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Terre de héros tome 1 sur 3

Cédric Perdereau (Traducteur)
EAN : 9782352943792
456 pages
Bragelonne (18/03/2010)
3.52/5   61 notes
Résumé :
II y a dix ans, l'alliance des hommes et des Kiriaths a repoussé les terribles Écailleux. Qui se souvient maintenant des héros de cette guerre ?

Ringil vit en exil, rejeté par sa famille. Mais pour sa cousine Shérin, vendue comme esclave, il décroche son épée et retourne sur les lieux d'un passé qu'il avait tout fait pour oublier.

Dame Archeth, dernière représentante d'un peuple disparu, est la conseillère d'un empereur décadent qu'elle... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Abercrombie est presque enfoncé.


Ringil, héros mythique mais rejeté, homosexuel assumé (difficile dans l'univers de l'heroic fantasy), pourfendeur des écailleux, part en quête à la demande de sa mère à la recherche d'une cousine vendue comme esclave.
Archeth, mi humaine, mi kiriath (genre elfes, elfes noirs) race aujourd'hui disparue, conseillère impériale, s'inquiète d'un possible retour des Dwendas, anciens ennemis de l'humanité et des kiriath dans le monde réel.
Egar, le tueur de dragon, homme des steppes, qui se voit lui aussi imposer une quête par des divinités biens nébuleuses.


De la dark heroic fantasy bien trash, violente, crue, sexuellement explicite… Tout ce que j'aime.
Vous en avez marre de la high fantasy, de la quête d'adolescent qui devient un homme ou une femme ? Richard Morgan est fait pour vous.
Du héros bien à la limite de l'antihéros, toxico, sur le retour, sex addict.


Encore une fois et comme il en a l'habitude pour ceux qui comme moi connaissaient l'auteur pour ses oeuvres de SF, il nous jette dans le grand bain sans toutes les clés pour comprendre. A vous de suivre, mais c'est facile. Et tout vient (presque) à point à qui sait attendre (c'est une trilogie).
Plus qu'une histoire, une ambiance, violente, dure. Des combats sanglants, du cynisme absolu.


Abercrombie semble fan ? Il a bien raison.
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"Rien que l'Acier" de Richard Morgan est un solide récit de dark fantasy, bien trash comme il faut. J'ai plutôt bien apprécié le style sans concession aucune sensé coller à la sordide réalité d'une société bien sombre. L'univers de Richard Morgan est d'ailleurs truffé de réminiscences de bon aloi, essentiellement moorcockienne
Les 3 personnages principaux sont à des années lumières des héros, adolescents ou non, bien propres sur eux : ils sont toxicomanes, nymphomanes ou les 2 à la fois !!!
3 soldats vétérans, 3 héros de guerre rejetés par les leurs : le 1er parce qu'il est homosexuel, le 2e parce qu'elle est une immortelle métisse, le 3e parce qu'il incarne le changement dans une société hyper-traditionaliste.
Après tout le ramdam que les anglo-saxons ont fait autour du livre, force est de constater que ce n'est pas le livre ultime qui va tout chambouler en fantasy comme on a voulu nous le faire croire… Mais si Richard Morgan remet le couvert, je le suivrais d'autant plus que sa prose très couillue fera contrepoids à la mièvrerie qu'on retrouve trop souvent en Fantasy…

LES + :
- Ringil, noble à la peau pâle et aux yeux rouges à la fois hédoniste et tourmenté n'est pas sans rappeler un certain Elric de Melniboné
- les confrontations entre Dame Archeth et Sa Munificence Jhiral Hkiran II : les dialogues courtisans à double sens sont d'autant plus croustillants qu'on ne sait jamais si l'Empereur est très intelligent, très décadent ou les 2 à la fois…
- la visite de Trelayne, ses marais, ses quartiers marchands, ses pots de vins, ses complots, sa pègre, ses bas-fonds…
... trop tôt interrompue par les fils de l'intrigue !

