mariage, la famille et son obligation procréatrice qu'il juge très sévèrement : “c'est toujours la même chose. Faire des enfants, puis ne savoir qu'en faire.”

Néanmoins, on ne peut pas s'empêcher de lire aussi cette oeuvre à la lumière de la biographie de l'écrivain (c'est le moment #balancetonporc) car lorsqu'on constate cette acerbité envers les femmes on s'interroge, est-ce qu'elle peut être le reflet de ses propres peurs ? Quand on a peur on peut vite détester, rabaisser, pour tenter vainement de garder le dessus sur des injonctions sociales qu'on ne peut honorer. Montherlant en effet a fuit, jusqu'à son suicide en 1972, à la fois le mariage et la paternité, est-ce uniquement la marque d'un désir absolu de liberté ? Si l'on en croit les confidences indiscrètes de son ami l'encombrant Roger Peyrefitte (qui rappelait à un Jean d'Ormesson exaspéré leurs aventures en Thaïlande en direct sur le plateau de Bernard Pivot), l'académicien français, que ses biographes ont présenté à demi mot comme homosexuel, avait en fait des pulsions pédérastiques qui n'avaient hélas pour ses victimes, rien d'inassouvies, cela lui en aurait même coûté un oeil ; il entretint du reste, des rapports étroits avec un certain Gabriel Matzneff… J'en veux pour preuve cette citation pour le moins étrange dans le bouquin : “J'ai mis ange au féminin. En effet, puisque les anges sont de purs esprits, je ne vois pas pourquoi on les représenterait exclusivement sous forme mâle, sinon pour satisfaire la pédérastie inavouée du genre humain.” du “genre humain”, ben voyons, c'est celui qui dit qui est… Montherlant essayerait-il de se dédouaner de ses propres penchants pédo-criminels en les attribuant au “genre humain” tout entier ?

Il n'en reste pas moins, pour conclure, que l'auteur provocateur a bien du, face à la persistance de la critique sur son livre, se défendre en expliquant “c'est un livre composé de gags à la Charlot, un livre comique, au second degré, ce que le public n'a peut-être pas vu.” L'auteur disait encore «la recette la plus sûre pour faire une oeuvre de valeur, c'est de recueillir sur le papier, tout chaud, ce qui gicle de vous” … peut-être bien, mais l'envie de poursuivre cette saga avec des opus aux titres, plus lourdeaux que finement ironiques, tels que “Le Démon du bien”, “Les Lépreuses” ou encore “Pitié pour les Femmes” ne me démange pas vraiment.

Cette critique restera t-elle, comme les nombreuses lettres d'Andrée à Pierre Costals, “sans réponse” ? Qu'en pensez-vous ?
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Il est des livres dont le nom de l'auteur évoque bien quelque chose mais qui me semble t-il sont tombés en désuétude", ce roman de H de Montherlant premier tome de la série Les jeunes filles, me parait en faire partie. Et bien je trouve cela fort dommage....
Années 1925, Pierre Costals est un écrivain célèbre. Il vit de sa plume, a du succès auprès des femmes, fréquente peu les salons mondains, bref mène la vie aisée d'un jeune bourgeois parisien où l'écriture est primordiale et la gent féminine fort présente. Sa notoriété littéraire lui vaut des lettres passionnées de ses admiratrices. Parmi elles des jeunes femmes, encore jeunes filles, plus toutes jeunes, pas forcément jolies, C'est ainsi que nous découvrons mademoiselle Thérèse Pantevin, jeune fille dévote écartelée entre son amour pour Costals et sa vocation religieuse.
Andrée Hacquebaut, bientôt trente ans, est elle une jeune fille cultivée, préférant les occupations intellectuelles à celles qui lui permettrait de sortir de la misère décente dans laquelle elle vit. Elle vient une fois de temps en temps à Paris et ne cesse de vouloir le rencontrer…
Ce dernier répond parfois à leurs missives enflammées, usant souvent du silence, il attise ainsi leur passion .Véritable pourfendeur de la gent féminine où seules les plus jolies, bêtes de préférence ou les filles de joie trouvent grâce à ses yeux, Costals démonte la psychologie féminine et les regarde à travers un prisme déformant ...Rien n'échappe à sa verve ironique .mordante, caustique. Pour lui Les Jeunes Filles sont comme ces chiens abandonnés, que vous ne pouvez regarder avec un peu de bienveillance sans qu'ils croient que vous les appelez, que vous allez les recueillir, et sans qu'ils vous mettent en frétillant les pattes sur le pantalon. »
Un roman au ton certes misogyne mais fidèle portrait de la société de l'époque où pour seul avenir la jeune fille n'avait que celui de son futur époux,…
Jubilatoire à souhait, un pur bonheur de lecture.
