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4,15

sur 383 notes
Ô mon Dieu ! Ca c'est un grand livre à la papa écrit par la mama ! J'entends un livre-monde, où l'auteure se sent en capacité de traiter L Histoire et l'histoire, narratrice omnisciente, politique, sentiments, grands événements et petits riens, l'univers entier dans un vaste ballet macabre, celui de la seconde guerre mondiale, encore, toujours, comme le reflet de la grande tragédie humaine.
Et waouh ! Comme c'est beau et déchirant ! Comme les personnages sont marquants, inoubliables sans doute.
Nous sommes en Italie, en l'an de grâce 1941..Une si charmante année à passer en Europe...Ida, trente-sept ans, veuve terne, timide, pas très futée, et dotée d'un fils flamboyant de treize ans, Antonio, Nino, Ninarrieddu, se fait violer par un soldat allemand perdu dans Rome. de ce crime naît Giuseppe, dit Uzeppe, petite créature extraordinaire aux mystérieux yeux bleus, innocents, fait pour la joie. Ces trois personnages bouleversants sont accompagnés de Blitz, le chien de Ninarriedu. D'abord, la guerre semble épargner l'Italie, malgré le fascisme omniprésent, puis, peu à peu, l'horreur s'installe. D'autres joueurs entrent en scène, Carlo Vivaldi, les amis de Nino, Bella, Rossella, Maria...J'en oublie, mais la guerre, elle, ne les oublie pas. J'ai mêlé les animaux aux humains, comme le fait Elsa Morante, rassemblant tous les faibles et toutes les victimes dans une même énergie désespérée à vivre.
940 pages qui ne se résument pas, mais qui ne passent rien sous silence, de toute la violence innommable qui est faite à toute créature. Uzeppe en est le centre, il reçoit tout en plein coeur, innocent comme au premier jour.
Il n'y a que dix-neuf critiques à ce très grand livre. Mais comme Morante rime avec Ferrante, et que les deux Italiennes assurent un maximum, j'espère qu'Elsa, l'aînée, trouvera beaucoup de lectrices et de lecteurs qui ne seraient pas aller vers elle sans la lecture des oeuvres de la cadette, Elena.
Vraiment vraiment un grand roman !
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Il est rare que je m'offre le luxe d'une relecture, tant sont nombreux les livres à découvrir et rare le temps pour le faire, mais « la Storia » m'avait laissé une impression si profonde que je n'ai pas résisté à l'envie de la redécouvrir quelques vingt ans plus tard.

La « Storia » : c'est bien l'Histoire le sujet de ce texte magnifique, l'Histoire âpre et cruelle de l'éternelle domination des uns au profit des autres, de l'infini recommencement de la manipulation violente des faibles par les forts, mais aussi de la lutte acharnée, dérisoire et sublime des millions d'instincts de vie contre la pulsion de mort.

La storia dans cette « Storia » nous emmène plus précisément dans l'Italie de la seconde guerre mondiale où Ida, une veuve timorée, juive par sa mère, mal armée pour le monde brutal dans lequel elle se retrouve ballottée, mais dont l'instinct maternel surpuissant sera le moteur de son instinct de survie, donne naissance à la suite d'un viol par un soldat allemand à l'une des créatures les plus éclatantes de bonheur et de joie de vivre que la littérature nous ait offert, le petit Useppe. Ensemble, ils traverseront tant bien que mal les années de guerre, dont les horreurs finiront pourtant par s'imprégner irrémédiablement dans le regard immense, joyeux et innocent d'Useppe…

« Useppe ! Useppe ! » C'est ce cri récurrent dans le livre, ce cri apeuré de la protectrice Ida appelant son petit qui m'était resté dans la tête depuis toutes ces années et m'a donné envie de le rouvrir et de retrouver ces deux personnages inoubliables, tout poignant que soit le récit. Autour d'eux, le petit peuple de Rome vivace et endurant, Nino le fils aîné d'Ida, bouillonnant d'une jeunesse façonnée par la guerre et fou d'amour pour son petit frère, mais encore la figure lugubre et désespérée de David Segré, partisan, anarchiste, juif en rupture avec ses origines bourgeoises, tous apportent une chair juteuse et amère à la storia d'Ida et Useppe.