LES - :
- le 1er chapitre tout pourri (un combat dans un cimetière contre des mites géantes…)
- la vulgarité des dialogues : Ringil et ses interlocuteurs ne peuvent pas aligner 2 phrases sans sortir pute, putain, enfoiré, enculé… Je ne sais pas si en VO on a "fuck" et "motherfucker" à tout bout de champ mais l'auteur a vraiment lâché le lest avec les injures / insultes…
- la crudité des scènes homosexuelles en particulier et des scènes de sexe en général : on a l'impression que Ringil et Egar passent plus de temps à baiser qu'à résoudre leurs nombreux problèmes ! (c'est une marotte de l'auteur : Morgan's style quoi !)
- certains chapitres sur le passage dans les limbes des dwerdas, un peu fades et nébuleux à mon goût
- la désagréable impression qu'il manque 1 ou 2 chapitres d'Egar pour bien tout comprendre sur la fin…
- une construction bancale : on est un peu floué car on nous a vendu 3 personnages, mais en fait la très grande majorité du récit tourne autour de Ringil… les chapitres d'Archeth sont là pour nous donner des explications sur les enjeux, et les chapitres sur Egar se justifient par la présence d'un deus ex machina bien utile sur la fin (à moins que la suite nous amène d'autres éléments ?)

Les connaisseurs auront reconnu les forts emprunts à "Erekosë" (les Kiriaths, les Aldrains…) Pour résumer, assez plaisant mais pas renversant pour autant !
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Après ses précédents grands succès dans le domaine de la science fiction, voilà que Richard Morgan s'attaque avec « Rien que l'acier », premier tome de sa trilogie « Terre de héros », à la fantasy. Et malheureusement il ne s'agit certainement pas de la meilleure idée qu'il ait eu... L'auteur nous propose de suivre au fil du roman les parcours de trois protagonistes : Ringil, un guerrier solitaire et torturé exilé par sa famille pour ses penchants sexuels, Archeth, jeune femme possédant le prestigieux statut de conseillère de l'empereur et dernière représentante de son peuple, les kiriath, et enfin Egar, un nomade des steppes et chef de son clan au sein duquel son autorité ne cesse d'être contestée un peu plus jour après jour. le lecteur oscille ainsi entre le point de vue de ces trois seuls personnages, or tout ce petit monde est bien trop peu attachant pour que l'on se passionne vraiment pour l'histoire qui, en ce qui me concerne, ne m'a que très rarement (pour ne pas dire jamais) emballée.

J'ai ainsi peiné pendant la grande majorité du roman à voir où voulait vraiment en venir l'auteur tant l'intrigue a une fâcheuse tendance à se disperser et tant les protagonistes manquent souvent de profondeur et de subtilité. J'ai également eu beaucoup de difficultés à m'immerger dans un univers à propos duquel on ne nous donne que peu de renseignements, à tel point qu'aucun lieu ou paysage précis ne me reste en mémoire au terme de ma lecture. le style de R. Morgan est pourtant loin d'être désagréable bien qu'il semble ici avoir pris un malin plaisir à accumuler les scènes de sexe inutilement crues davantage dans le but de provoquer le lecteur que de faire avancer l'intrigue qui en aurait pourtant bien besoin. L'ouvrage souffre en effet à mon sens de petits problèmes de rythme qui m'ont, à plusieurs reprises, amené à me demander si j'allais oui ou non faire l'effort de terminer ma lecture. Je suis certes têtue, mais pas au point de continuer avec les prochains volumes de cette trilogie qui n'est de toute évidence pas pour moi.
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Roman reçu dans le cadre de Masse Critique "literrature de l'imaginaire"

Re-lisons et résumons le quatrième de couverture:
Il y a 10 ans les hommes et les kiriaths (qui c'est?) ont bataillé et repoussé les terribles écailleux (qui? surement des espèces de créatures à écailles). Aujourd'hui nous allons suivre 3 des héros de cette guerre passée: Ringil, Egar le tueur de Dragon (ah il y a aussi eu des dragons pendant cette guerre?) et Dame Archeth une Kiriath laissée là quand les Kiriath sont repartis (où? pourquoi? comment? pourquoi l'ont ils laissée?). Ils vont se retrouver tous les 3 à combattre une nouvelle menace incarnée par les Dwendas, un peuple de créatures légendaires qui vivent dans un monde parallèle au leur.