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Les auteurs de romans d'amour sont les premières victimes de leur sentimentalité. Pierre Costals, le personnage central des Jeunes Filles, serait-il le représentant précoce –quoique plus complexe et psychologiquement plus profond- d'un Marc Lévy ou d'un Guillaume Musso ? Ses talents à mettre en scène les flux et reflux amoureux de ses personnages déchaînent les fantasmes de lectrices pour lesquelles l'amour n'est encore qu'un rêve parsemé de préjugés romantiques et bourgeois. Thérèse et Andrée vivent ici ou là, dans des coins perdus de province et, à l'aube de la trentaine, elles ne connaissent rien de plus de l'amour que ce que Pierre Costals, par le biais de ses romans, veut bien leur en montrer. Passionnées par désespoir, elles assaillent l'écrivain de lettres dans lesquelles toute l'infamie de leur existence transparaît, espérant susciter chez leur lecteur sinon l'amour, au moins la compassion débordante dont il fait preuve dans ses romans.si Thérèse, dévote et larmoyante, et Andrée, intellectuelle au moral solide, ne se ressemblent pas dans leurs caractères, elles sont en revanches aussi laides l'une que l'autre. Ce détail semble suffire à Pierre Costals qui, déjà bien occupé par ailleurs avec d'autres amantes -jeune fille, maîtresse et prostituée-, dédaigne longtemps de leur répondre, malgré l'abondance de leurs courriers. Et puis, il consent enfin à donner signe de vie au moment où l'engouement de ses lectrices allait s'éteindre, relançant mieux que jamais leur ardeur et les précipitant, de fait, vers une ruine douloureuse.


La forme fluide de ce roman se montre passionnante et fait s'alterner à un rythme rapide les lettres envoyées par Pierre, Andrée ou Thérèse, parfois entrecoupées d'annonces matrimoniales, de dissertations d'écrivain et de narration plus classique, venue à point nommé pour éclaircir et relancer la tension des échanges épistolaires. Cette forme éclatante s'accompagne d'un fond délicieux qui n'échappe pas à une virulente cruauté nietzschéenne. Alors que les années 30 valorisaient le mariage, Henry de Montherlant signe un acte de mort à la conception bourgeoise du couple. Plus encore que la laideur et le désespoir de ses lectrices, ce sont les fantasmes dans lesquels se repaissent Andrée et Thérèse qui dégoûtent Pierre Costals. Parle-t-on alors davantage de méchanceté que de fatigue ? Pierre Costals ne fait-il finalement pas preuve de charité en essayant de guérir deux femmes perdues de leurs illusions ? Celles-ci croient ne pouvoir assurer leur bonheur qu'à la condition de s'allier à un parti convenable ou passionné ; il semble plutôt temps qu'elles essaient de décoller par la propre force de leurs talents. Leur souffrance est un instrument d'instruction. Même s'il ne semble pas s'en rendre compte, Pierre Costals cherche à faire grandir ses maîtresses en leur donnant à croire en elles-mêmes, bien que son ambivalence nourrie d'une passion intarissable pour la nouveauté et la diversité des visages humaines le pousse lui-même à courir sans cesse après une forme d'idéal négatif : celui de la femme passive, dénuée de tout sentiment et de tout intellect.


