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sur 1605 notes
S'il y a un livre à lire, en cette rentrée littéraire surchargée, c'est Home, Home comme maison et retour aux sources. Home comme homme à une lettre près, home comme symbole du moi en psychologie, cette individualité que personne n'a le droit de souiller, humilier ou détruire.
Ce moi, détruit par les horreurs de la guerre de Corée, Franck Money, ancien combattant noir médaillé mais traumatisé par un lourd secret, ira le retrouver at Home, en Géorgie, en délivrant Cee, sa soeur mourante des griffes démoniaques de son employeur le docteur Beau.
Toni Morrison (professeur d'université,éditrice, romancière, a reçu le Prix Nobel de littérature en 1993 pour l'ensemble de son oeuvre et le prix Pulitzer Fiction en 1988 pour Beloved) signe avec Home un chef-d'oeuvre d'humanité.
L'action se déroule dans les années 50, après la guerre de Corée. Toni Morrison alterne le voyage de Franck qui revient chez lui avec ses souvenirs passés entre sa liaison avec une ambitieuse costumière, son amour protecteur d' ainé pour sa soeur trop crédule et fragile, l'indifférence parentale, la haine grand-maternelle et les traumatismes de la guerre.
Il va apprendre à ses dépens que malgré le fait qu'il vienne d'une "armée où la ségrégation a été abolie", "la coutume est aussi réelle que la loi et peut être tout aussi dangereuse".
Ici, un révérend blanc l'aide, mais reste méfiant. Là, les toilettes publiques lui sont interdites.Là bas, au cours d'une émeute, on insulte,on lapide, on humilie,on estropie,on fouille au corps,on vole. Plus loin on pratique encore l'eugénisme sous le couvert d'une plaque médicale hautement qualifiée.
Toni Morrison,dans ce roman poignant bouleverse son lecteur car elle dénonce les droits de l'homme gravement enfreints, le racisme et les trafics d'enfants (durant la guerre de Corée) ou les combats d'hommes traités comme des chiens; mais elle bouleverse en démontrant que la violence entraine la violence et rend inhumain.
Ce livre est une ode à la paix, à l'humanité que chaque être humain doit retrouver au fond de lui si on l'a bannie.
C'est beau car écrit avec les mots du coeur, c'est beau comme une main qui se tend pour redresser l'homme mis plus bas que terre.
Toni Morrison est une GRANDE ECRIVAINE, et, après lecture on comprend que son prix Nobel était amplement mérité.
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Go Home !
Toni Morisson est l'une des plus grandes plumes afro américaines. « Home » le montre aisément. Dans un court récit, on suit le retour vers chez lui , pour visiter sa soeur Cee gravement malade, de Frank Money vétéran noir de Corée. Reprenant des thèmes chers et forcément douloureux (ségrégation, insertion sociale etc.), elle livre un récit remarquable. Morisson sonde avec une grand justesse les pensées de Frank, homme passablement chamboulé par ce qu'il à vécu en Corée.
Morisson va à l'essentiel, ne s'embarrasse d'aucun superflu, Lu d'une traite (150 pages), on en sort groggy devant la force narratrice de son récit. Un très grand bouquin.
Si Morri sonne, n'hésitez pas à ouvrir votre porte et votre coeur. Quand à moi, devant un si navrant jeu de mots, je la prends (la porte).
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J'ai bien conscience de faire tâche parmi les louanges qui ont encensé Home dès sa parution. Car si j'ai aimé le ton incisif et pénétrant de Toni Morrison, je suis par contre restée en marge de l'histoire et de ses protagonistes. Evocations par trop elliptiques et structure narrative déconcertante ont entretenu ma frustration, m'empêchant d'appréhender ce bref récit dans toute son intensité (ce doit être mon côté basique...)

Premier Morrison pour moi. Je ne désespère pas.


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Je n'avais jamais rien lu du Prix Nobel de littérature 1993
Peut-être par manque d'intérêt pour une écriture qui me semblait tourner encore et encore autour d'une thématique - la question noire aux Etats-Unis - qui, tout en en reconnaissant l'intérêt, me semblait littérairement limitée.
J'ai quelque part dans ma bibliothèque un exemplaire de "Beloved" que je n'ai pas eu le courage d'attaquer - même si j'en ai vu au cinéma en 1999 l'adaptation dispensable.

