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EAN : 9782021172065
280 pages
Coéditions Seuil (12/11/2015)
3.9/5   21 notes
Résumé :
Peu de gens le savent : Jésus occupe dans le Coran une place éminente.

À partir de deux versets de la sourate IV qui évoquent la crucifixion de Jésus de manière inattendue, Gérard Mordillat et Jérôme Prieur cherchent à reconstituer ce que l’on peut comprendre des origines de la prédication de Mahomet, de son développement dans un milieu païen très marqué pourtant par les références et les influences bibliques.

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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Voiciun document particulièrement éclairant sur les croisements possible entre le Jésus, Coran et la Bible.



Disons-le tout de suite, "Jésus selon Mahomet" peut déstabiliser plus d'un musulman. Certes savant puisant son argumentation de plusieurs sources religieuses et historiques, ce livre se donne à lire comme une enquête pour retrouver les articulations entre Jésus et le prophète de l'islam. La crucifixion de Jésus, Marie et sa place, l'exil de Mahomet, la fin des temps… Les deux auteurs réussissent posent beaucoup de questions, croisent leurs sources, font appel à des déductions pour accréditer certains faits ou les démentir. Ils rappellent combien Marie a eu une place importante dans le Coran, beaucoup plus importante que de nombreuses femmes.

Il apparaît évident pour les auteurs que le coran n'est pas naît ex nihilo, de rien. C'est la thèse qu'ils vont dérouler, argumenter dans cet ouvrage.

Sur l'exil du prophète, les auteurs rappellent que Mahomet a eu du mal à se faire écouter au début à Médine. "Paradoxalement c'est son bannissement qui va offrir à Mahomet la chance inespérée de trouver une audience favorable et obtenir la place que ses concitoyens lui refusaient. Arrivé à Médine –aussi douloureux que peu glorieux que cela ait pu être – Mahomet, en tant qu'homme venu d'ailleurs, à la parole si étrange, va enfin acquérir le statut de prophète", écrivent-ils qui estiment que "ce fait est un marqueur essentiel pour la compréhension de l'émergence de l'islam". "Apocalyptique" à la Mecque, il devient "législateur" à Médine. Les auteurs échafaudent et compilent au fil des pages les sources et les auteurs. Sur la fin du monde, ils constatent que le prophète de l'islam n'a aucun rôle. Tout est dévolu au retour de Jésus. Une similitude dans la description de cet événement est par ailleurs observée entre les sources chrétiennes et musulmanes. "L'Heure n'aura pas lieu tant que Jésus fils de Marie ne sera pas descendu pour être un juge équitable et un chef juste", (selon Sounan Ibn Madja). Toutes les sources musulmanes (Muslim, Bukhâri et autres) en effet évoquent le retour de Jésus.

La question de savoir si Mahomet a été instruit a été posée par les deux auteurs pour ensuite poser les éléments historiques de leur enquête. Waraqa Ibn Nawfal, parent de Khadidja, femme du prophète, est cité comme étant celui qui a été "l'inspirateur" de Mahomet. "Cet homme qui a été cousin d e Khadidja du côté de son père, avait embrassé le nazaréisme avant l'apparition de l'islam. Il savait écrire l'hébreu et avait copié en hébreu toute la partie de l'Evangile que Dieu avait voulu qu'il transcrivît". (Bukhâri numéro 60). L'autre version, celle de Muslim, rappelle : "Le prêtre Waraqa écrivait le Livre hébreu. Il écrivait de l'Evangile en hébreu ce que Dieu voulait qu'il écrivît" (Muslim n°28). L'importance de ce prêtre aux yeux de Mahomet était immense. A preuve ? "Lorsque Waraqa fut décédé la révélation s'est tarie», écrit Bukhâri n°111). Puis ajoute : "Le Prophète selon ce qu'on nous a communiqué éprouva alors une telle tristesse et une telle amertume qu'il songea à aller précipitamment se jeter du haut des hautes montagnes. Cependant toutes les fois qu'il était au sommet d'une montagne, prêt à se jeter dans le vide, Jibril lui apparaissait et s'adressait à lui en ces termes : "Muhammed ! Tu es sans aucun doute l'Envoyé de Dieu". Cela le rassurait et le dissuadait de son acte. (Bukhâri n°911).