Henry de Montherlant se promène d'ambivalences en contradictions pour tracer des portraits nuancés de ses personnages. le sentiment amoureux et la notion de couple passent au crible d'idées qui apparaissent comme un savoureux mélange d'influences nietzschéennes et de prémisses kunderiens. le premier réapparaît dans sa façon de considérer la relation amoureuse à la manière d'une annexion(« On ne devrait jamais dire à quelqu'un qu'on l'aime, sans lui en demander pardon ») et le deuxième se laisse présager dans la mélancolie que ressent Pierre à chaque fois que, choisissant momentanément une femme, il comprend devoir se priver de toutes les autres qu'il aurait pu choisir de manière tout à fait égale (« Ce monstrueux hasard à la base : l'homme qui est forcé de prendre une compagne pour la vie, alors qu'il n'y a pas de raison pour que ce soit celle-là plutôt qu'une autre, puisque des millions d'autres sont aussi dignes d'être aimées »). Si Pierre Costals rejette la notion de couple bourgeois, ce n'est pas par avarie mais au contraire par excès d'amour : amour de soi-même, et amour de l'altérité en général. Amour de la vie demandant une plénitude et une pleine disposition de l'individu, plutôt que restriction des possibilités et enfermement dans une routine d'idées et de comportements menant à terme le dépérissement de l'individu : « Tout ce qui crée des rencontres mérite encouragement, même quand il s'agit de rencontres à fin sentimentale, et malgré tout ce qu'elles supposent de niaiserie et de médiocrité ». On retrouve également le cynisme joueur d'un Oscar Wilde dans les piques lancées par Pierre Costals. Lorsque le second écrit : « Chacun de ces restaurants du Blois évoquait pour Costa des souvenirs contradictoires : heures d'ivresse, quand il y était avec une femme qu'il n'avait pas encore possédée, heures d'embêtement mortel, quand il y était avec une femme à lui », on retrouve un peu des idées du premier : « J'aime bien tout savoir de mes nouveaux amis, et rien de mes anciens ».


Pierre Costals et ses Jeunes filles sont des amis aux passions et à l'audace stimulantes, dépassés par les fluctuations de leurs désirs, maintenus par les idées qu'ils brandissent pour se justifier. Henry de Montherlant, brillant manipulateur, sait aussi maintenir son lecteur en haleine en dispersant sa série en plusieurs volumes qu'il faudrait découvrir presque aussitôt…

Lien : http://colimasson.blogspot.f..
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On peut admirer la verve De Montherlant, considérer sa truculence et son audace, vanter sa véracité hautaine et subversive, lui reconnaître le talent d'une sagacité intempestive, d'une lucidité intègre et amorale, et cependant s'étonner que des millénaires de civilisation et d'écrits n'ont permis que d'atteindre à la surprise d'une inédite franchise sur les moeurs, d'un examen rigoureux de la société, d'une peinture fidèle, quoique sans approfondi, de la réalité du monde. le type de supériorité d'un tel texte consiste à publier le vrai intérieur des passions, démis des vernis valorisants et ennoblissages habituels, comme on cesserait de s'offrir au pathétiques de l'attendrissante pâmoison ; c'est l'effet réjouissant de Les jeunes filles, qui présente le mérite d'un discours ferme et exact sur l'homme, mais aussi ce n'est que cela, ce n'est que relativement beaucoup, ce qu'on prend pour la maturité en art n'est que l'enfance du regard que ne dépossède plus quantité de préjugés. Ici, un être libre, libertin, libertaire, déclare enfin (et malheureusement « enfin » au lieu de : « pour commencer ») ce qu'il sait de l'amour domestiqué et démaquillé, et il l'exprime sans pitié à des femmes surfaites en sentiments, romantiques ou mystiques, qui l'aiment en style épique, et qu'il tente donc de corriger et désabuser, malgré leurs entêtements variés emplis de représentations littéraires qui feront au lecteur contemporain l'impression de la plus authentique bonne foi.
Il faut apparemment des oeuvres pour défaire des proverbes : on peut les louer en ce que c'est rarement qu'on dispose d'un guide pour déconstruire les interprétations-billevesées ; il est de quelque nécessité que l'homme actuel, depuis des siècles, revienne à la surface des faits bruts au lieu de s'enfoncer dans ses représentations caverneuses et souterraines. Or, il faut l'admettre, ce ne sont pas des valeurs pleinement bâties, développées, inédites, découvertes, imprévisibles et perspicaces : on retrouve en cette oeuvre ce qu'on voit et qu'on pense une fois affranchi des conventions et des usages, des mièvreries de toutes sortes et des symboles inquestionnés, et l'on arrive ainsi au point zéro où l'on aurait dû partir pour évoluer – « rien d'autre que le sol » – au lieu de dégénérer : c'est un roman qui redresse des scolioses sans bien aider à grandir, et encore expose-t-il un exemple de santé plutôt qu'il ne contraint à se délivrer des torsions et des noeuds. Entretemps, des siècles ont passé, transportant leurs dictons que des livres abondants et glorieux ont flagornés, vains et fats, « sensibles », obséquieux, concordants, rassurants…
Même les « provocations » célèbres ne furent faites que des heurts qu'on était préparés à entendre. Il n'existe pas de succès sans réception propice, et rien n'est jamais propice chez un lecteur qu'un auteur conspue ou corrige : le succès signale toujours la compromission.
