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Pierre Alien (Traducteur)
EAN : 9782264020734
113 pages
10-18 (30/04/1995)
4.38/5   17 notes
Résumé :
"Toni Morrison donna à l'université de Harvard une série de conférences sur le roman américain qui sont à l'origine de Playing in the dark. Elle analyse le rôle attribué au personnage noir, et la place qui lui est réservée dans les œuvres de Melville, Twain, Willa Cather, Poe, Hemingway..., écrites pour des lecteurs à peu près toujours identifiés à des Blancs. Toni Morrison apporte un éclairage nouveau et très personnel sur la fiction américaine, et, plus généraleme... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
En 2006, le musée du Louvre invitait Toni Morrison pour y faire une série de conférences sur le thème "Etranger chez soi". C'est dans ce cadre-là que je me suis intéressée à cet essai sur la littérature américaine. La question que pose Plaing in the dark est précisément la suivante : comment l'identité (blanche) américaine s'est-elle construite grâce et au détriment de la présence silencieuse des Noirs?

Dans cet essai en 3 parties, elle s'applique à démontrer comment la présence de cet Autre questionne le Rêve Américain tout en montrant comment la fameuse dichotomie du Bien et du Mal est souvent vue en termes raciaux dans les classiques de la littérature américaine. Elle explique donc par quels procédés stylistiques et linguistiques les personnages africains sont utilisés pour projeter les faiblesses de l'Homme blanc (impossible de faire porter de tels fardeaux aux personnages blancs car il incarne la supériorité de la race humaine). Pour illustrer ses arguments, Toni Morrison utilise des passages d'oeuvres prises dans le canon de la littérature américaine d'Edgar Allan Poe en passant par Mark Twain et Herman Melville.

Dans chacune de ses parties, elle montre l'importance du langage comme facteur d'exclusion, dans la mesure où il sous-entend qu'être américain signifie être blanc ; pour preuve, aujourd'hui encore, il faut ajouter un qualificatif pour savoir de quels américains on parle : African American, Native American, Jewish American, Latino American,…
Ce qui m'a particulièrement plu c'est qu'elle part du principe (contrairement aux universitaires français trop bien pensants……) que L Histoire et la littérature ne sont pas deux sphères distinctes qui ne se rencontrent jamais, bien au contraire. D'ailleurs, elle souligne le fait que le rôle de l'écrivain consiste bien sûr à parler de ce qui fait l'être humain mais aussi à parler dans la société dans laquelle il vit - que ce soit pour en souligner les travers ou s'en faire le fidèle reflet.

Toni Morrison est (de très loin!) un de mes écrivains américains préférés et la lecture de cet essai n'a fait que confirmer sa place de choix.
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Dans "Playing in The dark", Toni Morrison montre son agacement en vers les critiques.
L'étude "africanisme américain" des romans mixtes n'est pas réalisée, du coup Toni Morison s'est mise au travail !
Avec son talent d'écrivain, elle a montré comment l'étude "africanisme américain" révèle des cotés cachés de certains romans populaires avec une écriture à la fois technique mais compréhensible pour un non initié, .
Le livre est court, et donc le message passe sans effort, et il permet d'offrir la possibilité de lire les romans autrement.
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Cet essai est court, mais très, très dense. Il rassemble en trois chapitres les cours que Toni Morrison a donnés à Harvard sur la littérature américaine.
Plus précisément, Toni Morrison analyse la représentation du noir dans le roman américain - je ne mets pas de majuscule à noir, parce qu'elle ne se contente pas d'évoquer des personnages noirs, mais aussi le noir en tant que couleur : le sombre, l'obscur, comment le noir est-il utilisé en littérature, quelle est sa valeur ? Et le blanc, par conséquent, que représente-t-il ?
Chacun des thèmes ("Matières noires", "Romantiser l'ombre", "Troublantes infirmières et la bonté des requins") fait d'abord l'objet d'une réflexion qui nécessite sans doute une formation littéraire (que je n'ai pas) pour en saisir tout le sens (J'ai dû à plusieurs reprises revenir en arrière et relire pour en comprendre davantage).
Ensuite, Toni Morrison illustre son propos par l'analyse d'une oeuvre : Cather, Poe, Twain, Hemingway… sont ainsi éclairés par sa profonde intelligence, montrant comment le roman américain a participé à construire une identité noire et une identité blanche - sujet qu'elle explore également dans "L'origine des autres", thème obsédant, oeuvre de sa vie.
Toni Morrison éclaire le noir, et c'est à la fois beau et déchirant.
Traduction de Pierre Alien.
Challenge Nobel
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Après avoir lu « L'origine des autres » l'année dernière, j'entame 2022 avec « Playing in the dark ». Dans cet ouvrage de 1992 sont réunis trois textes issus de conférences données à l'université Harvard.
Toni Morrison est un écrivain afro-américain de grande envergure et mondialement connue. Elle a obtenu le prix Nobel de littérature en 1993 pour son oeuvre. « La beauté n'était pas simplement quelque chose à voir ; c'était quelque chose que l'on pouvait faire » citation tirée du roman « L'oeil le plus bleu »
Dans « Matières noires, Toni Morrison, accompagnée d'un roman de Willa Cather « Sapphira and the Slave Girl », définit le processus littéraire aux Etats-Unis. Son « projet naît du plaisir, pas de la déception », affirme-t-elle. La littérature raconte un territoire. Elle a un regard sur ses racines africaines dans une société racialisée. Cette Afrique inventée permet difficilement la fabrication du soi à travers l'autre puisque l'autre est nié dans son humanité. Tout n'est pas permis. Dans « Romantiser l'ombre » l'auteure revient sur le concept d'Africanisme américain. Elle caractérise le nouveau monde par la civilisation blanche contre le sauvage – nouvelle nation, nouvelle langue. La nature est incarnée par l'homme blanc, une identité culturelle et un comportement social. Pour cela, Toni Morrison prend comme exemple l'oeuvre d'Edgar A. Poe. Enfin, dans « Troublantes infirmières et la bonté des requins », elle s'appuie sur l'oeuvre d'Hemingway pour souligner son propos concernant la présence noire dans la littérature américaine. Encore aujourd'hui, c'est un pays qui peine à se débarrasser de ses vieux démons et à concevoir une société multiraciale. Une société non raciste peut transmettre une idéologie sociale et politique où la honte et l'intolérance perdraient de leur superbe. Il ne s'agit pas que d'une aventure personnelle ; c'est aussi une ambition littéraire. J'ai beaucoup aimé.
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Recueil de trois conférences étudiant la place des Noirs dans la construction de l'américanité dans la littérature américaine, dans des textes aux constructions et au langage parfois limpides et d'autres fois plus complexes et théoriques (il m'a manqué la connaissance des oeuvres évoquées, même si elle en résume régulièrement les points qui l'intéressent).

