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EAN : 9782020796569
274 pages
Seuil (06/11/2008)
3.83/5   29 notes
Résumé :
Gérard Mordillat et Jérôme Prieur se proposent de raconter comment et pourquoi, entre la fin du Ier siècle de notre ère et le début du ve, s'est produit un événement considérable pour l'Occident, la naissance d'une religion : le christianisme. Quels ont été les étapes et les tournants décisifs de cette histoire ? Comment le messianisme d'un courant marginal du judaïsme, entièrement tourné vers l'attente de la fin des temps, a-t-il abouti à une nouvelle religion, et ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
On peut être passionné par l'histoire des religions , avoir des affinités avec le sacré ou même le contraire , et être un anti clef Ricard ( je blague ) , fervent détracteur de bondieuseries et pourfendeur de vierges en chocolat ou être un don quichotte laïc-hard et revanchard , un Bennet naïf ...
On peut aussi , comme le disait ma prof de haut moyen-âge , avoir un clitoris de 25 centimètres :
Il n'en demeure pas moins que si l'historien ( ou autre ) aborde ces thématiques d'histoire des religions , on doit le faire non dans un registre de procès à charge mais en resituant l'examen de ces thématiques dans un contexte historique et une dynamique sociale ou psychosociale étayée et rigoureuse et surtout en se gardant de raisonner sur ce qui est finalement un édifice de fiction , tout en dégageant du sens et surtout en sachant reconnaitre quand il est impossible d'accéder à la connaissance historique faute de documents sérieusement exploitables ... ..

Qu'importe-il de savoir si Jésus , Moise et la Papesse Jeanne ont réellement existés ? car ils ont existés de facto pour les exégètes , le clergé et les masses et ils ont réellement contribués à définir et à pétrir des sociétés entières et d'ailleurs d'une certaine façon , Jésus semble exister de nos jours même , pour les auteurs , car à mon humble avis , j'ai l'impression que à ce jour , il semble toujours leur pourrir activement la vie ( sourire ) ... ...

L'ouvrage est à première vue excellemment documenté , mais fondamentalement , c'est un procès à charge contre les fondements du christianisme et de ce fait , cet ouvrage ne recèle comme principal intérêt que de permettre d'accéder vaguement à des textes rarissimes pour le grand public . Les hypothèses sont fréquemment dénuées de tout intérêt car on considère comme opératoire des fictions à la limite du romanesque , alors qu'il s'agit de problématiques probablement à jamais inconnaissables , ou au contraire excessivement circonstanciées : dans ce cas à mon humble avis il vaut mieux écrire un roman que de consigner ces fictions dans un ouvrage qui se veut historique , car celui-ci est pétrit d'hypothèses naïves extrapolées sur du vent ....

Les procès à charge et les lourdeurs idéologiques , l'ignorance des contextes , n'ont rien à faire en histoire et les fantasmes et mirages non plus .. Ne faut-il pas laisser cela aux polémistes et aux psychothérapeutes ou aux romanciers .... ?

Les auteurs se livrent à un tel procès à charge que l'on se demande si l'emprunte « idéologique « les aliénant ( je ne sais laquelle ) , ne les empêche pas tout simplement d'accéder aux sources et d'en tirer quelque chose qui tient historiquement la route ...

L'idéologie n'est pas l'ami de la science historique et en histoire avant de pondre des thèses il faut s'assurer d'être capable d'accéder aux sources et à leurs différents contextes opérationnels au grès du temps et des temps , en étant ainsi plus crédibles qu'avec un noeuds papillon .

Ce texte prétend reconstituer les christianismes originels et il pose comme certitude opératoire ce qui ne sera jamais de fait et par nature objet de certitudes ...

Enfin , sur la base des documents lapidaires des évangiles ou des pères de l'église, il faudrait croire par exemple , que ¨Pierre prônait et appliquait un communisme doctrinaire ...
Et pourquoi pas aussi prétendre que Jésus prêchait la dépopulation en espérant interdire et proscrire toute copulation , tant que l'on y est .