Voilà schématisé, les réflexions que l'on se fait tout au long du livre. On débute dans l'histoire sans rien connaître aux tenants et aux aboutissants et il n'y a aucune vrai référence à tous ces événements passés si ce n'est les remarques, dialogues ou pensées des personnages. C'est un parti-pris naratif certe déjà utilisé par d'autres (par exemple Glen Cook dans les anales de la Compagnie noire) mais qui est difficile à manier sous peine de perdre le lecteur et j'avoue avoir parfois eu du mal à suivre.
Car essayer de reconstituer à la fois l'histoire du monde et le passé de trois individus très disparates ne facilite pas les choses: trop de références à des événements et des personnages inconnus pour lesquels il faut imaginer les non dits et réassembler les histoires.
Un peu d'explication aurait été nescessaire, sans nescessairement être trop descriptif.

Ensuite, attention: le choix de l'auteur est de faire un récit parfois un peu hard. Notamment sur le sujet du sexe. Sur trois personnages principaux 2 sont homosexuels (pourquoi pas, en plus la parité est respectée puisque ce sont un homme et une femme) et le troisième hétéro mais un brin obsédé. Mais si ce choix ne me choque pas, si une histoire peut avoir des scènes plus ou moins explicitement sexuelles, certaines me sont apparues ici sans intéret pour l'histoire ou dans certains cas très explicites sans nescessité non plus: la même scène prise à la fin (les deux partenaires etendus dans le même lit après leurs ébats dialoguant: l'interet etant le contenu du dialogue) aurait suffit à donner les info, renseigner le lecteur sur les relations entre les personnages et leurs moeurs. J'ai parfois eu la même impression qu'en regardant un film où une scène de sexe semble uniquement là pour répondre à une sorte de cahier des charges ou appater le chalan.

Enfin, la plupart des thèmes me sont quand même apparus comme une reprise d'oeuvres antérieures de Fantasy: des héros à la "légende" de Gemmel, un récit à la Glen Cook ("la compagnie noire") en moins réussi, une évocation d'anciens peuples disparus comme les elfes quittant la Terre du Milieu du "seigneur des anneaux"...

Un roman pas franchement désagréable, pas franchement loupé,....mais pas franchement exaltant.

Le titre semble évoquer une série "terre de héros" donc une suite qui pourra peut être tranformer ces débuts en quelque chose de plus aboutit. A voir
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Une dizaine d'années se sont écoulées depuis la guerre contre les écailleux et es rares héros survivants qui s'y étaient illustrés ont vu leur vie évoluer de manières peu satisfaisante.
Ringil, héros charismatique de la Passe des Gibets a été banni par sa famille aristocratique et la ville de Trelayne qu'il avait participé à sauver pour ses moeurs non conformes à la religion, il vit maintenant dans un village isolé.
Egar, le Tueur de Dragons, conscient de la vastitude du monde et chef de sa tribu nomade est contesté par son peuple pétri de traditions et fermé au reste du monde.
Archeth, une métisse demie-Kiriaths, dernière représentante de son peuple qui a quitté la Terre sur ses nefs de feu, est conseillère auprès de l'empereur et a des difficultés à supporter ce personnage vil et capricieux, même s'il la protège de l'église.
Mais lorsque sa mère fait appel à Ringil afin de retrouver une parente réduite à l'esclavage, celui-ci de retour dans sa ville natale se rend compte que beaucoup de choses ont changé, la pègre semble associée avec la noblesse au gouvernement, ils semblent disposer de ressources étonnantes, et être aidés ou influencés par des êtres mythiques …
Le sauvetage de la cousine se change en une épopée où les trois amis vont se retrouver et affronter les mythes et la magie …


