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EAN : 9782246150022
188 pages
Grasset (06/04/1983)
3.64/5   37 notes
Résumé :
Jeune financier que les cours de la Bourse préoccupent plus que les femmes, Lewis tombe amoureux d'Irène - de la famille Apostolatos, riches banquiers de Trieste.
Que deviendra l'amour entre ces deux requins qui, tout en se caressant, se disputent les mines de San Lucido, en Sicile ?Au meilleur de sa forme, Paul Morand nous le dit dans ce récit superbe et cruel où le cœur et l'argent échangent leurs vocabulaires.
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Lewis fait des affaires comme il séduit les femmes, par jeu, par désoeuvrement, pour le plaisir de gagner, d'accumuler…Tout lui sourit mais sa vie n'a aucun sens, si ce n'est celui d'échapper à tout engagement, toute responsabilité. Il se retrouve à la tête de la banque Franco-africaine et ses filiales…
Ayant acheté un terrain à exploiter en Sicile, pendant l'enterrement d'un vieil actionnaire dont il a contribué à hâter la fin, il se rend sur place. Et va y croiser une jeune femme grecque, Irène. Et découvrir qu'elle aussi est dans les affaires.
Ayant refusé de lui céder le terrain, il va bientôt se rendre à l'évidence. Non seulement cette femme l'obsède au point que sa vie s'est métamorphosée depuis qu'il l'a croisée, mais elle est également une redoutable banquière et règne en maître dans ces contrées du sud. Il renonce à la Sicile et l'épouse.

Après avoir décidé d'un commun accord de se consacrer l'un à l'autre et de vivre sur une île grecque sous le soleil accablant de la Méditerranée, c'est le retour à Paris. Et la passion des affaires va les reprendre, la vie parisienne les séparer…
Et si leur mariage se brise, l'union financière de leurs deux établissements, la Franco-africaine et la banque Apostolatos va être célébrée.
D'une plume concise et précise, avec un regard mi ironique mi désabusé sur le monde de la finance, Paul Morand nous offre un magnifique roman, très moderne.
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"A l'occasion du centenaire de Pascal, Lewis avait lu dans son journal quelques pensées de cet auteur trop peu connu. Il avait retenu celle-ci : "Le premier effet de l'amour est d'inspirer un grand respect." Cela le fit rire, puis lui donna à réfléchir." p.70

En effet, Lewis, jeune financier d'origine française, qui a pris le contrôle de la société dans laquelle il était employé, et à qui rien ne résiste _tant les vieux administrateurs qu'il nargue par ses coups de bourse osés et son irrespect des convenances et des procédures, _que les femmes, qu'il comptabilise et classe dans ses notes comme des valeurs boursières, se trouve bien démuni quand les affaires le mettent en contact avec Irène, financière également, d'origine grecque.

Une idylle naitra. "Irène resta sans force, la tête sur les genoux de Lewis, comme une petite cité grecque ivre de son tyran."

Ils sont si différents, lui n'ayant pas connu les joies (et les contraintes) de la vie en famille, il a dû gravir les marches sociales seul et garde un profond goût pour la liberté. Irène, élevée dans une famille de banquiers, est une femme indépendante, intelligente, pleine de rigueur et responsable (de son travail au sein de la société familiale, de la situation politique et économique de la Grèce).

Ils ont déjà en commun l'amour des affaires, pourront-ils dépasser leurs autres différences ? A lire...

Ayant découvert Paul Morand avec "East India and Company", je voulais le lire dans sa langue maternelle. J'ai été ravie de cette lecture. Alors que cette romance se déroule dans le monde de la finance, Paul Morand, joue sur les mots, faisant ainsi ressortir l'essentiel qui constitue la vie de cet homme et de cette femme, les affaires et la finance :

- "Le plus souvent il ne pensait à Irène que comme une société concurrente."

- "Pour la première fois, il eut l'impression d'avoir en face de lui une personne sûre, n'émettant que des sentiments garantis pas une encaisse."

- "Une dernière fois... Vous n'admettez pas que nous soyons un couple, une raison sociale ?"