En matière d'histoire du christianisme , il est absolument impératif de comprendre qu'il ne faut pas manger du curé , au risque de partir en vrille et se retrouver dans les choux à explorer d'autres sujets sans même s'en être rendu compte ...
Des sujets plus en rapport avec la psychanalyse que qu'avec la science historique .

Bon , le prochain travail de recherche des auteurs , c'est l'aéroport extraterrestre de Cuzco il y a trois siècles ?
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Essai de Gérard Mordillat et Jérôme Prieur. Seuil, ARTE Editions.
L'Antiquité a été ébranlée par l'irruption d'une nouvelle croyance: le christianisme, en rupture marquante avec le judaïsme, a mis plus de cinq siècles à s'imposer comme la religion officielle du grand Empire romain, de chaque côté de la Méditerrannée, renversant le paganisme et le polythéïsme. Un homme, Jésus de Nazareth, suivi de ses disciples, a mis en branle une formidable machine à penser et à régner.
Les auteurs, avec talent et perspicacité, mènent un travail minutieux sur le développement du christianisme. Certains chapitres sont légèrement obscurs, mais l'ensemble est cohérent et bien documenté. Ils retracent habilement les retournements et les dérives qui ont tranformé le judaïsme en christianisme. Jésus était venu proclamer l'avènement du Royaume d'Israël, au sein duquel les enfants d'Israël - c'est-à-dire les Juifs - rejoindraient le Seigneur dans sa gloire. La réalité et la suite des choses ont prouvé que le Royaume d'Israël, supposé advenir à la fin des temps, s'est installé au sein de l'Empire romain, et ceux qui y étaient destinés, toujours les Juifs, en ont été exclus, au nom d'un antisémitisme ironique. le christianisme s'est en fait développé sans Jésus Christ, juif convaincu.
J'ai vraiment apprécié ce voyage dans l'histoire, la façon qu'ont les auteurs de rétablir les vérités, le vrai sens des mots et des choses. Cet ouvrage a nourri ma culture et ma foi de catholique tout en éclairant ma lanterne sur bien des points.
Je ne résiste pas à citer un long passage de cet ouvrage (pages 229 à 231). C'est une synthèse très claire de la construction du christianisme, de sa rupture avec le judaïsme et de sa transformation en religion unique, officielle voire obligatoire. Ces lignes devraient donner le goût aux lecteurs intéressés de s'aventurer plus avant dans le texte.
Supposons un instant que Jésus revienne sur terre. Il n'est pas besoin de faire preuve de beaucoup d'imagination pour comprendre qu'il serait stupéfait. [...] Mais il l'aurait été tout autant s'il était réapparu au V° ou au VI° siècle, lorsque le christianisme est devenu la religion officielle et unique de l'Etat romain, tandis que le judaïsme, vaguement toléré, étroitement borné, soigneusement isolé, n'avait plus aucun espoir de devenir un jour la religion de l'humanité toute entière.
Premièrement: sans doute, vers 450-500, Jésus serait-il abasourdi de voir que le monde existe toujours, que la Fin des temps qu'il a annoncée sans relâche ne s'est pas produite, que le Royaume de Dieu ne s'est pas rétabli avec puissance.
Deuxièmement: il serait tout aussi attristé de constater que la restauration du royaume d'Israël n'a pas eu lieu et que Rome, plus que jamais domine la Palestine.
Troisièmement: quant à Jésuralem, il n'y reconnaîtrait rien, tant la ville a été transformée par les Romains, qui sont allés jusqu'à créer un parcours de pèlerinage "touristique" sur les lieux où il a été torturé et exécuté, désormais baptisés "lieux saints".