Un livre qui change agréablement de la fantasy trop souvent convenue et lissée afin de satisfaire le plus grand nombre, ici l'auteur donne une vraie vie à ses personnages tout en traitant de nombreux sujets, l'église qui influe la société et ses moeurs et a un certain pouvoir politique, les peuples qui oublient trop facilement les sacrifices faits par ceux qu'ils ont un temps qualifié de "héros", avant de les oublier aussi vite, et ici on ne saurait oublier l'importance de la sexualité dans la vraie vie, les tracas d'un premier amour, les amours non conformes réprimés par la société, les bizutages si communs dans les collèges, le manque de retenue de certains. Une atmosphère réaliste pour de la fantasy où la magie n'est cependant pas oubliée, ceci sans concession aux exigences du marketing dans l'air du temps …
Dans ce premier tome le personnage principal reste Ringil, un guerrier quasi légendaire pour ceux qui ont combattu à ses côtés, détendeur d'une épée Kiriath au doux nom de "l'Amie des Corbeaux", un aristocrate banni de sa cité par les bigots et qui est resté traumatisé par le supplice subit par son amour d'adolescence. Un personnage bien campé, mais l'auteur n'a pas oublié les autres, tout aussi bien définis et évitant le côté manichéen, aucun n'est si simple et chacun traine ses ambigüités, tous deviennent bien vivants au cours du récit. de l'action, mais l'auteur laisse aussi une certaine latitude à l'imagination du lecteur et à son jugement, ne serait-ce que par les multiples allusions à la guerre une décennie plus tôt et à d'autres faits antérieurs.


