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Critique de Derfuchs


Jumièges (Normandie), septembre, an de grâce 1145

Encore un ouvrage délectable de Dame Moore, où elle nous invite dans ce monument de l'art gothique qu'est Jumièges et sa, remarquable, abbatiale Notre-Dame.
Portée par la marée en Seine, dans ce coude où la terre forme une presqu'île, se situe l'abbaye. Son abbé, Eustache, pas fait pour cette lourde responsabilité, laisse trop la bride sur le cou des frères et officiers, ce qui génère convoitise et soif de pouvoir des prieur, hôtelier, sacristain...La sainte règle monacale de Benoît est bafouée et certains tentent, de ce fait, de destituer le père abbé. Ceux-là sont les mêmes qui l'ont élu, sachant son manque de rigueur et son absence de sens du commandement.



Un grand souffleur, un léviathan, une baleine, est entré en Seine et, bien que harponné et abattu, la chasse a coûté la vie à plusieurs villageois ainsi qu'au moine Joce, sonneur des offices. Ce dernier retrouvé, avec les autres, dans le fleuve, a-t-il vraiment péri noyé ? Il y aurait-il un assassin à Jumièges, dans le giron même de l'abbaye ?
Comme le dit Galeran à Odon, ne te fie à personne ! Sage parole s'il en fut.
Portant leur deuil et enterrant leurs morts, les villageois vont devoir affronter une autre réalité, une jeune femme a peine sortie de l'enfance est sauvagement assassinée pendant la cérémonie. Jamais un homme de notre terre aurait commis un tel crime dit Drogtegand, l'ancien du village, il ne peut s'agir que du loup-vert ou d'un gare-lou, quoique Rurik, le harponneur, danois, étranger par ici et, donc, suspect d'office, n'est peut-être pas si innocent que cela. Haro sur le baudet, comme disait Jean l'affabulateur et battue, chasse à l'homme, poursuite, affrontement...Mais c'est qu'il ne se laisse pas faire le viking, faut être gonflé quand même, voilà t'y pas un homme qu'on héberge, qu'on paie pour pêcher et tuer les monstres marins et qui n'accepte pas son sort sans rechigner, où va le monde ma bonne dame, j'vous l'demande ?
Il a du boulot le Galeran et le moinillon Odon itou, chacun de son côté, un dedans et un dehors. Comme, l'un comme l'autre ou l'un et l'autre, c'est vous qui voyez, ont du chou, ben, ils vont, de conserve, y arriver et, après la grande marée d'équinoxe, Jumièges retrouvera le calme qui n'aurait, jamais dû la quitter.



On aime ou on n'aime pas cette belle langue qui fut la notre avant que les SMS ne débarquent chez nous et ailleurs. Pour ma part cela me comble d'aise et j'en redemande, encore, encore et encore. Que dire des tournures de phrases sans emphase, le mot juste, simple, bien tourné, imagé, c'est quand même mieux chainse que chemise, mesnie que famille, non ? Si, ah, je savais que je m'adressois à des connoisseurs.
Rythme haletant, descriptions précises, intrigue soutenue, dénouement (presque) imprévisible, ambiance finement rendue, odeurs alléchantes ou puanteur, c'est selon et la vie moyenâgeuse comme un bonheur.
De plus Moore nous offre le fleuve, la Seine, avec sa force, sa puissance et son offrande de vie et de mort pour ceux qui le pratique. La marée d'équinoxe et sa vague dévastatrice nous est contée remarquablement par l'auteure. Un grand moment de littérature et un morceau de bravoure savoureux.



Pour finir (déjà ?) Vivi, si je peux me permettre, pour un prix modique, nous offre son merveilleux roman, un plan de l'abbaye, des recettes de cuisine, ses sources bibliographiques et la liste des sommités d'alors (pas vu Line Renaud...).
Ce doit être le moment d'aller m'aérer l'esprit....

Lien : https://www.babelio.com/livr..
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