La « Storia » est un très grand livre, dont a d'ailleurs été tiré un beau film avec Claudia Cardinale, que je recommande à tous les amateurs d'histoire dans l'Histoire, n'ayant pas peur de regarder en face la mort se mêler à la luxuriance de la vie, ni de vider une boite de mouchoirs.
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Fascisme. Nazisme. Totalitarisme. Shoah. Tant qu'à y être, pourquoi pas aussi communisme. L'auteure aurait bien pu remonter le temps et écrire sur les guerres napoléoniennes, celles de religion, le régime des tsars jusqu'à l'empire des césars. Que des horreurs, tout ça ! Et du pareil au même. C'est ça qu'Elsa Morante a voulu nous raconter mais, évidemment, de l'extérieur, car sa protagoniste, Iduzza Ramundo, n'a pas fait la guerre. C'est la guerre qui est venue à elle. Ida n'est qu'une pauvre enseignante, native du sud de l'Italie et qui a suivi son mari dans la capitale, Rome. Il est mort assez tôt, lui laissant un enfant à sa charge, Nino, mais jeune femme s'était toujours bien débrouillée. Puis la Seconde Guerre mondiale a éclaté, entrainant l'Italie dans son sillon. Et Ida.

Dernier fait important que j'ai oublié de mentionner : Iduzza Ramundo est à moitié juive par sa mère. Vous me voyez venir?

La Storia est un roman coup de poing, une bombe littéraire, et je suis surpris qu'on n'en parle pas plus. Quoiqu'il en soi, il est découpé en fonction des années : 1941, 1942, 1943… Vous voyez. Chacun de ces découpages commence par une description des principaux évènements qui se sont produits en Italie, en Europe et dans le monde. Vous l'aurez compris, la guerre y occupe une grande place.

Le récit commence en 1941 alors qu'Ida est abordée par un soldat allemand en permission et elle se fait violer. Assez brutal comme entrée en matière mais, tout compte fait, assez approprié au propos de l'auteure. de cet acte nait un garçon qu'elle nomme Useppe. Ce petit être fragile sera sa nouvelle raison de vivre et elle passera le roman à le protéger, même jusqu'à son dernier ressort.

On suit le quotidien d'Ida à travers ces années folles. Au début de la guerre, Rome est un havre de paix, les troupes allemandes et italiennes ne font que passer pour se rendre en Afrique ou sur d'autres champs de bataille. Loin, très loin. Mais voilà que le front se déplace, les Alliés prennent position au sud de l'Italie, puis en dehors des murs de Rome. La situation devient précaire, les nazis ripostent en emenant les juifs, Ida a peur. Elle doit se réfugier dans des quartiers mal famés. Son fils Nino se lie avec des résistants italiens, aux idées révolutionnaires et socialistes, plus rien ne va plus. Même quand Rome est prise et que les combats se déplacent au nord, la situation ne s'améliore pas, on manque de tout, on crève de faim. Je vous fais grace des intrigues secondaires.

Quand la Seconde guerre mondiale se termine, on pourrait dire «Ouf, Ida et ses fils l'ont échappé belle!» Mais non, les horreurs continuent. Les Italiens s'entredéchirent, les paysans et les ouvriers agricoles en veulent aux propriétaires terriens, des assassinats se multiplient, la mafia s'en mêle, les socialistes veulent renverser le pouvoir, etc. Quelques rares survivants de la Shoah reviennent mais avec des histoires affreuses à raconter. Décidément, ce monde est terrible. Dans cet enchevêtrement de représailles de toutes sortes, Ida perd son fils ainé Nino. Sa vie ne sera jamais plus la même. D'autant plus que la prospérité n'est pas encore revenue, on vit toujours de rations, etc. Mais le pire reste à venir pour cette pauvre femme esseulée. J'ai été complètement retourné quand elle s'est mise à crier «Useppe ! Useppe!» J'ai surement fait un cauchemar ou deux à ce sujet...