Une écriture fluide et prenante pour servir de la fantasy de caractère, un livre que j'ai beaucoup aimé, je vais d'ailleurs de ce pas commander le second tome …
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critiques presse (1)
SciFiUniverse
02 septembre 2011
Richard Morgan peut s'enorgueillir d'être aussi bon écrivain en SF qu'en fantasy. A ceci près qu'il réécrit les codes et casse les stéréotypes avec une jouissance à peine voilée. On n'a plus qu'à attendre la suite avec patience.
Lire la critique sur le site : SciFiUniverse
Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Archeth lança de la main gauche, planta son poignard dans l'œil droit de celui qui brandissait l'épée. C'était Céleste, plus fin que le autres, impatient, livide dans le soleil. Il s'enfonça jusqu'à la garde. L'homme recula en chancelant avec des couinements d'enfant brûlé. Lâchant son épée, il griffa son visage et l'objet en métal usé qui en dépassait. Archeth suivit le lancer avec un cri, et déjà elle tenait Rieuse, légère et basse, dans la main droite. Le deuxième butor de la Citadelle sursauta au bruit qu'elle fit, paniqua comme le reste de la foule et abattit son gourdin. Il ne parvint qu'à assommer son compagnon blessé. Archeth se pencha en arrière et saisit l'arme, suivant l'élan du coup, porta l'homme jusqu'au sol et lui trancha la gorge avant qu'il puisse réagir.
Elle se redressa à moitié, couverte de sang. Vit l'Invigilateur-Avocat immobile quinze mètre plus loin, au milieu des spectateurs en fuite, une main autour du bras d'Élith. Il regardait sans y croire le cadavre de ses hommes et la femme noire couverte de sang qui les dominait.
Les trois autres soldats barrèrent la rue, sorte de cordon de sécurité autour de leur maître et de la captive. Deux épées, un autre gourdin. Celui avec le gourdin portait également une arbalète, mais accrochée dans son dos. Par terre, l'homme qui avait Céleste dans l'œil s'était blotti dans la poussière et pleurait.
De la main gauche, par réflexe, Archeth tira Sans-Quartier du fourreau contre ses reins.Elle avança à grands pas, Rieuse dressée et pointée contre eux.
- C'est mon invitée que vous avez là, lança-t-elle. Morts ou vifs, vous allez me la rendre.
La rue s'était dégagée - impossible de croire qu'elle avait été si encombrée quelques secondes plus tôt. Archeth avançait, piétinait de ses bottes les détritus au sol. Sans-Quartier étincela quand elle le leva dans le soleil. Les soldats échangèrent des regards crispés.
- Êtes-vous folle ? (l'Invigilateur-Avocat avait retrouvé sa voix, quoique pas encore son timbre. Son visage noircit de rage quand il cria.) Comment osez-vous entraver l'œuvre sacrée de la Révélation ?
Elle l'ignora, regarda plutôt les trois soldats.
- Sacrée ? leur demanda-t-elle d'un ton chargé de dégoût. Parmi les sept tribus, un invité est sacré. Vous le savez, ou au moins vos ancêtres le savaient. Lequel d'entre vous veut mourir le premier ?
- Va chier, salope, dit l'homme au gourdin d'un ton hésitant.
- Maman, cria soudain l'homme allongé à terre. J'ai mal, je ne vois plus rien : Où es-tu ?
Archeth lui adressa une sourire froid comme la glace en hiver.
- Vous voulez le rejoindre ?
- Cette catin kiriathe est une abomination, un affront à la Révélation, hurla l'Invigilateur-Avocat qui avait trouvé une tonalité un peu plus profonde. Il est de votre devoir sacré de l'abattre sur-le-champ? Prendre sa vie est un acte saint.
Le blessé poussa un sanglot inarticulé, puis retomba dans des pleurs impuissants et faibles. Archeth attendit.
L'homme à l'épée, sur sa droite, fut le premier à craquer. Il se lança en avant avec un hurlement incompréhensible: Rieuse la frappa à la gorge au deuxième pas. Il tomba en s'étranglant dans son sang. Tueur-de-Spectres apparut dans la main droite d'Archeth avant même que l'homme ait fini de tomber. L'homme au gourdin, qui s'était lancé à la suite de son camarade, s'arrêta net en voyant le poignard. Ou la garde de Déchant, encore dans la botte d'Artech. Ou les deux. Artech croisa son regard, lui sourit de nouveau. Il lâcha son arme et prit la fuite.
Le dernier soldat hésita un instant, puis détala dans la foule avec on ami.
Archeth prit une longue et profonde inspiration. Terminé.