- "Je regardais cette mer sans hausse ni baisse (cette femme d'affaires voulait dire sans marée)"
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Morand était un esthète. Ses phrases sont merveilleuses et leur enchaînement un triomphe. Il me laisse penser que Sagan, sans nul doute, a dû s'en imprégner puis s'en inspirer pour écrire ses propres romans.
Que dire de celui-ci ? Qu'il nous décrit les lendemains de la Grande Guerre sous le prisme de la finance et des amours. Il est intéressant de lire les pages qui décrivent le Paris de la Belle Époque : c'est le côté "sensas" du roman. Ce qui l'ancre dans une intemporalité étourdissante, c'est la description des relations amoureuses de l'époque, bien que la condition féminine ait bien évolué, encore heureux (pas encore assez mais bon, on en prend le chemin). La description d'une femme d'affaires aussi talentueuse à l'époque devait faire grand bruit, faut-il le préciser.
Bref, il faut lire ce petit roman luisant d'ingénuité et se laisser bercer par sa légèreté équivoque.
Lisons les auteurs oubliés et leurs romans.
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Né à Paris le 13 mars 1888, Paul Morand commence en 1913 une carrière de diplomate qui le conduira aux quatre coins du monde. Révoqué après la seconde guerre mondiale, il est rétabli dans ses fonctions d'ambassadeur en 1953 et mis à la retraite des Affaires étrangères en 1955. Il est élu à l'Académie française en 1968 et décédé à Paris le 23 juillet 1976. Considéré comme un des pères du « style moderne » en littérature, il s'est imposé comme l'un des grands écrivains français du siècle dernier.
Paru en 1924 Lewis et Irène est un très court roman qui se joue des rapports amoureux et professionnels entre deux jeunes financiers. Lewis est un jeune dandy, qui collectionne les femmes comme d'autres les papillons, traitant ses affaires financières à l'instinct et sur ce principe « Dans le doute, abstiens-toi de te servir de ta raison ». Irène est l'héritière d'une riche famille de banquiers grecs, les Apostolatos, indépendante et libre depuis son divorce, c'est une femme en avance sur son époque, active, professionnelle, elle mène ses affaires avec opiniâtreté et rigueur.
Un concours de circonstances les amène à se rencontrer en Sicile pour se disputer l'exploitation des mines de San Lucido. Dans un premier temps Lewis emporte le morceau mais il se trouve confronté à de multiples problèmes administratifs et techniques qui l'empêchent d'exporter le minerai. Il découvre qu'Irène est derrière ces manigances qui l'obligent à revendre la mine à celle-ci. « Il ne fait pas bon d'avoir affaire à vous, reprit-il. Pourquoi n'êtes-vous pas une femme ? » lâchera Lewis de dépit.
Subjugué par cette femme qui l'a défié et vaincu professionnellement, autant que par son indifférence à ses avances, il réalise qu'il a trouvé la femme de sa vie et l'épouse après qu'elle l'ai longtemps repoussé. Tous deux abandonnent leurs affaires et filent vivre le parfait amour dans une petite île grecque.
Mais peut-on vivre d'amour et d'eau fraîche sous le chaud soleil méditerranéen, à se prélasser dans sa chaise longue quand on a connu l'excitation et l'exaltation des flux des cours boursiers ? Poser la question, c'est déjà y répondre. Je peux dévoiler l'épilogue, Lewis et Irène divorceront et retourneront à leurs affaires, réalisant que « l'amour n'est fait ni pour vous ni pour moi ». Par contre leur amitié en sortira grandie, les poussera à s'unir en affaires et de cette union naîtront de beaux bénéfices !
Qu'il est bon de se replonger dans ces romans écrits dans une langue magistrale, dont Morand s'est fait un champion. Phrases courtes et incisives, grande culture sous-jacente mais jamais ostentatoire, quelques formules bien pesées « L'amitié entre hommes, vous savez ce que les femmes en pensent : ça fait de l'ombre sur leurs robes ». Un roman encore très moderne servi par un style irréprochable.
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Damier continue sa série « Relisons nos classiques ». L'occasion de redécouvrir « Lewis et Irène », le premier roman écrit par Paul Morand en 1924. Une écriture qui danse comme un charleston, un homme et une femme d'affaires, un duel à la vie à la mort…

Lewis, jeune financier volage et ambitieux, à la tête de la Franco-Africaine a renoncé à tout, y compris ses affaires pour épouser la belle Irène, son double féminin. Il a rencontré en Sicile la banquière qui représente la vénérable Société Apostolatos. Il venait y acheter des mines. Elle aussi. Lewis rafle l'affaire. Il croit gagner la première manche. Il regagne Paris, le rachat des mines en poche, mais désenchanté et solitaire. le ciel trop bleu de l'île l'aurait-il perturbé, lui le joueur impénitent ? Et pourquoi depuis son retour cette petite phase de Pascal lui trotte-t-elle sans cesse dans la tête ? « le premier effet de l'amour est d'inspirer un grand respect. » Cela le fit rire, puis lui donna à réfléchir.