Le torrent de critiques laudatives qui a entouré la sortie de "Home" m'a quasiment interdit d'en faire l'impasse.
On m'y promettait en 150 pages à peine un condensé de l'oeuvre de Toni Morrison.

Bien m'en a pris !
Car, j'ai été profondément ému par ce livre bref et puissant qui raconte le retour à la "maison" dans les années 50 d'un soldat démobilisé.
A aucun moment, on n'évoque la couleur de sa peau. Il va sans dire qu'il est noir et que sa soeur, balloté entre un mari infidèle et un employeur sadique, l'est aussi.

"Home" a la structure d'une partition de musique de chambre. "Home" louche du côté de "l'Odyssée" et de "Hansel et Gretel".
J'ai presque regretté sa concision et aurais aimé qu'il me laisse le temps de m'emporter.
Du coup, je vais aller lire "Beloved" ...
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Home c'est l'histoire de Frank qui revient de la guerre de Corée , le seul survivant , ses deux amis sont morts pendant le conflit , Frank qui ne comprend plus le monde qui l'entoure et n'est plus compris lui même .Il rencontre une jeune femme , ils sont amoureux mais leur amour ne résistera pas à l'apathie de Frank perdu dans ses souvenirs de la guerre , il pense à ses amis et puis se rend compte qu'ils sont morts .Il va commencer un long voyage , il a reçu une lettre étrange qui lui dit que sa soeur adorée Cee est en train de mourir .
Tout est suggéré , c'est par petites touches qu'on se rend compte que pour certaines personnes Frank n'est pas un homme , à la guerre c'est un chien , aux Etats-Unis dans les années 50 , c'est un sous-homme qui n'a pas les mêmes droits , c'est la ségrégation .
Cee trop naïve a travaillé pour un médecin , elle l'a laissé faire toutes sortes d'expérience sur son corps , elle sera sauvée par Frank qui arrivera à temps pour la sauver , presque trop tard , elle sera soignée par un groupe de femmes efficaces mais sans aucune empathie ' Regretter n'arrangerait rien , s'en vouloir non plus , mais réfléchir , peut-être . Si elle ne respectait pas elle-même , pourquoi quelqu'un d'autre devrait-il le faire ?
C'est cette partie du livre que j'ai le plus aimée , c'est un bel hommage des noirs américains des années 50 , qui ' Nettoieraient , cuisineraient , serviraient , surveilleraient , blanchiraient , désherberaient et tondraient .
Mais surtout un beau portrait de femmes qui n'ont aucun droit , mais qui ont compris qu'elles pouvaient rester dignes ' Quelque part au fond de toi , il y a cette personne libre dont je parle .Trouve là et laisse la faire du bien en ce monde '
Femmes admirables que rien ne peut abattre malgré l'adversité , elles travaillent sans arrêt , ne gaspillent rien , elles cousent , tricotent , cuisinent mais ne rêvent jamais , comme si elles étaient conscientes qu'elles avaient besoin de toutes leurs forces pour survivre ;
Je ne connaissais pas l'auteur , et son style m'a un peu déroutée mais ce qui m'a plu c'est sa concision , si peu de mots pour dire beaucoup , je lirai d'autres livres de cet auteur pour mieux la connaître .
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Il se trouve que j'ai lu et adoré Beloved, il y a quelques années, heureusement, parce que Home , ne m'a pas convaincue...
Oui, c'est très bien écrit.
Oui il y a quelques fulgurances, quelques passages très forts. [Encore heureux, vu ce que Toni Morrison dénonce...]
Mais, je n'ai pas aimé le choix narratif passant sans cesse du passé au présent, changeant tout le temps de personnages.
Peut-on dire qu'on a trouvé brouillon la manière de raconter d'un prix Nobel de littérature? ( même si j'ai bien compris que les premières pages et les dernières se répondaient) .
Une histoire racontée comme on jette des polaroids, et tant pis pour le lecteur , qu'il se débrouille pour s'y retrouver !
Et tant pis s'il passe à côté de l'émotion ! Les faits évoqués sont tellement puissants, tellement horribles, tellement révoltants, que l'auteur atteindra l'identification Lecteur/personnages.
Alors pêle-mêle , Toni Morrison nous offre des souvenirs d'enfance, des souvenirs de la guerre de Corée, un homme qui parcourt des kilomètres , puis son ex-petite amie, puis sa soeur , puis encore le frère qui vient sauver sa soeur ...
Mais au milieu de ces mouvements , surgissent comme des "vraies histoires" des petits bouts de reportages, sur la condition des noirs américains dans les années 50 aux USA. Et comme ces faits sont dramatiquement infâmes, l'auteure nous touche et atteint son objectif. Enfants maltraités, femmes maltraitées, homme noirs maltraités par l'homme blanc, guerre : la liste est longue , le monde est cruel !
D'autres livres racontent peu ou prou les mêmes injustices , et m'ont davantage émue. Là , on a à peine le temps de faire connaissance avec Frank Money et sa soeur, on est enfin rentré dans l'histoire au bout de la centième page, on a enfin placé toutes les pièces du puzzle de Toni Morrison, qu'il est temps de leur dire au revoir...
153 pages qui auraient gagnées à être étirées, développées.
( Mais ce n'est que mon avis...). Quand je lis ce qu'en pensent les journalistes du Washington Post et du New York Times, je me demande si j'ai lu le même livre...
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C‘est le retour « à la maison » du jeune soldat après la traumatisante guerre de Corée. Il quitte Seattle pour Lotus en Géorgie où il doit retrouver sa soeur malade. La route est longue et difficile pour un jeune Noir dans l'Amérique ségrégationniste des années 50, et en chemin les souvenirs qui affleurent ne sont pas toujours agréables. Heureusement que le Green Book, le guide de voyage des Noirs, est là pour lui indiquer les bonnes étapes.

