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La légende de Hawkmoon tome 1 sur 8
EAN : 9782266022477
249 pages
Pocket (02/02/2006)
3.71/5   136 notes
Résumé :
Une nuit d'horreur s'abat sur Köln. Les armées du Ténébreux Empire viennent de s'emparer de la ville. Les petits garçons sont crucifiés, les petites filles pendues. On force les gens, pour sauver leur vie, à se livrer en public à des exhibitions infâmes Ils deviennent cadavres ou soldats. De toute façon, ils obéiront à la sinistre devise : " Mort à la vie. " Dorian Hawkmoon reste prostré dans sa prison. Après tout ce qu'il a enduré, il n'éprouve plus aucune émotion.... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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MOORCOCK (Michael), le Joyau noir, [The Jewel in the Skull], traduit de l'anglais par Jean-Luc Fromental et François Landon, Paris, Pocket, coll. Science-fiction, série Fantasy, [1967] 1988, 249 p.


LUCRATIVE FANTASY ET CHAMPIONS PAS SI ÉTERNELS


C'est un réflexe façon chien qui bave : quand quelqu'un dit « Moorcock », son interlocuteur se doit de répondre « Elric ». L'albinos dépressif avec sa grosse épée méchante vilaine a de longue date intégré le panthéon de l'heroic fantasy, au point de constituer une référence peu ou prou indépassable pour bon nombre de fans transis – surtout si lesdits fans transis sont des adolescents, ou, peut-être plus exactement, ont lu les aventures d'Elric quand ils étaient adolescents. Plus tard ? le risque est élevé que cela ne passe tout simplement plus. J'en ai fait l'amère expérience : je n'ai lu « Elric » que bien trop âgé, et ai trouvé ça d'un ennui mortel et tristement pauvre.


Mais était-ce si surprenant ? Probablement pas – et d'autant moins, en fait, que j'avais malgré tout eu mon expérience moorcockienne adolescente, simplement avec un autre avatar du (putain de) Champion Éternel : j'ai nommé Dorian Hawkmoon. À l'âge des boutons sur la gueule, j'avais en effet lu, de préférence aux pérégrinations plates du Melnibonéen pète-burnes, les pérégrinations sans doute guère moins plates du duc de Köln, que je ne qualifierai pas au-delà, dans cette Europe dévastée et chaotique d'après le Tragique Millénaire. Parce que cet univers me séduisait autrement que le flou délibéré des Jeunes Royaumes – intuition en forme de préjugé, peut-être, mais c'est que j'avais mes propres sources, avec leur biais : le jeu de rôle. Elric a certes connu plusieurs déclinaisons rôlistiques, plutôt bien accueillies d'ailleurs, pour ce que j'en sais, mais ce fut aussi le cas de Hawkmoon – et quand je feuilletais mon catalogue de VPC au milieu des années 1990, disons-le, je bandais pour cet univers fantasque et outré, avec son Ténébreux Empire de Granbretanne fabuleusement psychédélique, au carrefour de la science-fiction post-apocalyptique et de l'heroic fantasy la plus sauvage…


Du coup, j'avais lu à l'époque « La Légende de Hawkmoon », cycle (à l'intérieur de l' « hypercycle du Multivers » ou « du Champion Éternel »), composé en fait de deux sous-cycles, « l'Histoire du secret des runes » (les quatre premiers bouquins), et les « Chroniques du comte Airain » (les trois derniers). Et pour quel bilan ? Oui, effectivement, un chouette univers, qui a de la couleur, de l'excès savoureux… Mais, déjà à l'époque, j'avais trouvé l'histoire, ou plutôt les histoires, tant ça bouge en permanence et sans grande cohérence, globalement insipides, et le style peu ou prou désastreux… Un feuilleton somme toute basique, et probablement paresseux ; de ces oeuvres que, dit-on, Moorcock dédiait à ses créanciers – mais une esthétique sympa, de la couleur, avec notamment son vilain empire très très méchant, qui dispute toujours les premières places du classement oecuménique des vilains empires très très méchants, au coude à coude avec les fantasmes de Palpatine, et des nazis pur jus hélas bien réels (il y a depuis un challenger entre la Syrie et l'Irak, ai-je cru comprendre).