J'ai trouvé très intéressante la deuxième conférence « Romantiser l'ombre » où elle explique le paradoxe des Européens s'installant dans le Nouveau Monde en s'appuyant autant qu'en s'opposant sur les règles du monde qu'ils ont quitté voire fui, et dans quelle mesure les personnages noirs et le système esclavagiste et discriminatoire sont constitutifs de l'américanité (forcément blanche).

J'ai trouvé intéressantes les analyses qu'elle fait de l'emploi des couleurs noir/blanc et des formes, places et rôles des personnages noirs dans les différents exemples étudiés (oeuvres d'Edgar Poe, d'Ernest Hemingway, entre autres), soulignant bien qu'il s'agit bien d'une lecture aussi objective que possible pour éveiller les consciences, sans volonté racialiste ni raciste ni dénonciatrice.

Textes des années 1990, qui font fortement écho avec les problématiques systémiques mises en avant par le mouvement « black lives matter ».
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Mon projet naît du désir, pas de la déception.
Il naît de ce que je sais des façons dont les écrivains transforment les aspects de leurs enracinement social en aspect de langage, des façons dont ils racontent d'autres histoires, livres des guerres secrètes, estompent toutes sortes de débats enfouis dans leurs textes. Et naît de ma certitude que les écrivains savent toujours, à un certain niveau, ce qu'ils font.
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Le désir de liberté est précédé par l'oppression ; la nostalgie de la loi divine naît de la détestation de la licence et de la corruption des hommes ; le prestige des richesses est serf de la misère, de la faim, de la dette.
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No early American writer is more important to the concept of American Africanism than Poe. And no image is more telling than the one just described : the visualized but somehow closed and unknowable white form that rises from the mists at the end of the journey - or, at any rate, at the end of the narration proper. The images of the white curtain and the "shrouded human figure" with skin "the perfect whiteness of the snow" both occur after the narrative has encountered blackness.
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Au plus profond du mot "Américain", ce mot est associé à la race. Identifier quelqu'un comme Sud-Africain, c'est trop peu dire; nous avons besoin de l'adjectif "blanc" ou "noir" ou "métis" pour faire sens. Dans ce pays, c'est le contraire. Américain signifie blanc, et les Africanistes luttent pour que le terme leur devienne applicable avec ethnicité et trait d'union sur trait d'union sur trait d'union.
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Dans sa plus grande part, la littérature des Etats-Unis a choisi de se préoccuper de l'architecture d'un nouvel homme blanc. Si je suis désenchantée par l'indifférence de la critique littéraire à étudier le champ de cette préoccupation, j'ai un dernier recours : les écrivains eux-mêmes.
Les écrivains sont parmi les artistes les plus sensibles, les plus intellectuellement anarchiques, les plus représentatifs, les plus inquisiteurs. Leur faculté à imaginer autre chose que le soi, à familiariser l'étrange et à mystifier ce qui est familier, est la mesure de leur pouvoir. Les langages qu'ils emploient et le contexte historique et social où ces langages font sens sont les révélateurs immédiats de ce pouvoir et de ses limites.
(Matières noires)
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Vendredi 18 septembre 2020 / 9 h 45
Jean Guiloineau part sur les traces des petits cailloux semés par Geneviève Brisac et qui font écho ou référence à l'oeuvre de Virginia Woolf. Lectures par Anne Mulpas, poète, performeuse et artiste multimédia.
Directeur de la revue Siècle 21, Littérature & société. Jean Guiloineau est aussi traducteur : Nelson Mandela, Toni Morrison, Nadine Gordimer, André Brink, etc.
>Littérature (Belles-lettres)>Littérature américaine en anglais>Littérature américaine en anglais (12)
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