L'invigilateur se tenait debout, Élith effondrée à son côté, et criait à Archeth, aux spectateurs et apparemment à tous les habitants de cette ville de pécheurs de se jeter [i]à genoux[/i], de se prosterner devant sa majesté de la Révélation, de se repentir maintenant avant qu'il soit ...
Archeth se planta devant lui et lui trancha la gorge avec Sans-Quartier.
Il recula de quelques pas chancelants et tomba dans les bras de la foule. Le sang bouillonna le long de la plaie, se déversa sur sa poitrine et trempa sa robe. Sa bouche continuait à articuler, débitant sans doute le reste de son sermon, mais aucun son n'en sortait. Archeth s'agenouilla à côté d'Élith, vérifia qu'elle n'était que droguée, et d'une substance sans danger. Elle respirait bien. Archeth eu un dernier regard pour l'Invigilateur, autour de qui la foule se regroupait pour regarder ses derniers spasmes d'agonie, puis elle retourna au soldat qui avait Céleste plantée dans l'œil. Il était encore vivant, et quand elle s'accroupit à côté de lui pour reprendre le poignard, il lui effleura les mains et miaula faiblement. Elle posa une paume contre son front, pour assurer son geste, et il sourit comme un bébé à ce contact.
Quand elle retira Céleste, il mourut.
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Il ne savait pas dans quelle mesure cette désorientation était induite par Seethlaw pour le dominer, et quelle partie était la réaction ordinaire des humains après un moment passé dans les marches aldraines. D'une façon ou d'une autre, c'était assez horrible. Les paysages et les intérieurs qu'il croyait réels fondaient soudain sans prévenir, s'écroulant autour de lui comme des murs de cire creusés de lumière qui scintillait froidement comme le clair de bande sur une eau lointaine, et une impression s'être exposé au vide qui lui donnait envie de se recroqueviller dans un coin pour pleurer. Des silhouettes qui ne pouvaient pas être là allaient et venaient, se penchaient sur lui et lui délivraient des conseils aussi fragmentaires que cryptiques, chacun avec l'intimité froide de serpents qui siffleraient à son oreille. Il en connaissait certains, d'autre véhiculaient une impression de semi-familiarité cauchemardesque qui laissait penser qu'il aurait dû les connaître, aurait [i]pu[/i] les connaître, si sa vie avait été même marginalement différente. Eux en tout cas affectaient de le connaître, et c'est la logique onirique de leur certitude qu'il en vint à redouter le plus, car il était à peu près sûr de sentir des aspects de lui-même se détacher ou changer en réaction.
- [i]Si c'est vrai[/i], pontifiait Shalak par un chaud soir de printemps dans le jardin derrière l'échoppe, [i]s'il est avéré que les royaumes aldrains se tiennent en dehors du temps, ou du moins dans les bas-fonds le long de ses rives, alors les contraintes du temps ne doivent pas s'appliquer à ce qui s'y déroule. Réfléchis-y un moment. Ne pense pas à ces conneries des marais, sur les jeunes hommes séduits par les donzelles aldraines, qui passent une nuit avec eux et les renvoient à la maison quarante ans plus tard. Ce n'est pas le plus grave. Une absence de temps présuppose une absence de limites quant à ce qui peut se passer à n'importe quel moment. On vivrait un million de possibilités différentes en même temps. Imagine la volonté qu'il faudrait pour survivre à ça. Le paysan humain de base perdrait la tête aussitôt. Réfléchis-y[/i], répéta-t-il en se penchant assez près pour murmurer. [i]Fais un bisou, Gil.[/i]
Ringil tressaillit. Shalak trembla et disparut. Ainsi qu'une grande partie du jardin derrière lui. Flaradnam arriva par l'espace flou que cela laissa, s'assit en face de Ringil comme si c'était la chose la plus naturelle au monde.
- [i]Oui, Gil, mais si je m'étais comporté comme ça à la passe des Gibets, où cela nous aurait-il menés ? Je ne serais jamais revenu en un seul morceau.
- Comporté comment ? [/i](Ringil secoua la tête, comme engourdi, en regardant les trait anthracite devant lui.) [i] Tu n'es pas revenu, 'Nam. Tu n'es jamais allé à la passe des Gibets. Tu es mort que la table d'opération.[/i]
Flaradam fit la grimace, comme si on venait de lui raconter une plaisanterie de très mauvais goût.
- [i] Arrête ! Alors, qui a mené la charge à la Passe, si ce n'était pas moi ?
- Moi.
- Toi ?
- Oui ! Moi ! [/i](Il criait.)[i] Tu étais mort, 'Nam, bordel ! On a laissé ton cadavre aux lézards.
- Gil, qu'est-ce qui t'arrive ? Tu ne vaspas bien.[i]