J'ai donc lu ces sept petits bouquins en bouffant du pop-corn – sans m'ennuyer, sans être non plus vraiment emballé. En refermant le dernier, je me suis dit qu'il valait mieux, tout de même, que je fasse une petite pause avant de me mettre aux « Elric » – et cette petite pause a duré une dizaine d'années, bon… Trop tard pour apprécier ça. Globalement, les « Corum » (autre cycle du « Champion Éternel ») m'ont davantage parlé, sans me convaincre vraiment ; me restait les « Erekosë », je m'étais dit alors que je les lirais après une petite pause… et dix ans plus tard je ne l'ai toujours pas fait.


Depuis, cependant, j'ai découvert que Moorcock avait pu être tout à fait brillant, oui – simplement pas dans ce registre de la grosse fantasy qui a assuré sa célébrité. Il y a un monde entre les navrants « Elric » et la superbe autant que la finesse d'un Mother London – un vrai chef-d'oeuvre, pour le coup, dont on a presque du mal à croire qu'il est dû au même auteur. Les nouvelles contenues par exemple dans London Bone et Déjeuners d'affaires avec l'Antéchrist, de même, révèlent un auteur bien plus intéressant que ce pour quoi il est si souvent cité en priorité. Et probablement aussi, en SF romanesque plus classique, Voici l'homme.


Mais pourquoi, alors, revenir à « Hawkmoon » ? Parce que : 1) c'est l'été, et j'ai envie de détente (et éventuellement de bourrinade) ; 2) l'univers continue de me séduire ; 3) après toutes ces années, j'ai conservé le fantasme rôlistique initial. D'où je me suis dit que je pouvais retenter l'expérience, d'autant que les sept volumes constituant « La Légende de Hawkmoon » sont très brefs ; alors, un par-ci, un par-là… Voici donc le Joyau noir – et on verra plus tard si, au détour d'un week-end impliquant train et bus, je trouverai l'occasion de poursuivre...


LA GRANBRETANNE À L'ASSAUT DU MONDE


Pour moi, « Hawkmoon », c'est donc d'abord et avant tout un univers – même pas forcément très original (en fait, je n'en sais rien – il faudrait pouvoir se remettre dans le contexte de 1967, je suppose), mais très visuel, très coloré ; baroque et cruel, évocateur et fascinant.


Le lien avec notre Terre est a priori plus marqué que dans les trois autres cycles « du Champion Éternel » : les toponymes sont éloquents, à peine déformés (la Granbretanne, la Kamarg, etc.), qui nous plongent donc dans une Europe futuriste, et pourtant médiévalisante : c'est qu'il s'est produit, entre notre temps et celui-ci, ce que l'on a appelé le « Tragique Millénaire », mais nous ne savons pas grand-chose quant à ce qui s'est alors passé précisément – même si le contexte nous incite assurément à deviner quelque affrontement global ayant tourné à l'hiver nucléaire.


L'humanité a donc régressé, partout ou peu s'en faut – dans ce premier tome, qui se déroule pour l'essentiel en Europe occidentale, avec une virée plus tardive en Europe de l'Est et jusqu'en Perse, nous n'avons que de très vagues échos de l'Amerekh, censément épargnée par le Tragique Millénaire, et de l'Asiacommunista, sous domination chinoise, qui semble avoir échappé à la régression, mais au prix du totalitarisme ; ces deux contrées, pour les Européens, sont plus des légendes qu'autre chose…


En Europe de l'Ouest, les nations se sont à peu près toutes effondrées. La France, ainsi, s'est balkanisée et re-féodalisée, et il en va de même pour l'Allemagne, etc. Il y a pourtant une exception : le Ténébreux Empire de Granbretanne ! Cette dystopie totalement folle, avec à sa tête un empereur qui n'a plus rien d'humain et qui entretient son pouvoir éternel en abreuvant ses élites perverses de débauches en tous genres, a su conserver un niveau technologique supérieur à celui de tous les autres pays d'Europe – ses ornithoptères, notamment, sèment le chaos, secondant des contingents immenses de fantassins armés de lance-feu, et dont les uniformes improbables à base de masques animaliers terrifient leurs adversaires vaincus d'avance. La Granbretanne est ambitieuse autant que cruelle, et entend accaparer l'Europe entière – il sera bien temps, ensuite, de se pencher sur le reste du monde. Ses armées, d'ici-là, multiplient les exactions sadiques, massacres de masse et crucifixions de milliers d'enfants… Tel a été le terrible sort du duché de Köln, quand débute le roman.