Qu'est-ce qu'on doit retenir de la Storia ? L'Histoire peut n'être qu'un «interminable assassinat». Assez terrible, n'est-ce pas ? Mais certains diront qu'Elsa Morante a visé juste. D'autant plus que cette histoire aurait pu se passer en Allemagne, en Russie ou en Chine, le propos demeure : es innocents seront toujours les victimes. Moi, jl'ai trouvé ce roman profondément émouvant. À vous de juger, si vous vous sentez le courage d'affronter ce pavé de près de mille pages dans le format de poche.
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C'est à travers l'histoire (avec un petit h) d'Ida, qu'Elsa Morante nous emmène revisiter l'Histoire de l'Italie, et par là même l'Histoire de l'Europe, de la première moitié du vingtième siècle.

Ida est une petite institutrice, dont la mère était juive, et qui élève seule son fils. Mais Ida est surtout « restée, au fond, une fillette, car sa principale relation avec le monde avait toujours été et restait (consciemment ou pas) une soumission apeurée ». Un soir de janvier 1941, elle est victime d'un viol par un soldat allemand aviné. Un enfant naitra de cette relation, Useppe qu'Ida aimera d'emblée et pour qui elle nourrira les pires angoisses, en ces temps barbares de deuxième guerre mondiale. Des angoisses dignes d'une louve pour son petit, des angoisses viscérales, irrationnelles pour ce petit être si fragile et surtout, surtout, innocent.

Cette histoire, somme toute banale (je devrais écrire tristement banale), est l'occasion pour Elsa Morante de témoigner du climat politique de l'Italie durant les années 1930 à 1950. Tout est passé en revue, les courants anarchistes, les groupuscules fascistes et la fascination du peuple d'avant-guerre pour les pouvoirs forts, sur fond de pauvreté du Sud. Puis les lois raciales, la déportation des Juifs du ghetto de Rome et la résistance communiste et antifasciste (tiens, j'entends le refrain de Bella Ciao en sourdine). Et enfin l'énorme espoir, qui a accompagné la libération, vite effacé devant la monstruosité des bombardements d'Hiroshima et de Nagasaki.

On devine une Elsa Morante désenchantée, déprimée, désespérée même. Elle dira elle-même : « Par ce livre, moi, qui suis née en un point d'horreur définitive (c'est-à-dire notre vingtième siècle) j'ai voulu laisser un témoignage documenté de mon expérience directe, la Deuxième Guerre mondiale, en l'exposant comme un échantillon extrême et sanglant de tout le corps historique millénaire. »

Un mot sur le style, maintenant … En toile de fond d'un tel roman, se pose la question de « comment écrire sur la Shoah quand on ne l'a pas vécue soi-même, quand on en a été que le témoin ou le dépositaire ? Où trouver les mots pour dire l'horreur ? Y a-t-il seulement des mots ? » Epineuses questions, je trouve. Je dirai même plus questions insolubles.

Elsa Morante choisit le ton neutre, au risque de passer pour indifférente. Elle fait aussi appel aux rêves qui assaillent Ida, rêves très « réalistes » dans le sens qu'ils ressemblent à nos propres rêves, parfois en noir et blanc, parfois sans aucun son. Puis Elsa montre Ida en proie à des voix imaginaires entendues par elle seule. le risque est bien sûr de faire passer Ida pour à moitié folle ou bien pire d'insinuer le doute quant à la véracité des camps de concentration, de la persécution des Juifs et autres races impures et êtres dégénérés (ce ne sont bien sûr pas mes mots, mais ceux de la propagande nazie).