Dans ce court roman (une fois n'est pas coutume) Toni Morrison aborde avec concision et brio des thèmes qui lui sont chers : elle pointe le racisme érigé en règles sociales et s'intéresse au sort des plus faibles et des démunis. Sa lutte est celle d'une militante qui dénonce la domination des Blancs sur les Noirs, des hommes sur les femmes, la chasse aux sorcières du maccarthysme, un combat visant la réhabilitation des victimes de toutes formes d'oppression.
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Les Matchs de la rentrée littéraire 2012.

Ma première participation a un tel évènement, retransmission mondiale et at home. L'engouement est là mais suis-je prêt à monter sur le ring et affronter des adversaires sans doute plus prestigieux que moi. Je me prépare, je m'entraîne. Un régime astreignant à base de céréales (surtout du malt au pouvoir énergisant et euphorisant incontestable), je n'oublie pas une hydratation sans modération, car je sens déjà les perles de sueur couler sur mon front…

Face à moi, Cassius Clay ou son grand-frère. Mon objectif : rester sur le ring et ne pas tomber KO dès le premier coup de gong. Serais-je à la hauteur de l'évènement ? le trac, la pression (mais la pression a du bon, j'aime la pression sous toutes ses formes, j'aime les pressions). Je ne reviens pas sur les choix proposés, il y avait du lourd, du très lourd pour ce match – c'est un combat pas une réunion Tupperware. Pour ma part, j'ai décidé d'aller sur le terrain de Toni Morrison avant de rentrer à la maison. Home.

Frank Money est un vétéran noir de la guerre de Corée. Il a réussi à rentrer en vie alors que ses camarades ont succombé dans la jungle. Peut-il refaire sa vie ? Il le pense, il le croit. L'Amérique a changé, du moins l'espère-t-il ? C'est alors que sa soeur Ycidra dite « Cee » l'appelle au secours. Un SOS lancé dans une bouteille à la mer qui va plonger Frank dans le doute et l'obliger à un voyage à travers le Sud et le passé.

« Home » commence par une vision presque fantasmagorique : deux enfants assistent à un combat entre des chevaux, et à la mise en terre d'un cadavre, à la sauvette. Je ne comprendrai cette histoire que bien plus tard, à la toute dernière page du roman. Mais de cette entrée en scène découle toute l'obsession et la peur de Frank Money. Sa vie sera marquée à tout jamais de ce qui pourrait ressembler à un cauchemar et que l'enfer de la Corée n'a fait qu'entretenir. D'ailleurs, une fois le livre achevé, je relis cette première page. Elle est l'essence même du roman de Toni Morrison.

Je découvre donc l'écriture de Toni Morrison. J'ai passé pas mal de temps avec Jim, ce bon vieux Jim homonyme dont sa musique m'enlace encore des nuits et des jours. La musique de Toni place ses sonorités dans le jazz version be-bop. Question d'époque aussi, certainement, question de racines aussi. Celles de Toni sont afro-américaines avec tout ce que cela entraîne : l'esclavage, la ségrégation, le racisme et la misère. le Sud profond de l'Amérique où les moeurs ne sont pas les mêmes notamment à l'encontre de la « communauté » noire (entre guillemets de bien-entendu, parce que pour fédérer une communauté, il faut des êtres, des hommes, des âmes ; mais là-bas, les nègres sont loin d'appartenir à cette catégorie).

