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Critique de Alfaric


Ce tome 1, intitulé "Le Sang de Némée", démarre pied au plancher : nous découvrons un antihéros blasé de sa propre légende bâtie dans une sale guerre de l’ombre dont il a été le champion… qui se retrouvé envoûté pour tuer les siens contre son gré et être de nouveau l’esclave des Olympiens. Pour expier l’Oracle l’envoie chez Eurysthée sur la planète Argolide, qui sous les ordres d’Héra l’envoie lui-même sur la planète Némée mettre fin aux mystérieux massacres qui y sont perpétrés… En suivant les mêmes indices le super bidasse et la police parviennent aux mêmes conclusions, mais notre antihéros à la force surhumaine est le seul à pouvoir affronter le fauve mécanique au blindage invulnérable et son maître extraterrestre prêt à tout pour SPOILER…


Le projet d’adapter la mythologie grecque à la Science-Fiction est super kiffant, et après "Ulysse 31" et "Les Chroniques de l’Antiquité Galactique", c’est Jean-David Morvan adepte de la SF en bande dessinée à laquelle il a offert la saga "Sillage" s’attaque ici aux douze travaux d’Hercule ! Autant aller à l’essentiel, les dessinateurs Looky et Olivier Thill nous offrent un space peplum de toute beauté (ce qui interroge sur la formation des dessinateurs quand des autodidactes arrivent à un tel niveau de qualité alors que leurs collègues diplômés y parviennent peu souvent, voire jamais pour certains qui livrent régulièrement des prestations bien moyennes). L’univers mélange space opera, cyberpunk et dysptopie donc se retrouve entre "Warhammer 40000" et "La Caste des Métabarons", entre les séries "2000 A.D." et les séries "Métal Hurlant", et rien que pour cela la série vaut la peine qu’on s’y attarde… Les Axiomatikos qui disposent du monopole des technologies de pointes dirigent d’une main de fer une humanité qui a largement colonisé les étoiles. Pour les bidasses ou les superbidasses, le voyage vers le mur galactique qui marque la séparation entre l’espace connu et l’espace inconnu est un aller simple car ils n’en reviendront jamais pour que personne ne sache qu’en fait l’humanité est en guerre totale avec les 2500 espèces aliens recensées (on reprend ici une thématiques de la SF moderne : si l’humanité rencontre une civilisation extraterrestre, ou elle l’exploitera ou elle craindra d’elle exploiter par elle… ne remercions IRL ces saloperie de mentalités colonialistes et impérialistes). Mais les Axiomatikos craignent-ils davantage la déstabilisation du modèle capitaliste qui soutient l’économie de guerre, ou qu’on apprenne qu’ils ont recouru à tellement d’hybridation avec des gènes aliens pour allonger leur santé et leur longévité qu’ils ne sont plus vraiment humains ?
Et cet univers sombre et désespéré qui ne connaît que la dictature et la guerre, nous le découvrons en suivant les aventures d’un antihéros maudit, bâtard d’un axiomatikos et d’une sklave, célèbre pour tous les exploits qu’il a déjà accomplis… Pour ne rien gâcher, il ressemble pas mal au Sven Tveskoeg du "Cycle des Aux’" de David Gunn alias Jon Courtenay Grimwood, du coup quand on lit les dialogues qui alterne classe, basdassité et coolitude on a l’impression d’entendre Vin Diesel ! ^^

Malheureusement la narration trop rapide n’est pas complètement aboutie, or plus le projet est ambitieux et plus les imperfections sont dommageables : c’est avare d’explications, du coup on se retrouve avec un univers dystopique fascinant mais qui se dévoile trop peu, des personnages badass et grimdark qui se dévoilent trop, et une intrigue complexe qui se dévoile trop peu… Pourquoi Héra manipule-t-elle Hercule ? Pour le tuer, pour l’humilier, pour réaliser ses objectifs à travers lui ou pour toucher quelqu’un d’autre à travers lui… Zeus et Athéna restent dans le flou, et Iolaus et Ulysse ne sont guère plus loquaces…
Les transitions entre les albums et les travaux sont également abrupts, du coup j’ai la curieuse impression de survoler l’ensemble, voire qu’il manque des trucs même si je devine que les révélations viendront ultérieurement (puisqu’à chaque étape Héra fait avancer ses plans, et qu’à chaque étape Hercule récolte des informations qui permettront d’échapper à sa malédiction). Je crains finalement qu’on touche du doigt les limitations du sacro-saint modèle franco-belge : le format 48 pages est désormais beaucoup trop étriqué pour les récits qui sont développés, et là on sent carrément qu’avec au moins 60 pages par album pour fignoler l’univers, les personnages et l’histoire on tiendrait un hit à coup sûr !
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