Mais Morante manipule ces rêves, ces images, ces voix avec brio, avec infiniment de brio, de sorte que l'on comprend que cette façon d'écrire permet une infinie délicatesse, une distance respectueuse, un flou salutaire. Et aussi une certaine honnêteté intellectuelle, puisque l'auteure n'était pas directement présente. En plus, en utilisant les rêves, elle dote les images d'une force symbolique très puissante, et du coup donne bien une idée des événements terribles. Et nous, nous savons que la réalité était encore bien au-delà que les pires cauchemars d'Ida.

Elsa se devait aussi d'écrire dans cette Europe d'après-guerre, qui ne voulait pas savoir, où « les récits des Juifs ne ressemblaient pas à ceux des capitaines de navire ou d'Ulysse, le héros de retour dans son palais. Ils étaient des figures aussi spectrales que des nombres négatifs, en dessous de toute vision naturelle et incapables de susciter même la plus banale sympathie. Les gens voulaient les éliminer de leurs journées, comme dans les familles normales on élimine la présence des fous ou des morts. »

En conclusion, c'est une lecture difficile, nécessaire, indispensable. Bien loin d'une lecture de vacances. Lisez « la storia », en dépit de sa longueur (940 pages quand même), de certains passages fastidieux et de l'atmosphère assez plombante qui s'en dégage. Et n'oublions que nous aussi nous sommes les enfants de cette époque …

Et puis tout à la fin surgit une mince lueur d'espoir. Ce magnifique explicit, cet hommage masqué à Antonio Gramsci, philosophe italien, emprisonné par les fascistes dans la prison insalubre de Turi où il trouvera la mort : « Toutes les graines n'ont rien donné sauf une : je ne sais pas ce qu'elle peut être, mais c'est probablement une fleur et non une mauvaise herbe ».

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La Storia d'Elsa Morante correspond tout à fait à ce que l'on nomme en littérature une somme. Ce roman m'a époustouflée par son ampleur - c'est une grande fresque historique et sociale - sa diversité de genre, de ton, de style et sa variété dans les personnages et les thématiques abordées. Je ne suis pas une inconditionnelle ni des prix littéraires ni des classements (le roman fait partie des 100 meilleurs livres de tous les temps) mais il m'a vraiment marquée pour de multiples raisons.
J'ai été très impressionnée par la façon dont Elsa Morante s'est lancée dans la narration de cette période tumultueuse de l'histoire italienne, celle qui va de 1941 avec la montée du fascisme jusqu'en 1947, période de l'après-guerre. L'architecture du roman est solide et repose sur des rappels de faits historiques très précis, en ce qui concerne la collaboration des fascistes italiens avec les nazis, notamment en ce qui concerne la persécution et l'élimination des juifs d'Italie. Mais la force du récit vient de la plume de l'auteur et de sa capacité à créer chez sa lectrice ou son lecteur un mélange d'horreur et d'incompréhension face à la barbarie humaine, comme dans la scène où Ida, l'héroïne du roman va assister au départ d'un convoi de juifs romains pour Dachau. Une très grande scène pleine de bruit de fureur. le réalisme cru, la précision et en même temps l'emballement de l'écriture ne laisse pas d'échappatoire et nous traque jusqu'à l'insoutenable.
Mais la violence sociale ne cède en rien à la violence de la guerre. Elsa Morante nous donne à voir tout un panel du petit peuple de Rome victime d'une grande misère et pour lequel la guerre constitue en quelque sorte "une double peine" ! La description qu'elle fait de la tribu "des Mille" dans un refuge de fortune à Pietralata est jubilatoire. Tout ce beau monde vit dans une promiscuité à la fois joyeuse et désolante, car déjà en marge de la "bonne" société, ces hommes et ces femmes retrouvent dans un tel contexte des comportements où seuls les instincts primordiaux dominent...
C'est dans ce "cloaque" que se retrouve bien malgré elle notre héroïne, Ida institutrice de son état, avec son fils Useppe, né du viol perpétré par un soldat allemand. Ida est victime d'un triple héritage : génétique - sa mère a sombré dans la folie - identitaire - elle est à moitié juive par sa génitrice - social - elle vient de Calabre, région particulièrement dominée par le machisme. Mais c'est un personnage riche et surprenant car elle va être capable de transgresser avec une violence et une énergie vitale hors du commun les lois sociales lors qu'il s'agira de sauver Useppe de la faim qui sévit à Rome en 1944. Tout aussi riche et surprenant est le personnage de Useppe A la fois "enfant du placard" par certains aspects, il est présenté à d'autres moments comme une sorte de petit elfe joyeux qui s'émerveille de tout et communique avec la nature et les animaux de façon fort poétique.
Dernier point que j'ai trouvé remarquable c'est le traitement de la folie et de la mort toutes deux très présentes dans le roman. La folie est parfois présentée comme une alternative qui soulage, un refuge et comme la seule porte de sortie jouable lorsque la réalité devient invivable. Elle est, à d'autres moments, l'entrée dans le monde de "l'horreur muette" dans ce qu'elle a de plus insoutenable. Même richesse et même subtilité dans l'évocation de la mort, l'agonie ou les instants qui précèdent une exécution. On est confronté aux différentes facettes de la Camarde : moment extatique, de grand délire ou d'une souffrance sans nom...
Ma chronique pourrait évoquer bien d'autres points du roman au risque de vous fatiguer... Donc je ne peux que vous conseiller de le lire pour y découvrir d'autres pépites !
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Oulala. Que trois critiques? Combien d'entre-nous a eu la chance de tomber sur ce livre?