Il vaudrait même mieux ne pas lire, ne pas voir le monde à travers des fabrications de penseurs détournés et partiaux, ne pas se mouler à ces fraudes. On resterait soi ; on ne finirait pas par lutter contre la vitalité et la réalité en déchiffrant un ouvrage véridique qui enfin rapporte le réel, faisant alors l'impression contradictoire du plus vicieux artifice. Je plaide ici pour la bonne, pour la meilleure conscience de ceux qui ne lisent pas, qui sont restés purs des influences morales et livresques, à condition toutefois qu'ils aient décidé également de ne pas « lire » les conversations d'autrui. Ce sont autant de gens qui, si on leur énonçait que l'amour est souvent un embarras ridicule, se contenteraient de hausser les épaules en répondant : « À quel propos, une pareille évidence ? » L'exposé d'observations objectives ne les choque jamais : sans guère d'apprentissage, ils sont déjà au point que ne rejoignent que difficilement des esprits pervertis d'imageries savantes et compliquées et qu'il faut longuement convaincre pour atteindre à ce socle élémentaire : nos pédants ont plutôt creusé des trous pour enterrer leurs sens et leur raison. Tant de leur « effort » ne valait pas d'arriver à cette situation piètre où il leur faut désapprendre presque tous les fruits de leur science. En effet, sur bien des faits, l'homme sans instruction a plus raison qu'eux : les alambiqués prétendront que c'est parce que ces simples ne peuvent les comprendre, mais ils feraient mieux de concéder que leur sophistication n'est plus en état de percevoir ce que d'emblée un homme désendoctriné réalise, tandis qu'il n'est pas besoin au sans-culture de beaucoup s'extravaser pour entendre les dérives d'une réflexion spécieuse et égarée. Ils plaquent des concepts et des interprétations extérieurs sur le monde qu'ils abordent avec des lentilles artificielles plutôt qu'avec leurs propres yeux, comme des enfants posent des tamis sur des paquets de sable brut et en sortent avec la sensation omniprésente de quadrillages au-devant de toute perception : l'univers leur devient des séries de ronds ou de carrés dont la présence finit par gager de la normalité des effets – tant d'idées intellectuelles avec lesquelles ils regardent et dont ils ne savent plus sortir les a engloutis dans un paradigme de préventions dont la terminaison même leur communiquerait la sensation d'une anomalie et un effroi. Leurs pensées déforment, c'est le lot des préconceptions de définir et de restreindre les possibilités ; notamment, l'amour est pour eux une valeur absolue et intouchable, un Bien aussi cardinal que l'indication d'une boussole et qui sert de fondement à s'orienter dans toutes les directions, le Bien comme Nord. Ils ont fondamentalement la religion des idolâtres de l'amour, et, ce faisant, n'analysent pas l'amour mais répètent le fantasme ancré de ce sentiment qui en devient autre chose. À force de croire, on finir par avoir des visions ; des croyants portent des stigmates ; la volonté d'illusion finit par produire au monde des matérialisations et des témoignages.
