Premier combat

Mettre 5 étoiles à un livre de Jean Moulin...Il y a là quelque chose d'un peu ridicule sans doute.
Mais je dois dire que cette lecture m'a passionné et bouleversé tout à la fois. Parce que Jean Moulin y a apparait finalement conforme à l'image qu'il a laissée (et qu'ont confirmée de grands historiens comme Jean-Pierre Azéma ou plus récemment Bénédicte Vergèz-Chaignon) : un homme exemplaire. Point. Une droiture morale unique. Point. Il est des acteurs historiques qu'il vaut mieux de pas fréquenter de trop près car on découvre au fur et à mesure des failles ou des choses que l'on aurait souhaitées voir rester dans l'ombre. Rien de tout cela avec Jean Moulin.
Son passage à la préfecture de Chartres avec l'épisode célèbre de la tentative de suicide, est ici évoqué à la faveur d'un journal tenu sur le moment. Un journal dans lequel cet homme modeste et déterminé témoigne d'un engagement sans faille, sans faille aucune, pour la cause de la France républicaine face à l'Allemagne nazie.
Il est ici question de logistique, d'engagement, de l'aide concrète apportée dans des circonstances plus que douloureuses.
le livre est en outre écrit dans une belle langue, témoignant de la hauteur de vue de cet homme politique extraordinaire et par ailleurs féru de culture et d'art.
Un mot sur l'édition du livre : il s'agit de la superbe collection de poche des éditions de Minuit dont on connait l'histoire, si intimement liée à la Résistance.
Un témoignage remarquable, dont les mots (du moins les miens) peinent à souligner l'intérêt historique et humain exceptionnel.

Juin 1940, Chartres où le plus jeune préfet de France reste à son poste malgré la débâcle. Ce jeune préfet se nomme Jean Moulin et il va défendre les intérêts de ses administrés avec toute l'énergie de sa jeunesse et de ses convictions. Il sera ( déjà) torturé par les Allemands et à la mi-novembre de l'année 1940 il sera relevé de ses fonctions par le régime de Vichy.
C'est en 1941 que Jean Moulin écrira ses souvenirs sur cette période et, c'est avec une certaine émotion que j'ai lu ce livre. On ressent déjà le courage, le patriotisme ainsi que cette valeur du devoir à accomplir.
Dans un hommage des employés de la préfecture, il est écrit : "votre nom appartient désormais à L Histoire, il sera pour tous un symbole de bonté, d'énergie, de courage, de loyauté, d'honneur et de patriotisme. "

Extraordinaire récit d'un fonctionnaire pris dans la tourmente, face à son destin, cherchant à lier conscience professionnelle, honneur, dignité et amour de la patrie. Heure par heure, Jean Moulin, encore préfet de l'Eure-et-Loir, raconte comment son pays s'écroule face à un irrésistible envahisseur, sa violence et ses bassesses face à une des plus hautes autorités de l'Etat, ses premiers crimes sur les populations civiles. le style est alerte, Jean Moulin écrit dans l'urgence, d'un trait ; on croit lire un témoignage en direct. le récit s'arrête aux portes de la Résistance à venir. le général De Gaulle, après la guerre, offrira une préface concise et limpide sur ce texte très court, bouleversant, qui marque durablement les esprits !

Dans la clandestinité, Jean Moulin raconte ses premières semaines de guerre et sa tâche de préfet dans la France en pleine débâcle. Il s'oppose aux nazis et doit subir ses premières tortures de la part de l'occupant...Un témoignage fort sur son propre engagement....

Une lecture d'une grande richesse pour connaître un peu plus la vie et l'engagement de la première heure de ce grand résistant. Tout est déjà en germe pour qu'émerge Max. Nous sommes ici en 1940, dans les premières heures de l'occupation allemande et il est parmi les premiers à s'élever contre les actes des Allemands...