La storia ; c'est de l'Bombe. C'est le cuir d'une époque déchiré par les yeux d'une femme. C'est les misérables à la sauce italienne. C'est la grande histoire dans la petite. C'est l'histoire d'un destin.
Un petit bout de femme, Iduzza (diminutif de Ida) dans le maelström de la guerre, tente de survivre à Rome, avec son fils Useppe.
La Storia ; c'est la folie des hommes décortiqués par Elsa Morante.
La Storia ; Elle cri, pleure, fait trembler, fait froid dans le dos ; La Storia.
La Storia ; C'est la vie d'une saison en enfer entre les mains de l'amour.
J'avais lu le Christ c'est arrêté à Eboli ( et non pas à Ebola, quoique là… Il a du faire demi-tour) de Carlo Levi ( entre parenthèse un tout petit petit ouistiti qui mérite d'être dévoré cru), qui déjà m'avait plongé dans cet Italie sans italique. Dans ce décor derrière les épaules de Musso-Lit-Ni, dans ce décor qui nie le monde ; on est happé. Parce tout est là, dit, avec les non-dits. On entend la voix des sans-voix, on boit avec ceux qui ne boivent rien d'autres que la poussière de l'histoire. On suit cette mère, cet amour de femme, on est là, entre 1940 et 1947, on plonge dans cette période dantesque et on hésite, on marche d'un pas peu assuré, puis on espère, on croit, on se bat, on entend l'armée allemande passer, les fascistes danser, on sent la résistance se lever. On est là et Ida nous porte à bout de bras…
Elsa Morante a écrit là, une oeuvre majeur du long et éphémère XX siècle.
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Comme il est dit en quatrième de couverture, "il est tout à fait impossible de résumer d'aucune façon l'action de cette vaste « saga d'innocence, de persécution et de mort »".
C'est la première fois que je lis un roman sur la dernière guerre vue du côté italien.
Chaque chapitre commence par un résumé de l'Histoire mondiale concernant l'année à venir.
Ensuite vient la petite histoire, forcément impactée par la Grande, d'Iduzza dite Ida et de ses fils, Nino et Useppe. Bella, une chienne, complète ce trio et divers protagonistes interviennent dans l'action.
C'est terriblement émouvant car tous les personnages, quelle que soit leur importance, sont décrits très précisément aussi bien physiquement que psychologiquement.
J'ai été séduite par ce récit.
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C'est ma première lecture d'Elsa Morante et c'est une belle découverte. Dans un style apparemment simple et fluide, mais tout de même poétique, l'auteure nous emmène à la suite du petit Useppe (déformation de Giuseppe), de sa maman, la fragile Ida, et d'autres acteurs mineurs de la grande histoire du basculement de l'Italie du fascisme dans la guerre et de la guerre dans la république. Mais l'histoire est vue à hauteur des existences infimes et touchantes de ces deux personnages emportés dans la tourmente des événements. Useppe est un petit garçon singulier. de constitution fragile, d'une capacité aiguë de perception de son environnement, d'une grande sensibilité, sujet à l'enthousiasme et à l'angoisse, il est marqué profondément par l'environnement mouvementé des années 1941 à 1947.
Une particularité de ce roman: l'attention aux rêves, longuement décrits et qui jouent un rôle dans la vision du monde.
