AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Eric75


Toni Morrison trempe sa plume dans l'efficacité pure. Cent cinquante pages seulement suffisent à Toni Morrison pour dérouler avec virtuosité une histoire emblématique et originale, puisant dans les thèmes pourtant bien rebattus de l'Amérique des années 50, tels que la ségrégation raciale et le maccarthysme.
Cette histoire est racontée à deux voix. Celle de Toni Morrison et celle de Frank Money, le personnage principal, qui se permet d'interrompre le récit et d'interpeller l'auteur dans de courts chapitres de transition : « Décrivez-moi ça si vous savez comment... »
La construction du récit est subtile. Retour au pays d'un vétéran de la guerre de Corée. Flash-back et visions oniriques. Souvenirs d'enfance. Plusieurs personnages entrecroiseront leurs parcours secondaires au récit principal de Frank Money pour former une trame particulièrement solide. Particulièrement amoché, Frank cherche à se reconstruire et à retrouver sa dignité. Un moyen possible est d'exorciser son passé, un autre est de voler au secours de sa soeur dont il a reçu un appel de détresse. Arrivera-t-il à temps ?
Toni Morrison ne laisse rien au hasard, tel personnage évoqué de façon désinvolte au détour d'une phrase ressurgira plus tard dans le récit, tel début de témoignage se trouvera ensuite corroboré ou désavoué, lorsque les souvenirs cesseront d'être refoulés, tel comportement étrange pourra plus tard trouver sa justification dans un épisode oublié de la petite enfance. Attention, les indices sont parfois ténus et peuvent échapper à la vigilance. Home est le résultat d'une écriture exigeante, où toute trace de superflu et de flou artistique a été éliminée. D'une force inouïe, les scènes racontées dans Home imprimeront à jamais des images indélébiles dans l'esprit du lecteur. Chaque phrase devient une grenade dégoupillée. Vous voilà prévenus.
Commenter  J’apprécie          480



Ont apprécié cette critique (44)voir plus




{* *}