J'ai trouvé une étonnante similitude de pensée et de ton entre Montherlant et Cohen. On dirait, intellectuellement, deux semblables trouvant plaisir à prendre un parti pragmatique et ainsi à désacraliser la vertu unanimement supposée et admise de l'amour, ce qu'ils font avec un humour qui en atténue l'impression de mépris et de haine, mais qui, sans doute aussi, diminue la portée iconoclaste et édifiante de leur oeuvre, parce qu'on peut alors les lire selon le degré de retrait d'un simple jeu « pour le rire », comme on écouterait des ludions qui ne croient pas en des causes et ne cherchent qu'à divertir par effet de surprise – Cohen me paraît plus original, créatif et stylisé, d'une plume plus artiste et différenciée, mais peut-être aussi est-il en quelque sorte plus volontiers comique et décalé, et c'est ce qui permit qu'on pût lire à contresens Belle du Seigneur comme apologie de l'amour au lieu d'une dure dénonciation des sentimentalismes corrupteurs du Vrai et du Bon. Ce point de vue léger, du moins laissé interprétable comme simple fantaisie, maintient le lecteur en sa dimension du divertissement où ce qui est difficile et réclame un effort, comme intérioriser des problèmes et les transposer à la réalité, lui devient heureusement superflu : à son gré, il se contente ou non de la fiction, mais il n'est pas sollicité au-delà de sa volonté initiale, nullement brusqué par une injonction de critique ferme, l'auteur ne l'enjoint pas à appliquer. Or, c'est une faute morale de ces écrivains d'avoir aspiré à être appréciés en offrant la facile interprétation de la relativité de leurs livres, comme échappatoire aux plus dures réévaluations : « Je ne veux peut-être que vous amuser » laissent-ils entendre au badaud qui n'a pas l'intention de rien prendre au sérieux. On perçoit chez Montherlant la soif irrésistible de popularité, malgré ses acidités sarcastiques, par exemple sur une salle de concert : « Costals regardait l'assistance. Elle était composée pour un tiers de gens qui jouissaient spontanément des bruits qu'ils entendaient ; pour un tiers, de gens qui n'en jouissaient que par une opération de l'esprit, se souvenant de tout ce qu'ils avaient lu et entendu sur ce morceau ; l'autre tiers étant de gens qui ne ressentaient rien, mais ce qui s'appelle rien. […] Ils sortirent donc de ce temps de l'autosuggestion collective. » (pages 174-175) : propos hardis, moqueurs et d'une cruauté juste, qui pourraient finir par remettre en question les affections aussi bien dans le domaine musical ; mais alors, pourquoi y fallut-il la lâcheté d'annoncer en notes, au début du chapitre : « Est-il besoin de marquer que ce chapitre est une sorte de galéjade, écrite par quelqu'un qui se donne de temps en temps un coup de soleil, et qu'on ne s'en formaliserait pas sans manquer d'esprit ? On peut faire la caricature de ce qu'on aime » (pages 168-169) Un tel avertissement, qui sert de rattrapage à tous les questionnements pénibles que le récit pourrait induire, révèle sans un doute le tempérament d'un mauvais restant de sociabilité redoutant de heurter son lecteur, et qui pourtant ne résiste pas à la franchise de donner le trait qu'il pense – pourquoi l'écrire autrement ? – homme qui fournit des éreintements après les gaines dorsales ! Il s'assure ainsi à la fois du défoulement de la satire qu'il n'a pas à retenir, et de la paix d'amitié dont il désamorce les vexations ; chacun est content, et l'auteur, au gré des perceptions, sans garantir même ce qu'il pense, jette non le trouble mais la satisfaction la plus unanime : il sera tantôt un observateur redoutable de perspicacité, tantôt un adorable et inoffensif bouffon – la couardise ! On voit que même dans l'épanchement on peut dissimuler des intentions, tenir un milieu entre l'orgueil et l'obséquiosité, pour plaire ! Combien on doit reprocher, décidément, ce goût de popularité !