Quatrièmement: même s'il pouvait être honoré de l'attention portée à sa personne, lui qui n'avait vécu que dans le judaïsme et pour le judaïsme, il enragerait vraisemblablement de voir les chrétiens se réclamer de lui, se proclamer "véritable Israël", tout en stigmatisant les juifs comme fils du Diable (Jn 8,44)
Cinquièmement: son étonnement serait aussi grand à la lecture de l'évangile, où ses actes et ses paroles sont rapportés par des témoins qu'il n'a jamais rencontrés, qui ne l'ont jamais vu, jamais connu.
Sixièmement: il ne comprendrait pas non plus pourquoi apparaissent sur sa bouche des phrases qu'il n'a jamais prononcées, comme ses dialogues avec Pilate ou, au sommet, l'ineffable formule "mon royaume n'est pas de ce monde" (Jn 18,36)
Septièmement: ne parlant ni le grec, ni le latin, Jésus aurait par ailleurs beaucoup de mal à lire ces textes qui lui sont consacrés - comme à dialoguer avec les chrétiens qui le vénèrent.
Huitièmement: il n'accepterait certainement pas que son livre, la Bible hébraïque, soit reléguée à l'arrière-plan, périmé comme un "Ancien Testament".
Neuvièmement: plus incroyable serait d'apprendre que, pour les fidèles du christianisme, il n'est pas un prophète comme ses collègues prophètes de l'Antiquité, mais un dieu, le Fils de Dieu, voire Dieu lui-même, de "même substance" que son "Père".
Dixièmement: qu'il ait pu ressusciter avant le Jugement dernier, revenir seul d'entre les morts, lui paraîtrait de toute façon une hypothèse abracadabrante.
Onzièmement: alors qu'il n'avait aucun lieu où poser sa tête, comment pourrait-il songer à s'abriter dans les basiliques ou les églises, qui désormais attirent tous les regards, étalent leurs ors et leurs marbres et ornent les murs de son effigie (peut-être penserait-il qu'il s'agit de sa caricature), l'exposant "glorieux", mais supplicié sur le bois du malheur?
Douxièmement: alors qu'il n'avait cessé de vitupérer les riches et les puissants, le pouvoir des autorités, qu'elles soient romaines ou juives, comment accepterait-il que, si le royaume des cieux est toujours promis dans l'au-delà à ceux qui m'ont rien ici-bas, les riches et les puissants se dispensent de passer par le chas de l'aiguille et continuent à jouir des plaisirs de la vie sans vergogne?
Treizièmement: crucifié par les Romains sous le chef d'accusation "roi des Juifs", ne s'insurgerait-il pas de voir son disciple Pierre [Shimon] trôner chez les ennemis des juifs, à côté de Paul, nouveaux Romulus et Remus de la légende romaine du christianisme?
Quatorzièmement: et ce Paul, qui se disait le dernier des apôtres, comment Jésus admettrait-il que, se réclamant de son enseignement, il ait pu proclamer que "la force du péché, c'est la Loi" (Co, 15,56), que par elle abonde la faute et qu'elle s'avère incapable d'apporter la perfection aux hommes?
Quinzièmement: ne serait-il pas horriblement choqué de voir que l'instrument de son supplice par les Romains, la croix, est devenue sur la bannière chrétienne le symbole même de la mainmise de Rome?
Seizièmement: comme nous, ne se poserait-il pas la question, toujours la même et lancinante question, qui ne vaut que parce qu'elle est question, éternelle, sempiternelle, qui se dérobe dès qu'on s'approche trop près du feu de la réponse: pourquoi? comment? Ou, en d'autres termes, comment expliquer le succès du christianisme?