Jésus selon Mahomet fourmille d'histoires périphériques, de témoignages sur la vie du Mahomet. Il explore les croisements entre les trois religions monothéistes, apporte un éclairage saisissant, qui peut troubler des certitudes de musulmans. Un livre à lire à tête reposée.
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JESUS SELON MAHOMET – Gérard MORDIALLAT et Jérôme PRIEUR – SEUIL/ARTE Editions

La dernière enquête de ces deux compères est passionnante ! On peut même dire « Comme d'habitude ». C'est vrai qu'ils nous ont habitués à cet exercice, depuis tant d'années …

Dans ce livre, les ressemblances et les contradictions entre les 3 religions monothéistes (en particulier entre l'islam et le christianisme) ainsi que les contradictions au sein des textes d'une même religion sont pointées avec une belle écriture claire et compréhensible à condition de ne pas bouder le plaisir de chercher de temps à autre la signification d'un mot spécifique du vocabulaire religieux.

Concernant les thèses développées et/ou les recherches effectués dans ce livre, prenons le cas du « Fils de Marie ». « En nommant Jésus, ‘ Fils de Marie' Marc met le feu aux poudres » disent les auteurs. Matthieu et Luc effacent aussitôt le nom de Marie de la généalogie. Matthieu écrit : « N'est-ce pas le fils du charpentier ? » et Luc écrit « N'est-ce pas le fils de Joseph ? ». Car établir la filiation de Jésus par sa mère, c'est clairement reconnaitre qu'il est de père inconnu, que l'enfant est un bâtard. Et la naissance illégitime de Jésus demeure pendant plusieurs siècles une question non réglée. Dans l'évangile de Jean, le plus tardif, les pharisiens accusent Jésus : « Nous ne sommes pas nés de la prostitution », répercutant ainsi indirectement l‘accusation contre Marie.

Ce blocage à l'égard de l'expression « Fils de Marie » n'est pourtant pas unanime dans la chrétienté des premiers temps. le christianisme oriental, le christianisme syriaque en particulier, l'utilise volontiers.

Que l'expression coranique « Fils de Marie » soit reprise à l'Église Syriaque, ou qu'elle provienne de traditions orales populaires n'empêche pas que le Coran a dû résoudre un grand dilemme… Pour le Coran, insister sur la filiation par Marie, c'est insister sur la condition humaine et purement humaine de Jésus. D'ailleurs dans le Coran le nom de Marie est cité plus que celui de Jésus.

Cela dit, en tant que lectrice lambda je constate une chose : pendant que les chrétiens s'entre-déchiraient et de Concile en Concile (Nicée en 325, Constantinople en 680) pour finir par trancher en faveur de Marie, les premiers musulmans l'ont respectée dès le départ. de la part d'une religion considérée aujourd'hui comme « macho », cela peut nous laisser interrogateurs… Mais l'explication réside peut-être dans le fait que plus tard le wahhabisme a considérablement changé la donne !

En guise de conclusion au Chapitre « Fils de Marie » les auteurs écrivent : « Dans le Coran qui glorifie un monothéisme absolu, la filiation est directe entre le judaïsme et l'islam. En surgissant à l'intérieur de cette histoire, le messie Jésus fils de Marie a tout pour apparaitre comme un corps étranger. C'est pourtant sur ce fil, en suivant sa trace que l'on peut comprendre comment s'est formée la doctrine de Mahomet, comment l'islam a pu commencer à émerger en Arabie au début du VIIe siècle, et le rôle joué par le christianisme dans cette histoire ».

Sous le chapitre « Un Coran chrétien » de nombreuses questions sont posées, certaines déductions sont faites et certaines réponses sont fournies :

• Qui sont les judéo-chrétiens (en tout cas pour les juifs ce sont des chrétiens et pour les chrétiens ce sont des juifs ..) ?
• Qui était « l'informateur » de Mahomet (sans doute un nazaréen) ?
• La « Mère des cités », est-ce La Mecque ou est-ce Jérusalem ?
• Pourquoi insister sur le fait que « le Coran est écrit dans une langue claire pour les Arabes» ?

(Le mot « Coran » lui-même n'est pas un mot arabe et il y a une centaine de mots d'origine non arabe sur les quelque 6 616 mots que compte le vocabulaire coranique).