Enfin, il a tout de même fallu à Montherlant la bravoure indéniable de ne pas regarder les sentiments moraux avec la routine sociale, même s'il a probablement atténué ses effets pour demeurer convenable, lisible, pour s'essayer au succès et se munir d'une assez vaste audience. Être entièrement soi, au lieu de briller par l'adhésion à autrui, est certes de grand courage quand on aspire au triomphe ; il est rare qu'un homme écrive et publie uniquement pour soi et dans le désintérêt total de ses lecteurs ; il encourt le risque d'être honni et banni pour ce qu'il a dénoncé en une tonalité qui serait même simplement alternative, parce que l'inédit véritable est toujours impopulaire et qu'on ne sait jamais trop quand on franchit les bornes acceptables des désirs de nouveauté du lecteur : c'est un péril extrême de se tenir à la lisière de ce que le public ne veut pas savoir. Se tenir au seuil du génie et de la gloire, c'est toujours être au point de recevoir une porte au nez : Céline en fit bien l'expérience, adulé pour Voyage au bout de la nuit, rejeté pour Mort à crédit ! Mais ni Montherlant ni Cohen, que je sache, ne furent chassés : c'est donc que la société ne se crut point attaquée, et je suppose que c'est grâce à ce biais de faufilement, grâce à ce contournement hors des sommations contraignantes, grâce à la stratégie de feinte anodine où le lecteur se sent bercé dans de l'imagination, grâce à l'apparence d'innocente bonhomie où l'auteur semble seulement vouloir rire. Ces écrivains ne parurent que de plaisants drôles à talent, satiristes sans y croire et pour l'épate, caricaturistes peu concernés, sans engagement insultant, à l'époque du détachement et des poses à la Cioran. Or, ils auraient dû lever le doute s'ils avaient osé l'insuccès plutôt que tenté la réussite, ils l'eussent fait à leur détriment mais au bénéfice de l'univocité hardie de leurs textes. du fait de ce renoncement à la solitude, on les célébra autant qu'on les jugea superficiels et excessifs parce qu'on les estima tels, ils ne furent pas des Sages, pas des Justes : des personnages. Ils restaient certainement sympathiques tant qu'on les prenait en scandales et outrances, en décalages amusants, en piques aigres-douces, en complicités, après le règne passé des dandys ostentatoires et épatants qui avaient fini par lasser. On appréciait leur façon de tourner en dérision sans obliger à considérer, à révolutionner, sans nul bouleversement personnel, ludiques et spirituels, et permettant de conserver, en cela parfaitement adaptés au temps de l'après-livre : leur distance pouvait être affectation, pince-sans-rire de profession, et c'est bien ce qu'on recherchait à l'heure du livre-sans-perturber c'est-à-dire de l'anti-livre. Si l'on avait pris Montherlant (et Cohen) au sérieux, on en eût fait un paria : il eut le bonheur de plaire, le malheur d'être auteur de peu de génie ou au génie méconnu ; il parut seulement livrer « pour histoire » un essai de personnage drôle et invraisemblable, un alter ego excentrique pour divertir, en sorte qu'on pouvait plaisanter de la création et la relativiser, ce Pierre Costals (nom m'évoquant Solal), hédoniste mâle, blasé de mignardises et importances consensuelles, veillant à son autonomie, analysant avec un recul aiguisé les tentatives d'enfreintes à sa puissance, lisant toute relation au prisme d'intentions psychopathologiques réelles et insues chez autrui, même s'il ne paraît pas rechigner à de regrettables pertes de temps et à d'inutiles accaparements, sans avancée ni exploration notables, sans édifications nettes. C'est l'homme qui quête le plaisir sans trop endormir son intelligence dans les clichés, qui vit avec le détachement blasé des absurdités inlassables du monde, qui garde incessamment la connaissance des artifices de la norme et qui n'a que le défaut d'être un peu stérile dans ses poursuites et un peu fat dans ses explicitations, homme qui s'écoute et ne s'admire pas, créature incomplète en ceci qu'il est supposé – c'est un auteur – avoir écrit une oeuvre, mais à quel propos ? on ne lui trouve, hormis le sens primal des réalités crues, nul talent particulier ni aucune préoccupation spécifiquement artistique ; Costals est encore figure romanesque, et je crois que c'est largement ce défaut d'être qui plut : réaliste, il eût insulté au Contemporain ; il lui suffisait de s'apparenter à une composition pour entrer au domaine de l'imagination et pour n'inquiéter personne ; c'est à cette condition sans doute qu'il attira, parce qu'il n'était pas véritablement vraisemblable au point d'être concevable dans le monde à titre d'exemple ou d'expérience, et d'attenter au réel. Costals est encore un personnage qu'on ne visualise pas : une belle création littéraire, comme on dit avec exaltation et insouciance – ce qui est trop plausible, on le présente malsain et fruit d'un esprit torturé : il induit d'emblée une préoccupation défavorable.