LA KAMARG DU COMTE AIRAIN


Mais la Granbretanne ne détient pas encore toute l'Europe – et certaines principautés, même infimes face à sa démesure, ont su pour l'heure conserver leur indépendance. Ainsi, surtout, de la Kamarg (oui), où règne le comte Airain, héros de mille batailles et fin politique, que le peuple de la province a choisi de placer à sa tête, en remplacement d'un ancien dirigeant corrompu – le comte Airain se faisant vieux, il a supposé qu'il était bien temps de prendre sa retraite, et a accepté cette offre. Souverain juste et droit, aimé de ses sujets, le comte mène désormais une petite vie tranquille dans cette enclave sauvage tout au sud de l'ancienne France, dans son château d'Aigues-Mortes (un nom et une histoire tellement parfaits pour un récit de fantasy !), en compagnie de sa fille Yisselda (forcément belle autant que naïve), de son ami le poète-philosophe Noblegent, et de son vieux compagnon d'armes von Villach.


Aussi excentrée soit la Kamarg, elle ne peut sans doute demeurer indifférente au sort du reste de l'Europe. Noblegent est horrifié par les exactions de la Granbretanne… mais pas le comte Airain. le vieux soldat a toujours cru que l'Europe devait s'unir pour survivre et dépasser le triste héritage du Tragique Millénaire – c'est pour cela qu'il s'est si longtemps battu, en vérité. Si la Granbretanne peut obtenir cette unification, c'est tant mieux. Quitte à casser quelques oeufs pour faire la proverbiale omelette. Les horreurs dont parle Noblegent ? Des rumeurs, tout au plus – fondées sur du vent…


En fait, pour que le comte Airain prenne au sérieux la menace que pose le Ténébreux Empire, il suffit pourtant de pas grand-chose – qu'il s'en prenne à la Kamarg, eh… le comte accueille avec courtoisie le baron Méliadus au masque de loup, haut dignitaire de Granbretanne et responsable du massacre de Köln – mais, tout au fond, il sait bien ce que cette visite implique… Et le sinistre hiérarque impérial lui offre un alibi tout trouvé pour que la minuscule Kamarg se dresse contre l'hégémonique Ténébreux Empire, quand, succombant à la plus folle des passions amoureuses… il essaye d'enlever la belle Yisselda. C'est original, hein ? Ces princesses, alors...


SCIENCE ET SORCELLERIE


Voici pour la géopolitique, disons, de cet univers – qui nous fournit le point de départ du récit, même si la résistance de la Kamarg ne sera pas toujours au coeur du cycle ; d'autant que notre héros n'est pas le comte Airain, mais Dorian Hawkmoon, duc de Köln. Avant de nous pencher sur le bonhomme, le Champion Éternel du coin, il nous faut cependant envisager un autre aspect de cet univers – entre science et sorcellerie.


La collection « Science-fiction » de Pocket, alors, faisait la distinction entre quatre « sous-collections » : la science-fiction représentée par le « cycle de Dune », la science-fantasy avec « les dragons de Pern », la fantasy avec… « Hawkmoon », et la dark fantasy avec… les prétendues « collaborations posthumes » Lovecraft/Derleth, en fait purement derléthiennes (et lamentables). Il y aurait beaucoup de choses à redire à propos de cette catégorisation, sans doute – sans même parler de cette « accroche » commerciale pour le moins improbable, au point où c'en est presque glorieux, dans la présentation de l'auteur : « Flaubert commença par salammbô, Moorcock par Elric et Hawkmoon. » Hein ? Quoi ? Pardon ? WTF ? Bon, passons…


Reste que « Hawkmoon » est présenté comme étant de la fantasy pur jus. C'est sans doute vrai dans les thèmes et les procédés, mais l'univers est plus ambigu que cela – avec sa dimension d'anticipation, qui peut sembler trancher avec les aventures d'Elric, notamment, et nous fait tout naturellement penser à de la science-fiction. En fait, on serait tenté, dans ce cas, de faire usage de la catégorie plus que bâtarde de la science-fantasy, pourtant employée par ailleurs par l'éditeur. Bien sûr, l'anticipation n'implique pas la science-fiction : « La Terre mourante » de Jack Vance, ou « Zothique » de Clark Ashton Smith, en témoignent assurément – présentant deux futurs incommensurablement lointains (bien plus que celui de « Hawkmoon »), qui sont autant de « mondes magiques ».