Quant au chapitre consacré à la lignée des prophètes, les auteurs disent « Et lorsqu'on veut définir ce qui provient de qui ou de quoi, on a toutes les chances de se tromper parce que les sources ne peuvent plus être distinguées tellement elles sont mélangées. le Coran est un maelström. (...) le Coran porte la mémoire d'une très riche tradition d'échanges culturels et religieux d'où émergera une nouvelle structure qui deviendra l'islam avant même de le savoir ».

La main basse du wahhabisme sur l'islam fait qu'actuellement on ne peut même plus faire des recherches : L'Arabie Saoudite actuelle interdit depuis longtemps toute fouille archéologique et le quotidien Al-Quds al-Arabi a rapporté, dans son édition datée du samedi 20 avril 2013, que le grand mufti wahhabite, Abd al'Aziz ibn Adbdallah al-Shayik, avait déclaré licite de détruire les mosquées et les maisons de Mahomet, de sa femme et de sa famille ! le wahhabisme a pour projet de faire une « table rase » du passé pour arrêter toute discussion, tout échange sur ces sujets d'une importance extrême surtout par rapport à l'actualité brûlante….

Bonne Lecture.

Fiche de lecture rédigée le 26 avril 2016

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C'est marrant, quand on lit le résumé, on s'attend à lire les différences entre Jésus dans le christianisme et dans l'islam.

Au final, c'est un ramassis de non-sens qui a pour seul but de réfuter l'autre religion. Les arguments, comme la fiabilité des hadiths et la chronologie du Coran, sont très facilement réfutables.. (Notamment sur la remarque ahurissante sur les noms Rabb et Allah qui feraient référence à deux divinités distinctes or il s'agit du meme Seigneur qui se fait appeler par 99 noms.. Il s'agit d'une seule et même divinité = Dieu, Allah seigneur des mondes et de l'Univers.)

Un résumé mensonger et trompeur qui contient des informations fausses. Intentionnel ou accidentel ?

Ce livre utilise une thématique sous couvert de réfutation. En d'autres termes, l'auteur utilise cette thématique pour masquer son véritable objectif, une fausse prémisse pour essayer de prouver sa thèse.

Jésus est respecté en Islam en tant que prophète envoyé par Dieu. Les musulmans croient en sa mission et en son message, et lui accordent une grande importance. Ils ont beaucoup de respect pour Jésus et le considèrent comme un exemple de piété et de dévotion à Dieu. Pourquoi ne pas simplement souligner les différences entre les deux religions vis-à-vis de Jésus comme le résumé et le titre semblent l'indiquer plutôt que d'essayer de réfuter l'autre religion ?