Costals représente l'être éloquent et clair, dégagé de morale commune et de préjugés, philosophe qu'un Contemporain assimilera au cynique de pacotille, transparence qui dissout la plupart des tensions d'où germent les violences, sans haute profondeur mais sans illusion, qui pense avec expérience et autonomie, qui ne se craint pas et ne sent nulle raison de se contraindre à des ressemblances : un individu en particulier, mais qui ne semble pas attacher d'intérêt à des performances, nonchalant, plutôt inappliqué et gaspillé, consommant ses heures en plaisances demi-vaines. Ce que ce roman donne à considérer, pour autant qu'on se prête à l'examen d'un esprit considéré comme véritable, est une conscience échappée de la perpétuité des traditions, moquant par contraste des amantes qui vivent dans une idéalité sérieusement mièvre, conquises par cette virilité dure et implacablement égoïste qui les subjugue, qu'elles veulent circonscrire ou détourner de son prosaïsme, disciples ou salvatrices, persuadées de la valeur élevée de leurs élans auto-justificateurs, tout sacrifices et climatérismes, tout symboles et mysticismes portés par le « Coeur ». Mais Costals ne vaut pas grand-chose, il est sans élévation patente, personnalité qui ne résulte point d'un travail ardu, seulement il ressort de la surface au lieu d'être enfoncé dans des méandres et dans des fanges, il est de taille petit-humaine parmi la foule sombrée dans des trous, il n'émerge de la plaine que comme le taillis dans un désert et non comme la montagne extirpée par force. On ne le voit que parce qu'il est seul, il n'a presque pas dit un mot supérieur, pas accompli un acte ; il ne se tient pas très droit, bossu d'une sorte de paresse et de l'entretien de quelques idées fixes, d'un reste de morale attachée notamment à ne pas nuire ; c'est l'être qui a manqué de concurrence et auquel l'émulation eût donné de l'effort comme idéal, qui vit de contentement à ne pas s'ensevelir plutôt qu'à gagner en altitude, et qui tire profit de l'unicité pour excuser son manque d'ambition. Ce n'est pas rien d'être, oui mais ce n'est pas non plus une telle transcendance : voici un homme moyen qui fait la leçon à des Contemporaines c'est-à-dire à des fouies, à des obscurcies, à des troglodytes ; il l'emporte, évidemment, en dépit des résistances spécieuses et culpabilisatrices qu'une faiblesse moindre, intelligence épistolaire de femmes instinctives au moins capables de distinguer, multiplie pour justifier ses penchants et s'approprier une supériorité.
Or, fallait-il tant de livre et de philosophie pour aboutir à une pareille naissance, à savoir la relation d'un être qui ne se laisse pas abuser et qui pense sans grandeur mais par lui-même ?
C'est donc que la littérature et les philosophes n'ont fait environ qu'instruire l'artifice.
le retour à une certaine santé, comme en témoigne ce livre, signale un long dévoiement dans la maladie : on finit par atteindre ce par quoi on eût dû commencer, ce par quoi on avait sans doute commencé mais que de mauvais usages ont corrompu jusqu'à assimiler des pensées biaisées, tordues, contrefaites, au convenable et au juste. La littérature longtemps est un soutien aux défauts qu'elle présente comme exemples, parce qu'elle constitue un repère agréable à la société des lecteurs qui demandent à être confirmés et qui, par suite, plébiscitent des littératures captieuses et pernicieuses. C'est une sélection de races, et plutôt comme on fait avec les chiens qu'avec les espèces agricoles : on obtient des animaux sans vitalité ni indépendance, qui sont à peu près sourds, surchargés de peaux et de poils, incapables de galoper ou mordant sans raison, créatures de perpétuelle souffrance existant au lieu de vivre : il fallait pour leur malheur qu'ils fussent fabriqués par des chiens semblables et qui refusaient de se reconnaître faillis, qui se prirent pour modèles et préférèrent s'enferrer dans des troubles, pour qui tout gène acquis valait forcément mieux que leurs conformations initiales. La civilisation contemporaine est chez nous une dégénérescence, désordre et décadence, qui se publie et perpétue pour vertu, ayant trouvé parmi ses écrivains des instruments de propagande qu'elle a valorisés non selon le mérite mais selon l'adhésion, les glorifiant pour se rassurer de sa misère et se pardonner son délabrement : elle voit que des « intelligences » l'approuvent, alors elle les vante comme supérieures, et la postérité qu'elle érige sur ces succès empêche qu'on les révoque avant longtemps. le génie au contraire, véritable, ne se révèle dans ces sociétés que par son application fondamentale, loin des habitudes sociales et des progrès respectueux, avec une brutalité
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Ah, Les Jeunes Filles... ! Je garde un délicieux souvenir de cynisme provocateur à la lecture de ce roman dans lequel Montherlant faisait une analyse jubilatoire de la psychologie féminine.