Lien : http://lililectrice.canalblo..
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Jesus sans Jésus mais comment ont ils fait ?
C'est dans le livre de Mordillat et Prieur que l'on nous propose un début de réponse. de quel livre je parle ? de "Jésus sans Jésus", ouvrage qui explique comment le christianisme s'est séparé du judaïsme et surtout comment le christianisme a pu connaître un tel développement au cours des siècles. Reconnaissons que c'était bien mal parti ;-)

Les auteurs de ce livre reprennent les argumentaires déjà développés dans leurs documentaires vidéo que vous avez peut être eu le plaisir de découvrir sur Arte :
Pour mémoire il s'agit de :
"Corpus Christi"
"L'Origine du christianisme"
"L'apocalypse" qui sera bientôt disponible à la médiathèque.

Les thèmes abordés dans cet ouvrage sont assez vastes :

Extrait de la présentation du livre faite par l'éditeur :
"La naissance d'une nouvelle religion, le christianisme. Quelles ont été, entre la fin du Ier siècle de notre ère et le début du Ve, les étapes décisives de cette histoire ?
Comment les chrétiens ont-ils rompu avec les juifs tout en gardant le Dieu de l'Ancien Testament ?
Comment le monothéisme chrétien a-t-il pu s'imposer malgré le polythéisme païen qui dominait l'Antiquité ?
Comment les chrétiens ont-ils réussi à surmonter leurs conflits internes, à écarter les hérésies ? Combien y eut-il de martyrs et qui furent-ils ? Quels furent le rôle et l'ampleur des persécutions ? Qui était l'empereur Constantin [dont vous voyez une représentation sur la gauche], qui consacra la victoire politique du christianisme ? Pourquoi le messianisme d'un courant marginal du judaïsme, entièrement tourné vers l'attente de la Fin des temps, a-t-il abouti à une immense institution, l'Eglise ? Comment le christianisme a-t-il pu devenir la religion officielle et obligatoire de l'Empire romain ? La conversion de l'Etat au christianisme était-elle inéluctable ?" Tout un programme !

Les questions posées sont nombreuses comme vous avez pu le lire et les réponses apportées par les auteurs sont bien argumentées et semblent à première vue cohérentes pour autant que je puisse en juger.
La lecture de l'ouvrage reste agréable et les explications apportées sont compréhensibles par la majorité du commun des mortels.

Un sujet riche en controverses !

Mais (car il y a toujours un mais ;-), les auteurs partent de postulats assez agaçants et proposent des interprétations parfois sujettes à caution. Un des postulats qui semble acquis aux auteurs est que Jésus aurait réellement existé. Il faut savoir que pour une partie (infime, il faut bien le reconnaître) des historiens, cette existence ne repose pas sur des faits tangibles et serait soumise à caution. Je pense notamment à Nicolas Bourgeois, pour qui, Jésus n'aurait pas existé. Il le démontre dans son livre "Un mensonge nommé Jésus , Enquête sur l'historicité du Christ".

Quand la Sorbonne s'en mêle !
De plus, un professeur d'Histoire spécialiste de cette période a lui aussi relevé quelques facilités d'interprétations chez les auteurs qui ne sont pas historiens. Bref, le sujet est sensible mais les dernières lignes que je viens d'écrire ne doivent pas vous détourner de la lecture de ce livre que j'ai trouvé très intéressant et surtout très accessible. Les réponses aux questions posées bien que soumises à polémiques apportent un éclairage intéressant sur les éléments qui ont permis au christianisme de se développer bien après la mort de son prophète.

Un ouvrage passionnant à lire et indispensable pour toutes personnes souhaitant approfondir ses connaissances en histoire Antique.

A lire donc !

Pour les amateurs de polémiques, je vous renvois au site d'ARTE :

http://www.arte.tv/fr/Comprendre-le-monde/L-Apocalypse/2285794.html
En 5 vidéos vous aurez droit à l'intégralité du débat qui oppose le tandem Mordillat Prieur à Salamito, l'historien dont je parlais précédemment.
Débat intéressant qui vaut le coup d'oeil.

Je vous invite aussi à jeter un oeil sur le site d'ARTE éditions, ils ont plein de livres et de documentaires très intéressants.
http://www.artepro.com/statique/Arteboutique/Presentationboutique/index.htm
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Gérard MORDILLAT et Jérôme PRIEUR, Jésus sans Jésus. La christianisation de l'Empire romain


C'est la série d'Arte, l'Apocalypse, qui a inspiré aux écrivains, journalistes et cinéastes Gérard Mordillat et Jérôme Prieur l'écriture du livre « Jésus sans Jésus, La christianisation de l'Empire romain ». Ce qui explique probablement le caractère assez décousu de l'essai qui enquête à la suite des séries télévisées d'Arte « Corpus Christi » et « L'origine du christianisme » et des essais « Jésus contre Jésus » et « Jésus après Jésus » sur un événement considérable pour l'Occident : la naissance d'une nouvelle religion, le christianisme.

Malgré cet effet patchwork, on apprend beaucoup de choses à la lecture de cet ouvrage, et on organise ses connaissances. Les auteurs suivent l'ordre chronologique et épinglent les caractéristiques et les temps forts du développement de cette secte qui deviendra religion d'état.