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Le Coran serait en partie influencé par l' Evangile apocryphe de Jacques, les écrits des Chrétiens d' Orient notamment celui laissant croire que les Juifs ont tué leurs Prophètes sans équivalent dans l' Ancien Testament.Il y a comme une dimension millénariste de l' islam des origines, avec le souci de conquérir Jérusalem, la 1ère direction de prière avant la Mecque.Jésus dans le Coran ne saurait être crucifié.Marie est confondue avec Myriam la soeur de Moïse en dépit des différences d' époque.Un autre livre sur Moïse et l' islam serait intéressant
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Sadok Mazigh va un peu plus loin dans la transposition : « Non, ils ne l’ont pas tué ni ne l’ont crucifié mais furent le jouet d’une illusion », écrit-il.
Quelle sorte d’illusion ?
Le terme arabe « shubiha », rappelle Jacqueline Chabbi, est de la même famille philologique que le mot « mirage ». L’Arabie est une terre de mirages où l’on se méfie plus de ce que l’on voit que de ce que l’on entend. La vue n’y est pas sûre. Le supplice de la croix n’est pas nécessairement ce que l’on croit voir, dit le Coran, comme si quelque chose d’autre s’était produit et qu’il fallait détromper ceux qui avaient été abusés par leurs sens, victimes des apparences.
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Les juifs sont accusés d’avoir réclamé à Moïse de voir Dieu, d’avoir adoré le veau d’or, d’avoir rompu l’Alliance, d’avoir transgressé le sabbat et ignoré les commandements, d’avoir calomnié Marie, d’avoir tué les prophètes, d’être impies, mécréants et finalement d’être « des cœurs incirconcis » (IV, 155). Le même thème résonne dans la sourate « La Vache » : « Chaque fois qu’un prophète est venu à vous, en apportant ce que vous ne vouliez pas, vous vous êtes enorgueillis ; vous avez traité plusieurs d’entre eux de menteurs et vous en avez tué quelques autres » (II, 87). Dans la sourate « La Table servie », parmi d’autres accusations, le texte reproche aux juifs de se dire « fils de Dieu », de suivre des enseignements erronés : « Pourquoi leurs maîtres et leurs docteurs ne leur interdisent pas de pécher en paroles et de manger des gains illicites ? Que leurs œuvres sont donc exécrables ! » (V, 63).
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Comparativement à Mahomet, Jésus émerge du Coran comme un personnage hors du commun, parlant dès sa naissance, faisant des miracles, insufflant la vie à des oiseaux d’argile, guérissant l’aveugle et le lépreux, ressuscitant les morts, ne mourant pas, s’élevant auprès de Dieu… À dire vrai pourtant, le Jésus coranique n’a pas la consistance d’un personnage de chair comme dans la littérature chrétienne, spécialement dans les évangiles. C’est bien davantage une silhouette dont on ne perçoit que les contours, la trace d’un personnage, parfois un être légendaire ou merveilleux, une ombre glorieuse, mais une ombre.
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De toutes les accusations contre les juifs, historiquement celle qui eut une portée majeure est sans conteste d’avoir falsifié les Écritures. Les juifs selon le Coran auraient déformé leurs textes saints et corrompu la parole de Dieu : « ils altèrent le sens des paroles révélées » (V, 41) ou « ceux d’entre eux qui étaient injustes substituèrent d’autres paroles à celles qui avaient été dites » (VII, 162). De ce point de vue, le Coran n’innove pas. Il se place ouvertement dans la droite ligne des auteurs chrétiens qui, de L’Apologie d’Aristide à l’Adversus Judaeos de Tertullien en passant par Justin, Méliton de Sardes et l’Évangile de Barnabé, formaliseront cette question.
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Dans le Coran, Jésus, figure fondatrice du christianisme, n’est pas n’importe qui. Il apparaît dans plus d’une dizaine de sourates, sous le nom d’Issa, ‘Isâ ibn Maryam, Jésus fils de Marie, al-Masîh, le Messie. Sa désignation s’accroît de titres de plus en plus considérables. Non seulement il est « messie », mais encore « messager de Dieu », « esclave de Dieu », « Verbe de Dieu » (en arabe kalima, équivalent du logos grec), « souffle de Dieu », selon le rûh divin intemporel. Plus encore, Jésus dans le Coran naît d’une vierge et apparaît comme le nouvel Adam, créé par Dieu sans intermédiaire mâle
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Vidéo de Gérard Mordillat
Avec Jacques Bonnaffé, François Chattot, Pablo Cueco, Louis Duneton, Louis-Do de Lencquesaing, Catherine Merle, Gérard Mordillat, Lou Wenzel…
Voici déjà onze ans que Claude Duneton a tiré sa révérence. Figure originale et attachante, il a marqué tous ceux qui l'ont fréquenté. Duneton a enseigné l'anglais et le français, fait du théâtre, de la radio et de la télé, et même joué dans quelques films. Un pied dans l'édition parisienne et l'autre dans le terroir occitan, il est l'auteur d'une trentaine de livres, mais sa chronique du langage au Figaro, “Au plaisir des mots”, aurait suffi à le rendre populaire. L'auteur du Bouquet méritait bien qu'on lui offrît une soirée d'hommage. Amis, collègues, partenaires, compagnons de route ou de rencontre, tous ont souhaité parler de lui, de lui avec eux. Chacun apporte ici sa pièce pour composer le portrait d'un personnage sans doute plus complexe que ce qu'il a pu paraître. Un puzzle, en somme, dans tous les sens du terme.
“Le langage est un fameux véhicule et, contrairement aux autres, il ne coûte rien.” Claude Duneton
À lire – Claude Duneton façon puzzle, préface de Gérard Mordillat, éd. Unicité, 2023.
Son : Jean-François Domingues Lumière : Marta Bellini, assistée de Hannah Droulin Direction technique : Guillaume Parra Captation : Claire Jarlan
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