Et ainsi de suite.
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La Chambre des Confidences était un radeau couvert d'une tente, fait de bois rares et de soie, ancré au centre d'un bassin fermé de cinquante mètres de diamètre, dont les seules fenêtres se situaient dans le toit. L'eau tombait en cascade le long des murs de marbre soigneusement sculptés de la pièce, rendant toute écoute impossible, et les eaux du bassin étaient peuplées de pieuvres particulièrement intelligentes qu'on nourrissait souvent de criminels condamnés. Ce qui se disait dans la Chambre des Confidences n'était destiné qu'aux oreilles auxquelles l'empereur faisait toute confiance, ou à celles qui n'en sortiraient pas. Et, en ces temps incertains, il n'était pas toujours facile de savoir à quel groupe l'on appartenait.
Archeth observa avec une indifférence droguée les coups d'œil furtifs que lançaient au bassin les deux courtisans supérieurs qui avaient entrepris de l'amener jusque-là. Sous les vaguelettes, il était impossible de distinguer quoi que ce soit avec certitude. Une tache tremblante de couleur pouvait être une pieuvre ou simplement une pierre. Une ligne sous l'eau était un tentacule, ou juste une algue. L'expression des courtisans reflétait chacune de ces incertitudes comme s'ils souffraient de quelque désordre intestinal, et la lumière pâle et ondulante de la pièce conspirait à souligner encore leur teint maladif.
Le visage de l'esclave qui servait de passeur révélait quant à lui aussi peu d'émotions qu'une pierre. Il se savait nécessaire pour ramener l'empereur, et était de toute façon sourd-muet, choisi avec soin, peut-être même mutilé spécialement pour sa charge. Il ne risquait ni d'entendre ni de révéler un secret.
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- Tu ne comprends pas, Gil. (Grâce-du-Ciel afficha un nouveau sourire incertain.) Je n'ai pas dit étaient morts, j'ai dit que seule leur tête est revenue. Chacune vivante, greffée à une souche d'arbre de vingt centimètres de haut. (Ringil le regarda sans répondre.) Vas-y. Explique-moi ça.
- Tu l'as vu ? De tes propres yeux ?
Un hochement de tête tendu.
- À une réunion de loge. Ils ont sorti une des têtes, placé les racines dans un bol d'eau, et, environ deux minutes après, ce putain de truc ouvre les yeux et reconnaît le maître de loge. Ça se voyait à son expression. Il ouvre la bouche, essaie de parler, mais il n'a pas de gorge, pas de cordes vocales, alors on n'entends qu'un cliquetis et les lèvres qui bougent, la langue qui sort, puis ça commence à pleurer, les larmes coulent sur ses joues. Milacar déglutit péniblement.) Après cinq minutes comme ça, ils sortent le machin de l'eau, et ça s'arrête. D'abord les larmes, comme si elles s'asséchaient, puis toute la tête arrête de bouger, ralentit comme un vieux qui meurt dans son lit. À part que la tête n'est pas morte. Dès qu'on remet de l'eau... (Il eut un geste impuissant de la main?) Ça recommence, pareil.
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- Le Comité de morale publique n'a jamais dépendu de Kaad pour trouver son venin. Il existe une haine générale dans le coeur des hommes. Tu as fait la guerre, Gil, tu devrais le savoir mieux que personne. C'est comme la chaleur du soleil. Des hommes comme Kaad sont simplement des personnalités locales, comme des lentilles pour concentrer les rayons du soleil sur des brindilles. On peut briser une lentille, mais cela n'éteint pas le soleil.
- Non, mais ce sera plus difficile de déclencher un incendie.
- Pendant un temps, oui. Jusqu'à la prochaine lentille, ou le prochain été caniculaire, et les feux reprennent.
- Tu deviens un peu fataliste sur tes vieux jours, mon con. (Ringil désigna les lumières des autres maisons.) À moins que ce soit lié à tes nouveaux quartiers de résidence?
- Non, c'est l'âge. Quand on vit assez longtemps, on apprécie davantage la valeur du temps qui reste. Assez longtemps pour reconnaître la fausseté d'une croisade quand on est appelé pour la mener. Par les dents d'Hoiran, Gil, tu es la dernière personne à qui je devrais avoir besoin de le dire. Tu as oublié ce qu'on a fait de ta victoire ?
Ringil sourit, sentit l'expression couler sur son visage comme du sang versé. Un réflexe, pour se barricader contre cette vieille douleur.
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