Avec les progrès de la production et des échanges, on assiste en ce qui concerne la société à une diversification plus grande de la population. Cependant, là encore, force est de se contenter des témoignages archéologiques, dont l'interprétation n'est pas toujours facile. La présence d'un riche mobilier dans les tombes traduit sans doute l'existence d'une aristocratie jalouse de ses privilèges et soucieuse d'accroître son contrôle sur une paysannerie toujours sous la menace de la précarité de ses ressources et contrainte de s'endetter ou de se placer dans la dépendance des puissants.
Voyez, Athéniens, comment Solon a réglé le dépôt d'une loi. Elles doivent d'abord passer devant vous qui en êtes les gardiens responsables, puis on annule les lois contradictoires, afin qu'il n'y ait qu'une loi sur chaque question et qu'ainsi ceux qui les ignorent ne soient pas inférieurs à ceux qui les connaissent toutes et que pour tous il soit aisé de les connaître clairement et simplement. Solon a prévu en outre qu'avant toute chose, les projets soient exposés devant les Éponymes [il s'agit des statues des héros éponymes des dix tribus clisthéniennes qui se trouvaient au S.O. de l'Agora, non loin du Bouleutérion] et remis au secrétaire, que celui-ci en donne ensuite lecture dans les assemblées, afin que, chacun les ayant entendus et vus plusieurs fois, les ratifie s'ils lui paraissent justes et raisonnables.
Certes, la démocratie permettait aux plus pauvres de compléter les maigres ressources que leur procuraient leurs terres ou leurs ateliers grâce aux distributions publiques et aux misthoi. Mais Athènes n'aurait pas joui d'une telle paix sociale si la vie économique n'avait pas connu assez rapidement une reprise dont témoignent aussi bien l'activité du Pirée que la remise en exploitation des mines d'argent du Laurion. Certes, c'était là une reprise qui intéressait plus le démos urbain et les riches en général que la masse des paysans. Mais les campagnes n'ont pas pu ne pas profiter d'une circulation monétaire accrue et d'une paix relative, Athènes n'ayant pas connu au IVe siècle d'invasion importante de son territoire.
Notre constitution n'a rien à envier aux lois des autres : elle est un modèle et n'imite pas. Elle s'appelle démocratie parce qu'elle œuvre pour le plus grand nombre et non pour une minorité. Tous participent également aux lois concernant les affaires privées, c'est la valeur seule qui introduit des distinctions et les honneurs vont plus aux mérites qu'à la fortune. Ni la pauvreté, ni l'obscurité n'empêchent un citoyen capable de servir la cité. Étant libre dans ce qui concerne la vie publique, nous le sommes également dans les relations quotidiennes. Chacun peut se livrer à ses plaisirs sans encourir de blâme ou des regards blessants, quand même ils ne causent pas de mal.
C'est pourquoi si on réfléchit bien, tous les décrets ont l'air d'avoir été pris par des gens ivres et déments. Par Zeus pourquoi feraient-ils tant de libations et de prières si ce n'était à cause du vin ! En plus, ils s'injurient comme des ivrognes, et les archers doivent parfois en expulser quelques-uns.
[PODCAST] Au théâtre, le crime politique trouve son illustration dans la tragédie. de l'antiquité jusqu'à nos jours, les mises en scènes successives dotent les drames d'antan d'un sens nouveau.
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Modérateurs :
Sylvain BELLENGER, historien de l'art, alors directeur du château et conservateur des musées De Blois
Maurice SARTRE, professeur d'Histoire ancienne à l'université de Tours.
Participant·e·s :
Gérard FONTAINE, philosophe spécialiste d'esthétique et d'opéra
Gildas LE BOTERF, alors directeur de la Scène nationale de la Halle aux grains
Claude MOSSÉ, historienne spécialiste de la cité grecque à l'âge classique
Anne UBERSFELD, historienne du théâtre
Débat issue de la première édition des Rendez-vous de l'histoire, en 1998, sur le thème "Crime et Pouvoir".
© Sylvain Bellenger, Gérard Fontaine, Gildas le Boterf, Claude Mossé, Maurice Sartre, Anne Ubersfeld, 1998.
Nous cherchons à entrer en contact avec les ayants droit de Gildas le Boterf, Claude Mossé et Anne Ubersfeld : écrivez-nous à l'adresse archives@rdv-histoire.com si vous avez des informations.
Voix du générique : Michel Hagnerelle (2006), Michaelle Jean (2016), Michelle Perrot (2002) https://rdv-histoire.com/
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