Costals, écrivain parisien libertin, cynique, désabusé et séducteur est l'objet d'adoration des jeunes filles qui, comme de juste, rêvent de trouver le grand amour et de convoler en justes noces.
Malheureusement pour elles, elles trouvent en la personne de Costals un homme totalement allergique à l'idée même d'amour et de mariage, qui joue avec leurs sentiments avec un cynisme redoutable.
Montherlant décortique avec brio et beaucoup de justesse psychologique la complexité des sentiments qui agitent les protagonistes de l'amour à la pitié en passant par l'amitié et pose la question de la possibilité de l'amitié dans les rapports hommes-femmes… On n'est pas loin de Bridget Jones !
En 1977, Jean Piat prêta brillamment ses traits à Pierre Costals dans une interprétation teintée d'ironie désabusée.
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Citations et extraits (116) Voir plus Ajouter une citation
Il était convaincu, en outre, de la détestable influence qu'ont en général les mères sur les enfants, opinion partagée par un grand nombre d'éducateurs et de moralistes, mais qu'ils n'osent avouer tout haut, crainte de choquer les idées reçues, toujours exquisement galantes.

Page 118
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De tout temps, les romanciers ont fait des phrases sur le décor où se rencontrent leurs amoureux ; mais il n'y a qu'eux, romanciers, qui voient les détails de ces décors ; les amoureux n'en voient rien, engloutis qu'ils sont dans la bouillie pour les chats.

Page 97 (Le Livre de Poche 1964)
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- Je n'ai pas, à vrai dire, cette vocation de garde-malade, ou de manutentionnaire de caisses de porcelaine. J'aime que les choses du cœur se fassent un peu rondement, qu'on ne s'y étale pas, qu'on n'en remette pas, qu'il y ait autre chose dans la vie.

Page 95 (Le Livre de Poche 1964)
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- J'ai une discipline d'égoïsme très exacte. Si je n'avais pas d'égoïsme, je n'aurais pas d'œuvre ; il a fallu choisir.

page 81 (Le Livre de Poche 1964)
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Encore qu'aujourd'hui on n'entre plus en religion par inconscience, comme on le faisait jadis (et comme on continue d'entrer dans le mariage), l'Église ne saurait s'assurer avec trop de prudence d'une vocation.
(Lettre à Thérèse Pantevin, page 56)
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Videos de Henry de Montherlant (23) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Henry de Montherlant
Narcisse Slam a répondu au décalé et intimiste Questionnaire de Trousp, autant inspiré par celui de Proust que des questions de Bernard Pivot. Site Internet: https://trousp.ch/
0:00 Introduction 0:17 Que pensez-vous de cette citation? «C'est curieux un écrivain. C'est une contradiction et aussi un non-sens. Écrire c'est aussi ne pas parler. C'est se taire. C'est hurler sans bruit. C'est reposant un écrivain, souvent, ça écoute beaucoup.» Marguerite Duras 1:19 Quel métier n'auriez-vous pas aimé faire? 3:06 Quelle qualité préférez-vous chez l'Homme? 4:22 Quel est pour vous le pire des défauts? 5:38 Avec quel écrivain décédé, ressuscité pour une soirée, aimeriez-vous boire une bière au coin du feu? 8:33 Comment imaginez-vous les années 2050? 11:18 Quel mot vous évoque le plus de douceur? 12:48 Comment commence-t-on un roman? Par exemple L'Épouse? 16:23 Si vous pouviez résoudre un problème dans le monde, lequel choisiriez-vous? 20:18 Que pensez-vous de cette citation? «Les écrivains sont des monstres.» Henry de Montherlant 23:19 Quel livre emporteriez-vous sur une île déserte? 25:09 Si votre maison brûle, qu'aimeriez-vous sauver en premier? 28:36 Comment construit-on un personnage? 32:04 Remerciements
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