En somme, un récit prenant.
Une hypothèse pour finir: et si le pseudonyme de l'énigmatique romancière à succès Elena Ferrante devait quelque chose à Elsa Morante. Il y a une ressemblance non? Un point commun en tout cas: les deux auteures savent faire vivre des personnages avec force.
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Belle histoire que cette Storia à l'italienne. Une façon originale de raconter l'Histoire en alternant quelques chronologies commentées courtes et lapidaires et le récit du quotidien d'une famille durant ces années troublées.
Ce qui m'a touché c'est la totale empathie de l'auteur pour l'ensemble de ses personnages. On ressent en même temps qu'elle leurs émotions, même quand elle évoque certains individus pas forcément admirables. L'utilisation parcimonieuse d'un je narratif, qui semble être témoin de l'histoire sans y participer, renforce sans doute cette impression.
Certains trouveront peut-être que l'exercice amène quelques longueurs... Sans doute mais ces longueurs ont parfois des accents proustiens aux qualités littéraires indéniables.
J'ai été plus circonspect sur certaines tirades politiques. J'admire et partage plutôt l'engagement de l'auteur mais j'ai parfois eu l'impression de personnages pris en otages pour exprimer certaines théories de l'époque... Mais malgré tout ces passages restent maîtrisés et ironisent même souvent sur cette pensée, laissant le lecteur libre de ses opinions.
Si ce lecteur reste prisonnier, ce ne sera que du souvenir d'Useppe, Ida, Ninarriedu ou Bella, que les années auront bien du mal à effacer.
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A l'heure où j'écris cette chronique, je suis encore au début du livre. Mais je ressens le besoin d'en discuter. J'ai lu les quelques grandes lignes de ce long récit d'Elsa Morante qui m'apparaît comme l'un des plus poignants et choquants qu'elle n'ait jamais écrit de sa vie.
Moi-même j'ai été choquée par ces premières lignes sur la vie d'Ida, l'héroine en quête d'identité du fait qu'elle est à moitié juive, de par sa mère. L'histoire se déroule peu avant le début de la seconde guerre mondiale en Italie et au moment de la promulgation des lois raciales, si tendances à l'époque. Pourquoi est-ce que j'en parle alors que je ne l'ai même pas fini? Parce que l'histoire en elle-même décrit des états-d'âmes, des émotions, tout un parcours et sa continuité dans une société qui, c'est le cas de le dire, part radicalement en live. Ce qui m'a sautée aux yeux dès le début de cette oeuvre, c'est le fait que le personnage principal tente de s'accrocher à ses propres volontés alors qu'elle même se sent déchirée en deux dès le début de sa vie.
Je continuerai bien-sûr la lecture de ce récit et lorsque je l'aurai fini, je reviendrai certainement sur ma chronique. Ayant étudié la littérature italienne, j'ai l'intention de centrer cet ouvrage sur la possibilité d'une thèse universitaire avec une autre oeuvre dont j'ai déjà rédigé une critique (la vie silencieuse de Marianna Ucria).
N'hésitez pas à lâcher quelques commentaires sur cette oeuvre si certains l'ont lu ou ont envie de le lire!
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