Est-ce donc le cas du présent cycle ? Probablement. Mais, dans ce premier tome, il joue beaucoup de l'ambiguïté entre science et sorcellerie – présentée d'ailleurs comme telle. Dans la majeure partie du volume, la science, aussi perverse et étrange soit-elle, semble tout de même avoir le dessus – et ce n'est que dans la troisième que les simples allusions au savoir technique d'antan, ou aux créatures faussement surnaturelles, en fait des sortes de mutants (éventuellement le fruit des radiations, etc.), commencent véritablement à se parer de traits bien davantage évocateurs de la fantasy. Vieux mages et prophéties, patin couffin… Et un Bâton Runique en avatar de Stormbringer, incarnation physique quand bien même mythique de la balance entre l'ordre et le chaos – on parle bien du Champion Éternel, hein… le multivers pourrait être SF, mais il est surtout bien pratique dans une optique de pure fantasy.


Difficile d'en dire plus pour l'heure, on verra bien (ou pas) comment cela tourne dans les volumes ultérieurs… Reste que cette ambiguïté me plaît bien, moi. Elle fait partie, à mes yeux, et jusque dans les séquences les plus improbables (je vous raconte pas les idées tordues du comte Airain pour assurer la défense de la Kamarg…), des atouts majeurs de cet univers qui consiste bien le principal (le seul ?) attrait de « la légende de Hawkmoon ».

AVATAR DU HÉROS DÉPRESSIF


Mais justement, Hawkmoon, nous y arrivons. Dorian Hawkmoon, le jeune duc de Köln, est notre héros (pour l'heure ?), et notre avatar du Champion Éternel – répondant à Elric, Corum et Erekosë… et éventuellement quelques autres, aux initiales souvent christiques. Ou peut-être est-ce en fait plus compliqué que cela ? Car deux autres personnages, dans ce premier tome de « Hawkmoon » qu'est le Joyau noir, semblent disputer au duc de Köln cet attribut essentiel : le comte Airain, qui écrase le freluquet, couillon si brave, de par son charisme incomparable (à moins qu'il ne s'agisse d'un avatar du « compagnon » ? J'y reviendrai), et le mystérieux « guerrier d'or et de jais », très agaçant dans sa paladinerie mystique, et qui semble tout savoir – lui. Connard.


Mais, pour l'heure, disons donc qu'il s'agit de Dorian Hawkmoon. Il est le reflet, dans ce monde-ci, d'Elric écumant les Jeunes Royaumes. Comme le fameux albinos, même conçu sur un modèle « anti-Conan », il est, fondamentalement, « un type avec une épée ». Ce qui n'a rien de bien enthousiasmant…


Mais il partage avec le Melnibonéen un trait plus intéressant – ou, plus exactement, constitue une variation intéressante sur un modèle devenu vite pénible chez Elric… Et c'est son caractère dépressif. Comme Elric, Dorian Hawkmoon est un noble issu d'une vieille famille ancrée dans le passé, et qui a éventuellement sombré depuis longtemps dans la décadence. Comme Elric, en fait de héros, il est maintes fois confronté à l'échec, ou plus globalement à la malédiction. Mais, là où l'albinos, malmené par son épée Stormbringer, devenait vite agaçant à force de romantisme noir puéril autant que geignard, Dorian Hawkmoon incarne tout d'abord un autre visage de la dépression – qui est l'apathie. L'échec de sa tentative de soulèvement du duché de Köln contre la tyrannie de la Granbretanne et les crimes du baron Méliadus, ne serait-ce que pour venger son père le vieux duc supplicié devant ses yeux, en a fait une coquille vide, indifférente à tout, tellement lasse de la vie qu'elle ne se reconnaissait plus aucun principe. Et, pour le coup, j'ai trouvé ça intéressant.


Bon, ça ne dure guère… Bien vite, bien trop vite, sans doute, Dorian Hawkmoon deviendra, comme Elric, « un type avec une épée ». Et d'ailleurs tout aussi psychopathe que le Melnibonéen – à ceci près qu'il ne blâme pas son épée pour cela. Pour le moment, du moins ? Car l'idée est semble-t-il bel et bien que Dorian Hawkmoon est le jouet du Bâton Runique, comme Elric l'est de Stormbringer… Mais, là encore, nous n'en savons guère plus pour le moment. On peut simplement se demander si le serment censément fatidique du baron Méliadus est véritablement aux sources de la trajectoire mythique de Hawkmoon.


AVATARS DU COMPAGNON ?