Lewis devait s'y résoudre, il ne peut pas oublier Irène. Mais enfin, il pensait à elle, « comme à une société concurrente. », voulait-il croire. Il devait pourtant se rendre à l'évidence. Elle « avait cette belle couleur terre cuite des peaux méditerranéennes, alors que lui n'était encore que le barbare aux chairs blêmes. » Elle n'était pas seulement belle, mais unique.

Swinging London

Comme un malheur ne vient jamais seul, les mines siciliennes donnent mystérieusement du fil à retordre à Lewis. « Les problèmes de main d'oeuvre se compliquèrent…les syndicats exigeaient des salaires tels que nulle exploitation n'était possible. Les bureaux de l'émigration, la presse locale, les Municipalités…les délégués de la Mafia eux-mêmes, pour une fois semblaient d'accord, ligués contre l'entreprise Française. Une seule solution pour sortir de ce fiasco ? Aller à Londres, revendre l'affaires aux Apostolatos. Bien sûr Irène est là, elle signera le rachat. C'est elle qui remporte la seconde manche. Mais le jeu est-il plus subtil ? Irène s'en défend à son tour, puis finit par se rendre elle aussi à l'évidence. Irène aussi aimait Lewis.

Ils se marièrent donc, séjournèrent quelque temps en Grèce et résolurent de vivre leur amour à Paris, à 100%. Ils étaient pourtant si différents. Lui, un pessimiste optimiste. Elle, une optimiste pessimiste. Lui un self made man. Elle, une héritière combattive.

« L'oisiveté est la mère de tous les vices, mais le vice est le père de tous les arts », écrit Paul Morand.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Robustes et pleins de vie, les héritiers, fêtés par les cierges, les membres du Conseil d'administration et le petit personnel de la Franco-Africaine s'abandonnaient à la douleur. Des hommes d'affaires, déroutés d'être en face du néant, à l'heure où crépitent d'habitude les Remington ; des gens du monde, ennuyés, tournant le dos à l'autel et lorgnant la salle. Tout se passait exactement comme il faut. On sentait qu'à l'heure désignée par Dieu, d'importantes fractions de richesse bourgeoise, des dividendes juteux venaient de glisser du coffre-fort du défunt à celui des ayants droit, sans bruit, sans éveiller l'attention du fisc ou l'envie des inférieurs. Un virement de comptes avait suffi, parmi les sanglots. L'on se rappelait qu'il y a cent ans cette église de la Madeleine avait failli être une banque.
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Il pensait à ce mot d'aveugle : "J'entends le soleil". Il ouvrit les yeux. La lumière tombait, verticale, comme d'un vitrage d'atelier. Trop clair pour être la lune, mais aussi triste, couleur de chlore, le soleil, déplumé, ne jetait pas de rayons. La mer, sournoise et calme comme un sous-produit oléagineux, avait cette teinte glauque de la mer du Nord à Ostende ; il s'en étonna, oubliant qu'il portait des lunettes vertes. Il les ôta, et reçut la blancheur du Sud, avec toutes les ombres mangées, comme un coup de poing entre les deux yeux.

p. 46
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Les autres pays ne sont que des morceaux d'un continent, du monde ; la France est un vase clos, un aliment complet, qui intéresse l'Europe mais que l'Europe n'intéresse pas. L'on sent trembler des villages allemands aux moindres manœuvres d'un corps d'armée russe, l'Espagne elle-même s'émouvoir d'un coup de feu sur un de ses gouverneurs dans les présides marocains. À plus forte raison trembler de la grande nervosité mondiale Londres, à l'annonce d'un puits de pétrole nouvellement foré au Mexique ou d'un assassinat politique au Punjab. Mais Paris, l'égoïste Paris, reste lui-même. Les secousses universelles arrivent fictivement aux agences, passent aux salles de rédaction, aux caricaturistes, de là à un public rieur qui les mets en couplets. Quant aux esprits les plus fins, ils n'ouvrent jamais un journal. Aussi a-t-on plus qu'ailleurs, en sortant de France, l'impression de s'échapper, de se tirer à propos d'un bonheur domestique, d'éviter ce danger qu'il y a à vivre avec une femme qui vous suffit.
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Pour la plupart des gens, l'amour est devenu une chose si ennuyeuse qu'on se met à plusieurs pour en venir à bout.
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- Moi, répondit Lewis, je suis « à responsabilité limitée », et même je n’en accepte aucune, par pessimisme. – C’est très pratique. Vous êtes pessimiste, Lewis, sans avoir réfléchi, parce que c’est plus commode. On n’a pas d’ennuis si l’on se dit que cet univers n’a aucun sens.
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