Ce sont les répliques de « En attendant Godot » de Samuel Beckett « Comment ? Pourquoi ? » qui servent de leitmotiv à cet essai.

Comment ? Pourquoi ? Comment et pourquoi un Juif de Galilée, à la naissance douteuse, charismatique a-t-il pu se présenter comme le Christ, le Sauveur, le Seigneur, le fils de Dieu... ? Comment ce qui est aujourd'hui une des plus grandes religions du monde a-t-elle pu voir le jour et se développer ?

En huit chapitres, les auteurs tentent de répondre à ces questions. C'est d'abord la crucifixion de Jésus sur le Golgotha, comme un criminel politique, qui est étudiée : les Romains n'aiment ni les fauteurs de trouble ni le contre-pouvoir.
Les auteurs évoquent également l'incendie de Rome (19 juillet 64) pour rappeler que des boucs émissaires ont du être trouvés et l'on s'est tourné évidemment contre les Chrétiens, coupables de se réunir en secret et de sacrifier aux dieux de l'Empire.

Le deuxième chapitre montre que l'Apocalypse de Jean de Patmos est un brûlot anti-romain, une charge contre la puissance impériale, un appel à la rébellion et à l'insurrection.

Ensuite, vient la notion de martyr, instrument de propagande non politique mais religieuse, et les persécutions. Les auteurs évoquent aussi longuement les attaches et la rupture avec le judaïsme, ce qui aura pour conséquence la réunion d'un corpus de textes chrétiens destiné à compléter la Bible juive : le « Nouveau Testament ». le problème du choix des textes qui le constitueront (Concile de Trente, 1545) est largement développé.

Différentes hérésies (montanisme, gnose vont gagner le monde chrétien.

Ensuite la figure de Constantin, premier empereur romain converti au Christianisme (Pont Milvius, 312), jouera un rôle très important dans la diffusion et le rayonnement de cette toute jeune religion. Désireux d'assurer l'unité de l'empire, Constantin doit assurer d'abord l'unité de l'église mais va être entraîné contre son gré dans le schisme « donatiste », puis dans la crise arienne (Concile de Nicée, 325).
Après sa mort, l'un de ses successeurs Julien entreprend de restaurer la tradition des dieux protecteurs de Rome, abroge toutes les mesures discriminatoires contre les païens et restitue leurs biens aux temples. Il meurt rapidement. Et si Julien avait eu le temps de régner ?

Une nouvelle étape est franchie en 390 lorsque l'évêque de Milan, Ambroise s'oppose à l'empereur Théodose après le massacre de Thessalonique (le pouvoir temporel doit être soumis au pouvoir spirituel, l'empereur à l'évêque) et triomphe ! Cette évolution suscite des résistances internes : le monachisme.

Les auteurs terminent leur analyse par un ensemble de réflexions qui tentent finalement de répondre au pourquoi (Le christianisme offrait une clé d'explication du monde plus simple, plus rationnelle ainsi qu'une exigence spirituelle et morale élevée ; elle s'est imposée comme facile d'accès, sans distinction de sexe, classe, race ; elle met en place un système d'aide aux démunis (geste de l'aumône), etc.)

C'est donc à une belle étude que l'on a affaire. Solide mais accessible. Une chronologie, une bibliographie de 10 pages, un index complètent cet ouvrage que j'ai pris beaucoup de plaisir (et de temps) à étudier autant qu'à lire. Il faut dire que l'histoire des religions est un sujet qui me passionne et que j'avais déjà quelques connaissances préalables que j'ai pu enrichir. Un seul regret : ne pas avoir vu les documentaires diffusés sur Arte (mais ce sera bientôt chose faite, ils sont disponibles en DVD) !


Gérard MORDILLAT et Jérôme PRIEUR, Jésus sans Jésus, La christianisation de l'Empire romain, Paris, Editions du seuil/ Arte éditions, 2008.

