François Morel nous invite à passer une soirée tranquille et savoureuse avec ce petit livre de 160 pages. Nous suivons Adrien entouré de sa famille. Sa grande soeur ma Ryline. Son petit frère Sébastien. Son père contre-maître dans une fromagerie. Sa mère qui rêvait d'être chanteuse au détour du radio-crochet local. Le grand-père qui commence à perdre la carte. La visite annuelle fin janvier à Tante Madeleine et Tonton Maurice, occasion pour laquelle il faut revêtir les Habits du Dimanche. La vie ordinaire d'une famille ordinaire vue par les yeux d'un enfant. Le temps qui passe, la nostalgie de l'enfance perdue. François Morel nous croque des tranches de vie avec tendresse.
Commenter  J’apprécie         301
après quelques pages, l'ennui m'a submergée j'ai dû quitter cette famille sans attrait.Je l'ai relu et j'ai passé un très bon moment !! c'est curieux ... beaucoup de poésie ! aussi je change radicalement ma précédente critique bien trop critique !
Commenter  J’apprécie         90
J'ai beaucoup aimé ce livre. On passe du rire à l'émotion, il y a par ailleurs beaucoup de poésie et de profondeur dans le récit. Les personnages sont attachants, authentiques, drôles ou consternants. Une jolie fresque familiale, une histoire fraîche et grave à la fois. Un très bon moment de lecture, simple, authentique et réjouissant,
Commenter  J’apprécie         60
Grand-père voudrait qu'on supprime la peine de mort. "On n'a pas le droit de tuer quelqu'un, qu'il dit. Assassiner un assassin, c'est toujours assassiner." [...]
Moi, je suis content d'avoir un grand-père humaniste. Humain, quoi ! Si on prend la peine cependant de l'écouter attentivement, on s'aperçoit que sa position est beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît.
Rien qu'aujourd'hui en moins de deux heures, il a réussi à se prononcer en faveur de la peine capitale une petite dizaine de fois. Ne méritent pas de vivre ceux qui laissent crever les chrysanthèmes sur les tombes de défunts amis (en l'occurrence Gustave Letourneur, ancien facteur), ceux qui ont des gazons ("on n'est pas chez les Angliches"). Devraient être envoyés au poteau d'exécution les intrus qui viennent vous rendre visite juste au moment où vous comptiez passer à table, les boulangers qui se croient malins en rajoutant de la cannelle dans les chaussons aux pommes, les indélicats dans les cabinets qui finissant le dernier feuillet du rouleau de papier ne songent pas à le remplacer.
Grand-père soutient que la subsistance de la guillotine est une honte absolue. Grand-père est contre la peine de mort. Sauf si on l'emmerde.
Quand même je me demande comment c'est là-haut. J'ai un peu peur que grand-père s'y ennuie. À quoi ça peut ressembler le paradis ? J'en sais rien. J'essaie d'imaginer. Je vois un sanatorium tout blanc avec des vieilles qui trottinent en souriant, des bienheureux un gobelet à la main qui se retrouvent près de la machine à eau, des anges méticuleux qui ont des ailes pour tous les jours et d'autres serties d'or pour les dimanches et les cérémonies. Est-ce que là-haut grand-père à le droit de péter ? En a-t-il seulement la possibilité ? Pourvu que oui. Pourvu que ce soit une infection certains jours de l'éternité céleste. Pourvu que saint Pierre se résolve parfois à entrouvrir un peu la porte du paradis pour créer un courant d'air et chasser les relents de l'activité humaine.
Encore aujourd’hui je repense à mon grand-père, à ses aphorismes définitifs (…). Parfois je me demande s’il a vraiment existé(…)
Encore aujourd’hui je me demande si j’ai été un enfant, si je ne le suis plus, si j’ai grandi, di j’ai grossi, si j’ai blanchi, si j’ai vieilli, si Tino chante encore aujourd’hui. Je regarde deux poissons rouges qui tournoient dans leur bocal. Je me demande si ce sont les mêmes que je regardais il y a longtemps, quand Paul et moi avions le même âge.
Encore aujourd’hui je ne suis sûr de rien.
Maman a envie de quitter papa. Elle lui a dit. Il n'a pas compris. Il a dit : "Tu rigoles". Mais elle ne rigolait pas maman et elle lui a dit : "Non, je rigole pas". Il a pas compris, papa. Il a pas compris du tout. Il est allé chercher une bière dans le frigo et il a dit : "Avant de partir, va chercher des bières. Y en a plus dans le Frigidaire". Alors là, maman a pleuré. Sans doute parce que depuis des années, elle nous a appris qu'on ne disait pas Frigidaire mais réfrigérateur et que papa, par le relâchement de son expression, anéantissait des années et des années de bonne éducation.
Je regarde papa. J’aimerais bien trouver quelque chose à lui dire. Je mesure que depuis peu il est devenu orphelin. Vieil orphelin peut-être, orphelin quand même. Je cherche des mots qui, sans doute, ne le consoleront pas, mais au moins lui diront mon attachement pour lui, mon affection, l’indestructibilité des liens qui nous unissent. Au fond de ses yeux, s’ajouteront quelques larmes de bonheur, le bonheur de se sentir entouré de ceux que l’on aime, qui nous sont indispensables pour trouver la force de continuer à vivre(…) Je cherche les mots justes.
Comme un air de déception