Le Champion Éternel se doit par ailleurs d'avoir un « compagnon ». Il y a, là aussi, un modèle dans le « cycle d'Elric », et c'est Tristelune – bien moins pénible, pour autant que je m'en souvienne, que le vilain bonhomme dont il était censément le faire-valoir. Hawkmoon n'échappe sans doute pas à ce principe, mais l'identification de ce compagnon n'est peut-être pas aussi évidente qu'elle en a l'air.


Une piste saute à la gueule, pourtant – et c'est le personnage d'Oladahn, le « nain géant » des montagnes bulgares, qui, entre grotesque et bons mots, mais avant tout fort dévoué, semble presque choper le lecteur par le col pour lui hurler à la face : « JE SUIS TRISTELUNE ! » Ce qui n'est à vrai dire pas sans poser problème – au regard du rythme de la troisième partie du roman, où il fait son apparition, j'y reviendrai…


Mais peut-être est-ce plus compliqué que cela ? Une petite founierie sur le ouèbe semblait avancer que le compagnon, dans « Hawkmoon », se divisait en fait en quatre figures : Oladahn en tête, sans doute, mais aussi deux autres personnages déjà cités, le comte Airain (toujours) et son comparse Noblegent, et enfin un personnage qui n'a pas fait son apparition pour l'heure, Huillam d'Averc – on verra, ou pas, là encore...


TRAHIS PAR DES TRAÎTRES (ALLONS BON)


Revenons cependant à notre Dorian Hawkmoon amorphe. le baron Méliadus (risible caricature de vilain méchant pas beau, avec les punchlines appropriées) a l'idée saugrenue (pas qu'un peu – supposons alors que c'est sa cruauté qui la justifie : la cruauté justifie à peu près tout dans le Ténébreux Empire) d'employer le bonhomme, ex-rebelle mais qui ne croit plus en rien (couper zézette Lebowski, etc.), pour choper enfin la belle Yisselda en Kamarg, et anéantir le pouvoir du comte Airain dans sa ridicule province. Il s'agit, pour le duc de Köln, de se présenter auprès du comte comme étant toujours rebelle et s'étant évadé des geôles de la psychédélique Londra (ben voyons), afin de gagner sa confiance et de faire ses petites affaires ; après quoi le jeune homme sera récompensé (ben voyons), la Granbretanne lui laissant un pouvoir nominal, même si en tant que vassal, sur le duché de Köln décidément pas facile à contenir – même en l'écrasant à coups de botte. Mais, pour s'assurer que le jeune homme ne les trahira pas (eh, c'est pas comme si c'était pas déjà un traître), les savants granbretons usent d'un bizarre dispositif (entre science et sorcellerie, donc – et qui, pour le coup, peut ramener de manière plus concrète aux mésaventures autrement drôlatiques d'un Cugel), consistant en un (très voyant) joyau noir incrusté dans le crâne de notre héros – ledit joyau fonctionnant comme une caméra, qui permet au baron Méliadus et aux siens de s'assurer que Hawkm
Lien : http://nebalestuncon.over-bl..
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Lire ce premier tome de la légende d'Hawkmoon a été pour moi comme descendre une pente depuis des sommets enthousiasmés jusqu'à une vallée de déception.

Bon, pas besoin d'être aussi lyrique. le premier point positif, subjectivement hein, est que c'est court et que ça va droit au but. On est loin du « tirage à la ligne » moderne qui retarde à loisir l'action et les dénouements (je suis encore sous le coup du dernier Trône de Fer). Moorcock va toutefois trop loin dans cette direction sur la fin. J'y reviendrai.
Le second point positif est le thème. Moorcock nous offre une Europe post-apocalyptique qui a vécu il y a longtemps un Tragique Millénaire. le Ténébreux Empire de GranBretanne étend son pouvoir corrosif sur ce pauvre continent qui résiste comme il peut, c'est-à-dire mal. le roman met en avant deux résistants : le Comte Airain qui tient la Kamarg peuplée de flamands géants et de taureau blancs et Dorian Hawkmoon, duc de Köln, qui est prisonnier et investi d'une mission par ses ennemis et à la merci d'un joyau noir que ces derniers ont implanté sur son front.