L'Amérique de Frank est celle d'avant l'ère Kennedy. Mais c'est aussi celle du douloureux maccartisme. Chaque ère a sa part d'ombre et de lumière. Il ne valait mieux pas être nègre, mais il ne valait mieux pas être un coco, non plus. Sud natal ou Nord adopté, je découvre ce pays bien différent de l'Amérique d'Obama, fraîchement réélu ou déchu (réponse ce soir). Barak et Toni. Comme avant, Malcom et Martin Luther. Et Rosa Parks, surtout Rosa Parks.

J'ai survécu au premier round. Je suis chaud, la foule m'encourage, m'harangue. Je suis debout, encore. Nul doute que je remonterai à nouveau sur le devant de la scène. Je n'ai pas la ceinture dorée du champion, mais je continuerai sur la voie Toni Morrison. le gong retentit. Est-ce la fin du match ? Non, j'entends derrière une musique, une trompette s'élève, celle de Dizzie Gillespie, un saxo s'envole, celui de Charlie Parker, le piano gronde, celui de Thelonious Monk, la contrebasse frappe, celle de Charles Mingus, la batterie cogne, celle d'Art Blakey. le roman de Toni Morrison s'achève sur cette musique noire, chargée de sueur et de liberté, sur ces notes de be-bop.
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Toni Morrison trempe sa plume dans l'efficacité pure. Cent cinquante pages seulement suffisent à Toni Morrison pour dérouler avec virtuosité une histoire emblématique et originale, puisant dans les thèmes pourtant bien rebattus de l'Amérique des années 50, tels que la ségrégation raciale et le maccarthysme.
Cette histoire est racontée à deux voix. Celle de Toni Morrison et celle de Frank Money, le personnage principal, qui se permet d'interrompre le récit et d'interpeller l'auteur dans de courts chapitres de transition : « Décrivez-moi ça si vous savez comment... »
La construction du récit est subtile. Retour au pays d'un vétéran de la guerre de Corée. Flash-back et visions oniriques. Souvenirs d'enfance. Plusieurs personnages entrecroiseront leurs parcours secondaires au récit principal de Frank Money pour former une trame particulièrement solide. Particulièrement amoché, Frank cherche à se reconstruire et à retrouver sa dignité. Un moyen possible est d'exorciser son passé, un autre est de voler au secours de sa soeur dont il a reçu un appel de détresse. Arrivera-t-il à temps ?
Toni Morrison ne laisse rien au hasard, tel personnage évoqué de façon désinvolte au détour d'une phrase ressurgira plus tard dans le récit, tel début de témoignage se trouvera ensuite corroboré ou désavoué, lorsque les souvenirs cesseront d'être refoulés, tel comportement étrange pourra plus tard trouver sa justification dans un épisode oublié de la petite enfance. Attention, les indices sont parfois ténus et peuvent échapper à la vigilance. Home est le résultat d'une écriture exigeante, où toute trace de superflu et de flou artistique a été éliminée. D'une force inouïe, les scènes racontées dans Home imprimeront à jamais des images indélébiles dans l'esprit du lecteur. Chaque phrase devient une grenade dégoupillée. Vous voilà prévenus.
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J'ai toujours hésité à lire un livre de Toni Morrison, je crois que cette dame m'impressionnait et c'est une fois de plus "ma" bibliothécaire qui m'a fortement conseillée" Home". Merci à elle.
"Home", c'est le retour de Frank Money de la guerre de Corée. L' alcool sera son refuge pour réussir à survivre. Il n'arrive pas à vivre avec les souvenirs des atrocités de la guerre et celles qu'il a commise aussi.
C'est sa petite soeur Cee, tant aimée, qui le fera revenir dans sa vile natale qu'il voulait pourtant fuir à jamais. C'est là qu'il pourra enfin retrouver "la paix".
La construction du livre est un peu déroutante, on passe d'un point de vue à un autre, ce qui m'a parfois rendu la lecture un peu "difficile". Ce que je garderai en mémoire de ce livre n'est sans doute pas ce bémol mais l'écriture extrêmement forte, incisive et bouleversante de Toni Morrison.
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