Je remercie vivement Guillaume de chez BABELIO et les Editions ARTE dont on peut retrouver l'intégralité du catalogue sur www.arteboutique.com










Lien : http://legenditempus.canalbl..
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Après la lecture du Royaume d'E Carrère j'ai visionné la série Corpus Christi, passionnante même si l'ensemble est un peu long et austère.
Mais j'ai du mal à mémoriser un documentaire j'ai besoin d'un support écrit pour bien comprendre aussi je me suis lancée dans la lecture de la série papier des auteurs Jérôme Prieur et Gérard Mordillat.

Les trois livres recoupent la série TV et balayent les premiers temps du Christianisme, le moment où il se détache du Judaïsme puis le temps de sa propagation. Il décrit les principaux personnages de Jésus à Paul, les différentes recensions de la cruxifiction ou de la résurrection. Puis la christianisation de l'Empire Romain.
Leurs écrits sont fondés sur les interviews qu'ils ont fait pour la série télé, la riche bibliographie de leurs interlocuteurs, les recoupements, les analyses, les comparaisons entre les différents point de vue des ces érudits et aboutissent à ces trois livres.
On n'entend pas la voix des historiens ou théologues dans les livres, les deux journaliste ont fait une compilation adroite, les nuances sont certainement moins bien rendues que dans les films mais la trame est beaucoup plus facile à suivre (du moins à mon goût), on finit ainsi par entrevoir un brin de vérité possible. Miette après miette le portrait des protagonistes se dessine, le tableau de la société du moment se fait jour.
Les livres ont un défaut c'est que l'on n'y sent moins voire pas du tout par moment les différentes opinions, les tâtonnements qui conduisent à tel ou tel point de vue et il semble (je n'ai pas encore lu le dernier volume ) qu'ils transforment un peu la fin en un pamphlet, irrités qu'ils ont été par le décalage entre le message et la réalité de l'Eglise.
Les deux premiers volumes permettent déjà de dire que le travail est tout à fait intéressant et vient largement enrichir la lecture d'E Carrère qui manifestement s'en ait largement inspiré, c'est ce que j'en attendais.
Le reproche fait ici ou là sur le fait qu'ils ne sont pas spécialistes ne m'a pas paru pertinent car ils ne se drapent jamais dans la toge protectrice de l'érudit mais plutôt dans celle plus simple de l'honnête homme
Les deux journalistes sont semble t-il des incroyants et leur entreprise qu'elle soit littéraire ou documentaire fut assez audacieuse.
J'ai lu sur internet des commentaires proches de l'insulte comme d'habitude dès que l'on parle de religion.
Lien : http://asautsetagambades.hau..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Condorcet (...) écrit : "Le mépris des sciences humaines était un des premiers caractères du christianisme. Il avait à se venger des outrages de la philosophie ; il craignait cet esprit d'examen et de doute, cette confiance en sa propre raison, fléau de toutes les croyances religieuses. La lumière des sciences naturelles lui était même odieuse et suspecte ; car elles sont très dangereuses pour le succès des miracles ; il n'y a point de religion qui ne force ses sectateurs à dévorer quelques absurdités physiques. Ainsi le triomphe du christianisme fut le signal de l'entière décadence, et des sciences, et de la philosophie."
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Ainsi Jésus est-il devenu Christ, Jésus-Christ.
Mais, surtout, il est devenu le fondateur d'une religion à laquelle lui-même n'a jamais appartenu, ni même songé. Une religion concurrente de la religion de ses ancêtres, cette religion juive dont il n'a cessé d'être un observant jaloux et zélé : < < Je n'ai été envoyé qu'aux brebis perdues de la maison d'Israël > > (Mt 15,24), affirme-t-il dans l'évangile de Matthieu, ordonnant pareillement à ses disciples de n'aller que "vers les brebis perdues de la maison d'Israël" (Mt 10,6)
Le christianisme va ignorer la dimension éthique de cette parole.