La première partie est superbe, avec ses descriptions de cette Kamarg toujours refroidie par le Mistral, avec ses personnages attachants ou haïssables que sont le Comte Airain, Noblegent et l'infâme baron Meliadus de Granbretanne, avec aussi ce jeu diplomatique entre Airain et Meliadus qui laisse augurer que ce livre ne sera pas qu'un jeu de muscles, espoir qui ne se concrétise qu'à moitié. Enfin j'ai apprécié le courage de l'auteur de faire de sa propre patrie l'agresseur méphitique de son histoire. Sa Granbretanne emprunte beaucoup à l'Allemagne nazie et peut-être un peu au passé impérialiste de l'Angleterre, mais c'était risquer de se mettre une partie de son lectorat à dos.

La deuxième partie est également agréable. C'est la découverte d'Hawkmoon qui nous guide, un personnage moins noir qu'Elric mais présentant une personnalité étrange, détachée des évènements, qui évolue rapidement. La guérilla à la du Guesclin qu'il mène face aux troupes d'invasion granbretonnes est un bijou de tactique.

C'est la dernière partie qui est véritablement décevante. Moorcock est tellement pressé de conclure qu'il en oublie de la rendre intéressante. Ce n'est qu'une suite de rencontres et d'accrochages avec des types dont on sent le potentiel mais qu'on ne prend pas le temps d'équiper d'un semblant de psychologie. Les dialogues fusent, mornes et multipliant les poncifs du genre « Ton heure a sonné, Hawkmoon ! ». L'histoire est prévisible. Heureusement, on a droit à l'apparition du sidekick de service en la personne du nain velu Oladahn. Espérons qu'il fera une aussi belle carrière aux côtés d'Hawkmoon que Tristelune à ceux d'Elric.

Une fin qui me gâche le goût de l'ensemble. C'est dommage. J'espère que la suite empruntera plus aux espoirs que m'a donnés le début.
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Si vous êtes amateur de fantasy, je vous conseille la découverte de cette série, qui semble prometteuse malgré un début un peu difficile.
En effet, ce premier tome est assez lent à démarrer et il faut attendre les alentours de la page 100 avant que les choses commencent à bouger. Toutefois, une fois l'intrigue lancée, on se retrouve plongé dans une histoire très agréable à lire, avec suffisamment de rebondissements que pour tenir le lecteur en haleine.
Les personnages sont intéressants et le contexte politico-historique fictif est passionnant et peut donner quelque chose de tout à fait intéressant dans les tomes suivants.
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Quel plaisir de retrouver l'univers de Moorcock et son Champion Eternel à travers une autre incarnation. Je retrouve le style caractéristique de l'auteur qui va à l'essentiel, sans se laisser détourner dans des descriptions interminables. Ici j'apprécie que le "héros" n'entre en jeu qu'à partir du second tiers du livre, le premier tiers étant consacré à présenter l'environnement géographique, politique, historique dans lequel il va évoluer. Et cet environnement est plus qu'original même si, depuis on a revu des univers semblables, puisqu'il situe l'histoire sur Terre, loin dans l'avenir après un holocauste dévastateur, dont les nations ont plus ou moins souffert, et qui ont évolué de manière significative, certaines de manières atypique. Nous voici donc dans un monde typé féodal, mélangeant les éléments d'un monde de fantasy à ceux d'un monde futuriste, dans lequel les épées et la magie côtoient les armes à feu. Magie et technologie, présentée comme une science presque oubliée, héritée du monde d'avant le cataclysme, sont d'ailleurs très liées. Par certains traits le personnage d'Hawkmoon ressemble à Elric car il devient malgré lui, l'instrument d'une puissance qui le dépasse; celle ci incarnée d'abord par l'ennemi , la Granbretanne, puis par le mystérieux Bâton Runique. Dans ce roman, nous assistons à la renaissance du duc après qu'il ait été vaincu par ce redoutable ennemi qui étend sa domination sur tout le continent, et qui est perçu comme porteur de fin du monde. Hawkmoon se rebelle en utilisant contre lui ses propres armes, il reprend goût à la vie et se trouve de nouveau un sens, une place à reprendre dans ce monde en voie de dévastation, et qui laisse présager un grand destin
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Michaël Moorcock est un auteur découvert grâce au Challenge Solidaire 2023. Comme je ne suis pas particulièrement fan de fantasy, j'ai choisi le joyau noir, le premier volume du cycle La légende de Hawkmoon, étant donné qu'il n'était pas trop gros et que le cycle complet n'est que de quatre volumes, au cas où j'aurais voulu connaître le fin mot de l'histoire.

Hélas, comme pour le Seigneur des anneaux, force est de constater que le futur, malgré un Ténébreux Millénaire, ressemble fort au passé, avec sanglantes batailles assaisonnés d'un peu de magie et de technologie.
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critiques presse (2)
LigneClaire
19 octobre 2022
Un récit des plus nerveux, parfaitement mis en images par Dellac et Poli. Un beau souffle, des décors superbes, larges sur une mise en page très ouverte.
Lire la critique sur le site : LigneClaire
Sceneario
26 septembre 2022
L'édition spéciale Fnac propose une couverture différente, superbe et spectaculaire. Un carnet de croquis acccompagne cette édition. De quoi admirer le travail realisé par les artistes.
Lire la critique sur le site : Sceneario
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
La route qui y menait était lugubre, bordée de gibets et de croix de bois, qui supportaient les corps d'hommes, de femmes, jeunes et vieux, d'enfants, filles et garçons, et même, dans une volonté de dérision morbide peut-être, des animaux familiers, chiens, chats et lapins apprivoisés. Sur les bas-côtés de cette route, des familles entières pourrissaient ; des maisonnées complètes, du dernier-né au plus vieux serviteur, clouées sur les croix, tordues dans des poses grotesques, figées par la mort à l'issue d'indicibles souffrances. L'odeur de la charogne écœurait Hawkmoon, et la puanteur de la mort le prenait à la gorge (...) Le feu avait noirci champs et forêts, rasé villes et villages et chargé l'air d'une poussière grise et âcre. Riches ou pauvres, tous ceux qui avaient survécu étaient devenus des mendiants, à part ces femmes qui s'étaient faites putains pour suivre la piétaille de l'empire et ces hommes qui, abandonnant toute fierté, avaient juré fidélité au roi empereur.
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Au premier coup d’œil, il comprit qu’il se trouvait devant le palais du roi-empereur Huon. Le bâtiment était si haut que son sommet semblait toucher les nuages. Quatre tours immenses le surmontaient, irradiant une chaude lumière dorée. Le palais était orné de bas-reliefs représentant des cérémonies étranges, des scènes de batailles, les épisodes les plus fameux de la longue histoire de la Granbretanne, des gargouilles, des statues, des formes abstraites. Le tout, accumulé au fil des siècles, constituait un grotesque et fantastique agrégat. Toutes sortes de matériaux avaient été utilisés pour la construction de l’édifice ; on les avait ensuite colorés, si bien que toutes les nuances du prisme y étaient représentées. Aucune volonté délibérée n’avait présidé à l’agencement des couleurs. On ne s’était préoccupé ni de les assortir ni de les faire contraster. Les teintes se mêlaient les unes aux autres, fatiguant l’œil, épuisant le cerveau – le palais d’un fou qui dépassait en folie tout le reste de la ville.
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Ceux qui osent jurer par le Bâton Runique doivent ensuite profiter ou souffrir des conséquences de l’inexorable destinée qu'ils ont ainsi mise en branle.

(Haute Histoire du Bâton Runique)
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Ce n’est pas uniquement pour assouvir ma vengeance que je les tue, c’est aussi parce que j’ai la certitude qu’ils mettent en péril les forces mêmes de la vie.
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C'était comme une vaste légion surgie de l'enfer qui progressait lentement vers le sud, les bataillons succédant au bataillon, les escadrons suivants les escadrons, et cette multitude de soldats masqués venait penser à une armée d'animaux avançant implacablement. Des bannières immenses flottaient sur cette mer, des étendards de métal se balançaient au bout de longues hampes.
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Videos de Michael Moorcock (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Michael Moorcock
Le grand retour d'une figure mythique de la dark fantasy !
La saga tragique d'Elric se poursuit dans ce nouvel épisode marqué par l'arrivée d'un dessinateur exceptionnel, Valentin Sécher, qui prend désormais les rênes de la mise en scène graphique. Une interprétation visuelle magistrale pour entamer un second cycle de quatre volumes, toujours respectueusement adapté – avec quelques aménagements – de l'oeuvre culte de Michael Moorcock avec la bénédiction de celui-ci. Plébiscitée par le public et la critique, LA référence de la bande dessinée de fantasy !
Découvrez Elric Tome 5 par Julien Blondel, Jean-Luc Cano et Valentin Sécher : https://www.glenat.com/24x32-glenat-bd/elric-tome-05-9782344057230
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