Pour construire son identité, il va au contraire se dresser contre le judaïsme auquel Jésus appartenait. D'abord juifs et uniquement juifs, les chrétiens seront débordés par les croyants venus du paganisme qui, bientôt, vont devenir majoritaires. Ces "pagano-chrétiens" se veulent les meilleurs puis les seuls héritiers de la tradition d'Israël. Se séparant peu à peu du judaïsme, ils iront jusqu'à se proclamer "véritable Israël", revendiquant d'être d'Israël du cœur et de l'esprit. A l'arrachement ont donc succédé rapidement, et sous diverses formes, l'hostilité, souvent le rejet, parfois la haine.
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Un juif de Galilée, originaire d'une campagne reculée dans une province de l'Empire qui, vers l'an 30 de notre ère meurt à Jérusalem crucifié par les Romains. Un pauvre hère dont seul le nom est parvenu jusqu'à nous, sans que l'on sache même qui était son père.
Ainsi, dans les évangiles, Jésus n'est jamais désigné comme le fils de Joseph.
< < N'est-il pas [...] le fils de Marie ? > > s'étonne au contraire l'évangéliste Marc (Mc 6,3). Que Jésus ait été connu, à son époque, comme le "fils de sa mère" n'était pas vraiment flatteur. Sa naissance était-elle si douteuse, était-il né d'un père inconnu, était ce un bâtard, un fils de la prostitution ? Accusations fondées ou calomnies ? Elles seront portées contre Jésus de son vivant et bien après.
Prophète itinérant, guérisseur, exorciste ; les mauvaises langues persifleront : "magicien". Personnage indéniablement charismatique au point de laisser une trace vive dans la mémoire de certains de ses contemporains, le cercle de ses disciples. Illuminé sans doute, au point d'être considéré par les autorités romaines comme un trublion exalté. Mais fauteur de troubles tout relatif, puisque, à se fier aux évangiles, aucun de ses hommes ne fut arrêté. C'est dire la modestie et la faiblesse de ses troupes.
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Jésus ne pensait pas que le monde continuerait au-delà de sa génération. Son horizon ne dépassait pas une vie humaine, la sienne.
[...] Si il y a tromperie, elle est venue après, bien après, et le prophète galiléen ne peut qu'en être disculpé. Ce qui s'est mis en place en son nom, l’Église, le christianisme, n'est pas seulement différent de ce qu'il pouvait espérer, prédire, réclamer au ciel, mais tout à fait autre.
Si radicalement autre que seul le fil ténu de son nom relie encore Jésus, quand il s'appelait encore Yeshu (étymologiquement : "Dieu sauve, a sauvé, sauvera")
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Le principal ennemi d'un chrétien n'est ni juif ni païen. C'est un autre chrétien. Un chrétien qui ne pense pas le christianisme comme le courant dominant. L'ennemi de l'intérieur, "l'hérétique".
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Vidéo de Gérard Mordillat
Avec Jacques Bonnaffé, François Chattot, Pablo Cueco, Louis Duneton, Louis-Do de Lencquesaing, Catherine Merle, Gérard Mordillat, Lou Wenzel…
Voici déjà onze ans que Claude Duneton a tiré sa révérence. Figure originale et attachante, il a marqué tous ceux qui l'ont fréquenté. Duneton a enseigné l'anglais et le français, fait du théâtre, de la radio et de la télé, et même joué dans quelques films. Un pied dans l'édition parisienne et l'autre dans le terroir occitan, il est l'auteur d'une trentaine de livres, mais sa chronique du langage au Figaro, “Au plaisir des mots”, aurait suffi à le rendre populaire. L'auteur du Bouquet méritait bien qu'on lui offrît une soirée d'hommage. Amis, collègues, partenaires, compagnons de route ou de rencontre, tous ont souhaité parler de lui, de lui avec eux. Chacun apporte ici sa pièce pour composer le portrait d'un personnage sans doute plus complexe que ce qu'il a pu paraître. Un puzzle, en somme, dans tous les sens du terme.
“Le langage est un fameux véhicule et, contrairement aux autres, il ne coûte rien.” Claude Duneton
À lire – Claude Duneton façon puzzle, préface de Gérard Mordillat, éd. Unicité, 2023.
Son : Jean-François Domingues Lumière : Marta Bellini, assistée de Hannah Droulin Direction technique : Guillaume Parra Captation : Claire Jarlan
+ Lire la suite
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